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Venus anadryomène

Définition

Vénus Anadyomène
En Histoire de l’art, Vénus anadyomène (émergeant des eaux) est un thème privilégié (Botticelli, Le Titien, Böcklin, Ingres, etc.). Fin XIXe siècle, Rimbaud provoque les parnassiens, s’inspire de Baudelaire et des naturalistes pour présenter sa propre version, parodique, de la naissance de Vénus. Dans le poème 'Vénus Anadyomène' de Rimbaud, ce thème est détourné pour critiquer les normes de beauté établies.
Cahier de Douai
Comment ce portrait d’une femme émergeant d’une baignoire exprime-t-il toute la révolte d’un jeune poète à la recherche de sa propre esthétique ?

1) La tête qui émerge de la baignoire vient tout de suite interroger et contredire le titre.

• La comparaison « comme » signale la présence d’un spectateur qui commente ce qu’il voit. Le client d’une prostituée ?

• Première couleur, le vert : moisissure ?

• « Fer blanc » devenu « vert » : matière dévorée par la rouille.

• Les « cheveux bruns » viennent contredire le tableau attendu d’une vénus blonde.

• Le mot « cercueil » désigne finalement « une vieille baignoire » au troisième vers. On est progressivement détrompés.

• Les deux adjectifs apposés « lente et bête », par synecdoque (la partie désigne le tout), peuvent aussi bien désigner la femme elle-même.

• La « lenteur » de l’émergence du corps.

• La phrase est très longue, elle se prolonge jusqu’à la fin du premier tercet.


2) La description du corps en mouvement, ses différentes parties, puis une synthèse.


• Dans l’ordre : le « col » puis le « dos » puis les « reins » et étrangement, on remonte vers « l’échine ».

• Ce corps est morcelé par la syntaxe : points virgules qui séparent des subordonnées « les omoplates qui … le dos qui … »

• « Puis » revient deux fois, le mouvement est organisé spatialement et chronologiquement : c’est un mouvement.

• « Prendre l’essor » est un verbe à l’infinitif, une action non réalisée. Le verbe « sembler » vient nie l’action « d’essor ».

• Ces verbes de mouvement laissent place à des verbes de perception « semblent … paraît … »

• Allitération en R très présente tout au long du passage.

• Au lieu d’avoir des rimes suivies ou croisées qui illustrent une progression, les rimes sont embrassées « -ates -or -or -ates »

• Ce schéma de rimes est inhabituel dans un sonnet.



3) Dans le dernier tercet, on nous invite à remarquer les détails, ce qui prépare la pointe du sonnet.

• Une synthèse à la fin « le tout » renvoie à « surtout » puis à « tout ce corps ». Logique analytique : le détail renvoie au tout.

• Présence d’un observateur expérimentateur à travers le pronom indéfini : « On remarque ».

• Ce personnage s’intéresse aux « singularités » au pluriel. Terme très neutre après l’adjectif « horrible ».

• Le verbe impersonnel semble décrire une expérience qui se déroule selon un protocole « il faut voir à la loupe ».

• Le poète nous oblige à suivre son regard.

• « Deux mots gravés » : mise en abyme de l’écriture, le poème est un corps, gravé dans le corps.

• « Clara » signifie à la fois lumineuse et illustre. Ironie involontaire de ces mots tatoués.

• Le démonstratif « tout ce corps » révèle une hypotypose (description saisissante et animée).

• Oxymore (association de termes contradictoires) « Belle hideusement ». Cela intrigue le lecteur.

 Rime provocatrice « Vénus » et « anus » alliance du plus élevé au plus trivial. Effet de discordance.

• « Ulcère à l’anus » : symptôme signe de syphilis, maladie vénérienne, confirme qu’il s’agit d’une prostituée.

• Jeu avec l’étymologie « anadyomène » : « ἀνα » en grec ancien, exprime un mouvement ascendant, alors que « ana » en latin désigne plutôt un anneau, quelque chose de circulaire (et donne le terme « anus »).

Dans ce poème, Rimbaud nous présente un tableau en mouvement. Sous le regard d’un client anonyme, une prostituée émerge d’une vieille baignoire. La vénus est laide, le mouvement ascendant est contrarié, les détails sont accablants.


Tout au long du poème, le lecteur malmené reconnaît des codes traditionnels variés allant des vanités au blason médiéval. Ces codes sont mêlés à une horreur pratiquement fantastique, et aux détails anatomiques dignes d’un traité de médecine.


La provocation de Rimbaud est presque gratuite… Mais elle démontre aussi une grande attention aux idées qui traversent les arts en cette fin de XIXe siècle. Les artistes revendiquent le droit de parler de tout, l’idéal laisse place à la déception du réel.

A retenir :

Zola a déjà écrit Thérèse Raquin, il a été traité de pornographe par la presse. Il commence la série des Rougon-Macquart en 1870. Même regard attentif aux détails réels. Tableau d’une réalité qui n’a rien d’idéal.


Venus anadryomène

Définition

Vénus Anadyomène
En Histoire de l’art, Vénus anadyomène (émergeant des eaux) est un thème privilégié (Botticelli, Le Titien, Böcklin, Ingres, etc.). Fin XIXe siècle, Rimbaud provoque les parnassiens, s’inspire de Baudelaire et des naturalistes pour présenter sa propre version, parodique, de la naissance de Vénus. Dans le poème 'Vénus Anadyomène' de Rimbaud, ce thème est détourné pour critiquer les normes de beauté établies.
Cahier de Douai
Comment ce portrait d’une femme émergeant d’une baignoire exprime-t-il toute la révolte d’un jeune poète à la recherche de sa propre esthétique ?

1) La tête qui émerge de la baignoire vient tout de suite interroger et contredire le titre.

• La comparaison « comme » signale la présence d’un spectateur qui commente ce qu’il voit. Le client d’une prostituée ?

• Première couleur, le vert : moisissure ?

• « Fer blanc » devenu « vert » : matière dévorée par la rouille.

• Les « cheveux bruns » viennent contredire le tableau attendu d’une vénus blonde.

• Le mot « cercueil » désigne finalement « une vieille baignoire » au troisième vers. On est progressivement détrompés.

• Les deux adjectifs apposés « lente et bête », par synecdoque (la partie désigne le tout), peuvent aussi bien désigner la femme elle-même.

• La « lenteur » de l’émergence du corps.

• La phrase est très longue, elle se prolonge jusqu’à la fin du premier tercet.


2) La description du corps en mouvement, ses différentes parties, puis une synthèse.


• Dans l’ordre : le « col » puis le « dos » puis les « reins » et étrangement, on remonte vers « l’échine ».

• Ce corps est morcelé par la syntaxe : points virgules qui séparent des subordonnées « les omoplates qui … le dos qui … »

• « Puis » revient deux fois, le mouvement est organisé spatialement et chronologiquement : c’est un mouvement.

• « Prendre l’essor » est un verbe à l’infinitif, une action non réalisée. Le verbe « sembler » vient nie l’action « d’essor ».

• Ces verbes de mouvement laissent place à des verbes de perception « semblent … paraît … »

• Allitération en R très présente tout au long du passage.

• Au lieu d’avoir des rimes suivies ou croisées qui illustrent une progression, les rimes sont embrassées « -ates -or -or -ates »

• Ce schéma de rimes est inhabituel dans un sonnet.



3) Dans le dernier tercet, on nous invite à remarquer les détails, ce qui prépare la pointe du sonnet.

• Une synthèse à la fin « le tout » renvoie à « surtout » puis à « tout ce corps ». Logique analytique : le détail renvoie au tout.

• Présence d’un observateur expérimentateur à travers le pronom indéfini : « On remarque ».

• Ce personnage s’intéresse aux « singularités » au pluriel. Terme très neutre après l’adjectif « horrible ».

• Le verbe impersonnel semble décrire une expérience qui se déroule selon un protocole « il faut voir à la loupe ».

• Le poète nous oblige à suivre son regard.

• « Deux mots gravés » : mise en abyme de l’écriture, le poème est un corps, gravé dans le corps.

• « Clara » signifie à la fois lumineuse et illustre. Ironie involontaire de ces mots tatoués.

• Le démonstratif « tout ce corps » révèle une hypotypose (description saisissante et animée).

• Oxymore (association de termes contradictoires) « Belle hideusement ». Cela intrigue le lecteur.

 Rime provocatrice « Vénus » et « anus » alliance du plus élevé au plus trivial. Effet de discordance.

• « Ulcère à l’anus » : symptôme signe de syphilis, maladie vénérienne, confirme qu’il s’agit d’une prostituée.

• Jeu avec l’étymologie « anadyomène » : « ἀνα » en grec ancien, exprime un mouvement ascendant, alors que « ana » en latin désigne plutôt un anneau, quelque chose de circulaire (et donne le terme « anus »).

Dans ce poème, Rimbaud nous présente un tableau en mouvement. Sous le regard d’un client anonyme, une prostituée émerge d’une vieille baignoire. La vénus est laide, le mouvement ascendant est contrarié, les détails sont accablants.


Tout au long du poème, le lecteur malmené reconnaît des codes traditionnels variés allant des vanités au blason médiéval. Ces codes sont mêlés à une horreur pratiquement fantastique, et aux détails anatomiques dignes d’un traité de médecine.


La provocation de Rimbaud est presque gratuite… Mais elle démontre aussi une grande attention aux idées qui traversent les arts en cette fin de XIXe siècle. Les artistes revendiquent le droit de parler de tout, l’idéal laisse place à la déception du réel.

A retenir :

Zola a déjà écrit Thérèse Raquin, il a été traité de pornographe par la presse. Il commence la série des Rougon-Macquart en 1870. Même regard attentif aux détails réels. Tableau d’une réalité qui n’a rien d’idéal.

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