I. Une science sociale de l’action publique
1.Genèse en France des études de politiques publiques
- Origines et influence internationales :
- Essor lié aux élites modernisatrices et aux administrations de mission comme le Commissariat général au Plan.
- Influence américaine et allemande :
- Formation des chargés de mission dans des universités américaines (ex : travaux de Simon et Wilson).
- Héritage des sciences camérales européennes.
Rôle des institutions académiques :
- Sciences Po (1930s) : Prépare à débattre mais n’enseigne pas la science du gouvernement.
- ENS et sociologie : Forte influence des modèles allemands et américains.
- Développement après la Seconde Guerre mondiale (exemple : Michel Crozier).
- Création du Centre de Sociologie des Organisations.
2. Développement d’une discipline scientifique
- Émergence de la science politique en France :
- Instituts d’Études Politiques (IEP) à partir des années 1940 (Paris, Strasbourg, puis d’autres).
- Réformes post-1968 :
- Explosion disciplinaire et réforme universitaire (loi Faure, 1969).
- Création de Paris 1 comme première université dédiée à la science politique.
- Transformation des IEP dans les années 1980.
3. Les approches d’analyse des politiques publiques
Définition : Mobilisation des sciences sociales pour étudier les interventions d’autorités publiques.
- Débat méthodologique clé : Top-down vs Bottom-up.
- Approche "Top-down" :
- Analyse institutionnelle, centrée sur la conception et les objectifs de l’État (ex : David Easton).
- Critique : Néglige les dynamiques locales et les résistances sur le terrain.
- Approche "Bottom-up" :
- Préconisée par Elmore, valorisant une analyse partant des acteurs de terrain.
- Exemple : ANRU et résistances locales aux projets de rénovation urbaine.
4. Enrichissements contemporains
- Sociologie de terrain (années 1990) :
- Combinaison des perspectives top-down et bottom-up pour une analyse plus complète.
- Importance des enquêtes locales et des interactions entre acteurs.
- Opposition "Intérêts" vs "Valeurs" :
- Exemple :
- Révolution française interprétée selon une approche marxiste (intérêts bourgeois).
- Lecture révisionniste avec une approche fondée sur les valeurs (Furet, Orouf).
- Implications : Débat sur l’épistémologie et le rôle des sciences sociales.
5. Contributions majeures aux sciences sociales
- Max Weber et l’éthique protestante :
- Les valeurs déterminent l’économie :
- Influence du protestantisme sur le développement du capitalisme.
- Vision nominaliste : Les concepts éclairent des aspects du réel mais ne prétendent pas atteindre une vérité absolue.
- Approche des 3I (Peter Hall) :
- Institutions : Cadre structurel des politiques publiques.
- Intérêts : Motivation des acteurs et groupes d’influence.
- Idées : Valeurs et visions sous-jacentes des politiques.
- Ajout récent : Instruments, pour analyser la mise en œuvre.
6. Objectifs et enjeux de l’analyse des politiques publiques
- Comprendre la complexité des concepts, des jargons et des dynamiques.
- Identifier les multiples facettes d’une politique publique :
- Acteurs impliqués.
- Processus de conception et d’exécution.
- Résistances et inflexions sur le terrain.