Partielo | venus anadyomène

📌 Parcours associé : Émancipations créatrices

Introduction

La poésie est un genre littéraire qui joue sur les rythmes, les images et les sonorités pour exprimer des émotions, des idées ou des visions du monde.
Elle peut être lyrique (expression des sentiments), épique (récit héroïque), satirique (critique moqueuse) ou encore symbolique.

Mouvement de la fin du XIXe siècle, influencé par Baudelaire, Verlaine et Mallarmé.
Il repose sur l’usage d’images et de symboles pour évoquer des réalités cachées.
Rimbaud en est un précurseur, bien qu’il rejette toute étiquette et adopte une écriture novatrice et provocatrice.

Arthur Rimbaud (1854-1891), poète précoce et révolté.
Adolescence marquée par des fugues et une quête de liberté.
Sa poésie évolue du Parnasse vers une écriture plus visionnaire (Illuminations, Une saison en enfer).
Il abandonne la littérature à 20 ans pour voyager et commercer en Afrique.

Écrit en 1870, alors que Rimbaud a seulement 16 ans.
Il s’inscrit dans un contexte de rupture avec l’esthétique classique et romantique.
Rimbaud rejette les normes académiques et joue avec la provocation.
Le poème appartient au Cahier de Douai, recueil de jeunesse.

Le poème détourne le mythe de Vénus sortant des eaux, en la présentant sous un aspect laid, grotesque et vieillissant.
Il dresse une satire cruelle de l’idéal de beauté féminine en littérature et en peinture.
La chute du poème est particulièrement audacieuse, avec une image choc et dégradante.

Comment Rimbaud détourne-t-il la représentation traditionnelle de Vénus pour en faire une satire provocatrice ?

Ouverture cruelle :
"Comme d’un cercueil vert" (l.1) → métaphore funèbre, évocation de la décomposition au lieu de la naissance.
"Sort une tête étrange et fatiguée" (l.2) → absence de majesté, portrait peu flatteur.
Dévalorisation immédiate :
"Un cou gras et gris" (l.3) → accumulation de défauts physiques.
"Sur des ombres douteuses" (l.4) → impression de saleté et de décrépitude.

Métaphore désenchantée :
"Un dos court qui ressort" (l.5) → posture disgracieuse.
"Avec une ombre aux reins", "Qui est exagérée" (l.6-7) → insiste sur la déformation physique.
Image grotesque et vulgaire, loin de l’idéalisation habituelle.

Champ lexical du vieillissement et de la décrépitude :
"Le dos en rond" (l.9) → manque de grâce.
"Trop gras ; et qui transpire" (l.10) → vision répugnante.
"S’exhale d’une ancienne baignoire" (l.11) → image d’une femme usée et fatiguée.

Dernier vers provocateur :
"Et, tout en bas, un ulcère à l’anus." (l.14) → effet de choc, rupture brutale avec toute forme de beauté.
Finir sur cette image vulgaire détruit l’attente poétique du lecteur.

Vénus Anadyomène est une œuvre provocatrice et satirique qui déconstruit la beauté féminine idéalisée.
Ce poème s’inscrit dans une volonté de rupture esthétique, propre aux artistes en quête d’émancipation créatrice.
Rimbaud rejette les normes poétiques et impose une nouvelle vision du monde, plus crue et plus subversive.
À travers ce texte, il réinvente la poésie en brisant les codes de l’art académique et en imposant un regard nouveau, plus libre et iconoclaste.