I. Prémices d’un système féodal
- Roi et aristocrates :
- Relation de négociation entre le roi et les aristocrates, contrairement à l’époque moderne où le roi détient un pouvoir absolu.
- Le roi est un seigneur féodal parmi d’autres avec un domaine royal restreint au Xe siècle (Reims, Laon et alentours).
- Domaine royal et hiérarchie féodale :
- Le roi exerce une autorité directe sur son domaine.
- Les comtes et ducs possèdent des domaines souvent plus vastes que celui du roi.
- Exemple : le duc d’Aquitaine lève les impôts sur son propre domaine mais reste vassal du roi des Francs.
- Le roi est un seigneur au-dessus des autres, mais son autorité est limitée dans certains cas, notamment celui de Hugues Capet.
- Légitimation divine du pouvoir royal :
- Depuis le IXe siècle : les souverains sont sacrés à Reims par une cérémonie d’onction (huile sacrée appliquée par l’archevêque sur les épaules du roi).
- Le sacre fait du roi un intermédiaire entre Dieu et les Hommes, renforçant sa légitimité.
II. Préparation et contexte de l’élection de Hugues Capet (987)
Nature du document :
- Type : texte narratif, chronographique, rédigé a posteriori par Richer de Reims.
- Auteur : Richer de Reims (940-950 - ?), moine de l’abbaye Saint-Rémi.
- Écrit l’Histoire de France (4 livres couvrant 888-995), continuation des Annales de Hincmar.
- Rédigé à la demande de Gerbert d’Aurillac (archevêque de Reims, 991-998).
- Seul manuscrit retrouvé à Bamberg (Allemagne) en 1833, autographe, inachevé.
Contexte politique et religieux :
- Conflit dynastique : alternance entre Carolingiens et Robertiens depuis un siècle.
- Derniers représentants :
- Louis V le Fainéant (Carolingien, mort en 987).
- Hugues Capet (Robertien).
- Gerbert d’Aurillac : archevêque nommé lors du concile de Saint-Basle (991). Position fragile en raison des tensions entre la royauté (Hugues Capet et son fils Robert) et la papauté (Jean XV).
- Adalbéron de Reims (925-989) : archevêque de Reims (969-989), homme de lettres et réformateur, impliqué dans la politique royale.
- Louis IV d’Outre-Mer (936-954) : carolingien soumis par Otton Ier (940).
- Louis V le Fainéant (967-987) : dernier Carolingien, marié à Adélaïde d’Anjou en 982, couronné par Adalbéron à Compiègne.
Enjeux :
- Pourquoi Hugues Capet est-il choisi en 987 ?
- Sur quoi repose la légitimité du roi franc à la fin du Xe siècle ?
III. Enjeux de l’élection de Hugues Capet
- Problématiques :Passage du pouvoir des Carolingiens aux Robertiens.
- Nécessité de légitimer Hugues Capet, élu roi des Francs.
- Facteurs de légitimité :Sacre religieux à Reims, garantissant un lien avec le divin.
- Soutien de figures ecclésiastiques influentes comme Adalbéron et Gerbert d’Aurillac.
- Fragilité des Carolingiens (déclin des capacités politiques et militaires de Louis V).
-> Le Xe siècle est marqué par la transition du pouvoir entre Carolingiens et Robertiens dans un contexte de négociation féodale et de légitimation religieuse. L’élection de Hugues Capet en 987 illustre cette évolution politique et culturelle, symbolisant le passage vers une nouvelle ère de royauté féodale renforcée par le sacre et l’alliance avec l’Église.
Voici une fiche de révision concise et structurée pour votre analyse du texte :
Analyse du texte : L'élection d'Hugues Capet et la fin des Carolingiens
1. Contexte historique :
- Dissolution de l'Empire carolingien (IXe siècle) : Faiblesse politique, guerres privées, et montée des seigneurs.
- Mutation féodale : Exactions des seigneurs sur paysans et clergé ; fragmentation du pouvoir.
- Autorité religieuse accrue : À l’approche de l'an mil, l'Église gagne en influence grâce à la « Paix de Dieu », un mouvement pour pacifier la société.
2. Analyse ligne par ligne :
Lignes 1-4 : Mort de Louis V et assemblée pour la succession
- Louis V : Dernier Carolingien, mort sans héritier (chute de cheval le 22 mai 987).
- Assemblée des Grands : Réunit pour élire un roi. Hugues Capet choisi le 22 mai 987.
- Richer insiste sur la volonté collective des Grands.
Lignes 7-8 : Opposition à Charles de Lotharingie
- Charles, oncle de Louis V, est le dernier prétendant carolingien.
- Arguments contre Charles :
- Hérédité seule insuffisante pour légitimer un roi.
- Trahison : Alliances avec Otton II contre la Francie.
- Mariage avec Adélaïde d’Anjou : Femme d'origine vassale, dénigrée par Richer (remarque misogyne).
Lignes 20-30 : Arguments pour Hugues Capet
- Prospérité et stabilité : Hugues Capet vu comme garant des intérêts des Grands (transition féodale).
- Religion comme arme politique : Adalbéron cite la Bible (Esaïe 5,20) pour appuyer Hugues.
- Double légitimation : Maintien des droits des Grands et défense du royaume.
Lignes 33-38 : Hugues Capet, roi légitime
- Acclamation des Grands et des peuples : légitimité collective.
- Actions royales : Lois et décrets bien reçus.
Lignes 40-48 : Association de Robert au trône
- Hugues Capet associe son fils au pouvoir (couronné à Noël 987).
- Argument d'Hugues : Conquêtes extérieures nécessitent une stabilité interne.
- Rôle du sacre : Légitimité divine et politique renforcée.
Lignes 53-56 : Couronnement de Robert
- Couronné à Orléans dans la basilique Sainte-Croix (lieu symbolique).
- Le sacre confirme la royauté de Robert et sa fonction divine.
3. Enjeux politiques et religieux :
- Pourquoi Hugues Capet ?Fragilité des Carolingiens : Instabilité politique, trahisons, opposition interne.
- Soutien des Grands : Hugues assure leurs intérêts féodaux.
- Appui de l’Église : Association avec le sacre chrétien.
- Transition politique :Passage des Carolingiens aux Capétiens.
- Consolidation du système féodal.
- Légitimité religieuse :
- Le sacre fait du roi un intermédiaire entre Dieu et les hommes.
- Usage de la Sainte Ampoule, renforçant l’autorité royale.
4. Faits marquants :
- Mort de Louis V (987) : Dernier Carolingien sans descendance.
- Élection d'Hugues Capet : Volonté collective des Grands.
- Charles de Lotharingie écarté : Trahison et mésalliance.
- Couronnement de Robert : Assure la succession capétienne, stabilisant le royaume.
Conclusion et enjeux liés à l’avènement d’Hugues Capet
1. Analyse de la conclusion :
- Discours d’Adalbéron : Justifie l’élection d’Hugues Capet en insistant sur sa légitimité.
- Contexte sociétal :
- Mutation féodale : Influence croissante des Grands, affaiblissement du pouvoir royal.
- Hugues Capet incarne une nouvelle dynamique politique en cohabitant avec les Grands.
- Renforcement progressif du pouvoir royal et du domaine royal.
2. Enjeux politiques :
- Transition dynastique :
- Passage des Carolingiens aux Capétiens.
- Maintien du principe électif mais début de l’hérédité dynastique avec l’association au trône de Robert le Pieux.
- Rupture partielle avec les Carolingiens :
- Hugues Capet s’inscrit dans une continuité élective mais innove en assurant la succession familiale.
- Début de la transmission de père en fils, qui deviendra une norme jusqu’au XIVe siècle.
3. Raisons du rejet de Charles de Lotharingie (dernier Carolingien) :
- Trahison : Alliance avec Otton II, ennemi du royaume.
- Mariage hypogamique : Épouse une femme d’origine vassale, en contradiction avec les attentes de l’époque (épouser une femme de haute noblesse).
- Manque de légitimité morale et politique : Considéré comme indigne de régner.
4. Raisons du choix d’Hugues Capet :
- Noblesse et exploits passés :
- Descendant des Robertiens (Eudes, défenseur de Paris contre les Vikings en 888).
- Preuves de compétences politiques et militaires.
- Continuité élective :
- Choisi par les Grands du royaume, respectant la tradition carolingienne.
- Innovation dynastique :
- Association immédiate de son fils Robert au trône (rupture partielle avec le principe électif).
5. Contexte historique complémentaire :
- Royaume de l’Ouest et relations germaniques :
- Conflits récurrents avec Otton Ier et la Lotharingie, région disputée.
- Importance de l’Église :
- Faible influence au Xe siècle, mais son rôle grandit à partir du XIe siècle.
- Sacre utilisé comme un outil de légitimation politique.
6. Points marquants à retenir :
- Élection d’Hugues Capet : Fondée sur le principe électif, mais introduit une continuité dynastique avec l’association de Robert au trône.
- Rejet des Carolingiens : Trahison, mariage hypogamique, perte de légitimité morale.
- Évolution du pouvoir royal : Transition vers un pouvoir héréditaire, tout en cohabitant avec les Grands féodaux.
- Instauration d’une dynastie qui durera jusqu’à la Révolution française + enjeux de l’élection d’Hugues Capet en contextualisant la transition politique, les raisons du rejet des Carolingiens et les innovations dynastiques.