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Politiques publiques (5) Chap 3

Fiche 5 : Valeurs et idées dans les politiques publiques

Introduction : Max Weber et le polythéisme des valeurs

Max Weber pose les bases d'une sociologie des activités et souligne la transition entre le monde ancien, caractérisé par des valeurs partagées, et le monde moderne, dominé par une pluralité de valeurs concurrentes. Ce « polythéisme des valeurs » reflète une évolution où les valeurs deviennent essentielles pour comprendre le monde contemporain.

Weber avance que la Réforme a joué un rôle central dans l'essor du capitalisme, mais précise que les idées seules ne suffisent pas. Elles émergent dans un contexte de rapports institutionnels et d'intérêts, influençant les comportements et les organisations, telles que le capitalisme.

I. Les idées et valeurs au cœur de l'analyse de l'action publique

1. Les paradigmes dans les politiques publiques

Peter Hall, Paul Sabatier et d'autres chercheurs ont travaillé sur le concept de paradigme appliqué aux politiques publiques. S'inspirant de la sociologie des sciences de Thomas Kuhn, le paradigme est défini comme un ensemble théorique évoluant par confrontation d'idées.

Les débats scientifiques des XVIIe et XVIIIe siècles, comme la transition de la thèse préformiste à la théorie cellulaire, illustrent comment les paradigmes évoluent grâce à la confrontation des idées et des preuves empiriques. Ce cadre peut être appliqué à l'étude des politiques publiques pour comprendre leurs changements.

2. Les systèmes de croyance (Advocacy Coalitions Framework)

Jenkins Smith et Sabatier proposent d'étudier les politiques publiques à travers des domaines d'action plutôt que par institution. Leur cadre met en avant l'importance des informations et des acteurs non gouvernementaux (journalistes, chercheurs, universitaires) dans la formulation et le changement des politiques.

Les politiques publiques intègrent des théories implicites sur la façon d'atteindre leurs objectifs. Ces systèmes de croyance créent des coalitions autour de causes, comme dans les exemples de l'énergie, du logement ou de l'environnement.

Exemples appliqués :

  • Environnement : Dans les années 1970, l'environnement devient un problème public. Deux coalitions s'opposent : l'approche technoscientifique et l'approche comportementale.

Logement : La politique du logement évolue de l'aide à la construction (années 1960) vers l'introduction des APL en 1977. Dans les années 1990, la notion de droit au logement émerge face à l'exclusion croissante.

II. L'approche cognitive pour penser ordre global et changement sectoriel

1. Les contributions de l'école de Grenoble (CERAT)

Le CERAT, fondé dans les années 1960 à Grenoble, devient un laboratoire d'étude sur la planification et l'action publique. Lucien Nizard, influencé par Gramsci, explore l'idéologie comme reflet de la domination de classe et analyse la fonction intellectuelle de la planification française.

Ses élèves, comme Jobert et Muller, s'intéressent au rôle de l'État dans l'intégration des secteurs autonomes. Inspirés par Durkheim, ils étudient la coordination entre secteurs et soulignent l'importance des politiques publiques pour maintenir la cohésion sociale.

2. L’évolution des politiques publiques sectorielles

Les politiques sectorielles visent à créer une cohérence sociale dans des secteurs de plus en plus fragmentés. Luhmann, sociologue allemand, met en avant la différenciation sociale et l'existence de sous-systèmes spécialisés. Les politiques publiques ont pour fonction de réintégrer ces sous-systèmes dans un ordre global.

3. Exemple : La politique du livre

En 1974, face à la concurrence de la FNAC, une politique du livre émerge pour protéger les maisons d'édition. La loi Lang sur le prix unique du livre illustre comment une politique publique peut structurer un secteur tout en répondant à des tensions entre acteurs.

III. Le référentiel comme cadre de sens

Muller propose le concept de référentiel pour analyser les politiques publiques. Ce cadre de sens articule quatre niveaux :

  1. Valeurs : Ce qui est désiré ou rejeté.
  2. Normes : Principes d'action définissant des écarts entre le réel et le souhaité.
  3. Algorithmes : Relations causales guidant l'action (« si alors »).
  4. Images : Représentations incarnant les valeurs et normes.

Exemple : Agriculture française

Muller étudie la modernisation agricole des années 1960. Le référentiel sectoriel de l'époque valorise la rationalisation et l'industrialisation. Cette vision est portée par des médiateurs comme le CNJA et des réformes telles que la loi d'orientation agricole de 1960.

Le référentiel global articule les interactions entre l'État, la recherche et les secteurs pour aligner les tensions sectorielles sur une vision nationale.

A retenir :

Les politiques publiques agissent comme des mécanismes de coordination dans des sociétés complexes. En intégrant les secteurs fragmentés dans un ordre global, elles permettent de gérer les tensions et de maintenir une cohésion sociale. Le référentiel constitue un outil clé pour comprendre ces processus, illustrant comment les idées et valeurs structurent l'action publique et influencent les transformations sociétales.


Politiques publiques (5) Chap 3

Fiche 5 : Valeurs et idées dans les politiques publiques

Introduction : Max Weber et le polythéisme des valeurs

Max Weber pose les bases d'une sociologie des activités et souligne la transition entre le monde ancien, caractérisé par des valeurs partagées, et le monde moderne, dominé par une pluralité de valeurs concurrentes. Ce « polythéisme des valeurs » reflète une évolution où les valeurs deviennent essentielles pour comprendre le monde contemporain.

Weber avance que la Réforme a joué un rôle central dans l'essor du capitalisme, mais précise que les idées seules ne suffisent pas. Elles émergent dans un contexte de rapports institutionnels et d'intérêts, influençant les comportements et les organisations, telles que le capitalisme.

I. Les idées et valeurs au cœur de l'analyse de l'action publique

1. Les paradigmes dans les politiques publiques

Peter Hall, Paul Sabatier et d'autres chercheurs ont travaillé sur le concept de paradigme appliqué aux politiques publiques. S'inspirant de la sociologie des sciences de Thomas Kuhn, le paradigme est défini comme un ensemble théorique évoluant par confrontation d'idées.

Les débats scientifiques des XVIIe et XVIIIe siècles, comme la transition de la thèse préformiste à la théorie cellulaire, illustrent comment les paradigmes évoluent grâce à la confrontation des idées et des preuves empiriques. Ce cadre peut être appliqué à l'étude des politiques publiques pour comprendre leurs changements.

2. Les systèmes de croyance (Advocacy Coalitions Framework)

Jenkins Smith et Sabatier proposent d'étudier les politiques publiques à travers des domaines d'action plutôt que par institution. Leur cadre met en avant l'importance des informations et des acteurs non gouvernementaux (journalistes, chercheurs, universitaires) dans la formulation et le changement des politiques.

Les politiques publiques intègrent des théories implicites sur la façon d'atteindre leurs objectifs. Ces systèmes de croyance créent des coalitions autour de causes, comme dans les exemples de l'énergie, du logement ou de l'environnement.

Exemples appliqués :

  • Environnement : Dans les années 1970, l'environnement devient un problème public. Deux coalitions s'opposent : l'approche technoscientifique et l'approche comportementale.

Logement : La politique du logement évolue de l'aide à la construction (années 1960) vers l'introduction des APL en 1977. Dans les années 1990, la notion de droit au logement émerge face à l'exclusion croissante.

II. L'approche cognitive pour penser ordre global et changement sectoriel

1. Les contributions de l'école de Grenoble (CERAT)

Le CERAT, fondé dans les années 1960 à Grenoble, devient un laboratoire d'étude sur la planification et l'action publique. Lucien Nizard, influencé par Gramsci, explore l'idéologie comme reflet de la domination de classe et analyse la fonction intellectuelle de la planification française.

Ses élèves, comme Jobert et Muller, s'intéressent au rôle de l'État dans l'intégration des secteurs autonomes. Inspirés par Durkheim, ils étudient la coordination entre secteurs et soulignent l'importance des politiques publiques pour maintenir la cohésion sociale.

2. L’évolution des politiques publiques sectorielles

Les politiques sectorielles visent à créer une cohérence sociale dans des secteurs de plus en plus fragmentés. Luhmann, sociologue allemand, met en avant la différenciation sociale et l'existence de sous-systèmes spécialisés. Les politiques publiques ont pour fonction de réintégrer ces sous-systèmes dans un ordre global.

3. Exemple : La politique du livre

En 1974, face à la concurrence de la FNAC, une politique du livre émerge pour protéger les maisons d'édition. La loi Lang sur le prix unique du livre illustre comment une politique publique peut structurer un secteur tout en répondant à des tensions entre acteurs.

III. Le référentiel comme cadre de sens

Muller propose le concept de référentiel pour analyser les politiques publiques. Ce cadre de sens articule quatre niveaux :

  1. Valeurs : Ce qui est désiré ou rejeté.
  2. Normes : Principes d'action définissant des écarts entre le réel et le souhaité.
  3. Algorithmes : Relations causales guidant l'action (« si alors »).
  4. Images : Représentations incarnant les valeurs et normes.

Exemple : Agriculture française

Muller étudie la modernisation agricole des années 1960. Le référentiel sectoriel de l'époque valorise la rationalisation et l'industrialisation. Cette vision est portée par des médiateurs comme le CNJA et des réformes telles que la loi d'orientation agricole de 1960.

Le référentiel global articule les interactions entre l'État, la recherche et les secteurs pour aligner les tensions sectorielles sur une vision nationale.

A retenir :

Les politiques publiques agissent comme des mécanismes de coordination dans des sociétés complexes. En intégrant les secteurs fragmentés dans un ordre global, elles permettent de gérer les tensions et de maintenir une cohésion sociale. Le référentiel constitue un outil clé pour comprendre ces processus, illustrant comment les idées et valeurs structurent l'action publique et influencent les transformations sociétales.

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