Définition :
- Cnrtl : Lutte entre deux personnes, deux peuples.
- Larousse : 1. Violente opposition de sentiments, d'opinions, d'intérêts 2. Opposition de motivations ou de conceptions contradictoires chez une même personne ou au sein d'un groupe.
Les conflits, qui sont des tensions entre les personnes, animées de buts divergents ou même contradictoires, deviennent « violents », quand les rapports ne peuvent plus être maintenus. La violence « scolaire » est plus ou moins liée à des tensions internes à l'école. Mais la violence est toujours l'aboutissement d'un processus où s'imbriquent :
• des contraintes institutionnelles
• et des conflits inter-personnels
L'école obligatoire représente une triple forme de contrainte pour l'enfant (Fumat, 1997):
• « Tu dois aller à l'école ! » privation de liberté
• « Tu dois te tenir tranquille et apprendre » imposition d'un mode de comportement :,
• « Tu dois apprendre cela pour être des nôtres » imposition d'un certain contenu culturel Ces contraintes structurelles, qui viennent du phénomène de scolarisation, deviennent des « violences » quand elles ne peuvent être assumées.
Ces trois aspects de l'obligation scolaire,
• privation de liberté,
• discipline,
• et imposition culturelle sont des contraintes liées au phénomène de scolarisation qui paraissent inéluctables.
Mais à quel moment peut-on dire que ces contraintes deviennent violences ?
On peut dire que la tension de la contrainte fait place à la violence quand la contrainte ne peut être assumée, … et cela du fait de l'une ou l'autre partie.
À partir de la situation de contrainte : Un processus de violence peut s'enclencher, qui tiendra aussi bien : - à l'incapacité du jeune à supporter toute contrainte, - qu'à l'incapacité de l'institution à définir des contraintes supportables.
La violence, qui est toujours un débordement, ne doit jamais être comprise à partir d'une seule partie (même si elle est « le fait d'un acteur »). Elle résulte toujours d'un déséquilibre de forces, d'une inadéquation, d'un « désaccord », qui doit être pensé sous ses deux aspects.
Pendant des siècles, à l’école le rassemblement d'enfants était :
• en trop grand nombre,
• dans des locaux exigus,
• pendant des temps trop longs
• et pour des apprentissages dont ils ne voyaient pas le sens
Mais à quel moment peut-on dire que ces contraintes deviennent violences ?
La violence permise, codifiée, des enseignants était un indice d'une déficience de l'institution scolaire à maintenir un équilibre satisfaisant puisqu'à chaque instant il était rompu :
- bavardage,
- chahut,
- révoltes des élèves
Et d'un autre côté, brimades, punitions, fouet, du maître d'école
En France les châtiments corporels sont interdits depuis 1887. Mais la persistance des punitions et des « passages à l'acte » physiques chez les enseignants, ou plus souvent des « simulacres » de châtiments corporels :
- « tirer les oreilles »,
- « jeter un cahier vers l'enfant » montrent que le problème n'est pas résolu
En fait l'institution scolaire reste très contraignante pour les jeunes : - espaces peu habitables : trop anonymes, bruyants, peu fonctionnels, - rythmes mal adaptés : les mêmes à tous les âges, journées trop longues, matières mal distribuées),
- pédagogie impositive : qui privilégie le programme et non l'apprentissage en profondeur.
On peut constater que l'évolution concomitante, dans certains collèges : - des locaux, - du style de direction - et de la relation pédagogique, montre qu'il est possible de : • changer le climat, • de réduire les tensions • et du même coup les passages à l'acte.
À quel moment l’imposition culturelle devient-elle violence ?
On peut donner deux réponses :
- quand l'imposition culturelle est à sens unique, sans appel, appuyée sur un corps de doctrine immuable.
- quand elle se fait par des méthodes qui ne laissent aucune initiative, aucune possibilité de critique ni même de questionnement à l'enfant
Si le « Maître » ne part pas : - des besoins de l'enfant, - de ses goûts, - de ses compétences, Si le « Maître » ne lui montre pas : - le sens des Savoirs délivrés, - s'il ne l'accompagne pas Effectivement le risque de violence alors est très fort
Nous parlerons de « conflits » pour les tensions qui naissent d'un rapport entre les personnes. À l'origine le « conflit » signifiait littéralement « con - flingere » heurter frapper, et se confondait donc avec l'acte violent lui-même.
L'évolution du sens permet maintenant de le réserver pour toutes les tensions qui précèdent l'acte et y conduisent éventuellement : • conflits d'attribution, • conflits d'opinions, • conflits d'intérêts, • conflits d'honneur...
Les conflits sont très divers, ils concernent toujours néanmoins les rapports interpersonnels.
La frontière entre contraintes et conflits est fragile et difficile à maintenir Les règlements par exemple sont bien, au départ, pensés et voulus par des personnes. Mais précisément ils sont vécus par le jeune comme une contrainte quasi naturelle, un cadre de vie contraignant dont on ne connaît pas l’origine.
On sait aussi que la réaction à un milieu insupportable peut être : - la fuite, - la passivité, - ou l’agressivité réactive Une agressivité qui s'en prendra justement aux personnes les plus proches que sont les enseignants ou le personnel de l'établissement.
Un conflit de pouvoirs entre un enseignant et un élève peut se résoudre par un acte de vandalisme Le jeune en situation d'infériorité préférera détourner son agressivité vers les choses (maculer les murs ou mettre le feu aux poubelles, etc. ) plutôt que de s'attaquer physiquement ou verbalement à un professeur qu'il craint.
Le conflit est la tension continue, quotidienne, en durée, qui résulte d'attitudes, de buts, de vues contradictoires ; La violence caractérise la crise, brève et explosive, qui dénoue ces tensions.
Parfois la violence se retrouve dans l’école sans qu’elle y soit pourtant en lien. Elle apparait pourtant comme plus choquante car l’école est symboliquement un sanctuaire dans lequel ce type d’acte devient plus grave.
Faire vivre ensemble 25 à 30 jeunes, à fleur de peau et en pleine crise d’adolescence relève peut être un vrai challenge ! Nos salles de classes sont parfois le théâtre de conflits entre élèves, qui peuvent prendre diverses formes :
• de la simple bouderie au harcèlement,
• du sentiment de rejet aux insultes, mais qui dans tous les cas nuisent aux apprentissages
C’est pourquoi il est important de développer selon elle non seulement des savoirs et savoir-faire académiques, mais également des savoir-être et des compétences psychosociales : l’école a un rôle essentiel de sociabilisation. Depuis 2016, Claire Tétier utilise les méthodes et outils de la Discipline positive pour enseigner l'empathie, l’auto-régulation des émotions, le respect des différences, ou encore la coopération. Voici une présentation succincte des principaux axes d’utilisation en classe
La gestion des émotions Elle utilise le modèle simplifié du « cerveau dans la main » de Daniel Siegel, neuropsychiatre américain, pour expliquer aux élèves le fonctionnement du cerveau lorsqu’ils sont en proie à leurs émotions. Cela leur permet de comprendre pourquoi, lorsqu’ils ne vont pas bien, ils ont tendance à s’énerver, à dire des choses qui dépassent leur pensée (agressivité), à mentir (fuite) ou à perdre leurs moyens (sidération)
La gestion des émotions Le fait de connaître ce fonctionnement commun à tous les humains permet à ses élèves de se rassurer sur leur propre comportement et de comprendre qu’ils ou elles ont besoin de s’isoler quelques minutes pour se calmer et retrouver toutes leurs capacités cérébrales.
Si quelqu’un dans la classe dit des mots blessants sous l’effet de la colère, de la peur ou de la tristesse, elle leur apprend à assumer leurs erreurs et à présenter leurs excuses
Bienveillance ET Fermeté La Discipline positive contribue à l’éducation émotionnelle. Elle laisse une place à la dimension relationnelle de l’enseignement, ce qui, d’après Christophe Marsollier, fait partie de l’éthique professionnelle des enseignants. Depuis que Claire Tétier la pratique, elle connaît beaucoup mieux ses élèves et pense qu’ils ou elles la perçoivent comme davantage bienveillante.
Cependant, il ne s’agit pas de les féliciter sans arrêt, de tout laisser passer ou de toujours négocier. Elle pose également un cadre structurant, des limites sans ambiguïté, et instaure une exigence de travail et d’efforts. Selon elle, l’autorité juste repose sur l’équilibre entre bienveillance et fermeté, et dans l’exercice des deux à la fois (et non pas successivement ou en alternance)
Chaque outil de Discipline positive qu’elle utilise s’appuie sur la coexistence de ces deux pôles (bienveillance et fermeté) La vraie bienveillance, c’est aussi faire preuve d’exigence et créer les conditions favorables à la transmission du savoir