Définitions
Définition
Groupe social
Désigne l'ensemble d'individus qui ont des caractéristiques communes et des liens durables directs ou non. Les membres ne se sont pas forcément tous rencontrés mais ils ont le sentiment d'appartenir à un même groupe.
Revenu
Ressource monétaire, en règle générale, prenant trois grandes formes: revenus du travail, du capital (revenus mixtes) et revenus de transfert. On en déduit le revenu disponible des ménages.
Niveau de vie
Revenu disponible en tenant compte de la composition du ménage.
Sociabilité
Ensemble des relations sociales qu'entretiennent les individus entre eux.
Classes sociales (sens de K.Marx)
Elles se caractérisent par la place commune qu'occupent les individus dans les rapports de production (classe en soi), un sentiment d'appartenance à la classe sociale (classe pour soi), des relations entre les individus de la classe sociale leur permettant de lutter pour leurs intérêts en opposition à une autres classe sociale (#classes sociales chez M. Weber).
Groupes de statut (chez M.Weber)
groupe d'individus auquel il est reconnu un certain niveau de prestige social (sur l'ordre social).
Catégories socio-professionnelles (PCS)
Classification multidimensionnelle et partiellement hiérarchisée créée par l'INSEE, fondée sur un certain nombre de critères : profession, statut, qualification, position hiérarchique, privé/public. taille de l'entreprise, secteur d'activité, opposition privé/public.
Inégalités économiques et sociales
Désignent les différences d'accès aux ressources socialement valorisées dans une société qui se traduisent par des avantages ou les individus. désavantages et contribuent à créer des hiérarchies entre les individus.
Structure sociale
La structure sociale désigne la répartition des ressources et des positions au sein d’une société, ainsi que les relations entre ces différentes positions.
Hiérarchisation
La hiérarchisation sociale désigne la manière dont les groupes sociaux sont organisés dans un ordre de supériorité ou d'infériorité.
Introduction:
Les sociétés sont composées d'individus qui sont liés entre eux par leur appartenance à des groupes sociaux hiérarchisés. Un « groupe social » est un ensemble d'individus qui ont des caractéristiques communes et des liens durables directs ou non. Les membres ne se sont pas forcément tous rencontrés mais ils ont le sentiment d'appartenir à un même groupe. Exemple : famille, syndicat, métier, groupe d'amis, nation... Les groupes sociaux auxquels les individus ont le sentiment d'appartenir sont particulièrement nombreux et divers. Pour comprendre la structure sociale, il faut repérer les groupes les plus significatifs, comprendre les relations qui existent entre les groupes. Certains groupes ont une position dominante, d'autres sont dominés. On parle de stratification sociale pour désigner la division de la société en groupes hiérarchisés en fonction d'inégalités de richesses, de pouvoir, de savoir, de prestige... La stratification sociale peut prendre la forme des castes en Inde ou d'ordres (clergé, noblesse, Tiers-Etat) sous l'ancien régime, en France. Dans les sociétés modernes, les sociologues ont parlé de classes sociales : si tous les citoyens français ont les mêmes droits, des inégalités persistent dans les faits. Il existe deux grandes conceptions en sociologie de la structure sociale que nous allons analyser en déterminant si elles sont encore pertinentes pour comprendre nos sociétés actuelles.
I. Les différents facteurs de structuration et de hiérarchisation de l’espace social
A. Les facteurs liés à la position socio-économique
La position socio-économique est un facteur central de structuration de l'espace social. Elle se définit par le revenu, le patrimoine, et la profession. En général, plus le niveau de revenu et de patrimoine est élevé, plus la position sociale est élevée. La profession joue également un rôle crucial car elle est associée à un certain statut social et à un réseau de relations.
Le sexe est un facteur de différenciation sociale important. Nous observons encore aujourd’hui des inégalités entre hommes et femmes en termes d’accès à l’emploi, de salaire ou de représentation dans certaines professions. La position dans le cycle de vie, c’est-à-dire l’âge des individus, influence également la place qu’ils occupent dans la structure sociale. Par exemple, les jeunes adultes, en début de carrière, n’ont pas la même position sociale que des individus en fin de carrière.
C. La composition du ménage et le lieu de résidence
La composition du ménage, c'est-à-dire la taille et la structure familiale, est un facteur de structuration important. Un ménage monoparental n’aura pas les mêmes contraintes économiques et sociales qu’un ménage constitué de deux adultes et plusieurs enfants. De plus, le lieu de résidence influence les conditions de vie et d’accès aux ressources. Vivre en milieu urbain ou rural peut déterminer l'accès à l'emploi, à la culture ou à l'éducation.
II. Quelles évolutions a connu la structure socioprofessionnelle en France depuis 1950 ?
A. L’essor du salariat et du secteur tertiaire
Depuis 1950, la structure socioprofessionnelle française s'est transformée avec l'essor du salariat, qui concerne désormais la majorité de la population active. Parallèlement, le secteur tertiaire, lié aux services, a pris une place dominante dans l'économie, au détriment des secteurs primaire (agriculture) et secondaire (industrie), conduisant à des changements dans les types d'emplois et les qualifications requises.
B. L’élévation du niveau de qualification
L'élévation du niveau de qualification est une tendance marquante des dernières décennies. Le développement de l'éducation et l'accès accru à l'enseignement supérieur ont conduit à une population plus qualifiée, bouleversant la hiérarchie des professions. Aujourd'hui, posséder un diplôme est souvent indispensable pour accéder à des emplois de meilleure qualité et mieux rémunérés.
C. La féminisation des emplois
Depuis les années 50, on assiste à une augmentation significative de la participation des femmes au marché du travail, un processus appelé la féminisation de l'emploi. Ce phénomène a modifié la structure des emplois, avec une présence croissante des femmes dans des secteurs autrefois réservés aux hommes, bien que des inégalités subsistent en termes de salaire et de progression de carrière.
III. Les théories des classes et de la stratification sociale
A. Les classes sociales selon Karl Marx (1818-1883)
Karl Marx conceptualise les classes sociales comme étant définies par la place qu'occupent les individus dans le système de production. Selon lui, la lutte des classes, notamment entre la bourgeoisie détenant les moyens de production et le prolétariat travaillant pour elle, est le moteur du changement social.
B. La stratification sociale selon Max Weber (1864-1920)
Max Weber propose une vision plus nuancée et complexe de la stratification sociale. Il considère que les classes existent, mais il ajoute la dimension des 'groupes de statut' basés sur le prestige et le style de vie, et des 'partis' ou groupes de pouvoir, intégrant ainsi des éléments culturels et politiques à sa théorie de la stratification.
IV. L’identification subjective à une classe sociale diminue, au profit d’autres formes d’identification subjective et au phénomène d’individualisation
Dans la société actuelle, l'identification à une classe sociale devient moins marquée. Les individus tendent à se définir davantage par leurs choix personnels, leurs valeurs et appartenances culturelles. Ce processus d'individualisation remet en question la pertinence des catégories traditionnelles de classe, même si elles restent des outils d'analyse sociologique importants.
C. Mais d’autres éléments amènent au contraire à penser qu’une analyse en termes de classes sociales reste pertinente pour décrire la société française d’aujourd’hui.
Malgré le phénomène d'individualisation, l'analyse en termes de classes sociales demeure pertinente. Les inégalités économiques et sociales persistent fortement en France, et les classes continuent de structurer l'accès aux ressources, aux opportunités et au pouvoir. Les classes sociales se manifestent également dans les inégalités de santé, d'éducation et de logement.
A retenir :
Ce chapitre a exploré la structure de la société française actuelle. Nous avons vu que cette structuration repose sur divers facteurs, tels que la position socio-économique, le sexe et le cycle de vie, la composition du ménage et le lieu de résidence. Depuis 1950, la structure socioprofessionnelle a évolué avec l'essor du salariat et du tertiaire, une élévation du niveau de qualification et une féminisation accrue des emplois. Les théories des classes et de la stratification continuent d'éclairer notre compréhension de ces changements, malgré une tendance vers l'individualisation. Cependant, les inégalités persistantes montrent que l'analyse des classes reste cruciale pour comprendre la société d'aujourd'hui.
Sujets possibles :
EC1 - Distinguez l'approche des classes sociales chez Karl Marx et Max Weber.
- Comment Max Weber analyse-t-il la structure sociale ?
- Qu'est-ce que les Professions et Catégories Socioprofessionnelles ? EC2 - Documents 8, 9, 10
EC3 - Montrez comment la multiplicité des critères de différenciation sociale brouille les frontières de classes. - Pourquoi il est difficile de considérer les travailleurs non qualifiés comme une classe sociale ? - Vous montrerez que l'approche en termes de classes sociales, pour rendre compte de la société française, peut être remise en cause.
DISSERTATION - Que reste-t-il des classes sociales aujourd'hui en France ?
- Quels sont les critères de différenciation sociale dans les sociétés post-industrielles ?
Mémo-technique :
La société française actuelle est structurée autour d’inégalités et de catégories sociales qui s’organisent selon plusieurs critères.
1. Un monde hiérarchisé : La stratification sociale repose sur l’inégale répartition des ressources économiques (revenus, patrimoine), culturelles (diplômes, accès à la culture) et sociales (réseaux, relations). Elle crée des groupes plus ou moins favorisés, influençant les modes de vie et les perspectives d’avenir.
2. La classification par les PCS : L’INSEE divise la population en Professions et Catégories Socioprofessionnelles (PCS), une grille qui distingue cadres, ouvriers, employés, agriculteurs, artisans, commerçants et professions intermédiaires. Cette nomenclature met en évidence des écarts en termes de revenus, conditions de travail et prestige social.
3. L’influence des critères sociaux : D’autres éléments structurent la société :
• Le revenu et le patrimoine : source principale d’inégalités, influençant l’accès au logement, à l’éducation et à la santé.
• Le diplôme : clé de l’ascension sociale, déterminant souvent le métier et le niveau de vie.
• Le genre : les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes et occupent moins souvent des postes de pouvoir.
• L’âge : les jeunes sont plus exposés à la précarité, tandis que les seniors ont un patrimoine plus élevé.
• Le lieu de résidence : entre centres-villes, banlieues et espaces ruraux, les inégalités se creusent en matière d’accès aux services et aux opportunités.
4. La question des classes sociales : Deux grandes approches existent :
• Marxiste : la société est divisée en bourgeoisie (qui possède les moyens de production) et prolétariat (qui vend sa force de travail). Ces classes sont en lutte.
• Weberienne : la hiérarchie repose sur trois dimensions : économique (richesse), sociale (prestige) et politique (pouvoir), donnant lieu à des groupes plus variés et nuancés.
5. Une société en mutation : Aujourd’hui, la frontière entre les classes est plus floue en raison de la moyennisation (baisse des écarts entre classes moyennes et populaires) et de l’individualisation (moins d’identification aux groupes sociaux). Toutefois, les inégalités persistent, notamment avec la polarisation du marché du travail et les écarts de patrimoine qui se creusent.