Arthur Rimbaud a 16 ans lorsqu'il écrit les poèmes qui composent les Cahiers de Douai. C'est lors d'une de ses fugues de son Ardennes natale vers le nord de la France que le jeune garçon avide de liberté confie son manuscrit à un éditeur, Paul Demeny.
Vénus Anadyomène, le 8e poème du recueil dont il n'a pas choisi l'ordre, évoque le célèbre mythe de la naissance de Vénus de manière parodique à travers son sonnet.
Nous analyserons la dimensions parodique de ce sonnet. Nous découvrirons la description péjorative de sa tête puis de son tronc et de l'ensemble de son corps pour finir sur la chute de ce sonnet.
v.1 : Comparaison de la baignoire à un cercueil vert en fer blanc montre la pauvreté du décor car le fer blanc est une matière pauvre/non noble
article indéfini "une" rend commune cette apparition mythique
v.1-2 : contre-rejet met en valeur cette apparition, peut faire penser à une décapitation
v.3 : expression "D'une vieille baignoire" montre la saleté du décor
adjectif "lente et bête" fait constater un manque d'intelligence visible de la part de Vénus
v.4 : euphémisme ses défauts sont extrêmement apparents
v.5 : paronomase "gras et gris" accentue ces deux adjectifs péjoratifs
v.5-6 : enjambement de l'adjectif péjoratif "larges" accentue la grosseur
v.6-7 : expressions "dos court" et "rondeurs des reins" souligne la laideur du corps
strophe : allitération en [r] sonorités peu harmonieuses qui accentue cette laideur
v.9 : mot "échine" déshumanise la femme
v.9-10 : expression "sent un goût" fait appel au sens du lecteur qui peut s'imaginer l'odeur et lui provoquer du dégoût
enjambement souligne le caractère repoussant de la femme/on dirait que l'odeur se propage
v.10 : hyperbole accentue une nouvelle fois l'odeur pestilentielle par sa place dans la phrase
v.11 : phrase énigmatique avec le mystère accentuer par les points de suspensions intrigue le lecteur
v.12 : mots "Clara Venus" ce tatouage nous fait comprendre que la Vénus décrite dans le poème est une prostituée car au XIXe s. le tatouage était un signe de reconnaissance des prostituées
v.13 : l'expression "sa large croupe" poursuit sa déshumanisation
v.14 : oxymore "belle/hideusement" accentue une nouvelle fois sa laideur
v.12-14 : rime "anus/Vénus" audacieuse et surprenante, profane le sacré
Pour conclure, Arthur Rimbaud détourne la déesse de l'Amour et la décrit de manière repoussante, jusqu'à l'évocation de la prostitution. Il fait sombrer la naissance de Vénus dans un humour tendancieux et inattendu en poésie, ce qui l'émancipe de la tradition poétique. Mais c'est aussi un auteur polyvalent car il célèbre aussi la poésie dans le poème "Soleil et Chair".