Quelle est le rôle de la psychologie ?
La psychologie répond à la nécessité de prévenir et de traiter les répercussions négatives de la maladie et de l’hospitalisation sur le psychisme du patient et de son entourage. Mais aussi à celle d’aider le patient à rester lui-même et à garder sa liberté de décision. En proposant un accompagnement adapté aux besoins de la personne malade et de ses proches.
Les deux ambivalences en psychologie
- Les répercussions négatives de la maladie et de l’hospitalisation :
- Stress, anxiété
- Baisse de la thymie (humeur)
- Remaniements familiaux
- Décompensation psychique (perte de l’équilibre psychique, effondrement de la personnalité du sujet)
- Maintenir la faculté de décision du patient :
- Autonomie,
- Information éclairée,
- Consentement
— > dans un contexte vulnérabilisant
Les prises en charge en psychologie dans des dimensions spécifique
- Représentations sociales fortes
- Traumatismes
- Angoisses, Phobies
- Syndrome anxio-dépressif
- Maladies psychotiques
- …
Limites de la psychologie
- Convaincre le patient de prendre son traitement,
- Lui faire accepter une chimio ou une chirurgie,
- Lui faire apprécier son médecin référent
- …
La psychologie ne soutient donc pas directement la compliance aux traitements. Mais en aidant le patient à comprendre ses peurs, ses résistances, ou ses représentations, il peut y contribuer".
Ex : Pouvez-vous me dire pourquoi vous ne voulez pas prendre vos traitements aujourd’hui?
Le soin et le prendre soin
Qu’est-ce que le soin ?
- Selon Le Larousse : « Actes par lesquels on veille au bien-être de quelqu’un »
- Selon le CNRTL : « Application d'esprit à faire quelque chose; attention à veiller au bon état de quelque chose, au bien de quelqu’un »
- Selon International council of nurses : « Les soins infirmiers comprennent la promotion de la santé, la prévention des maladies, les soins aux personnes malades, handicapées ou en fin de vie. La défense des intérêts, la promotion d’un environnement favorable, la recherche, la participation à la mise au point des politiques de la santé, à la gestion des patients et des systèmes ainsi que la formation font également partie des rôles déterminants des soins infirmiers »
Le soin et l’éthique
- Le soin est une relation entre quelqu’un qui souffre et un soignant disponible et à l’écoute.
- Il nécessite une attitude mentale spécifique face à la souffrance de l’autre : écoute active, empathie, congruence…
- Si on considère l’éthique comme une posture, une réflexion sur les valeurs humaines, l’éthique est aussi pratique puisqu’elle s’appuie sur la concrétude* de la vie.
- L’éthique n’est pas une réflexion individuelle, elle est collective, c’est le fruit d’échanges et de débats.
- Fait d'être concret, tangible, incarné dans la réalité. État mental caracté
L’éthique du soin
- L’éthique du soin envisage le patient dans sa globalité et dans toutes ses composantes : physiques, psychiques, sociales, culturelles et spirituelles.
- Elle nécessite de développer une approche qui relève de l’humain de l’attention à l’autre en tant que personne, tout en permettant le déploiement de techniques spécifiques.
- L’éthique du soin convoque la responsabilité dans l’acte soignant.
Peut-on soigner sans éthique?
- Oui :
- Si vous traitez votre patient comme un objet
- Si vous enfilez votre blouse comme un bleu de travail
- Si vous appelez le patient par son numéro de chambre, ou de l’organe traité
- Si vous ne respectez pas la dignité du patient
- ….
Souffrance dans le soin
Les mécanismes de défense des soignants, pour se prémunir par exemple de l’actualisation de vécus douloureux, peuvent avoir une incidence sur la souffrance des patients, voire en bloquer toute expression.
- L’hôpital est un lieu d’espoir, mais aussi un lieu de douleur.
- La souffrance qui en découle n’y trouve pas toujours de possibilité d’existence, elle est souvent tenue de rester sous silence.
- Se pose alors la question des voies qu’elle emprunte pour suffisamment se masquer, notamment lorsqu’elle touche un soignant.
L’inconscient et la souffrance
Que se passe-t-il?
Les mécanismes de défense
- La souffrance des soignants peut représenter un obstacle au droit d’existence de la souffrance du patient et/ou de son entourage.
- Les mécanismes de défense des soignants, permettant de déployer une protection contre les vécus de douleurs susceptibles de s’actualiser, ont une incidence sur l’expression de la souffrance des patients.
- Certains traits constituant des zones d’analogies que l’appareil psychique rencontre des difficultés à discriminer.
Le refoulement
- Le refoulement, c’est repousser ses propres désirs, ses pulsions, ses envies qui ne peuvent devenir conscients parce qu’ils sont inavouables, trop pénibles ou même répréhensibles pour l’individu ou pour la société.
- Mais ils vont rester en nous d’une façon inconsciente. Parce que tout n’est pas à dire, à exprimer, à ressentir.
- Lorsqu’un désir essaie de devenir conscient et qu’il n’y arrive pas, c’est un mécanisme de défense dans le sens psychanalytique du terme.
- Le refoulement est le blocage inconscient des émotions, des impulsions, des souvenirs et des pensées désagréables de l’esprit conscient.
- Ce n’est pas une fuite, ce n’est pas une condamnation de la pulsion ou du désir mais c’est l’acte de tenir à distance du conscient. Une solution intermédiaire pour essayer de minimiser les sentiments de culpabilité et d'anxiété.
- Exemples :
- Un enfant qui subit des abus d’un parent, refoule les souvenirs dans son inconscient. Les souvenirs réprimés l’affectent à l’âge adulte à nouer des relations intimes.
- Un enfant se fait mordre par une araignée. Il développe une phobie des araignées à l’âge adulte. Il ne peut pas se souvenir de la morsure car il est réprimé, et donc ne comprend pas l’origine de sa phobie.
Le clivage
- Le clivage consiste en la coexistence au sein de la psyché, au sein du Moi, de deux attitudes à l’égard de la réalité extérieure.
- par la douleur que cela entraîne, les objets Sont clivée : soit de façon idéalisée (et rendus parfaits) soit de façon persécutive (appréhendés comme de mauvais objets). Par le clivage, l'objet est scindé en un " bon" et un " mauvais" objet. La partie "bonne" (celle qui provoque une satisfaction) est gardée dedans, la partie "mauvaise" (à l'origine d'expériences frustrantes, désagréables) est jetée à l'extérieur (projetée). Cette séparation active donne lieu au clivage du moi comme état, permet au patient de maintenir des espaces de sa vie psychique non encore envahis par son hostilité et préserver des objets (des personnes) encore idéalisées.
- L’une tient compte de cette réalité alors que l’autre est dans le déni et la remplace par une réalité produite par son désir. Ces deux attitudes coexistent bien séparées l’une de l’autre sans s’influencer réciproquement.
- Ce mécanisme de défense permet d’éviter la tension psychique que la prise en compte par la conscience aurait provoqué.
- Le sujet se sépare lui-même inconsciemment d’une partie de ses contenus psychiques, d’une partie des représentations gênantes.
- Pour Sigmund Freud, cela consiste dans le maintien de deux attitudes contradictoires et qui s'ignorent à l'égard de la réalité en tant qu'elle contrarie une exigence pulsionnelle. L'une de ces attitudes tient compte de la réalité, l'autre la dénie
• Exemples :
- Une personne victime de violence clive ses émotions pour ne pas avoir à faire face à la douleur ou pour ne pas ressentir la peur associée à l’expérience traumatisante.
- Une personne qui se perçoit uniquement sous un aspect positif pour ne pas contacter les parties vulnérables d’elle-même qui seraient trop douloureuses à sentir ou à affronter.
La dénégation
- C’est un processus de défense névrotique reposant sur le fait d’exprimer publiquement une pensée, un désir, une émotion en utilisant la négation.
• C’est se défendre consciemment avec force une pensée inconsciente qui ressort en utilisant le « ne pas ».
- Il présente indirectement ce qu’il est avec la négation. La personne a intégré cérébralement sa pensée mais pas au niveau des émotions
- Cela peut impliquer de fonctionner dans le déni.
Exemples :
- Une personne agressive dit à son auditeur : écoutez- moi bien, je ne suis pas quelqu’un d’agressif!
- Un homme, paraplégique à la suite de métastases osseuses, développe une phlébite du bras (secondaire à son cancer) : il n’a alors plus qu’un membre valide. Il déclare en voyant le médecin : « Vous voyez : je vais bien ! ».
Autres mécanismes de défense
Le déni
- Le déni désigne un refus de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante. Il s’agit d’un mécanisme de défense inconscient qui constitue une protection nécessaire devant la réalité si angoissante qu’elle peut provoquer un effondrement psychique. Il permet de préserver le sentiment de sécurité et protège de l’angoisse.
- C’est une stratégie inconsciente de gestion de l’anxiété, une mesure de protection face au choc émotionnel, par exemple face à l’annonce de maladie grave ou face au deuil. Tel un mur invisible construit afin de se protéger du danger, le déni permet alors d’amortir le choc. Dans ces cas, l’incapacité à se représenter une réalité insupportable est temporaire et représente une étape nécessaire permettant de supporter la douleur psychique, un temps nécessaire pour se préparer à y faire face.
Exemples :
- Une personne qui est dans le déni de son alcoolisme continuera à boire malgré les conséquences négatives, et refusera d'admettre qu'elle a un problème.
- Une personne qui est dans le déni a tendance à être sur la défensive en permanence et à se braquer dès lors qu'on lui fait remarquer qu'elle semble fuir une conversation ou une situation qui la dérange. Elle va nier l'existence du problème : "tu racontes n'importe quoi, tout va très bien ! Mêle-toi de tes affaires".
Le transfert et le Contre transfert
Le transfert
- C’est d’abord un lien qui s’instaure, de façon automatique, entre le patient et le soignant. L’établissement de ce lien affectif intense est spontané, incontournable et indépendant de tout contexte de réalité.
- Le transfert a été repéré par Freud. Il était alors vu comme un simple déplacement d’affect d’une personne à l’autre, en l’occurrence le soignant.
- Après…, le transfert est, d’abord et avant tout, un phénomène humain qui s’éprouve à des degrés variables dans toutes les relations entre individus : C’est évidemment dans la relation infirmier-patient qu’il s’éprouve.
- Beaucoup de patients, à un moment donné, peuvent éprouver des sentiments envers leur soignant : frustration, désir, colère…
- Exemples :
- Un patient vous prend pour son fils ou sa fille
- Un patient avoue avoir des sentiments pour son infirmière
Le contre transfert
- Ce sont les sentiments que le soignant pourrait éprouver pour son patient en fonction de sa problématique. En bref, il est la somme d’affects suscités chez le soignant par le patient. C’est en quelque sorte l’inconscient du soignant qui se met au travail avec celui de son patient. Mais le soignant doit repérer ses réactions pour éviter qu’elles ne perturbent son travail. S’il ressent un excès de sympathie ou d’agacement, il doit s’interroger.
- Car s’il se laissait submerger par ses propres sentiments, il ne pourrait plus entendre son patient. Il incombe donc au soignant de toujours trouver la juste distance. D’où l’importance de sa formation, de son professionnalisme et de sa capacité à être réflexif.
Exemple :
- Je l’appellerai Mr Dauphin, parce qu’il aimait l’eau, il aimait plonger pendant ses séances d’hypnose dans le bleu des océans. La trentaine, plutôt beau garçon. Il avait un cancer gastrique, un truc bien violent, qui ne touche habituellement que les personnes qui boivent ou les personnes plus âgées; Marié, deux enfants en bas âge. Il s’est battu, battu tout au long de son traitement, pour survivre le plus longtemps possible. Alors quand on se voyait, on avait l’impression de papoter avec un pote.
- Me dire que j’ai un problème parce que je m’attache ?
- Je crois qu’à ce moment-là, il faut pouvoir accepter cette projection de soi dans l’autre. Réaliser que lorsque l’autre va partir, c’est un peu de moi qui va s’en aller avec lui, et que le combat pour le fuir est peut être MON combat pour ne pas voir partir cette partie de MOI qui désormais vit en lui.
Le déplacement
- C’est un processus de défense reposant sur le fait d’arracher une affection propre attribuée à une personne ou à un objet de façon à l’annexer à une autre personne ou à un autre objet « moins hostile ».
- Cela se produit lorsque la personne n’a pas la capacité d’approuver et d’accepter consciemment un sentiment. Elle le transfère sur autre chose pour maintenir son équilibre psychique.
- Cela peut être à l’origine de phobies.
Exemples :
- Un enfant subissant des actes maltraitants de la part de ses parents, où celui-ci est en permanente présence, déplace son dégoût sur un animal ou sur son jouet.
- Le garage n’est pas si bien rangé que ça, en fait ; il décide de déplacer l’ancienne machine à coudre de sa belle-mère, bêtement stockée chez lui depuis vingt ans. Une Schneider 1923, une véritable antiquité (la machine, pas la belle-mère). Bref, il déplace le monstre et se fait mal au dos. Seul bénéfice de l’opération, maintenant il sait pourquoi il est énervé.
La rationalisation
- C’est un processus de défense reposant sur le fait de concevoir des explications externes à la personne concernée afin de justifier son échec, ses soucis ou sa façon de se comporter.
- La personne n’est pas en capacité de se remettre en cause et trouve des arguments logiques sans utiliser le registre des émotions pour expliquer son mode de vie.
- Cela peut être à l’origine d’un fonctionnement de déni.
• Exemple :
- Une personne échoue à un examen, l’explique en disant qu’il est ombé sur un sujet qui n’a pas été abordé en cours ou mal expliqué alors que celui-ci n’a pas assez révisé.
- l'épouse battu par son mari « c’est ma faute; il travaille beaucoup et j’ai fait bruler le poulet »
La compensation
- C’est un processus de défense reposant sur le fait de fuir une sensation de faiblesse physique ou un sentiment de carence par un comportement qui le remplace. La personne se sent inférieure ressent une insuffisance, et utilise la facilité pour le combler au lieu de l’affronter pour s’affirmer et de l’accepter.
- Cela peut être à l’origine d’avoir peu de tolérance face à la frustration.
- La compensation est une façon pour les gens de cacher quelque chose qu’ils ne peuvent pas bien faire en faisant quelque chose d’autre extrêmement bien
- Exemples :
- Un adolescent peu confiant dans ses relations sociales qui va exceller dans ses études pour compenser son sentiment d’inadéquation.
- Marine a vingt-quatre ans et vit chez ses parents. Elle a toujours été une jeune femme timide, réservée, anxieuse. Elle a arrêté ses études d’économie au bout de la deuxième année de licence car le contact avec les autres étudiants et les épreuves d’exposés oraux rendaient son quotidien trop anxiogène à la fac. Au collège déjà, Marine a souvent été victime de scènes de quolibets de la part de ses camarades à cause de son mutisme, de sa différence. À travers sa page Facebook, elle parle régulièrement de sa passion pour les voyages et les jeux vidéo, où elle est lue par les internautes et reçoit des commentaires positifs pour ses billets. Elle fait de la compensation en s’investissant dans un domaine qui lui fait oublier son mal-être…
La sublimation
- C’est un processus de défense reposant sur le fait de concentrer des états d’âme ou des tendances intolérablement récusable pour le sens conscient vers des actes socialement convenable de l’ordre du religieux, de l’artistique ou de l’intellectuel.
- C’est aussi l’incapacité d’assouvir sa pulsion en comportement rapportant du plaisir.
- Cela peut induire un fonctionnement de fuite.
- Exemple :
- Une personne ayant pour trait de caractère l’agressivité, canalise celui-ci en pratiquant du sport de combat ou en visionnant des vidéos violentes.
- Un individu peut canaliser son agressivité dans des activités sportives compétitives ou dans des actions bénévoles pour une cause sociale. La sublimation permet ainsi à l’individu de satisfaire ses pulsions ou ses désirs tout en respectant les normes et les valeurs de la société
La régression
- C’est un processus de défense reposant sur le fait de perdre des acquis actuels (dans le registre du langage, du comportement, de l’intégration) pour revenir à un stade antérieur d’apprentissage.
- La personne agira au sein de son contexte d’une manière plus infantile avec les caractéristiques de cette étape ultérieure.
- Exemples :
- Un enfant qui accueille un petit frère adoptera un comportement où les besoins de découvrir le monde extérieur seront mis de côté, une communication limitée en termes de mot et une motricité au stade de l’apprentissage (marche peu et utilise le quatre-pattes).
- Un ESI qui ne respecte pas le cadre en gardant son téléphone actif dans la salle, mangeant dans la salle de cours. Il régresse vers des comportements antérieurs ou infantiles, dans lesquels ses besoins étaient satisfaits, phase dans laquelle il est resté bloqué par son histoire.
La projection
- C’est un processus de défense reposant sur le fait de reporter sur une autre personne des idées, des émotions, des pensées lui appartenant dont son subconscient rejette.
- Cette personne dans le déni, refuse consciemment d’accepter son affect et la perçoit systématiquement sur autrui.
- Cela peut être à l’origine de la paranoïa.
- Exemple :
- Une personne perturbée dans une situation précise au sein d’un groupe ou avec un unique interlocuteur, remettra la responsabilité de sa difficulté d’adaptation sur l’autre convaincu que c’est sa volonté de le nuire
L’identification
- C’est un processus de défense reposant sur le fait d’intégrer une caractéristique de caractère d’une autre personne non présente chez soi et de fonctionner à l’identique.
- C’est un processus normal dans la construction de soi mais pathologique si cela est encore présent une fois adulte.
- Cela peut amener une trouble de la personnalité.
- Exemple :
- Une personne s’identifie à un personnage de film et agit comme lui dans le quotidien ou dans des situations bien précises.
- Le syndrome de Stockholm, phénomène où l’on voit des otages prendre parti pour leur agresseur repose sur l’identification à l’agresseur. Ce mécanisme permet à la victime de survivre à l’intensité émotionnelle de l’agression. C’est ce qui explique aussi pourquoi certaines victimes de violence dans l’enfance auraient tendance à reproduire ces comportements violents une fois devenus adultes
Déconstruire la souffrance : Réflexivité
- Nos souffrances émotionnelles d’ici et maintenant, font la plupart du temps écho à des souffrances ou à des événements de vie passée (conscientes ou inconscientes).
- De façon consciente ou inconsciente, tout est relié en nous.
- En mettant des mots sur nos maux, en remontant le fil de ce qui s’est construit année après année, nous obtenons des clés et une vision clarifiée sur notre fonctionnement.
- Nous sommes amenés à mieux comprendre pourquoi nous vivons ou revivons des situations douloureuses