Problématique: Comment la démocratie directe fonctionne-t-elle à Athènes ?
Leçon 1: La démocratie à Athènes aux Ve et IVe siècles avant J-C
1º): La naissance de la démocratie au début du Ve siècle
A°): Le cadre de la cité
La cité grecque et la naissance de la démocratie
Au Ve siècle avant J.-C., la démocratie naît à Athènes dans le cadre des cités-États grecques (polis), petites communautés autonomes regroupant une ville principale et son territoire environnant. La population est divisée en citoyens (hommes libres avec droits politiques) et non-citoyens (femmes, métèques, esclaves sans droits politiques). À Athènes, seuls 40 000 citoyens sur 300 000 habitants participent à la vie politique.
Chaque cité est indépendante avec ses institutions, armée, lois, cultes et économie. Le pouvoir repose sur un conseil, une assemblée des citoyens (l'Ecclésia) et des magistrats élus ou tirés au sort. Les citoyens votent les lois et élisent les magistrats, chaque voix étant égale.
Athènes, au cœur de l'Attique (2 500 km}), est l'une des cités les plus puissantes grâce à ses victoires contre les Perses (Marathon, Salamine). La plupart des cités possèdent un territoire modeste, mêlant villes, villages et campagnes.
B°): Les réformes de Clisthène: l'égalité politique
Au Vle siècle avant J-C, la cité d'Athènes connaît une crise politique et de fortes tensions sociales. Le peuple rejette la tyrannie (régime politique injuste et violent visant l'intérêt propre de son dirigeant) et l'oligarchie (régime politique où le pouvoir est exercé par peu de personnes) incarnées par Pisistrate et ses partisans: les pisistratides. En réponse, Clisthène (réformateur surnommé « le père de l'Athènes démocratique ») crée vers -508 les dèmes (circonscription administrative de base du territoire d'Athènes) et les tribus (regroupement populaire dans les dèmes) et fait désormais tirés au sort chaque année les 500 conseillers (ils doivent avoir au moins 30 ans) de la Boulé (institution préparant les travaux discutés à l'ecclesia et surveillant les magistrats) afin de tendre vers un principe d'isonomie (réglé d'égalité civique et politique) et d'iségorie (égalité de la parole).
Ces réformes assurent une égalité entre les citoyens. Les activités politiques sont plus accessibles et diversifiées. La cité est désormais un espace politique égalitaire où les citoyens respectent leurs propres lois et institutions.
C°): Les guerres et la consolidation de la démocratie
Le pouvoir de l'Ecclésia (Assemblée du peuple dans la cité grecque) se renforce dans des guerres médiques : Conflits qui ont opposé les Grecs à l'Empire Perse (l'actuel Iran) au cours du Ve s. avant J.-C. La première guerre médique trouve ses origines en 490 avant J.-C, lorsque les Perses attaquent alors la Grèce. Darios (roi des Perses) traverse la mer Égée et, malgré des forces importantes, est vaincu à Marathon ; en 481, son fils Xerxès envahit la Grèce avec une formidable armée, ravage Athènes, mais sa flotte est coulée dans le détroit de Salamine et son armée vaincue à Platées. À partir de cette date, l'Ecclésia se réunit alors régulièrement afin de contrôler par vote à main levée les décisions politiques et militaires ( élection des stratèges : magistrat chargés du contrôle de l'armée ou bien même des constructions de ports ou de flotte de guerre.)
Les victoires d'Athènes suscitent la confiance envers le régime démocratique.
La cité est alors défendue par toute la population, riches comme pauvres, citoyens comme soldats. Fiers d'avoir vaincu le peuple Perse à Marathon (en 490 avant JC) et à Salamine (en 480 avant JC).
II°): une démocratie directe
A°): Des citoyens minoritaires et privilégiés
La citoyenneté à Athènes au Ve et IVe siècle av. J.-C. donne des droits politiques comme le droit de voter, de débattre et de proposer des lois à l'Assemblée du peuple (participation à l'Ecclésia). Il est également possible de devenir magistrat, stratège (chef militaire) et d'être juge dans les tribunaux populaires ou de participer à la Boulè, qui est le droit de siéger au Conseil des 500 pour préparer des lois.
La citoyenneté donne également des droits juridiques, dont l'isonomie, qui est un principe d'égalité devant la loi et de participation équitable des citoyens à la vie politique de la ville.
Elle donne des droits économiques : par exemple, seuls les citoyens peuvent posséder des terres et avoir accès aux ressources publiques.
Pour devenir citoyen, il faut effectuer l'éphébie (formation militaire et civique pour les jeunes Athéniens) et prêter serment de défendre la cité. Suite à la réforme de Péricles en 451, il faut être né de deux parents athéniens pour obtenir la citoyenneté.
Un citoyen frappé d'atimie (qui déserte, vole ou dégrade des biens publics) perd toute ou une partie de ses droits, peut être vendu comme esclave et ses biens peuvent être confisqué. En effet, les contrôles de la citoyenneté sont très stricts et les sanctions sont lourdes en cas de fraude.
B°): La participation des citoyens aux institutions
La démocratie athénienne repose sur la participation active de tous les citoyens aux institutions. Chaque citoyen a la possibilité de voter les lois lors des assemblées, qui se tiennent environ 40 fois par an sur la colline de la Pnyx.
Ces assemblées permettent à chacun de s'exprimer et de participer directement à la prise de décisions majeures pour la cité.
L'égalité entre les citoyens est garantie par le tirage au sort, une méthode essentielle pour appeléviter les privilèges et promouvoir l'équité. Ainsi, 500 conseillers sont désignés chaque année pour siéger à la Boulé, chargée sans subir de préparer les lois et a contribué à démocratiser l'assurer le fonctionnement quotidien des institutions. De plus, 6 000 citoyens sont tirés au sort pour former les tribunaux, garantissant une justice représentative et indépendante. Parmi les 700 magistrats nécessaires pour administrer la cité, seuls les stratèges, responsables de la politique extérieure et de la guerre, ainsi que quelques autres postes importants, sont élus, tandis que les autres fonctions sont attribuées par tirage au sort.
essentielle pour éviter les privilèges et promouvoir l'équité. Ainsi, 500 conseillers sont désignés chaque année pour siéger à la Boulé, chargée de préparer les lois et d'assurer le fonctionnement quotidien des institutions. De plus, 6 000 citoyens sont tirés au sort pour former les tribunaux, garantissant une justice représentative et indépendante. Parmi les 700 magistrats nécessaires pour administrer la cité, seuls les stratèges, responsables de la politique extérieure et de la guerre, ainsi que quelques autres postes importants, sont élus, tandis que les autres fonctions sont attribuées par tirage au sort.
Une indemnité, appelée misthos, a été mise en place pour permettre à tous les citoyens, y compris les plus modestes, de participer à la vie politique sans subir de pertes financières. Cette mesure a contribuésidant à démocratilser l'accès aux responsabilités publiques. Par ailleurs, la plupart des charges étaient annuelles et non cumulables, garantissant une rotation fréquente des responsabilités et offrant à presque tous les citoyens l'opportunité d'exercer une fonction publique au moins une fois dans leur vie. Cette rotation renforçait leur sentiment d'appartenance à la cité et leur engagement envers la démocratie.
Cependant, il est important de noter que cette participation ne concernait qu'une partie de la population: les femmes, les métèques (étrangers résidant à Athènes) et les esclaves étaient exclus de ces processus démocratiques, limitant ainsi l'universalité de ce système politique.
C- Les composantes diverses de la citoyenneté
Les diverses participation à la vie politique dans la Grèce antique, notamment à Athènes, qui a largement été influencée par le statut social des citoyens. Les plus riches occupent les magistratures importantes et sont responsables du financement des réalisations civiques, comme l'entretien des navires et des représentations théâtrales.
Cependant, les citoyens modestes ont également un rôle actif grâce à l'Ecclesia, une assemblée où ils débattent et votent sur des questions politiques. Cette institution est essentielle à la démocratie athénienne, permettant la surveillance des magistrats et l'application de l'ostracisme pour prévenir les abus de pouvoir.
Les fêtes religieuses, permettent à tous les habitants d'une cité de se réunir quelles que soient les conditions sociales des citoyens et en règle générale ce sont les résidents d'Athènes comme avec les Panathénées qui célèbrent en l'honneur de leur dieux et déesse bien-aimées.
En l'honneur d'Athéna, ils rassemblent tous les habitants, quel que soit leur statut social. Ces célébrations renforcent le sentiment de communauté et l'identité collective des citoyens. Ainsi, bien que la participation politique soit inégale, des institutions comme l'Ecclesia et des traditions culturelles favorisent un engagement plus large, illustrant la complexité de la vie politique et sociale à Athènes.
III°) L'invention du débat politique
A. La rhétorique au service de la démocratie
L'invention du débat politique et de la rhétorique à Athènes se caractérise par l'importance accordée à l'art de parler en public dans la vie de la cité. Les débats politiques occupent une place centrale, avec des prises de parole fréquentes à l'agora, soulignant l'impact des discours sur la démocratie athénienne. L'éloquence est enseignée dans les écoles de rhétorique, principalement fréquentées par les jeunes issus des classes sociales élevées.Le théâtre, qui occupe une place essentielle dans la culture athénienne, est également un lieu important pour l'éloquence. Les dramaturges comme Eschyle et Euripide célèbrent les vertus politiques d'Athènes, tandis qu'Aristophane, par ses comédies, critique et ridiculise ses travers, mettant en lumière les dangers pour la démocratie.
B. La Démocratie critiquée
Définition
Les critiques de la démocratie s'amplifient au IVe siècle. Certains philosophes comme Platon n'adhèrent pas à la politique démocratique, ont un sérieux doute sur les compétences des citoyens, du peuple et préféreraient voir des hommes politiques « compétents » pour diriger seul la cité.
La rhétorique (discours) est suspectée de dangereuses dérives.
Platon montre le risque de la démagogie de toute-puissance d'orateurs professionnels cherchant plus à flatter, amadouer leur auditoire que de servir le peuple. Platon philosophe de l'antiquité grecque qui s'exerçait dans différents domaines comme la science, la politique (démocratie athénienne) et aussi considéré comme l'inventeur de la philosophie occidentale. Démagogie c'est une politique et rhétorique désignant une autorité morale exercée par un ou plusieurs personnes détenant le pouvoir qui le plus souvent utilisent un discours plutôt flatteur.