2. La composition thématique : fonds et formes sémantiques
Qu’est ce que la thématique ?
—> la thématique « rend compte des contenus investis et de leur structures paradigmatiques (» (Ratier, 2016 p 54) c’est à ce palier qu’est étudié le thème, au sens de topic. Les contenus sémantiques sont décrites à l’aide de traits sémantiques (appelés sèmes) dont les récurrences sont observées
—> inspiration de la psychologie perceptive gestaltiste pour décrire les phénomènes sémantiques de cette composantes
Quelle analogie avec la théorie perceptive gestaltiste ?
La théorie de la Gestalt est une théorie des formes (psychologie des formes) qui postule notamment un principe de Bonne continuité et « la détermination réciproque du tout et des parties » (Cadiot et Visetti, 2001)
Les fonds et formes sémantiques possèdent les mêmes propriétés que les fonds et formes désignés par la Gestalt, c’est à dire qu’ils sont ;
-diffus et pas vraiment perceptibles pour les fonds
-plus cohérentes, plus saillants et transposables d’un fond à un autre concernant les formes
Quel est le but de l’analyse ?
—> identifier dans un texte, les unités (n’appartenant pas nécessairement à la même catégorie grammaticale, ni au même palier) qui ont entre elles un trait sémantique commun (sème) > les fonds sémantiques
—> identifier dans ces mêmes textes comment les récurrences de traits sémantiques (qui définissent les fonds sémantiques) font émerger > des formes sémantiques
2.1 fonds sémantique
Si l’on reprend l’analogie avec les fonds et formes dans la théorie perceptive Gestaltiste : Les fonds sont diffus et pas vraiment perceptibles
La description des fonds sémantiques se fait à l’aide de traits sémantiques. Lorsqu’un même trait sémantique se répète dans différentes unités linguistique d’un texte, on parlera d'isotopies
Isotopies = répétition d’un même trait sémantique dans différentes unités linguistique d’un texte
—> fonds sémantiques = les isotopies qu’on retrouve dans un texte
2.1 le concept de sème
La substance du signifié d’un signe (Sé) est constituée par un ensemble de traits distinctifs de signification. Au niveau du signe minimal, ou morphème, l’ensemble est appelé le sémème, et chaque trait est un sème
La notion de sème à été introduit par Bernard Pottier dans les années 60 afin de décrire le signifié lexical sur le modèle de l’analyse phonologique
En phonologie on étudie les différents phonèmes du langage en regardant ce qui les distinguent
Chaque trait considéré comme distinctif relativement à un ensemble est un sème
Toute signification est relative à des ensembles d’expérience selon les circonstances de la communication
2.1.2 sèmes génériques, sèmes spécifiques et classes de définitions
Poittier introduit une distinction entre sèmes génériques et sèmes spécifiques
Un sème générique est un élément du sémème qui rapproche deux sémèmes voisins par rapport à une classe plus générale alors
Qu’un sème spécifique est un élément du sémème qui permet d’opposer deux sémèmes très voisins
On distingues 3 types de sèmes génériques en fonction des degrés de généralité de la classe qu’ils signalent : macro-génériques, méso-génériques, micro-génériques
Sèmes macro-génériques (dimensions)
Les classes on les notes entre //
//dimensions// = macro
Une dimension est la classe de plus grande généralité
—> elle inclut des sémèmes ayant le même trait génériques à grande généralité (sème macro-génerique), avec souvent des relations d’oppositions binaire du type : /animé/ vs /inanimé/
Sème méso-génériques (domaine)
//domaine// = méso
Un domaine est une classe intermédiaire qui comprend les sémèmes ayant un même trait générique de moindre généralité et qui correspond à une pratique sociale
Exemple : /alimentation/ on trouve trace dans les dictionnaires de ce concept de domaine dans le recours aux abréviations comme cuis (pour cuisine), Mar (pour maritime), sur (pour juridique)…
Sème micro-générique (taxèmes)
//taxème// = micro
Le taxéme est la classe la plus basse, c’est une classe de sémèmes minimale en langue
Là se trouve défini le sème de plus faible généralité du sémème (sème microgénérique) ainsi que les sèmes spécifiques (taxème des dègres de cuisson (saignant, bien cuit, ou opposition entre F et M)
Sème spécifique :
Ils opposent les sémèmes au sein d’un taxème
Comme /euphorique/ et /dysphorique/ dans notre exemple de description sémique entre ‘espère’ et ‘craindre’
On appelle classème l’ensemble des sèmes génériques d’un sémème et sémantème l’ensemble des sèmes spécifiques :
sémème= classème + sémantème
2.1.3 Le concept d’isotopie
Défini comme l’effet de la récurrence d’un même sème le long de la chaine syntagmatique, le concept d’isotopie permet de passer de l’analyse lexicale en classe de définition à l’analyse textuelle proprement dite. On peut distinguer autant de type d’isotopies que de catégories de sèmes
—> les isotopies du texte forment ce qu’on a appeler les fonds sémantiques
1. Isotopie macro-générique : une isotopie macro-générique est l’effet de la récurerence d’un même sème macro-générique
Par exemple : le hérisson insectivore n’est pas de la même famille que le porc-épic
On identifie la récurrence des sèmes macro-génériques /animé/ et /animal/ dans ‘hérisson’, ‘insectivore’, ‘porc-épic’
2. Isotopie méso-générique une isotope méso-générique est l’effet de la récurrence d’un même sème méso-générique
Par exemple : l’amiral Nelson ordonna de carguer les voiles
On identifie une isotope /navigation/ crée par la récurrence de /navigation/ (ou /marine/) dans ‘Amiral’, ‘carguer’, ‘voiles’.
3. Isotopie micro-générique : une isotope micro-générique est l’effet de la récurrence d’un même sème micro-générique
Par exemple : Et l’entrecôte, bleue, saignante ou à point ?
On reconnait l’énumération du taxèmex des //degrés de cuisson de la viande//
4. Isotopie spécifique : une isotope spécifique est l’effet de la récurrence d’un même sème spécifique.
Par exemple dans ce vers d’Eluard : Allume l’aube dans la source
On identifie la récurrence du sème /inchoatif/ (ou /commencement/ dans ‘allume’, ‘aube’ et ‘source’
2.1.4 sèmes inhérents et sèmes afférents
•deuxième typologie de sèmes, indépendante du degré de généricité
•typologie déterminée en fonction du mode d’actualisation des sèmes
•sèmes inhérents vs sèmes afférents
Sème inhérents (s.i) : sème que l’occurence hérite du type par défaut (ie des sèmes qui il y aura tout le temps dans les textes) (c’est ce qu’on associe habituellement aux choses, animaux…)
Ex : /noir/ pour corbeau
Deux types de Sème afférents :
Sème afférent socialement normé (s.a.s.n) : sème associé au type, mais non définitoire. Il sont actualisés par prescriptions contextuelles (des sèmes un peu moins définitoires)
Ex : /de mauvais augure/ pour ‘corbeau’
Sème afférent contextuel (s.a.c) : sème propagé par le contexte (on le site jamais dans la connaissance du sème, ce n’est pas définitoire)
Ex : /apprivoisé/ dans ‘un corbeau apprivoisé’
Différence entre sème inhérent et sème afférent socialement normé est une différence de degré plutôt que de nature
2.1.5 les opérations interprétatives élémentaires
Elaboration du sens en contexte dans des parcours interprétatifs
> « suite d’opérations permettant d’assigner un ou plusieurs sens à un passage ou à un texte » (Rastier, 2001)
Ces opérations interprétatives élémentaires sont gouvernées par deux lois fondamentales
•Dissimilation et assimilation : deux lois fondamentales
Dissimilation : opérations d’accentuation des différences dans le cas de contraste sémantique faible. Sur le plan sémantique, on dira que la dissimilation correspond à l’actualisation de deux sèmes afférents opposés dans deux sémèmes synonymes (ou parasynonymes)
Dissimilation commandé souvent des activations de sèmes socialement normé
Ex : c’est une révolte ? Non Sire, c’est une révolution
Assimilation : diminution des contrastes sémantiques forts (contradiction, coq à l’âne) par actualisation d’un sème par présomption d’isotopie
Assimilation commande notamment la propagation
Ex : Rien ne prouve que des coupable que des voisin immigré et drogues
Un couple et un voisin se sont pendus pour cause : cancer et chômages
Ces deux lois - assimilation et dissimilation - gouvernent les opérations interprétatives d’actualisation et de visualisation de sèmes
ACTUALISATION
Heritage(s.i) Activation (s.a.s.n) Propagation (s.a.c)
Les sèmes inhérents (s.i) peuvent être virtualités :
-par assimilation :
Fillon monte au créneau
/guerre/ dans ‘monte au créneau’ est virtualité par la présence de /politique/ dans ‘Fillon’
-par dissimilation :
fromage ou fromage blanc
/non fermenté/ est inhibé ou virtualisé dans ‘fromage’ du fait de sa présence spécifique dans ‘fromage blanc’
Les sèmes afférents socialement normés (s.a.s.n) doivent être activés :
-par assimilation :
Quelles tristesse ce paysage automnal ! La brume, la grisaille, la boue, et ces corbeaux dans les champs, déprimant.
-par dissimilation :
Un père en punissant, Madame, est toujours père (Racine)
/éducateur/ sur ‘père’ et /aimant/ sur ‘père
Les sèmes afférents contextuels sont propagés :
« Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin »
>/animé/ et /gardienne/ inhérents dans ‘bergère’ sont propagés sur ‘tour Eiffel’
Pour résumer :
L’interprétation est dans ce cadre l’assignation de sens à une suite linguistique et elle est conditionnée par une suite d’opérations sémantiques et cognitives ou parcours interprétatif
Ces derniers se fondent sur des interprétants (« unités du contexte linguistique ou sémiotique permettant d’établir une relation sémantique pertinente entre des unités reliées par un parcours interprétatif » (Rastiet, 2001)
Le rôle du contexte est donc :
-de permettre ou d’interdire l’actualisation de sèmes inhérents ;
-de prescrire l’actualisation de sèmes afférents socialement normés ;
-de potager d’occurence en occurence des sèmes afférents contextuels
Activation : Héritage (s.i), Activation (s.a.s.n), Propagation (s.a.c)
Virtualisation : Inhibition pour les s.i
Activation : actualisation d’un sème (concerne un sème afférent socialement norme, ce sont les semis qui gravite autour du noyau ils sont pas forcement activié, ce sont des sèmes culturemment à la définition
Propagation actualisation d’un sème