🗂️ – Portrait de Gnathon, Jean de La Bruyère
Titre : Gnathon ne vit que pour soi…
Auteur : Jean de La Bruyère
Œuvre : Les Caractères, Livre XI « De l’Homme », 1688
Genre : Portrait moral / Texte argumentatif en prose
Mouvement littéraire : Classicisme
📌 Situation du passage
- Portrait issu du chapitre « De l’Homme »
- La Bruyère dresse ici une satire féroce d’un personnage fictif : Gnathon, archétype de l’égoïsme
- S’inscrit dans la tradition des moralistes du XVIIe siècle, héritiers de Théophraste
🧠 Résumé du texte
Gnathon est un homme qui ne pense qu’à lui. Il se comporte de manière égoïste, grossière, insupportable en société. À table, en voyage, au théâtre : il n’a aucun égard pour les autres. Il accapare, salit, dérange, ne partage rien, ne ressent rien pour personne. La Bruyère en fait le portrait d’un égoïste absolu, aveugle à toute forme d’humanité.
🧪 Axes d’analyse pour l’oral
I. Une caricature vivante et réaliste
- Description excessive, détaillée, presque théâtrale
- Accumulation de scènes concrètes (repas, voyages, carrosse...)
- Vocabulaire péjoratif, parfois presque comique : trace, râtelier, écure ses dents
- Utilisation d’exemples du quotidien pour ancrer la critique dans le réel
II. Une dénonciation féroce de l’égoïsme
- Gnathon est indifférent aux autres : il ignore leurs besoins, douleurs, morts
- Il s’approprie tout, abuse du service des autres, ne reconnaît aucune limite
- Sa perception du monde est entièrement centrée sur lui-même
- Il ne se remet jamais en question : aucune honte, aucun scrupule
III. Un modèle du portrait moral classique
- Construction d’un anti-idéal : Gnathon est tout ce que le lecteur ne doit pas être
- Un style classique : sobriété du ton, clarté du propos, logique dans la progression
- Présence d’une morale implicite : l’égoïsme mène à la solitude et au mépris
- Le texte instruisait par le rire, selon la devise classique « plaire et instruire »
📝 Conclusion possible pour l’oral
À travers le portrait de Gnathon, La Bruyère propose une critique virulente de l’égoïsme et du manque de civilité. Il brosse un tableau grotesque, mais crédible, d’un homme replié sur lui-même, insensible aux autres. Ce texte s’inscrit dans la tradition des moralistes du XVIIe siècle, qui visaient à corriger les mœurs par la satire et la lucidité.
🎓 Ouverture possible
→ À comparer avec Le Tartuffe de Molière (un autre hypocrite/égoïste)
→ Ou avec un autre portrait des Caractères, comme Onuphre, pour varier les défauts dénoncés (vanité, prétention)