Définition
Psychologie collective
C'est l'étude des comportements, des pensées et des émotions d'un groupe d'individus influencés par leur appartenance à ce groupe.
Moi (psychanalytique)
En psychanalyse, le 'moi' est une instance de la personnalité qui se situe entre le ça (les pulsions) et le surmoi (les normes morales), régulant et modérant les désirs inconscients.
L’âme collective selon Gustave Le Bon
Gustave Le Bon, dans son œuvre 'Psychologie des foules' (1895), explore la notion d'âme collective en considérant que les individus, lorsqu'ils se fondent dans une foule, se conforment à un inconscient collectif. Cette entité agit en escamotant la personnalité consciente, conduisant à des comportements impulsifs et irrationnels. Le Bon identifie notamment que la foule est extrêmement suggestible et qu'elle se polarise sur un intérêt collectif qui peut marginaliser l'individualité. Dans ce cadre, la personnalité consciente s'efface, cédant place à des désirs primaires, avec une activité intellectuelle réduite.
Freud et la psychologie collective
Sigmund Freud a abordé la psychologie collective en insistant sur le fait que les foules ne sont pas uniquement des entités destructrices mais peuvent aussi s'engager dans des actions positives et créatives. Freud oppose l'idée que les apports scientifiques et poétiques supposés solitaires prennent racine dans cette même âme collective. Pour lui, une foule se forme généralement autour d'un intérêt partagé, ce qui entraîne souvent un affect commun et une inter-influence parmi les membres du groupe. Toutefois, il critique l'absence de structure rigide dans les analyses précédentes, soulignant la complexité des interactions affectives entre les individus.
Suggestion, Libido et Liens Collectifs
Freud a été l'un des premiers à proposer l'idée que la libido - ou pulsion érotique - est une force unificatrice au sein des foules. Ce concept suggèrerait que les liens affectifs dans une foule sont enracinés dans des tendances érotiques, transformant cette cohésion en un élan puissant mais non sexuel vers l'identification mutuelle. Ce processus d'identification est central pour comprendre comment les individus s'engagent émotionnellement dans un collectif, souvent dirigé par une figure d'autorité représentant un idéal collectif. C'est une dynamique compliquée où les émotions sexuelles sont déviées et subtilement recyclées pour renforcer l'unité de la foule.
Foules Structurées: L'armée et l'Église
Selon Freud, la structure des foules comme l'armée et l'Église repose sur deux piliers : la contrainte externe et un lien libidinal interne. La discipline et une hiérarchie forte caractérisent ces foules conventionnelles, où chaque membre doit se conformer à une autorité supérieure, et partage un lien de fraternité avec ses pairs. Cependant, quand cette structure vacille, des phénomènes de panique peuvent apparaître, entraînant une dissolution de la foule. Ceci illustre l'importance de la structure organisationnelle dans le maintien de la cohésion collective.
Identification dans les groupes
L'identification est cruciale pour former les attachements affectifs au sein des groupes. Freud souligne que l'identification commence par une modélisation sur la figure parentale, traduisant souvent un désir de devenir cette figure plutôt que de posséder ce que cette figure incarne. Dans l'analyse de l'identification, il est pertinent de remarquer que cela inclut l'incorporation des valeurs et sentiments d'autrui, fondant ainsi une communauté émotionnelle. Mais ce processus peut être ambivalent, générant des tensions et des conflits intérieurs qui peuvent être résolus par un retour à un état d'équilibre identitaire.
L’instinct Grégaire et la Horde Primitive
L'idée de l'instinct grégaire, qui serait une force biologique poussant à l'agrégation sociale, est discutée par Freud en lien avec Trotter. Cette inclination naturelle permettrait de comprendre la dynamique de soumission volontaire et de dépendance mutuelle au sein des groupes sociaux. Freud rejette cette idée d'un instinct inné, préférant l'analyse des rivalités et renoncements qui forment la cohésion sociale à partir d'intérêts partagés. Il suggère que le meneur d'une foule forme une figure psycho-sexuelle éminemment attractive, ce qui rappelle les structures anciennes des hordes primitives dont les mécanismes auraient évolué mais resté fondamentaux dans les relations humaines modernes.
A retenir :
La psychologie collective et l'analyse du moi selon Freud et Le Bon mettent en lumière la complexité des interactions humaines au sein d'un groupe. Le Bon perçoit la foule comme une entité irrationnelle guidée par l'inconscient collectif, tandis que Freud mise sur l'énergie libidinale pour expliquer la cohésion des groupes. Ces approches soulignent l'importance des interactions inconscientes et affectives dans les dynamiques sociales. Les mécanismes d'identification et les structures organisationnelles propulsent l'engagement collectif, tout en réservant des tensions potentielles entre individualité et appartenance au groupe.