Introduction :
l’Abbé Prévost est un écrivain , romancier français du XVIII ieme siecle, marque par une vie mouvementée entre religion et écriture, son œuvre la plus célèbre, Manon Lescaut raconte la passion tragique du Cheval Drieu, pour la séduisante
Situations :
Manon est Des Grieux vivent ensemble, mais le manque d’argent se fait sentir (dépenses de Manon, entretien du frère, Lescaut, vol de leur domestique) ==> après avoir appris avec colère que Manon avait commencé à voir le riche M. de G…M… pour en obtenir l’argent, des Grieux, accepte de participer à la tromperie qui se met en place : se faire passer pour son jeune frère.
Plan :
I. La mise en place de la duperie.
II. Le dialogue entre M. de G…M… et des Grieux.
III. Le souper.
Problématique : en quoi cette scène met-elle en valeur la façon transgressive dont le couple vit leur relation amoureuse ?
I - La mise en place de la duperie
- L'extrait commence dans un CC de lieu "dans la salle"), ce qui rappelle une scène de théâtre où les acteurs sont déjà en place. M. de G. M. est décrit par Des Grieux avec le mot péjoratif "vieillard", soulignant son aspect ridicule et son opposition à Manon, renforcée par l'utilisation du déterminant possessif "sa belle" qui suggère la transaction à venir.
- L'entrée de M. de G. M. met en évidence le champ lexical de l'argent, notamment avec l'énumération des bijoux et leur coût exact ("1000 écus", "2400 livres"). Il traite Manon comme un "compliment" , ce qui illustre son désir de séduire par les richesses et non par le charme. La scène rappelle une comédie où l'on "appâte" quelqu'un avec des biens matériels.
- Le vocabulaire culinaire est détourné avec des expressions comme "assaisonna" "douceurs" ', créant une ironie. Les transactions financières sont présentées via des CC de manière et des références à la "vieille cour", un monde de séduction où l'argent est central.
- L'idée du "goût du marché" souligne la transaction commerciale entre Manon et M. de G. M., malgré l'absence d'une signature. Le discours de Des Grieux montre bien l'importance de la subordonnée conjonctive dans cette relation d'échange. Le CC de comparaison ("autant... que") établit un parallèle entre leur relation et un contrat juridique.
- Des Grieux prépare la rencontre en adoptant une stratégie : il retarde l'entrée de Manon avec une subordonnée conjonctive temporelle ("en attendant que Lescaut m'avertît d'entrer"). Cela met en scène un jeu de pouvoir où Lescaut joue un rôle clé.
- Lescaut manipule M. de G. M. en se plaçant en sujet actif: "il vint me prendre par la main" et "il m'ordonna". L'utilisation du passé antérieur dans une subordonnée conjonctive temporelle ("lorsque Manon eut serré...") appuie le comique de la scène.
- Enfin, Des Grieux exagère l'identité de son ami en utilisant un superlatif ("j'en fis deux ou trois des plus profondes"), ce qui crée une comique de gestes et un comique de mots avec Lescaut. Ce dernier joue sur le double langage, à la fois flatteur et manipulateur.
Il - Le dialogue entre M. de G. M. et Des Grieux
- Le stratagème fonctionne, car le vieillard adopte une posture condescendante, considérant Des Grieux comme un jeune naïf. Son discours fait immédiatement entrer le lecteur dans la connivence, avec une subordonnée complétive soulignant son désir de guider Des Grieux vers la débauche.
- Le vieillard fait preuve d'un cynisme absolu, voyant la débauche comme un apprentissage essentiel. Cependant, il est lui-même tombé dans le piège tendu par Manon et Lescaut.
- Lescaut répond habilement en employant une subordonnée complétive, feignant d'être pieux: "Lescaut l'assura..."'. L'usage de la ternaire des subordonnées ("je ne parlai pas...", "je montrai..", "je feignis...") marque la fausse piété de Des Grieux et son double jeu.
- Le dialogue devient comique avec l'ambiguité des paroles de M. de G. M. Sa naïveté est soulignée par son rôle de "bon commerçant" ", qui croit sincèrement que Manon est amoureuse. Des Grieux exploite cette faiblesse en insistant sur son double degré de signification, rendant son interlocuteur ridicule.
- La comparaison avec "les églises" met en évidence l'aveuglement du vieillard et accentue le comique. Il croit voir en Des Grieux un jeune homme bien sous tous rapports, alors que ce dernier se moque ouvertement de lui.
III - Le souper
- Le souper est présenté sous une forme narrativisée, Des Grieux jouant le rôle de conteur et rendant compte du déroulement avec humour. Les complices manipulent M. de G. M. avec un adjectif attribut du sujet ("aimable"), montrant que leur but est de s'amuser autant que de profiter de l'argent.
- Le passé simple ponctuel ("je trouvai l'occasion") introduit une mise en abyme de la situation : Des Grieux raille le vieillard tout en lui tendant un piège. L'ironie est renforcée par l'adjectif possessif réfléchi ("sa propre histoire").
- Manon et son frère participent à la manipulation, allant jusqu'à trembler de peur pour renforcer le stratagème. Le récit prend un tour dramatisé, marqué par l'adverbe intensif ("à un si haut point") et les CC de temps ("pendant mon récit").
- Finalement, M. de G. M. est totalement ridiculisé. Il ne comprend même pas que Des Grieux se moque de lui en racontant son histoire. Son amour-propre est son plus grand défaut, le rendant aveugle à la supercherie. L'effet comique repose sur la double énonciation: à la fois dans la scène et pour le lecteur, qui perçoit l'ironie du récit.
Conclusion :
- le caractère ridicule du personnage de M. G…M… tellement, obnubilé par la perspective de passer une nuit d’amour avec Manon, devient qu’il en devient aveugle ne comprend pas qu’il est trompé, nous empêche d’éprouver de la sympathie pour lui ==> cette scène est volontairement comique, et peut-être aussi satirique d’une société fondée sur le pouvoir que donne la richesse.
- Dans le roman, c’est une scène fondamentale sur le plan narratif, car suite à cette tromperie, les deux amants sont emprisonné, mais pour des Grieux c’est une nouvelle métamorphose, la position amoureuse en personnage libertin, typique des romans du XVIII eme siècle : il prend du plaisir en trompant et en manipulant.
- Ouverture possible sur le libertinage : les lésions dangereuses de Laclos? (Fil du siècle, donc après Manon Lescaut)