Gottfried Wilhelm Leibniz, philosophe et mathématicien allemand, est l'un des premiers penseurs à introduire l'idée de l'inconscient. Il défend l'existence de perceptions qui ne sont pas des objets de conscience actuelle, qu'il appelle "petites perceptions". Selon Leibniz, ces perceptions forment une partie essentielle de notre vie mentale, unissant le conscient et l'inconscient. Les petites perceptions influencent nos actions et nos pensées même si nous n'en avons pas directement conscience. Pour Leibniz, l'inconscient n'est pas un bloc monolithique, mais un tissu de perceptions innombrables qui peuvent s'agréger pour atteindre le seuil de la conscience.

Sigmund Freud, le fondateur de la psychanalyse, a exploré en profondeur le concept de l'inconscient. Selon Freud, l'esprit humain est divisé en trois instances : le conscient, le préconscient et l'inconscient. L'inconscient contient des désirs, des souvenirs et des expériences refoulés qui influencent la pensée consciente et les comportements. Freud a développé la théorie selon laquelle les troubles mentaux résultent souvent de conflits entre ces différentes instances, particulièrement entre le ça, qui représente les instincts primitifs inconscients, et le surmoi, qui incarne les normes morales intériorisées. Les principaux types de processus inconscients identifiés par Freud comprennent les mécanismes de défense comme le refoulement, la sublimation, ou la projection, qui sont des stratégies de l'esprit pour gérer l'angoisse générée par les conflits psychiques. Freud a utilisé des techniques comme l'association libre, l'analyse des rêves et l'étude des actes manqués pour pénétrer dans l'inconscient de ses patients et comprendre les influences cachées sur leur comportement. L'analyse des rêves, par exemple, permettrait de révéler des désirs inconscients déguisés à travers des symboles et des narrations oniriques.

La psychologie cognitive moderne réexamine la notion d'inconscient sous un angle différent de celui de la psychanalyse. Elle s'intéresse à l'inconscient cognitif, qui désigne les processus mentaux automatiques se déroulant sans implication consciente. De nombreuses études ont démontré que des tâches telles que la reconnaissance de visages, la lecture ou l'apprentissage moteur se réalisent souvent de manière automatique, c'est-à-dire sans véritable prise de conscience. Les chercheurs cognitivistes soutiennent que l'inconscient cognitif est bien structuré et joue un rôle clé dans notre capacité à traiter l'information rapidement et efficacement. Des expériences en neuropsychologie ont aussi montré que l'inconscient participe dans une large mesure à des décisions intuitives, lorsque le cerveau évalue rapidement des informations et prédictions pour guider notre comportement sans effort conscient. Ainsi, contrairement à l'inconscient freudien, l'inconscient cognitif est perçu sous un jour fonctionnel, non comme un refuge des pulsions refoulées.