La grammaire : notion polysémique (plusieurs sens)
1-Ensemble de règles à suivre pour écrire et parler une langue
2-Ensemble des structures et des règles qui permettent de produire tous les énoncés appartenant à une langue et seulement eux
3-Etude systématique des éléments constitutifs d’une langue donnée
4-Livre, traité, manuel de grammaire
La grammaire du français est propre au français. On peut identifier dans une langue plusieurs grammaire/ Ex français canadiens, règles spécifiques.
Aphasie : maladie de la parole
Une grammaire est un catalogue, il y a des règles à respecter. Elle s’enseigne, c’est une discipline (ensemble de données qu’on enseignent). C’est un livre aussi, elle peut être industrialisé.
1-La grammaire intériorisée ; la grammaire du point de vue du locuteur :
Noam Chomsky, attire l’attention sur le fait que le locuteur dispose d’une grammaire intériorisée de sa langue : savoir spontané, non conscientisé qui permet de produire, d’interpréter des énoncés en nombre non fini et de porter des jugements immédiats sur leur conformité à la grammaire de cette langue.
Cette grammaire des locuteurs décrit leur compétence. Elle s’acquiert au cours de l’apprentissage de la langue maternelle. Les enfants apprennent leur langue, non en suivant des cours mais en développant et en complexifiant leur grammaire intériorisée. (À force de répétition)
Le savoir épilinguistique = représentation de la langue, souvent affective et non scientifique : « ça ne se dit pas » ; connaissance intuitive. Chacun à sa manière de parler.
Les savoirs épi linguistiques sont les savoirs spontanément produit par la pratique. Nos fautes en sont la manifestation : aucun enfant francophone ne dira « Chat le est sur arbre un »
L’étude savante de la langue :
L’école et les études font acquérir aux locuteurs une grammaire externe, construite, consciente, explicite. C’est un savoir construit, distancié, le plus objectif possible avec une terminologie spécifique (vs épilinguistique).
Ce savoir est le prolongement de la grammaire spontanée de locuteur auquel il s’ajoute.
C’est grammaire savante, savoir idéaliser, car abstrait…
è Chez le tout jeune enfant existe déjà un savoir épilinguistique, c’est-à-dire la connaissance intuitive de certains procédés de la langue. La grammaire apprise prolonge cet emploi naturel et ordinaire.
Une notion à retenir : le savoir métalinguistique.
La métalangue désigne une langue qui porte sur une langue, qui l’a décrit, l’analyse. Une des propriétés des langues naturelles est que la métalangue utilise les mêmes termes et constructions que la langue courante.
Ex : « Anticonstitutionnellement est le mot le plus long du français ».
« Le chien aboie » : le signe chien est en usage.
« Chien est un substantif masculin » : « chien » ne renvoie pas à l’animal ; ce n’est qu’un mot, qui étant cité, se met entre guillemets, ou en italiques (ou souligné à l’écrit).
3-La grammaire en tant que savoir/ discipline
Il existe deux manières de faire de la grammaire, soit de manière prescriptive/ normative, soit de manière descriptive…
DES REGLES. Grammairien indique comment il faut s’exprimer, quelles constructions, quel lexique retenir ou exclure : dites et ne dites pas. Règles.
… VERS LA NORME. La grammaire prescriptive est généralement appelée normative car le bon usage qu’elle prône constitue la norme.
La grammaire normative a un but prescriptif et normatif. Elle ne cherche pas à décrire la manière dont les gens parlent, mais plutôt
-à imposer une langue à partir de règles strictes,
-à codifier une variété du français (un registre de langue).
Pour résumer, la grammaire normative qu’on appelle aussi la grammaire traditionnelle impose une norme, mais n'essaie pas de comprendre ou de déterminer l'usage réel d'une langue par un locuteur.
è Problème :
En considérant la langue comme un objet contraint par des normes, la grammaire normative ne prend pas du tout en compte les énoncés non standards dont certains sont plutôt très courant. Voir l’exemple de la négation en français ou le « ne » a disparu des énoncés oraux bien qu’on n’ait appris aucune règle pour cet effacement.
Les grammaires descriptives
On décrit les faits observés, on analyse, on les compare, en cherchant non pas ce qui doit être dit, mais ce qui se dit…dans quelles conditions…
Décrit les usages en cherchant si derrière eux, on ne pourrait pas trouver ce que l’on peut définir, non pas comme une norme, mais comme un canon, c-a-d un ensemble de règles qui ne dépendent d’aucun des paramètres cités plus haut.
è C’est la que l’on peut parler de linguistique.
3) La linguistique
a) La linguistique décrit les différents usages de la langue :
LA LINGUISTIQUE s’inscrit dans le cadre de la démarche descriptive.
En linguistique, faire de la grammaire : c’est à partir des unités canoniques posées dans le système, rendre compte des énoncés observés, en les triant et en les comparant. La question fondamentale n’est pas celle du pourquoi / mais celle du comment.
Il s’agit de replacer les usages en situation, d’observer qu’il existe dans la langue des VARIATIONS qui se manifestent à tous les niveaux de la langue : prononciation, lexique, syntaxe…
La grammaire descriptive va ainsi se poser des questions d’ordre rhétorique : qui parle, à qui…
Elle aborde la langue comme un SOCIOLECTE
è Branche de la linguistique appelée sociolinguistique : s’occupe précisément de décrire la relation des différents usages à la société.
Vs IDIOLECTE= un cas de variation, qui dépend non de l’époque, des couches sociales, mais de l’individu.
D’une certaine façon, chacun de nous à son idiolecte spécifique ; mais généralement, la variation est peu visible.
Exemple : Céline le Pont de Londres.
Céline :
Un style proche de l’oral mais c’est en réalité une langue très travaillée ; faite de contrastes, où des formules volontairement orales coexistent avec des tournures littéraires.
Exemple de tournures littéraires : métaphores pour qualifier les oiseaux, « esprit de l’air », « flocon de vent » / « un petit pompon marrant » (moins soutenu).
LEXIQUE : termes vulgaires (merde) et familier (arranger quelqu’un / être aux petits soins) / termes plus soutenus, espiègle.
PLAN MORPHOLOGIQUE : élision du « i » dans le pronom relatif sujet QUI : « Elle (qui) était remuante… ». + Suppression du pronom « Il » de « Il y a »=> « Y a ».
SYNTAXE : Dans la perspective d’une grammaire normative, plusieurs tournures seraient jugées incorrectes.
Par ex : emploi de la négation sans « ne » :
« ça l’arrangeait pas » (+ autre incorrection pour les puristes : emploi de ça au lieu de cela).
Dans la perspective descriptiviste : on préfère relever une tension entre
- Emploi de phrases canoniques - Sujet verbe complément - « Elle souffrait maintenant des reins »
VS.
- Emploi de constructions particulières, moins soutenues : « ça l’arrangeait pas la grossesse »
-> détachement : l’ordre des mots est modifié, et le sujet est renvoyé à la fin (vs. La construction canonique où il est à la fin)
VS.
- Emploi de constructions lâches : « ils connaissaient bien Virginia les pinsons surtout, tout curieux, leur petit œil ».
-> A la construction avec détachement (Les pinsons connaissaient bien Virginia) succède une phrase averbale (curieux, leur petit œil) comme 1 parenthèse exclamative qui rompt le cours de l’énoncé
Jeux avec l’écrit
Usage particulier de la ponctuation :
Dans le détachement, l’élément détaché est mis à part du reste de la proposition, ce qui est généralement signalé par une virgule. « ça l’arrangeait pas, la grossesse ». De même les 2 adjectifs « espiègle » « bondissante » dans « Une gamine espiègle bondissante », sont juxtaposés et se succèdent sans être séparés par la virgule.
Pour la grammaire descriptive, les variantes d’une langue doivent être prises en compte dans leur spécificité (un langage littéraire) et non dans leur plus ou moins grand éloignement par rapport à une norme, nécessairement définie par des facteurs sociaux ou esthétiques.
Les notions de grammaticalité, intelligibilité, acceptabilité
Code du français courant d’Henri Bonnard (Magnard, 1981).
Grammaire et communication
Henri Bonnard définit la grammaire comme un « code », c’est-à-dire « un ensemble de conventions donnant à chacun le moyen de traduire sa pensée pour communiquer avec ses semblables »
Reconnaitre le caractère conventionnel des usages grammaticaux, c’est voir dans la norme :
-non pas le produit d’une logique formelle interne à la langue
-ni un outil de « distinction » sociolinguistique à l’usage des classes dominantes,
-mais le moyen pragmatique d’une communication efficace.
En dépit des variations socioculturelles ou individuelles des usages, on peut estimer qu’un tel code comporte suffisamment de stabilité́ pour être reconnu par tous les sujets.
H. Bonnard distingue alors plusieurs critères pour évaluer la compétence linguistique
-
la grammaticalité́
: l’énoncé́ « Ouvriers venir défoncer béton mur » est agrammatical, même s’il est à la rigueur compréhensible ;
-
l’intelligibilité́ : «la boite vient saluer le béton du soir » est grammatical mais inintelligible.
-l’acceptabilité́ : « L’homme que le bandit qui a été́ arrêté́ avait blessé est mort ce matin à l’hôpital »
est certes grammatical, mais inacceptable à cause de « l’enchâssement abusif des propositions ».
Définitions : Une phrase grammaticale est une phrase dont la construction respecte les règles de grammaire (sans prendre en compte le sens du message) / une phrase bien formée syntaxe.
CM n°3 :
1/ Une phrase grammaticale
est une phrase dont la construction respecte les règles de grammaire (sans prendre en compte le sens du message) / une phrase bien formée syntaxiquement
Phrase agrammaticale : * «Ouvriers venir défoncer béton mur»
2/ On dit
qu'une phrase est intelligible lorsqu'elle peut être comprise (quelle que soit sa correction syntaxique).
Phrase non intelligible : #
Ex : Le corridor élucide le trottoir
est une phrase asémantique, car le verbe élucider suppose un sujet animé.
Une phrase comme :
*
Lui être intelligent beaucoup est agrammaticale mais sémantiquement interprétable
On utilise le signe #
pour un
énoncé bien formé mais dépourvu de sens cohérent
#Louis XIV est mort en 1715, mais je ne le sais pas
#La porte adore la linguistique
On note une phrase agrammaticale avec le signe *
*Certaines phrases la langue de sont agrammaticales
Le signe % assigné à un énoncé signifie que celui-ci ne correspond pas à du français standard, qu'il n'est pas strictement bien formé.
%Il se présente aux élections présidentielles malgré qu'il n'ait aucune chance d'être élu
3/ On dit qu'une phrase est acceptable quand elle est adaptée à la situation de communication.
Une phrase acceptable, c’est une phrase qui ne demande pas un gros effort pour son interprétation.
Phrase non acceptable : ??
[Si la notion de grammaticalité est assez facile à établir, celle d’acceptabilité est plus complexe.]
« L’élève, dont le devoir que j’ai lu hier soir était mauvais, est votre fils »
Comporte une relative enchâssée à l'intérieur d'une autre relative, elle-même enchâssée dans la phrase
« L'élève est votre fils »
est difficilement accessible, difficilement interprétable dans les conditions normales d'un échange oral)
L’acceptabilité est fondamentalement une propriété des phrases énoncées.
Elle dépend de tous les facteurs qui conditionnent la performance :
" Conformité aux règles de bonne formation grammaticale ;
" Adéquation à la psychologie du sujet parlant ;
" Adéquation à la situation et aux normes discursives en vigueur.
Exercice
1. Notre rosier est mort pendant les vacances.
2. Notre rosier est décédé pendant les vacances.
3. La souris mangeait un blé.
4. Le bois est fait de cette table.
5. Anatole, qui était le nom de mon voisin, ne bougeait plus.
6. Le chat dont la queue qui était d’un noir que je n’avais jamais vu auparavant dans ma vie qui je l’espère, sera d’une durée propre à satisfaire tous mes désirs qui son nombreux, balayait le sol, guettait une souris.
7. En m’apercevant, je me fis un grand sourire.
8. Je mange tous les jours des cailloux.
9. Je mangerais bien des cailloux.
10. J’ai l’estomac dans les talons.
11. J’ai l’estomac dans les orteils.
12. L’homme que je t’ai parlé est revenu.
- Phrases bien construites grammatcialement et acceptables sémantiquement :
A. Phrases grammaticales et acceptables (sémantiquement)
1. Notre rosier est mort pendant les vacances.
9. Je mangerais bien des cailloux.
10. J’ai l’estomac dans les talons.
=> ces deux dern psentent un sens figuré ; ces phr ne sont acceptables que pour qqn qui connaît ces métaphores codées.
B. Phrases non grammaticales (non acceptables)
3. *
La souris mangeait un blé.
=>
blé, nom non comptable, doit s’employer avec
DU
et non
UN.
5. *
Anatole, qui était le nom de mon voisin, ne bougeait plus.
=>
Anatole est employé comme un substantif en usage dans la proposition principale, et en mention dans la relative. La langue n’autorise pas qu’un même signe soit en usage et en mention.
12. *
L’homme que je t’ai parlé est revenu.
Il faudrait dire «
l’homme dont je t’ai parlé est revenu »
-> Ces phrases contreviennent aux règles grammaticales
C. Phrases grammaticales, mais non acceptables sémantiquement.
2. ?? Notre rosier est décédé pendant les vacances.
La phrase est interprétable, mais bizarre, en tout cas sans contexte particulier : si mourir s’emploie pour humains, animaux et plantes / décéder qui fait référence à un acte de la vie sociale, ne s’emploie normalement que pour les humains.
4. ?? Le bois est fait de cette table.
Impossible, étant donnée la relation lexicale de type métonymique entre table et bois.
6. ?? Le chat dont la queue qui était d’un noir que je n’avais jamais vu auparavant dans ma vie qui je l’espère, sera d’une durée propre à satisfaire tous mes désirs qui son nombreux, balayait le sol, guettait une souris.
N’est pas mal formée ; chaque relative est correcte ; mais leur succession/emboîtement est impossible vu leur nombre.
[on ne peut pas aller au-delà de : « Le chat, dont la queue qui était d’un noir que je n’avais pas vu auparavant, balayait le sol, guettait une souris ».
C. Phrases grammaticales, mais non acceptables sémantiquement.
7. ?? En m’apercevant, je me fis un grand sourire.
Sauf contexte particulier : impossible de se dédoubler et de s’apercevoir
8. ?? Je mange tous les jours des cailloux.
n’est pas possible dans un univers ordinaire
11. ?? J’ai l’estomac dans les orteils.
n’est pas possible dans un univers ordinaire
LA LINGUISTIQUE (N. Garric)
Science qui a pour objectif de comprendre une langue et son fonctionnement
La linguistique est une grammaire dans le sens où elle vise à rendre compte du fonctionnement d’une langue en dégageant, sur la base de l’observation et de la description des actes linguistiques, des règles destinées à expliquer la compétence des sujets parlants.
Pour elle la linguistique est déjà une grammaire.
Cette grammaire correspond à un modèle
Elle tente de découvrir les régularités sous-jacentes à la production et à l’interprétation des échanges langagiers.
- Phonologie : étude des sons du langage à valeur linguistique // Phonétique : étude de la physiologie des sons
- Syntaxe : étude de l'arrangement des mots dans une proposition (phrase)
- Morphologie : étude de la formation des mots dans le langage
- Sémantique : étude du sens véhiculé par la construction des phrases.
- Pragmatique : étude du langage en situation (dimension communicative du langage)
è Interactions infinies entre ces disciplines. Par exemple, la façon dont un mot est formé va avoir une influence sur le sens de ce mot. Il s’agit donc d’un ensemble de contraintes liés aux exigences que la grammaire impose à la langue
A/ Contraintes phonologiques : contraintes liées à la nature des sons dans la langue
- Je déteste la linguistique/J'déteste la linguistique > non-prédit par une grammaire normative
- J'adore la linguistique/ *Je adore la linguistique. > Le choix entre je et j' (devant un mot commençant par une consonne) disparaît devant un mot commençant par une voyelle.
Ici ça ne fonctionne plus, sur le plan phonétique même si l’on comprends le sens.
B/ Contraintes syntaxiques : règles concernant l'arrangement des mots (ordre des mots)
- J’ai vu un oiseau.
- *J’ai vu oiseau un.
Cf contrainte sur l'ordre entre un nom et son déterminant en français
C/ Contraintes sémantiques : règles concernant le sens/l'interprétation des mots et des énoncés
- J'adore la linguistique.
- ??La porte adore la linguistique.
Le sens véhiculé par la porte paraît incompatible avec le sens véhiculé par le verbe adorer
D/ Contraintes morphologiques : règles de bonne formation qui concernent les morphèmes (la forme des mots) ex : règles d’accords, vocabulaires
- Marie est venu*(e) hier.
- Marie a crié(*e).
La marque du genre sur le sujet apparaît sur le verbe avec l'auxiliaire être, mais pas avec avoir.
E/ Contraintes pragmatiques : sortes de règles de bonne conduite pour la communication
- Louis XIV est mort en 1715, mais Paul ne le sait pas.
- ?? Louis XIV est mort en 1715, mais je ne le sais pas.
Si j’énonce c’est que je le sais forcément.
Tout énoncé correspond à un acte de langage de la part du locuteur, en l'occurrence une assertion. Et comment affirmer quelque chose et ne pas le savoir à la fois ??
Il existe aussi des règles de grammaire qui dépendent de plusieurs domaines à la fois (c'est d'ailleurs le cas le plus général) :
- J'ai déjà vu cette femme quelque part.
- Cette femme, je l'ai déjà vue quelque part.
F/ Contrainte syntactico-sémantique car l'ordre des mots régi par la syntaxe va avoir une influence sur la contrainte morphologique.
Quelques notions fondamentales de l’analyse grammaticale
A – La distinction Diachronie/Synchronie
B – Les relations entre l’oral et l’écrit : la question de la norme
C – Les opérations de l’analyse grammaticale
- Commutation,
- suppression,
- adjonction,
- déplacement,
- pronominalisation
La diachronie en linguistique concerne les faits de langue dans leur successivité temporelle, c’est-à-dire sous l’aspect du changement qui les substitue les autres au cours de l’histoire.
Ces changements peuvent relever de :
L’histoire externe : histoire des événements qui favorisent la stabilité ou l’instabilité d’une langue.
Par exemple on situe l’acte de naissance du français au 9e siècle avec la rédaction des Serments de Strasbourg / 842
Les serments de Strasbourg (Sacramenta Argentariae), datant du 14 février 842, signent l'alliance militaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique après avoir vaincu Après avoir vaincu Lothaire à Fontenay-en-Puisaye (841), lequel prétendait être le maître de l’empire d’occident.
et avec la production de la Séquence de Ste Eulalie 882 : le plus ancien poème en langue française qui nous soit parvenu.
Cette séquence raconte le martyre de Sainte Eulalie de Merida et se termine par un poème.
Le texte mélange latin, français et allemand. Les langues se mêlaient et faisaient de l’Europe une réalité.
Il est un des exemples marquant des changements linguistiques que nous connaissons encore aujourd’hui
La diachronie en linguistique concerne les faits de langue dans leur successivité temporelle, c’est-à-dire sous l’aspect du changement qui les substitue les autres au cours de l’histoire.
Ces changements peuvent relever de :
L’histoire interne concerne les modifications constatées dans la langue elle même.
Par exemple comment comprendre la différence dans l’emploi du pronom interrogatif QUI entre 17e et aujourd’hui :
Aujourd’hui : QUI renvoie à un animé
Jusq‘u’à l’époque classique, qui pouvait renvoyer à un inanimé. Ex, « Qui te rend si hardi… ? » / « Quelle chose… » / « Qu’est-ce qui… ? ».
La linguistique diachronique constate ces évolutions et les décrit.
On peut faire une périodisation
1/ français médiéval : 9e-13e S.
2/ moyen français : 14e-16e S.
3/ français classique : 17e-18e S.
4/ français moderne et contemporain : 19e-21e S.
Les changements diachroniques peuvent concerner :
- le système phonologique,
- Le système morphosémantique
- Le système lexicosémantique
3/ français classique : 17e et 18e S
A partir du XVIe siècle, l’invention de l’imprimerie, le développement de la lexicographie et l’attention portée par François premier aux lettrés s’exprimant en langue vernaculaire vont conduire à la naissance de la réflexion grammaticale, institutionnalisés au XVIIe siècle sous la forme d’une Académie qui avait vocation de prendre soin de la langue.
Modifications phonétiques :
-le /h/ initial devant voyelle cessé de prononcer : haricots, hérisson, hauteur, huitre, hôtesse…
-la voyelle sera dénasalisée si elle est en syllabe ouverte ; et la consonance sera effacé si la voyelle est en syllabe fermée :
Modifications graphiques :
-des lettres non prononcées sont éliminées des graphies (prens pour prends), l’i supplante l’y (stile) ;
-les consonnes doubles sont simplifiées (diferens, dificile…)
Modifications syntaxiques :
-on reprends et fixe la règle d’accord du participe passé employer avec avoir, s’inspirant de l’usage de l’italien.
- Le système phonologique
- On peut comparer ici le système phonologique du latin dont le français est issu et l’ensemble des évolutions du français, jusqu’au français actuel. On est parti d’un système de :
5 voyelles en latin [i], [e], [a], [o], [u] qui pouvaient être longues ou brèves
14 voyelles aujourd’hui en français
[ a ] de patte [œ ] de œuf
[ ɑ ] de pâte [ ø ] de feu
[ ɑ̃ ] de pente [ o ] de côte
[ ə ] de pe̠tit, je̠ [ o ] de cotte
[ e ] de pré [ ɔ̃ ] de conte
[ ɛ ] de prêt [ i ] de nid
[ ɛ̃ ] de brin [ y ] de nu
[ œ̃ ] de brun [ u ] de nous
- Le système morphosyntaxique
Il s’agit ici de la variation des flexions dans la langue, ie. Des modifications que subit la terminaison d’un mot du fait de son environnement syntaxique
En latin cette variation procédait de l’opposition des cas, ce qui rendait aléatoire l’ordre des mots dans la phrase
Voir tableau (diapo 36)
En français, l’ordre des mots est figé, plus ou moins fortement.
La déclinaison avait diminué en ancien français pour disparaître définitivement dans le français moderne
La diachronie en linguistique concerne les faits de langue dans leur successivité temporelle, c’est-à-dire sous l’aspect du changement qui les substitue les autres au cours de l’histoire.
Ce changement peut concerner :
- Le système lexicosémantique
Ce système concerne la relation entre les plans du signifié et du signifiant, c’est-à-dire du sens des éléments linguistiques
Le sens des éléments linguistiques est affecté par la diachronie
Par exemple le signifiant Chef en ancien français est affecté à tête (voir couvre-chef);
En latin moderne, il est réservé à supérieur hiérarchique
Il a été remplacé par le signifié « tête » en français moderne
Ce sens peut être affecté par
- des résistances malgré l’évolution de la connaissance : le soleil continue de se lever et de coucher alors que l’astronomie montre qu’il n’en est rien.
- Des incongruités : l’heure du dîner est passé de 9h à midi, puis à l’après-midi et à la soirée ; laissant la place à des mots comme petit-déjeuner à déjeuner
- Des mutations : lorsqu’un mot passe d’un lexique à un autre : par exemple hagard (langage de la chasse : animal qui reste sauvage, difficile à apprivoiser > étrange, un peu fou, dans le vague
La synchronie étudie les phénomènes selon des simultanéités selon l’axe des simultanéités, sans tenir compte de l’évolution dans le temps.
Elle fait apparaître les relations entre les unités linguistiques dans un état de langue.
L’étude synchronique de la langue suppose une perspective statique à son égard, la langue étant conçue comme un système fermé, supposé immobile, qu’on peut étudier en elle-même, sans référence à l’évolution qui l’a amenée à son stade au moment où elle est décrite
On s’intéresse à ses propriétés générales de la langue à un moment donné : la phonologie, la phonétique, la prosodie, la grammaire, le lexique
La linguistique synchronique s'occupe des rapports logiques et psychologiques reliant des termes coexistant et formant système, tels qu'ils sont aperçus par la même conscience collective
L’étude synchronique est la plus importante pour décrire la langue contemporaine au linguiste, mais cela ne veut pas dire qu’elle ne peut pas concerner des moments très éloignés dans le passé.
le fait synchronique de base, c'est en effet l'acte de communication, la phrase par laquelle on suscite une signification chez l'auditeur.
L’ORAL ET L’ECRIT : lien de la grammaire avec les codes oral et écrit.
L’écrit et l’oral ne sont pas égaux devant la norme
1/ Prestige de l’écrit. Dans les grammaires prescriptives.
Ø La langue écrite jouit en France, depuis le 17e siècle surtout, d’un prestige fondé notamment sur la littérature classique
Ø La norme du français est établie sur le modèle de l’écrit [cf GREVISSE].
2/ Dévaluation de l’oral.
Ø L’oral est critiqué par la norme prescriptive : en plus des imperfections liées à la nature de la communication orale, la langue orale présente aux yeux de la norme le défaut majeur d’évoluer constamment, ce qui permet de parler de dégradation ou d’appauvrissement du français, par opposition à un écrit rigidement fixé.
Ø L’expression du français parlé est ambiguë : elle désigne objectivement le français utilisé quand on parle (message sonore) ms elle est connotée négativement et en vient, comme synonyme de populaire ou familier, ce qui revient à désigner un français relâché, dégradé, dévalorisé par la norme.
Cette attitude normative brouille la description de la langue,
En fondant sur l’opposition français parlé fautif et français écrit correct, tous les 2 étant rapportés à la langue écrite,
on risque de restreindre le parlé au familier ou au populaire
Or la diversité des registres de langue se rencontre à l’oral comme à l’écrit.
3/ Réhabilitation de l’étude de l’oral.
La linguistique décide de réhabiliter l’étude de l’oral dans les années 1970/1980, avec l’apparition de la grammaire descriptive
La grammaires descriptives décrit les USAGES en cherchant si derrières eux, on ne pourrait pas trouver ce que l’on peut définir, non pas comme une norme, mais comme un canon, càd un ensembre de règles qui ne dépendent pas d’un écrit correct. C’est là qu’on peut parler de LINGUISTIQUE.
D’où une approche de la langue parlée en français (corpus enregistrés sur magnétophones). Cf Claire Blanche-Benveniste. Claire Blanche-Benveniste, Approches de la langue parlée en français, 1997
4/ Limites de cette distinction : frontière pas toujours nette : codes mixtes, phénomènes de transcodage
Le transcodage implique pour l’analyste de prélever, au sein de la textualité́, des indices relevant de l’oral, respectivement de l’écrit.
La démarche cherche ainsi à identifier ce qui, de l’oral, est transféré au texte écrit, et, corrélativement, ce qui, de l’écrit, est transféré au dit oral.
Les messages oraux et écrits, qui présentent une grande diversité, sont souvent difficiles à situer.
- Il existe
des messages oraux, dont certain ont un fondement écrit
: dialogues de films, conférences, émissions radiophoniques, journaux télévisés, débats, représentations théâtrales… Discours officiels et cours académiques = productions orales dont la forme est marquée par l’écrit.
- Inversement,
certaines productions écrites relèvent de l’oral
= dialogues écrits, lettres familières, clavardage.
-
Proposition d’une approche contrastive du français parlé et du français écrit
Une série de caractéristiques des discours oraux tient à leurs conditions de production :
- « lorsque nous produisons des discours non préparés, nous les composons au fur et à mesure de leur production, en laissant
des traces
de cette production (Blanche-Benveniste, 1990, p. 17). /
Si l’on veut faire une comparaison entre oral et écrit, il serait plus légitime de comparer
l’oral des brouillons (l’avant texte).
- Comparer les productions orales non préparées à des brouillons de l’écrit : permet d’en expliquer certaines caractéristiques, par ex : erreurs, retouches.
Le discours oral présente des « scories » (répétitions, ratés, faux départs, reprises, interruptions, ruptures de construction en cours de phrase, phrases inachevées…).
- L’auditeur assiste « en direct » à la production du discours et il arrive souvent au locuteur de commenter ce qu’il est en train de dire (choix du terme exact, manière de parler…).
La situation de dialogue peut expliquer en partie ces scories
- l’échange avec un interlocuteur provoque des interruptions dans le discours du locuteur, qui peut rester inachevé ou reprendre quelques répliques plus tard, avec pour conséquence, des répétitions, des chevauchements, ce qui perturbe leur déroulement.
- Et même dans une situation de monologue, un locuteur peut aussi hésiter, s’interrompre, se reprendre, se corriger…
En général : l’oral et l’écrit pvent se distinguer suivant leurs condtions d’utilisation.
Communication orale : immédiate et en situation.
- Dans un dialogue, il ne s’écoule pas de temps entre l’émission et la réception, et les interlocuteurs sont présents dans une situation spatio-temporelle déterminée et ont accès à des référents communs. Cela favorise l’économie des moyens linguistiques : beaucoup d’éléments d’information sont apportés par la situation, qu’il s’agisse des éléments référentiels proprement dits ou des informations non verbales (gestes, mimiques…).
Communication écrite : différée et hors situation.
- Il existe un délai plus ou moins long entre l’émission et la réception. (diapo 42)
2/ Caractéristiques linguistiques de l’oral. Relevé de phénomènes linguistiques particuliers /
Le disc oral est caractérisé par des phénomènes linguistiques particuliers qui tiennent à la situation de production : Nous allons en relever seulemnt certains… A prolonger…
EMPLOI DE PHATEMES.
Dans une situation d’échange, le locuteur fait régulièrement appel à son interlocuteur au moyen de la fonction phatique. Il emploie des termes qui ont pour fonction d’attirer ou de maintenir l’attention d’autrui : hein, n’est-ce pas ? bon, vous voyez, vous savez… et qui jouent le rôle de ponctuation du discours oral.
PROCEDES DE MISE EN RELIEF.
Le locuteur peut faire usage de structures emphatiques :
Antéposer un complément circonstanciel : Demain, je serai présent
Modifier l’ordre des mots pour donner plus d’expressivité au discours.
Usage de phrases nominales ; constructions binaires avec un thème et un propos Excellent, ce café ! / Ce livre, quel chef d’œuvre !
IMPORTANCE DES DEICTIQUES.
La communication orale se réalise en situation. L’usage des déictiques y est fréquent.
Beaucoup de présentatifs : c’est ; il y a.
- Une enquête de l’université Paris V (1975) les relève dans une phrase sur 4 à l’oral ; contre une phrase sur 20 à l’écrit.
- L’oral fait un usage plus fréquent de « ça », avec une valeur déictique : Ecoute un peu ça ou dans une structure emphatique faire une marche populaire, ça fatigue.
- De même l’oral remplace souvent nous par on (on va au cinéma ?). Cet emploi de on reste marqué comme familier.
SIMPLIFICATIONS DE L’ORAL.
Le souci d’économie peut expliquer certaines particularités de l’oral :
- Omission du ne négatif. Tu veux ou tu veux pas ? > Parataxe évitant la subordination.
- Les risques d’ambiguïtés orales expliquent que l’on évite l’inversion du sujet et que l’on préfère, pour l’interrogation, la seule intonation tu viens ? ou la marque est-ce que : Est-ce que tu viens ?
- Mais ces simplifications ne sont pas constantes à l’oral ; elles dépendent aussi du registre de langue.
REPETITIONS DE TERMES ET DE STRUCTURES.
Blanche-Benveniste (1990, ch 5, p. 177 et suiv) : montre que les répétitions sont fréquentes dans tout discours oral non préparé.
Dans les configurations orales : un même terme peut être répété dans des positions semblables (COD, attribut…) ou à des places syntaxiques différentes.
J’ai connu Edith Piaf, Edith Piaf je l’ai connue
Répétitions qui peuvent avoir plusieurs raisons : hésitations, ratés, reprises, procédés stylistiques…
PARTIE II
Quelques notions fondamentales de l’analyse grammaticale
Des manipulations sont nécessaires pour faire apparaître les propriétés des éléments linguistiques.
Opérations élémentaires ms fondamentales, au nombre de 4.
- Commutation,
- Suppression,
- Adjonction,
- Déplacement
Quelques notions fondamentales de l’analyse grammaticale
2.1 .1 .La substitution ou commutation
• C'est l'opération qui permet de remplacer dans une phrase ou proposition donnée une unité par une autre :
• Mon ami lit le journal
• Pierre lit le journal Mon ami dessine
• Elle est à la base de la mise en évidence, dans la terminologie de Harris, de "classes d'équivalence", c'est-à-dire de classes regroupant des éléments qui, si différents qu'ils puissent être formellement, n'en jouent pas moins un rôle identique dans la proposition.
Test de substitution (ou de commutation)
• Dans la phrase : Le vieil homme entra dans la maison de son fil familiale
- Certaines séquences peuvent être remplacées par un seul mot.
- Par exemple, la séquence « son fils » peut être substituée par le mot « Paul »,
- et « (la maison) de Paul » par « (la maison) familiale »,
- et ainsi de suite
• La substitution d’un mot à des séquences montre que dans la phrase, elles ont les mêmes propriétés qu’un mot simple et forment une unité syntaxique construite. Cette procédure d’identification des groupes est appelée
test de commutation
ou
de substitution
.
• On peut dire par exemple que les mots «
vieil
» et «
homme
» constitue un groupe car cet ensemble a les mêmes propriétés qu’un seul mot «
facteur
», et que cet ensemble constitue également avec l’article «
le
», un autre groupe dans un autre niveau car cette construction fonctionne comme un seul mot, tel que le pronom «
Il
» et assure la même fonction de sujet.
• On voit bien ici que plusieurs mots se combinent pour former un groupe à un certain niveau et qu’ils se comportent comme une unité. Le test de substitution nous montre les éléments équivalents qui peuvent assurer la même fonction dans une phrase.
• L’adjectif «
vieil
» et le nom «
homme
» constituent un groupe «
vieil homme
», qu’on appelle
nom expansé
(que nous allons noter N’). Il est equivalent à un nom. Le déterminant «
le
» et le nom «
facteur
» constituent un GN, qui est équivalent à un pronom.
2.1 .3. Le déplacement
• Il s'agit de déplacer une unité dans la phrase ou proposition. Certains éléments sont déplaçables, d’autres non
• Ainsi dans la phrase
Jean tient à son travail pour de multiples raisons
• Le complément effaçable comme
pour de multiples raisons
peut-il être deplacé :
•
Pour de multiples raisons, Jean tient à son travail
• alors que le complément non effaçable à son travail ne le peut pas :
•
*A son travail, Jean tient pour de multiples raisons.
• La permutation est un cas particulier de déplacement où deux éléments échangent leur place, comme dans le cas de l'inversion sujet-verbe :
Soudain la voiture arrive; Soudain arrive la voiture.
Test de déplacement
• Si une séquence peut être déplacée dans son ensemble, elle constitue également un groupe. Cette opération d’identification est appelée test de déplacement.
• Dans la phrase : Cette semaine, le directeur de l’école présente le programme annuel.
• La seule séquence naturellement mobile est le groupe complément circonstanciel « cette semaine ». Elle peut être positionnée : en tête et en fin de phrase, ainsi qu’entre les groupes comme entre le sujet et le verbe ou entre le verbe et le complément direct.
• Comme nous le verrons en détail plus tard, le complément circonstanciel (appelé également le circonstant) est un élément qui peut s’ajouter à la structure minimale de la phrase composée d’un sujet et d’un verbe. C’est un élément facultatif qui a pour particularité d’être suppressible et surtout déplaçable. Si bien que les tests d’effacement et de déplacement sont utilisés notamment pour identifier les groupes compléments circonstanciels.
• Par exemple, l’élément «
à l’école
» peut avoir des fonctions différentes : il peut assurer aussi bien la fonction de complément que celle de circonstant.
•
Cet enfant va à l’école
•
Cet enfant travaille bien à l’école
• Dans le cas n°1, il n’est ni
effaçable
, ni
déplaçable
.
C’est un complément indirect du verbe et il fait partie du GV :
•
GN[cet enfant] GV[va à l’école].
Dans le cas n°2, le complément de lieu est effaçable et il est déplaçable. Il s’agit donc d’un complément circonstanciel
L’insertion d'éléments : test d’addition ou d’adjonction
• Avec ce test d'adjonction, il s'agit d'insérer des éléments nouveaux à l'intérieur d'une phrase ou proposition, ce qui permet en particulier de mesurer le degré de cohésion d'un groupe.
• Soit « L’enfant joue > L’enfant, gaiement, joue
• On opposera par exemple le groupe nominal l'enfant dans
l'enfant joue
au pronom je dans
je joue
, bien que par ailleurs, comme le montre la substitution, ils appartiennent à la même classe d’équivalence, en dehors du fait que le premier peut être séparé du verbe par un adverbe, pour s'en tenir à ce cas :
• l'enfant, gaiement, joue
• alors que le pronom ne le peut pas, que ce soit sous sa forme atone ou tonique :
• *je, gaiement, joue *moi, gaiement, joue.
• Ce dernier test se fonde aussi sur le constat que les groupes sont multipliables, c’est-à-dire qu’on peut les coordonner avec des groupes équivalents.
•
Il a commandé un fromage (GN)
•
Il a commandé un fromage et un dessert.
• En d’autres termes, si on peut opérer la coordination sur une séquence donnée, elle a le statut de groupe syntaxique.
•
1. Je pense aller à Paris et y rester quelques jours.
2. C’est une personne très gentille et extrêmement serviable.
3. Il m’a parlé de ses études et de ses projets d’avenir
Les opérations utilisées dans l’analyse syntaxiques
• Substitution, insertion et déplacement ont donc essentiellement pour effet de permettre d'apprécier
• le degré de cohésion des groupes
• leur autonomie par rapport aux autres unités de la phrase,
• et leur équivalence avec des éléments qui ne figurent pas dans le même contexte mais qui entrent dans le même paradigme.
• Ces manipulations pratiques sont extérieures à la théorie linguistique elle-même, bien qu'elles soient évidemment indispensables à l'analyse.
La phrase minimale :
Pendant des années, l’affreux gros chien noir de l’ancienne concierge de l’immeuble effrayait tous les enfants qui passaient plusieurs fois par jour devant l’immeuble.
• Cette phrase correspond au schéma structural de la phrase canonique française
• Par effacement de tous ses éléments facultatifs, elle se réduit à la phrase minimale :
• «le chien effrayait les enfants
• On observe que toute phrase est réductible à la séquence ordonnée GN – GV
• Autrement dit la structure de la phrase est fondamentalement bipartite
• Le premier constituant fourni l’équivalent du sujet et le deuxième regroupe le verbe et sa complémentation, en revanche le verbe n’est pas formellement associé à une fonction dans les grammaires notionnelles ou traditionnelles
Le groupe nominal :
• Le groupe nominal peut apparaître dans plusieurs positions syntaxiques. Il peut être
• Le premier constituant obligatoire de la phrase, c’est-à-dire sujet : les chiens aboient/ la caravane passe
• Constituant facultatif et mobile de la phrase (complément circonstanciel construit sans préposition : (cet été, tous les soirs, place de la république, les touristes peuvent assister à des spectacles)
• Constituant du groupe verbal : complément d’objet direct (Pierre connaît mon voisin)/ attribut du sujet (Pierre était mon voisin) ou attribut de l’objet (On l’appelait l ’idole des jeunes)
• Constituant d’un groupe prépositionnel : complément indirect du verbe (Il ressemble à son père), complément circonstanciel ( les cas de figures Dans tous , il faut renoncer à ce projet); complément du nom (l’impôt sur les grandes fortunes rapportent moins que prévu) ou complement de l’adjectif (la fille est digne de la mère)
• Constituant facultatif détaché derrière un autre groupe nominal (le pilote, un vétéran de la deuxième guerre mondiale, a été légèrement blessé)
Le groupe nominal minimal/ étendu :
• Sous sa forme minimale canonique, le GN est composé d’un déterminant et d’un nom
• Ces deux composants sont largement solidaires et interdépendants
• Si le nom fournit au GN son statut catégoriel
• Le déterminant
• Porte les marques de genre et de nombre du nom et distingue ainsi certains synonymes Le mort/la mort
• Actualise le nom dans le passage de la notion générale à à son usage un livre, plusieurs livres, cinq livres
• Suffit à convertir en noms des unités appartenant à d’autres catégories grammaticales , un dur, un prêt à porter; le pourquoi, le qu’en dira-t-on, un je ne sis quoi, le m’as tu vu
• Le GN étendu est une expansion du GN minimal, par addition autour du nom, d’éléments facultatifs
• adjectif qualificatif ou groupe adjectival épithètes : un livre ennuyeux/ un tout petit chagrin, un voiture facile à conduire
• groupe prépositionnel : un documentaire sur la mécanique/ votre réponse à ma demande • subordonnée relative : l’homme qui en savait trop, l’espion qui venait du froid
• ou encore pour certains noms, complétive éventuellement réduite à une construction infinitive : l’idée que Paul démissionne/ que je fasse cours jeudi m’enchante.
• Ces éléments facultatifs dépendent du nom, avec lequel ils forment un syntagme plus étendu que le nom, mais plus petits que le GN.
• On appellera N expansé, ce syntagme étendu, pour lui définir son statut syntaxique
• Le nom expansé peut toujours être remplacé par un seul mot : le chapeau de Paul > le feutre, le sien
• Le Nexp peut apparaître comme une unité fonctionnelle dans certains contextes : Cet ouvrage a été couronné livre de l ’année et en particulier fonctionner comme le facteur commun d’une structure coordonnée : c’est le plus gros, mais aussi le plus passionnant livre de l ’année.
• Les différents types de modificateurs sont cumulables, mais leur combinaison est régies de contraintes d’ordre strictes
• Seuls certains adjectifs peuvent êtes antéposés au nom, parfois au prix d’un changement de sens Une histoire sacrée/ une sacrée histoire; Un homme pauvre / un pauvre homme
• Pour le reste, les séquences de modificateurs hétérogènes suivent l’ordre : adj. Épithète + complément du nom + subordonnée relative
• Le cheval blanc d’Henri IV dont parlent tous les livres d’histoire
• *Le cheval d’Henri IV blanc dont parlent tous les livres d’histoire
• *Le cheval dont parlent tous les livres d’histoire blanc d’Henri IV
• L’adjectif épithète et le groupe prépositionnel complément du nom sont cumulables avec les constituants du même type
• Cet horrible petit chapeau vert défraîchi
• Les récentes, mais tout aussi inefficaces mesures du redressement
• L’équipe de France de football de la coupe du monde 1982
Le sujet :
• Le sujet est le terme considéré comme le point de départ de l’énoncé. La notion même de sujet est difficile à cerner
• Il paraît impropre de se contenter d’une définition purement sémantique
• La question habituelle en grammaire traditionnelle qui est ce qui ? ou qui ce qui ? Pour définir le sujet comme agent de l’action ne rend pas compte des occurrences où par exemple le sujet est en fait un patient.
• Exemple le lièvre reçoit un coup de fusil
• Ou encore la charrue laboure le champ
• Au plan strictement syntaxique, le sujet peut prendre des formes très variées :
• nom propre « Oh, dit Mathieu, cela m’est égal, je suis d’accord »,
• nom commun « Ce petit enfant est le messie attendu
• pronom, : « j’en sais quelque chose, puisque c’est qui ai aidé à le trouver »
• infinitif : Répondre des battements de son cœur est un triste privilège
• et même proposition complétive ou relative
• Le sujet se situe dans la phrase canonique avant le verbe, suivent en cela l’ordre logique du français Sujet + verbe + attribut ou complément.
• Mais cet ordre est souvent modifié pour des raisons qui tiennent soit à des contraintes syntaxiques propres à certaines constructions, soit à des besoins stylistiques affectifs ou esthétiques
• NB : dans le français médiéval jusqu’au XIIIe siècle, le cas sujet et le cas régime possédant une marque flexionnelle pouvaient occuper des places indifférentes dans la phrase, comme en latin. On en trouve des traces jusqu’au XVIe, parfois au XVIIe siècle
• Des contraintes syntaxiques amènent soit à postposer le sujet, soit à le reprendre après le verbe, c’est le cas 1. Dans les interrogations directes
• Pour les pronoms On et ce (sujet) : on parlera d’inversion pronominale; on postpose les pronoms personnels
• le sujet se place directement après le verbe, et pour les formes composées entre l’auxiliaire et le participe. C’est la construction avec inversion simple :
• «avez-vous jamais accusé un homme ? Sartre
• Eh bien petite, est-on toujours fâchée ? Maupassant
• Et son cœur, défaillant, demanda : est-ce lui ? Romain Rolland
• Il n’y a en revanche jamais d’inversion après est-ce que : Est- ce qu’on est sur la terre pour inventer ? (Françoise Mallet Joris)
• Pour les autres sujets
• Le sujet reste avant le verbe, mais se trouve repris après lui par un pronom personnel de même nombre et de même genre : c’est une construction avec inversion complexe
• «La porte vient-elle de s’ouvrir pour laisser le passage à un nouvel arrivant ? (R. Grillet)
• A quelle vérité l’homme peut-il prétendre ?
• Mais comment ma patience se changea-t-elle, tout d’un coup en violence ? Le sujet
• Pour les autres sujets • L’inversion simple est possible dans les phrases commençant par
• Le pronom interrogatif QUI en fonction d’attribut ou un pronom interrogatif complément prépositionnel
• Mais qui est ce Benjamin ? • A quoi nous sert l ’armée ?
• Les adverbes interrogatifs où, d’où, par où, quand, comment
• D’où vient le mal dans l’ordre matériel ?
• L’objet de l’interrogation quand il est formé de quel + substantif
• Quelle aventure, quel drame cachait ce souvenir ?
• Mais l’interrogation complexe est obligatoire si le verbe est accompagné d’un complément d’objet direct ou d’un attribut, ou si la phrase est introduite par pourquoi, et interdite après est-ce que, quel que soit le sujet Le sujet
• Dans le cas de Que (COD) ou attribut du sujet et de Quel (attribut introducteurs)
• Si le verbe est personnel et si l’interrogation est introduite par le pronom interrogatif neutre Que, complément d’objet direct ou attribut ou l’adjectif interrogatif Quel attribut, l’inversion simple est obligatoire, quel que soit le sujet • Qu’éprouvez-vous ? Le désir, la nostalgie de mon abri ? (COD)
• Qu’est cet homme ? (Attribut)
• Quelle est donc cette jeune fille qui chante si fort ?
• Si le verbe est un impersonnel et si l’interrogation est introduite par Que, complément d’objet direct, il y a inversion simple
• Que faut-il donc faire ?
• Langue parlée et inversion
• La langue parlée ou familière a tendance à ne pas pratiquer l’inversion, qui est alors perçue comme contraire à l’ordre habituel logique sujet + verbe.
• La langue parlée restitue donc l’ordre logique
• Par le ton, la ligne mélodique montant jusqu’au mot sur lequel porte l’interrogation et l’accent frappant la dernière syllabe de ce mot • Tu as vu tes fringues ?
• Mes habits sont prêts chéri ?
• Par l’emploi en tête de phrase de la périphrase adverbiale interrogative est-ce que qui représente le gallicisme C’est …que à la forme interrogative normale
• Est-ce que je ne te fais pas confiance ?
• La langue parlée n’hésite pas à pratiquer par contamination une interrogation redondante qui fait intervenir et la périphrase est-ce que; et l’inversion du sujet
• Est-ce que la terre n’est-elle pas ronde ?
• Ou alors par refus de l’inversion, elle introduit un simple Que après le mot interrogatif, éliminant pratiquement toute trace de périphrase
• Pourquoi Quevous me regardez comme-ça ?
• Cas du Je + inversion
• La périphrase est-ce que est d’usage pour des verbes qui ne supportent pas d’inversion du pronom avec le pronom Je à l’indicatif présent et/ou au passé simple, tels que courir, devoir, être, faire, mettre,, rompre, etc.
• On ne dit pas romps-je ? Cours-je ? Mais est-ce que je romps ? est ce que je cours ? etc. Ni non plus fus-je ? Fis-je? mais est-ce que je fus ? est-ce que je fis ? Le sujet
• Interrogation indirecte • Il y a inversion dans les interrogations indirectes
• Quand l’interrogation est introduite par Qui et Quel attributs, à condition que le sujet ne soit ni pronom personnel, ni ON, ni Ce, il y a inversion simple
• Sais-tu qui était ton frère ?
• Ils s’épuisaient à chercher quel pouvait être le minable qui s’attachaient à les poursuivre ?
• Si l’antéposition de l’adjectif attribut entraînant l’inversion du sujet ne résulte que d’un choix stylistique, l’inversion est théoriquement obligatoire
• Ah, lointain est cet âge ? Le sujet
• Il y a également inversion du sujet
• Dans le cas de propositions incises
• Fais le tour, me cria mon frère
• Mais si le verbe de l’incise est un verbe de jugement, par exemple croire, pense, le sujet se place avant le verbe, ce qui permet d’éviter des formes obsolètes comme crois-je/ pensé-je
• C’est parce que vous me connaissez, je crois, que vous me parlez ainsi.
• Il y a inversion du sujet dans le cas de certaines phrases au subjonctif,
• le plus souvent exclamatives employées sans conjonction et notant le souhait, la supposition, la concession
• Chers amis, puisse la destinée nous permettre de nous revoir en aussi bonne forme dans 10 ans.
• La fête continue et Vive la mariée.
• Ou alors dans les phrases exclamatives employées sans adverbe, ni adjectifs exclamatifs ou introduite par Que ne
• Parlez donc, est-ce trop trop vous demander ?
• Chers râleurs, que n’êtes-vous présent quand il s’agit de réfléchir à une solution
Sujet et infinitif ou participe :
• Autre fonctionnement syntaxique du sujet
• Le sujet accompagne d’ordinaire un verbe à une forme conjuguée. Mais l’infinitif et le participe, qui sont des modes non personnels, demandent un sujet dans le cadre de « proposition subordonnée infinitive »
• «La tête basse, je regardais, sans y songer, mes souliers se mouiller peu à peu et perdre leur lustre »
• ou de « proposition subordonnée participe »
• «Les provisions achevées, je dus chasser et pêcher »
Sujet non exprimé :
• Le verbe à un mode personnel doit toujours se faire accompagner d’un sujet, hormis à l’impératif
• Demande, tu recevras
• Joue avec moi, ce sera plus facile
• Mais il est des cas autres que l’impératif où la langue conserve des emplois marqués par l’omission du sujet
• Par dans certaines tournures sentencieuses
• Tes père et mère honoreras
• Quand la langue procède par économie de moyens
• Cette ville, connais pas • Dans certains usages de verbe impersonnel
• Fallait bien s’y mettre • N’empêche, cette manière est vachement sympa
L’attribut :
• On donne le nom d’attribut à une fonction syntaxique assumée par un mot ou un groupe de mots par l’intermédiaire d’un verbe attributif (être, paraître, demeurer, rester, avoir l’air, sembler, devenir, etc. )
• Dans cette perspective, l’attribut est le deuxième constituant d’un groupe verbal GV > V+X, dont le verbe introducteur est le verbe être ou attributif
• L’attribut s’interprète comme un prédicat qui exprime une caractéristique (propriété, caractéristique, état.) du sujet
• Pierre est gentil/ commissaire aux comptes/un excellent footballeur, d’une humeur exécrable/ fatigué d’attendre/ en colère
• L’attribut peut aussi caractériser le complément d’objet, c’est-à-dire un troisième constituant du GV
• GV > V+N1+X • Je trouve Pierre gentil/ on l’a retrouvé sain et sauf
Partiel :
Qu’est-ce qui peut modifier la forme sy