Quand on parle du bonheur, on voit apparaître un paradoxe :
On peut penser que le bonheur vient de soi et donc qu'il s'agit de mettre en œuvre ce qu'il faut pour pouvoir être heureux. Mais d'un autre coté lorsqu'on parle du bonheur, on parle de ce que l'on subit de bien ou de mal et on espère qu'il va nous arriver des choses bonnes.
Plusieurs possibilités :
- Ensemble de relations de cause à effet, il y a donc des déterminismes.
- Seul Dieu est capable de tout connaître et de tout prévoir, en effet il existe dans l'univers un être qui est créateur de toutes choses et qui possède un entendement infini (Leibniz). Les choses nous paraissent hasardeuses car nous avons un esprit limité.
- Rien dans ce monde n'est prévisible, la volonté est plus forte que les déterminismes. Le "ce que je veux" est totalement imprévisible car il n'obéit pas aux déterminismes. Selon Descartes, l'homme peut agir de façon irrationnelle donc tout est dû au hasard.
- Que ma vie soit heureuse ou pas dépend de ce que j'ai voulu.
La question du bonheur interroge profondément notre existence. On voit alors naitre un mélange entre le nécessaire et le hasard. On subit le nécessaire qui s'oppose à notre liberté qui elle ouvre des possibles.
Texte d'Aristote, "Éthique à Nicomaque", livre 3, chapitre 7.
Thèses :
- Aristote nous invite à penser qu'il existe une relation entre ce que je fais, ce que je veux et le bonheur.
- Selon lui, il existe un lien profond entre mener une vie juste, vertueuse et être heureux. À l'inverse, mener une vie de débauches rend malheureux. L'affaire n'est que logique, le juste c'est le bien.
Aristote ne se contente pas d'une approche strictement morale, en effet il a également une approche éthique et ontologique, il se situe sur le registre de l'existence. L'éthique correspond à l'appréciation existentielle de ce que l'on fait.
Qu'est-ce qu'un homme en devenir ?
Il existe un être de puissance en l'homme qui se comprend par sa finalité.
Problème éthique : comment faire pour que l'être en puissance puisse atteindre sa finalité ?
- Réalisation de soi par des exercices répétés, les expériences façonnent qui je suis.
- Les expériences ne s'équivalent pas.
- Les habitudes selon Aristote sont une seconde nature.
Qlq de vertueux, réalise ce qu'il avait en puissance chez lui, (excellence dans son humanité).
Problème ontologique :
- Certaines actions répétées peuvent nuire au devenir de soi. Selon Bergson, la conscience s'endort, la matière prend la place de la conscience.
- La nécessité prend le dessus sur la liberté, le débauché perd sa liberté.
- Comparaison entre la morale et la bonne santé, celui qui vit dans l'excès est responsable de sa maladie.
- Nous avons une responsabilité à chercher dans les exercices répétés notre finalité.
Texte de Pascal, "Les pensées ".
Pascal, Kierkegaard, Sartre, Camus, Emmanuel Mounier se sont penchés sur cette question avec différents points de vue. Ce qui les différencie, c'est leur vision de la religion.
Thèses de Pascal :
- L'home n'est fait que pour une seule forme de bonheur, celui qu'on trouve en Dieu.
- L'homme est animé d'un désir infini pour constater que d'un autre coté les seuls biens auxquels nous pouvons accéder sont finis. Et c'est pour cette raison que nous avons besoin de Dieu. Car c'est un être infini.
- Seul Dieu peut sauver l'homme de ce malheur.
Dans ce texte, on distingue deux approches, une, existentielle et l'autre ontologique.
Lorsqu'on lit Aristote, on remarque que l'homme atteint le bonheur lorsqu'il atteint l'excellence. Pour Saint-Exupéry, on atteint la perfection lorsque l'on n'a plus rien à ajouter. Et enfin, pour Épicure, le bonheur se trouve dans le calme et la tranquillité du corps et de l'âme.
Mais Pascal veut mettre en évidence l'échec d'une telle approche, car deux données apparemment antinomiques :
- Le bonheur ne peut pas être ontologique car il y a en l'homme une attente infinie.
- Tout objet fini ne pourra jamais satisfaire l'homme.
- L'infini se marque par un vide chez l'homme. Il existe une faille profonde chez l'homme, (registre de l'existence).
Selon Pascal, l'homme n'est sauvé que par Dieu. Le vide de l'existence humaine a du sens, l'homme éprouve ce vide car il est marqué par l'absence de Dieu. Il y a comme une présence de Dieu qui se manifeste par son absence. Pascal fait allusion à la Genèse (la chute), depuis que l'homme a perdu ses terres d'origines, l'homme est comme jeté dans le monde et il est condamné à errer.
Pour Camus, l'origine de l'existence est absurde, se pendre c'est postuler qu'il devrait y avoir du sens, pour lui même se pendre est dénué de sens.
Pour Kierkegaard, l'existence mène à un désespoir profond, l'angoisse inquiète le cour de notre existence. La peur et l'angoisse sont deux concepts très différents :
- La peur est objective
- L'angoisse c'est le sentiment que l'on ressent lorsque nous sommes face au vide infini de notre existence.