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Partis politiques

Partie 1 : Les grands concepts généraux (genèse, classification, fonctions)

A. Une définition analytique des partis politiques : La Palombara et Weiner

  • Joseph La Palombara et Myron Weiner, "Political Parties and Political Development", 1966
  • Les auteurs proposent 4 critères de réflexion pour déterminer si une organisation peut être considérée comme un parti politique.
  • Ces critères n’ont pas pour but de donner une définition juridique, mais de proposer une analyse permettant de déterminer si des formes organisationnelles relèvent de la notion de parti.

1. La durabilité ou longévité

  • Durabilité comme critère d’autonomie de l’organisation vis-à-vis de ses dirigeants.
  • Étape initiale : "la phase génétique"
  • Les fondateurs assurent souvent la direction et disposent de l’autorité et des ressources politiques pour stabiliser le parti.
  • Cette phase vise à obtenir des ressources et une place dans le système politique, malgré un contexte fragmenté.

Exemple : Le Front National (FN)

  • Initialement, sa matrice idéologique est axée sur l’anti-communisme.
  • L’évolution de sa stratégie idéologique est marquée par le regroupement familial en 1974. Cela a permis au FN de forger un discours autour de la critique de la présence d’immigrés. Ce thème deviendra central à partir de 1978.
  • Entre 1972 et 1984, l’organisation du FN peut être interrogée sur sa stabilité et sa viabilité.
  • Pérennité : à partir du moment où les dirigeants fondateurs disparaissent (décès, retrait, exclusion), le parti doit maintenir ses formes et caractéristiques. Sinon, il relèverait d’une structure proto-partisane.
  • Les auteurs distinguent les partis de ces organisations personnalistes (ex : clans, factions).

Exemples historiques :

  • Le Parti Catholique Ultra dans les Cours royales.
  • Les organisations à Rome antique : systèmes solidarisés autour de patrons qui effondrent lorsque ceux-ci perdent leur influence.

2. Territorialisation

  • Implantation à différents niveaux territoriaux.
  • Ces strates correspondent aux structures politico-administratives et sont connectées à la direction nationale.

  • Niveau local : implantations municipales ou infra-municipales.
  • Exemple : au PS, les relations entre fédérations départementales et entités locales varient.

  • Premières élections régionales en 1986 : importance de s’implanter à différents niveaux pour comprendre le fonctionnement interne des partis.

Exemples :

  • Forces régionalistes espagnoles ayant des représentants au Parlement.
  • Coordinations nationales sans implantation locale (France, IVe République).


3. La volonté d’accéder au pouvoir

  • Distinction fondamentale entre partis politiques et groupes d’intérêt.
  • Les groupes d’intérêt influencent le pouvoir mais ne cherchent pas à l’exercer.

Exemples :

  • Labour Party britannique : créé par des syndicats pour transformer leur influence en capacité à produire des lois.
  • CPNT (Chasse, Pêche, Nature et Tradition) : parti formé pour défendre les intérêts des chasseurs et pêcheurs.
  • Mouvement Poujadiste (IVe République) : parti socio-professionnel.

4. La recherche de soutien

  • Recherche d’électeurs mais aussi de soutiens financiers, intellectuels et stratégiques.
  • Différences internationales :
  • En France : faible mobilisation pour des dons.
  • Dans le monde anglo-saxon : tradition de "endorsements" (ex : presse britannique, comités de soutien).

Exemples :

  • Think tanks : Terra Nova (proche du PS), Fondation pour les innovations politiques (proche des LR).
  • PACs (Political Action Committees) aux États-Unis.

B. Les critiques de l’approche de La Palombara et Weiner

  • Absence de critère idéologique : les partis ne sont pas distingués sur cette base.
  • Certains partis modernes (ex : En Marche) montrent un quasi-désintérêt pour la production doctrinale tout en répondant aux critères définis par les auteurs.


II. Les modèles d’organisation des partis

A. Maurice Duverger (Les partis politiques, 1951)

  1. Partis de cadre
  • Dominés par les élites et concentrés autour de leurs dirigeants.
  • Ex : RN en France, partis conservateurs.
  1. Partis de masse
  • Mobilisent leurs membres, valorisent la démocratie interne.
  • Ex : partis ouvriers, écologistes.
  1. Hybridation
  • Évolution vers des mélanges cadre-masse.
  • Ex : PS français adoptant des pratiques internes mélangeant centralisation et démocratie participative.

B. Kirchheimer (Catch-all party, 1966)

  • Partis se détachant de l’idéologie pour maximiser leur attractivité.
  • Exemples :
  • Forza Italia : recours massif à la publicité et au marketing.
  • New Labour : modernisation et centrage de l’image.

C. Katz et Mair (Partis cartels, 1995)

  • Relation étendue entre partis et institutions d’État.
  • Monopole des ressources publiques.
  • Marginalisation des nouveaux entrants.
  • Ex : système britannique (scrutin majoritaire).


III. Les interactions entre partis : systèmes partisans

A. Bipartisme et multipartisme (Duverger, 1951)

  1. Bipartisme
  • Deux partis majeurs alternent au pouvoir (ex : Royaume-Uni, États-Unis).

  1. Multipartisme
  • Requiert des coalitions gouvernementales (ex : Allemagne).

B. Sartori (Polarisation, 1976)

  • Déterminants des relations entre partis :
  • Centrifuge : éloignement des compromis (crise économique, clivages).
  • Centripète : rapprochement vers le centre (coopération accrue).

Exemple : tripolarisation en France (gauche, centre, droite).

I. Les Partis Souples et Rigides

  1. Partis Souples
  • Les partis souples laissent à leurs élus une relative liberté de vote.
  • Typiquement associés aux partis de cadre, qui sont plus autonomes et n’ont pas de procédures strictes pour sanctionner les élus qui votent différemment.
  • Exemple : Le RN ou le Parti conservateur britannique présentent une autonomie accrue, bien que cela tende à être moins vrai récemment.
  1. Partis Rigides
  • Ces partis imposent à leurs élus de suivre les décisions internes, sous peine de sanctions.
  • Les partis de masse tendent à produire des partis rigides : la décision étant partagée entre tous les membres, les élus sont davantage contraints.
  • Évolutions modernes :
  • Certains partis de masse ont changé leur fonctionnement en raison de facteurs tels que les règles électorales ou la prédominance de l’élection présidentielle (exemple : en France).
  • Aujourd’hui, on observe une hybridation entre partis de cadre et partis de masse.
  1. Critiques de Maurice Duverger
  • Il n’a pas intégré les caractéristiques externes telles que les modes de scrutin dans ses classifications des partis.
  • Stratégies de performance et mobilisation de ressources, éléments centraux pour d’autres auteurs, sont absents de ses catégorisations.


II. La Théorie du Catch-All Party (Kirchheimer)

  1. Analyse générale
  • Otto Kirchheimer, « The Transformation of Western Party Systems », 1966
  • L’émergence de nouvelles formes de fonctionnement des grands partis est caractérisée par la notion de Catch-All Party (« Parti attrape-tout »).
  • Ces partis cherchent à maximiser leurs chances électorales en se réorganisant autour de stratégies et outils modernes pour conquérir un électorat large.
  1. Les traits des Catch-All Parties
  • Neutralisation idéologique :
  • Les partis cherchent à atténuer leurs clivages idéologiques pour s’adapter à un électorat diversifié.

  • Recours à des ressources externes :
  • Cabinets de conseil et agences publicitaires.
  • Mise en avant de la personnalité des candidats au détriment des programmes.
  • Déséquilibre interne :
  • L’importance accrue des outils externes réduit l’autonomie idéologique et programmatique.
  1. Exemples historiques
  • Campagnes en France :
  • En 1965, Michel Bongrand, publicitaire ayant été refusé par de Gaulle, collabore avec Jean Lecanuet et utilise des outils d’analyse pour augmenter son score présidentiel.
  • En 1967, les gaullistes embauchent Bongrand pour les législatives, intégrant des données neutres issues de l’INSEE dans leur stratégie.
  • Parti gaulliste :
  • Exemple de désidéologisations, selon Kirchheimer, autour d’un projet national et d’une réduction des clivages gauche-droite.
  • Critique : le gaullisme comportait tout de même une idéologie de modernisation nationale.
  1. Illustrations modernes du Catch-All Party
  • Italie, 1990s : Forza Italia
  • Fondé par Silvio Berlusconi, le parti est soutenu par des cadres en conseil et management.
  • Rhétorique transversale tout en étant à droite, pro-business.
  • Royaume-Uni, 1994 : New Labour
  • Sous Tony Blair, le Labour adopte une stratégie de modernisation interne et externe (recours à des agences, centrage des programmes sur les prestations sociales conditionnées).
  • Victoire en 1997 : électeurs de centre et centre-droite votent pour le Labour.
  • France, 2017 : En Marche
  • Sous Emmanuel Macron, le parti se présente comme ni de gauche ni de droite, neutralisant le clivage traditionnel.
  • Techniques d’entreprise et d’externalisation (cabinet de conseil, questionnaires).
  1. Critiques de la théorie de Kirchheimer
  • Pas un modèle universel :
  • Les transformations des partis dépendent étroitement des contextes électoraux et sociétaux (ex : modes de scrutin).

  • Pas toujours une trajectoire linéaire vers la neutralisation idéologique.

III. Les Évolutions des Partis selon Panebianco et Katz et Mair

  1. Panebianco : Partis électoraux professionnels
  • Angelo Panebianco, « Political Parties, Organization and Power », 1988
  • L’émergence des « machines électorales » :
  • Les partis concentrent leurs efforts sur la conquête électorale à l’aide d’outils sophistiqués.
  • Exemple : Campagne Obama 2008, avec un usage accru des réseaux sociaux.
  • Transfert de compétences des sphères professionnelles vers les partis.
  1. Katz et Mair : Partis cartels
  • Richard Katz et Peter Mair, « Changing Models of Party Organization and Party Democracy », 1995
  • Relations entre partis et État :
  • Les grands partis monopolisent les ressources publiques et adaptent les lois à leur avantage.
  • Exemple : Financement public en France distribué selon les élus, favorisant les partis majeurs.
  • Érosion des relations avec la société civile et déséquilibre vers l’institutionnalisation.


Exemple de parti cartel :

-               Italie : Variations des Lois Électorales

  1. Contexte des Années 2010
  • La loi électorale varie selon les partis au pouvoir.
  • Sous la coalition de gauche/centre-gauche, dirigée par Matteo Renzi :
  • Promesse de maintenir un mode de scrutin proportionnel pour rassurer toutes les forces politiques.
  • Introduction d'une prime à la majorité, accordée à une coalition obtenant au moins 40 % des voix.
  • Objectif : stabiliser la majorité électorale et la coalition gagnante.
  • Renzi a proposé de permettre qu’un parti seul, et non une coalition, puisse obtenir la prime à la majorité.
  • Cette modification a été rejetée par référendum.

-               Royaume-Uni : Maintien du Scrutin Majoritaire

  1. Discussions sur le Mode de Scrutin
  • Intérêt d’introduire un système proportionnel discuté, notamment après l’exemple de la Nouvelle-Zélande, qui est passée du majoritaire au proportionnel.
  • Les élections européennes, qui doivent se tenir à la proportionnelle, ont renforcé la conviction des deux grands partis britanniques (Conservateurs et Travaillistes) de maintenir le scrutin majoritaire pour les élections parlementaires.

Notion de "Partis Cartels" 

  1. Une Lecture Innovante
  • Les grands partis tendent à rationaliser leur fonctionnement en minimisant l’arrivée de nouveaux concurrents.
  • Exemple d’outils :
  • Mode de scrutin : Maintien des systèmes qui favorisent les grands partis (ex : scrutin majoritaire).
  • Financement public : Distribution proportionnelle au nombre d’élus, ce qui avantage les grands partis.
  • Visibilité médiatique : Temps de parole attribué selon les résultats électoraux précédents.
  1. Rapport à la Société Civile
  • Les grands partis tendent à externaliser leurs ressources (financières, stratégiques), réduisant leur dépendance aux militants.
  • Conséquences :
  • Moins de militants implique un affaiblissement des liens avec la société civile.
  • Relation plus forte avec l’État.
  • Cependant, certaines évolutions contredisent cette théorie :
  • Modifications statutaires dans les années 1990 donnant plus de pouvoir aux adhérents (ex : élections internes des dirigeants).
  • Katz et Mair interprètent ces processus comme renforçant la dépendance des adhérents vis-à-vis des leaders, ces derniers gagnant en légitimité par les élections internes.
  1. Interprétation des Partis Cartels
  • Tendance des partis à externaliser leurs relations avec d’autres groupes de la société civile.
  • État de plus en plus impliqué dans la consultation des acteurs intermédiaires (organisations, experts).
  • Les interactions entre partis et société s’inscrivent dans des dynamiques d’évolution des rapports entre l’État et les institutions.

IV. Les Interactions entre Partis et le Concept de Système Partisan

  1. Pratiques de Coalition
  • Multiplication des coalitions, relations coopératives et constructives entre partis.
  • Logique électorale : Les partis comprennent que leurs chances de victoire passent par la coopération plutôt que par une stratégie égoïste.
  1. Système Partisan
  • Définition : Système de relations structurées et stables entre partis dans un même système politique.
  • Relations structurées :
  • Confrontation : Organisation des termes de la concurrence électorale.
  • Coopération : Alliances et coalitions.
  • Stabilité : Comprendre les facteurs qui facilitent ou entravent la structuration des relations et la stabilité du système.

V. Modèles de Systèmes Partisans

  1. Duverger (1951) : Bipartisme et Multipartisme
  • Bipartisme :
  • Deux partis majeurs alternent au pouvoir (ex : USA, Royaume-Uni).
  • Recherche de soutien hors partis mineurs.
  • Multipartisme :
  • Coalition nécessaire pour gouverner.
  • Importance de la stabilité et de la coordination entre partis.
  • Ex : Allemagne, avec les libéraux pouvant s’allier à la droite ou à la gauche.
  1. Sartori (1976) : Dynamique des Pôles et Polarisation
  • Sartori enrichit la théorie en ajoutant la notion de pôles et de polarisation :
  • Centrifuge : Les partis s’éloignent des compromis (clivages exacerbés).
  • Centripète : Les partis se rapprochent pour faciliter les compromis (modération idéologique).
  • Notion de « Relevant Parties » :
  • Partis influents qui modèlent les clivages et restructurent les débats politiques.
  • Ex : FN en France, qui impose la question de l’immigration comme un clivage central.

VI. La Vie Politique Française : Polarisation et Évolution

  1. Élections Présidentielles
  • Passage au scrutin direct en 1965 : Importance accrue des personnalités politiques.
  • 1972 : Programme commun de gouvernement entre le PS, le PCF et le MRG.
  • Génère des pratiques de désistements réciproques pour battre la droite.

  • 1981 : Coalition PS-PCF au gouvernement jusqu’en 1984.
  1. Émergence du FN
  • 1972 : Création du FN.
  • Années 1980 : Pertinence politique accrue (14 % aux élections de 1988).
  • Thème de l’immigration devient central à partir de 1978.
  • Restructuration des clivages politiques autour de cet enjeu.


1. Ascendant de la France Insoumise (FI) et coalition NUPES :

  • L'ascendant de FI parmi les partis de gauche se manifeste notamment grâce à son score à l’élection présidentielle.
  • Cet ascendant conduit à des accords :
  • Législatives 2022 : création de la coalition NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale).
  • NFP 2024 : nouvel accord de coalition dans un délai rapide.
  • Ces accords sont marqués par une solidarité forte, intégrant un volet programmatique revendiqué et largement porté par les acteurs.
  • Conditions nécessaires :
  • Expertise précise de la carte électorale.
  • Règles de répartition des circonscriptions respectées.
  • Accord technique exigeant, aboutissant à des candidatures communes.
  • Caractère inédit :
  • Accord intégral : un parti ne peut être intégré à la coalition que s’il s’engage à ne présenter des candidats que dans les circonscriptions prévues.
  • Comparaison : Différent des accords de 1997, moins contraignants.
  • Conséquences sur le financement des partis :
  • Si un parti ne présente pas de candidats dans au moins 50 circonscriptions, il risque de devenir dépendant financièrement.


2. Modes de scrutin selon Maurice Duverger ("Les Partis Politiques", 1951) :

Duverger explique la manière dont les règles de scrutin influencent la nature des systèmes partisans. Il identifie trois principaux modes :

  • Scrutin majoritaire à un tour (uninominal) :
  • Un poste par circonscription ; le candidat en tête est élu sans besoin de majorité absolue.
  • Induit le bipartisme : deux partis majeurs dominent, car une forte présence électorale est nécessaire pour gagner.
  • Exemple : Royaume-Uni, États-Unis.
  • Scrutin majoritaire à deux tours (uninominal) :
  • Si un candidat obtient la majorité absolue au premier tour, il est élu ; sinon, un second tour départage les candidats.
  • Induit le multipartisme :
  • Permet à des partis plus modestes de tenter leur chance au premier tour.
  • Favorise les relations de coopération pour le report des voix au second tour.
  • Exemple : système français.
  • Scrutin proportionnel :
  • Les sièges sont attribués proportionnellement aux voix obtenues, selon un seuil minimum pour être élu.
  • Induit également le multipartisme, avec un grand nombre de partis.
  • Les partis sont souvent indépendants avant les élections, bien qu'ils puissent former des coalitions après.
  • Plus le seuil de qualification est élevé, plus les petits partis sont désavantagés.

Analyse générale :

  • Ces modes influencent fortement les comportements des partis politiques en fonction des objectifs électoraux.
  • Une tendance récente (12-15 dernières années) montre une augmentation du nombre de partis, causant une fragmentation et une instabilité accrues.


3. Exemples de coalitions et alliances électorales en France :

  • Présidence de Valéry Giscard d'Estaing (VGE) en 1974 :
  • Alternative au néogaullisme, soutenue par des jeunes cadres gaullistes.
  • Chirac devient Premier ministre et une coalition se forme entre gaullistes "traîtres" et centristes libéraux.
  • Tensions internes sur des sujets comme le libéralisme économique et les questions européennes.
  • Chirac démissionne en 1976, fonde le RPR, et la fédération UDF est créée en 1978 pour harmoniser les efforts des centristes et libéraux.
  • Élection de 1981 :
  • La droite perd la majorité présidentielle et parlementaire.
  • Les deux grandes familles de droite se rapprochent pour éviter d'autres défaites électorales.
  • Formation de l'UNM (Union pour la Nouvelle Majorité), une alliance électorale entre les droites sans volet programmatique.
  • Mise en place de candidatures uniques dans les circonscriptions stratégiques.
  • Élections législatives de 1986 :
  • Seules élections législatives à la proportionnelle sous la Cinquième République.
  • Émergence du FN qui obtient des sièges.
  • La droite présente des listes communes dans certains départements.
  • Fusion des partis dans les années 2000 :
  • Après la victoire de la gauche plurielle en 1997, le RPR et l’UDF concluent un protocole d’accord.
  • En 2001, proposition de fusion entre RPR et UDF, donnant naissance à l’UMP en 2002 (Union pour la majorité présidentielle, puis Union pour un mouvement populaire).
  • Cette fusion vise à contrer la montée du FN et garantir une meilleure performance électorale.


II. La sélection et les activités des dirigeants et élus

1. Sociologie et désignation des dirigeants

  • Importance de la sociologie des dirigeants :
  • Permet de comprendre l’évolution des partis politiques.
  • Rôle des dirigeants varie selon les partis (exemple : secrétaires départementaux du PS qui influencent les décisions nationales).
  • Exemples de modèles organisationnels :
  • Partis trotskystes (ex. LO) :
  • Direction souvent collégiale.
  • Fonction électorale symbolisée par une figure emblématique (ex. Arlette Laguiller) sans concentration du pouvoir.
  • Les Verts/EELV :
  • Refus initial de la centralisation du pouvoir (porte-paroles multiples, décisions prises en AG régionales).
  • Tensions dues à la personnalisation des campagnes (ex. Y. Jadot désigné pour plusieurs scrutins).


2. Évolution des pratiques de désignation au Parti Socialiste (PS) :

  • Héritage historique :
  • Congrès d’Épinay (1971) :
  • Statut selon lequel "la direction appartient au parti lui-même".
  • Défiance envers la concentration des pouvoirs entre fonction dirigeante et candidature présidentielle.
  • Mitterrand brise cette logique en devenant à la fois dirigeant et candidat.
  • Réformes internes :
  • Congrès de Rennes (1992) :
  • Proposition d’élection directe des dirigeants par les adhérents pour démocratiser le processus.

  • Réforme Jospin (1995) :
  • Introduction de votes sur les textes et les fonctions dans toutes les instances.

  • Congrès de 2008 :
  • Restriction à deux candidats pour la fonction de premier secrétaire.
  • Incidences électorales :
  • Absence de continuité entre les fonctions de dirigeant et de candidat à partir de 1995 :
  • 2007 : Ségolène Royal, candidate, non dirigeante.
  • 2012 : François Hollande, ancien premier secrétaire, candidat.
  • 2017 : Benoît Hamon, issu d’une aile contestataire.

3. Le cas des partis gaullistes (RPR, UMP, LR) :

  • Culture du chef :
  • Conjonction historique entre dirigeant du parti et candidat à la présidentielle.
  • Exemple de trahisons internes : soutien de jeunes députés gaullistes à VGE en 1974, contre Chaban-Delmas.
  • Évolutions post-gaullistes :
  • Chirac (1995) : Se met en retrait, ce qui mène à la rivalité avec Balladur.
  • Sarkozy (2004) : Élu président du parti (RPR/UMP) pour préparer sa candidature.
  • Fillon et Copé (2012) : Conflits internes pour la présidence du parti.
  • Primaires ouvertes :
  • Instituées en 2016, elles affaiblissent le lien traditionnel entre dirigeant et candidature.


4. Dépendance aux résultats électoraux et fragilité des dirigeants

  • Spécificité française :
  • Liée à l’importance de l’élection présidentielle.
  • Une mauvaise performance électorale fragilise les dirigeants (ex. Rocard après les élections européennes).
  • Comparaisons internationales :
  • Grande-Bretagne :
  • Les dirigeants des partis travaillistes ou conservateurs démissionnent après un échec aux élections générales.

  • Allemagne et Italie :
  • Les modes de scrutin proportionnels atténuent les impacts d’une défaite électorale.

  • États-Unis :
  • Leadership déterminé par les primaires ; rôle limité des directions nationales.


III. Les aspects idéologiques et financiers en lien avec les campagnes électorales

1. La fonction programmatique des partis :

  • Rôle du programme :
  • Synthétiser les propositions pour mobiliser les électeurs.
  • Offrir une plateforme cohérente pour les citoyens et les alliés potentiels.
  • Exemple : PS avec ses conventions thématiques (2010-2011) pour préparer les élections législatives de 2012.
  • Défiance et adaptations :
  • LREM (2019) :
  • Réticence à produire un programme, finalement construit par un cercle de proches issus de la haute fonction publique.

  • Ségolène Royal (2007) :
  • Programme construit via l’organisation externe "Désirs d’avenir", détachée du PS.

2. Financement des campagnes :

  • Sources de financement :
  • Collecte de dons : exemple de contrastes en 2017 :
  • LFI : 2 millions d’euros (25 € par donateur en moyenne).
  • LREM : 9 millions d’euros (250 € par donateur en moyenne).
  • Contributions aux primaires : couverture des frais de campagne (exemple : Fillon en 2017).
  • Difficultés d’accès aux prêts bancaires :
  • Les banques hésitent à financer des candidats à faible probabilité de succès.
  • Proposition d’une garantie publique pour sécuriser les financements électoraux.

Partis politiques

Partie 1 : Les grands concepts généraux (genèse, classification, fonctions)

A. Une définition analytique des partis politiques : La Palombara et Weiner

  • Joseph La Palombara et Myron Weiner, "Political Parties and Political Development", 1966
  • Les auteurs proposent 4 critères de réflexion pour déterminer si une organisation peut être considérée comme un parti politique.
  • Ces critères n’ont pas pour but de donner une définition juridique, mais de proposer une analyse permettant de déterminer si des formes organisationnelles relèvent de la notion de parti.

1. La durabilité ou longévité

  • Durabilité comme critère d’autonomie de l’organisation vis-à-vis de ses dirigeants.
  • Étape initiale : "la phase génétique"
  • Les fondateurs assurent souvent la direction et disposent de l’autorité et des ressources politiques pour stabiliser le parti.
  • Cette phase vise à obtenir des ressources et une place dans le système politique, malgré un contexte fragmenté.

Exemple : Le Front National (FN)

  • Initialement, sa matrice idéologique est axée sur l’anti-communisme.
  • L’évolution de sa stratégie idéologique est marquée par le regroupement familial en 1974. Cela a permis au FN de forger un discours autour de la critique de la présence d’immigrés. Ce thème deviendra central à partir de 1978.
  • Entre 1972 et 1984, l’organisation du FN peut être interrogée sur sa stabilité et sa viabilité.
  • Pérennité : à partir du moment où les dirigeants fondateurs disparaissent (décès, retrait, exclusion), le parti doit maintenir ses formes et caractéristiques. Sinon, il relèverait d’une structure proto-partisane.
  • Les auteurs distinguent les partis de ces organisations personnalistes (ex : clans, factions).

Exemples historiques :

  • Le Parti Catholique Ultra dans les Cours royales.
  • Les organisations à Rome antique : systèmes solidarisés autour de patrons qui effondrent lorsque ceux-ci perdent leur influence.

2. Territorialisation

  • Implantation à différents niveaux territoriaux.
  • Ces strates correspondent aux structures politico-administratives et sont connectées à la direction nationale.

  • Niveau local : implantations municipales ou infra-municipales.
  • Exemple : au PS, les relations entre fédérations départementales et entités locales varient.

  • Premières élections régionales en 1986 : importance de s’implanter à différents niveaux pour comprendre le fonctionnement interne des partis.

Exemples :

  • Forces régionalistes espagnoles ayant des représentants au Parlement.
  • Coordinations nationales sans implantation locale (France, IVe République).


3. La volonté d’accéder au pouvoir

  • Distinction fondamentale entre partis politiques et groupes d’intérêt.
  • Les groupes d’intérêt influencent le pouvoir mais ne cherchent pas à l’exercer.

Exemples :

  • Labour Party britannique : créé par des syndicats pour transformer leur influence en capacité à produire des lois.
  • CPNT (Chasse, Pêche, Nature et Tradition) : parti formé pour défendre les intérêts des chasseurs et pêcheurs.
  • Mouvement Poujadiste (IVe République) : parti socio-professionnel.

4. La recherche de soutien

  • Recherche d’électeurs mais aussi de soutiens financiers, intellectuels et stratégiques.
  • Différences internationales :
  • En France : faible mobilisation pour des dons.
  • Dans le monde anglo-saxon : tradition de "endorsements" (ex : presse britannique, comités de soutien).

Exemples :

  • Think tanks : Terra Nova (proche du PS), Fondation pour les innovations politiques (proche des LR).
  • PACs (Political Action Committees) aux États-Unis.

B. Les critiques de l’approche de La Palombara et Weiner

  • Absence de critère idéologique : les partis ne sont pas distingués sur cette base.
  • Certains partis modernes (ex : En Marche) montrent un quasi-désintérêt pour la production doctrinale tout en répondant aux critères définis par les auteurs.


II. Les modèles d’organisation des partis

A. Maurice Duverger (Les partis politiques, 1951)

  1. Partis de cadre
  • Dominés par les élites et concentrés autour de leurs dirigeants.
  • Ex : RN en France, partis conservateurs.
  1. Partis de masse
  • Mobilisent leurs membres, valorisent la démocratie interne.
  • Ex : partis ouvriers, écologistes.
  1. Hybridation
  • Évolution vers des mélanges cadre-masse.
  • Ex : PS français adoptant des pratiques internes mélangeant centralisation et démocratie participative.

B. Kirchheimer (Catch-all party, 1966)

  • Partis se détachant de l’idéologie pour maximiser leur attractivité.
  • Exemples :
  • Forza Italia : recours massif à la publicité et au marketing.
  • New Labour : modernisation et centrage de l’image.

C. Katz et Mair (Partis cartels, 1995)

  • Relation étendue entre partis et institutions d’État.
  • Monopole des ressources publiques.
  • Marginalisation des nouveaux entrants.
  • Ex : système britannique (scrutin majoritaire).


III. Les interactions entre partis : systèmes partisans

A. Bipartisme et multipartisme (Duverger, 1951)

  1. Bipartisme
  • Deux partis majeurs alternent au pouvoir (ex : Royaume-Uni, États-Unis).

  1. Multipartisme
  • Requiert des coalitions gouvernementales (ex : Allemagne).

B. Sartori (Polarisation, 1976)

  • Déterminants des relations entre partis :
  • Centrifuge : éloignement des compromis (crise économique, clivages).
  • Centripète : rapprochement vers le centre (coopération accrue).

Exemple : tripolarisation en France (gauche, centre, droite).

I. Les Partis Souples et Rigides

  1. Partis Souples
  • Les partis souples laissent à leurs élus une relative liberté de vote.
  • Typiquement associés aux partis de cadre, qui sont plus autonomes et n’ont pas de procédures strictes pour sanctionner les élus qui votent différemment.
  • Exemple : Le RN ou le Parti conservateur britannique présentent une autonomie accrue, bien que cela tende à être moins vrai récemment.
  1. Partis Rigides
  • Ces partis imposent à leurs élus de suivre les décisions internes, sous peine de sanctions.
  • Les partis de masse tendent à produire des partis rigides : la décision étant partagée entre tous les membres, les élus sont davantage contraints.
  • Évolutions modernes :
  • Certains partis de masse ont changé leur fonctionnement en raison de facteurs tels que les règles électorales ou la prédominance de l’élection présidentielle (exemple : en France).
  • Aujourd’hui, on observe une hybridation entre partis de cadre et partis de masse.
  1. Critiques de Maurice Duverger
  • Il n’a pas intégré les caractéristiques externes telles que les modes de scrutin dans ses classifications des partis.
  • Stratégies de performance et mobilisation de ressources, éléments centraux pour d’autres auteurs, sont absents de ses catégorisations.


II. La Théorie du Catch-All Party (Kirchheimer)

  1. Analyse générale
  • Otto Kirchheimer, « The Transformation of Western Party Systems », 1966
  • L’émergence de nouvelles formes de fonctionnement des grands partis est caractérisée par la notion de Catch-All Party (« Parti attrape-tout »).
  • Ces partis cherchent à maximiser leurs chances électorales en se réorganisant autour de stratégies et outils modernes pour conquérir un électorat large.
  1. Les traits des Catch-All Parties
  • Neutralisation idéologique :
  • Les partis cherchent à atténuer leurs clivages idéologiques pour s’adapter à un électorat diversifié.

  • Recours à des ressources externes :
  • Cabinets de conseil et agences publicitaires.
  • Mise en avant de la personnalité des candidats au détriment des programmes.
  • Déséquilibre interne :
  • L’importance accrue des outils externes réduit l’autonomie idéologique et programmatique.
  1. Exemples historiques
  • Campagnes en France :
  • En 1965, Michel Bongrand, publicitaire ayant été refusé par de Gaulle, collabore avec Jean Lecanuet et utilise des outils d’analyse pour augmenter son score présidentiel.
  • En 1967, les gaullistes embauchent Bongrand pour les législatives, intégrant des données neutres issues de l’INSEE dans leur stratégie.
  • Parti gaulliste :
  • Exemple de désidéologisations, selon Kirchheimer, autour d’un projet national et d’une réduction des clivages gauche-droite.
  • Critique : le gaullisme comportait tout de même une idéologie de modernisation nationale.
  1. Illustrations modernes du Catch-All Party
  • Italie, 1990s : Forza Italia
  • Fondé par Silvio Berlusconi, le parti est soutenu par des cadres en conseil et management.
  • Rhétorique transversale tout en étant à droite, pro-business.
  • Royaume-Uni, 1994 : New Labour
  • Sous Tony Blair, le Labour adopte une stratégie de modernisation interne et externe (recours à des agences, centrage des programmes sur les prestations sociales conditionnées).
  • Victoire en 1997 : électeurs de centre et centre-droite votent pour le Labour.
  • France, 2017 : En Marche
  • Sous Emmanuel Macron, le parti se présente comme ni de gauche ni de droite, neutralisant le clivage traditionnel.
  • Techniques d’entreprise et d’externalisation (cabinet de conseil, questionnaires).
  1. Critiques de la théorie de Kirchheimer
  • Pas un modèle universel :
  • Les transformations des partis dépendent étroitement des contextes électoraux et sociétaux (ex : modes de scrutin).

  • Pas toujours une trajectoire linéaire vers la neutralisation idéologique.

III. Les Évolutions des Partis selon Panebianco et Katz et Mair

  1. Panebianco : Partis électoraux professionnels
  • Angelo Panebianco, « Political Parties, Organization and Power », 1988
  • L’émergence des « machines électorales » :
  • Les partis concentrent leurs efforts sur la conquête électorale à l’aide d’outils sophistiqués.
  • Exemple : Campagne Obama 2008, avec un usage accru des réseaux sociaux.
  • Transfert de compétences des sphères professionnelles vers les partis.
  1. Katz et Mair : Partis cartels
  • Richard Katz et Peter Mair, « Changing Models of Party Organization and Party Democracy », 1995
  • Relations entre partis et État :
  • Les grands partis monopolisent les ressources publiques et adaptent les lois à leur avantage.
  • Exemple : Financement public en France distribué selon les élus, favorisant les partis majeurs.
  • Érosion des relations avec la société civile et déséquilibre vers l’institutionnalisation.


Exemple de parti cartel :

-               Italie : Variations des Lois Électorales

  1. Contexte des Années 2010
  • La loi électorale varie selon les partis au pouvoir.
  • Sous la coalition de gauche/centre-gauche, dirigée par Matteo Renzi :
  • Promesse de maintenir un mode de scrutin proportionnel pour rassurer toutes les forces politiques.
  • Introduction d'une prime à la majorité, accordée à une coalition obtenant au moins 40 % des voix.
  • Objectif : stabiliser la majorité électorale et la coalition gagnante.
  • Renzi a proposé de permettre qu’un parti seul, et non une coalition, puisse obtenir la prime à la majorité.
  • Cette modification a été rejetée par référendum.

-               Royaume-Uni : Maintien du Scrutin Majoritaire

  1. Discussions sur le Mode de Scrutin
  • Intérêt d’introduire un système proportionnel discuté, notamment après l’exemple de la Nouvelle-Zélande, qui est passée du majoritaire au proportionnel.
  • Les élections européennes, qui doivent se tenir à la proportionnelle, ont renforcé la conviction des deux grands partis britanniques (Conservateurs et Travaillistes) de maintenir le scrutin majoritaire pour les élections parlementaires.

Notion de "Partis Cartels" 

  1. Une Lecture Innovante
  • Les grands partis tendent à rationaliser leur fonctionnement en minimisant l’arrivée de nouveaux concurrents.
  • Exemple d’outils :
  • Mode de scrutin : Maintien des systèmes qui favorisent les grands partis (ex : scrutin majoritaire).
  • Financement public : Distribution proportionnelle au nombre d’élus, ce qui avantage les grands partis.
  • Visibilité médiatique : Temps de parole attribué selon les résultats électoraux précédents.
  1. Rapport à la Société Civile
  • Les grands partis tendent à externaliser leurs ressources (financières, stratégiques), réduisant leur dépendance aux militants.
  • Conséquences :
  • Moins de militants implique un affaiblissement des liens avec la société civile.
  • Relation plus forte avec l’État.
  • Cependant, certaines évolutions contredisent cette théorie :
  • Modifications statutaires dans les années 1990 donnant plus de pouvoir aux adhérents (ex : élections internes des dirigeants).
  • Katz et Mair interprètent ces processus comme renforçant la dépendance des adhérents vis-à-vis des leaders, ces derniers gagnant en légitimité par les élections internes.
  1. Interprétation des Partis Cartels
  • Tendance des partis à externaliser leurs relations avec d’autres groupes de la société civile.
  • État de plus en plus impliqué dans la consultation des acteurs intermédiaires (organisations, experts).
  • Les interactions entre partis et société s’inscrivent dans des dynamiques d’évolution des rapports entre l’État et les institutions.

IV. Les Interactions entre Partis et le Concept de Système Partisan

  1. Pratiques de Coalition
  • Multiplication des coalitions, relations coopératives et constructives entre partis.
  • Logique électorale : Les partis comprennent que leurs chances de victoire passent par la coopération plutôt que par une stratégie égoïste.
  1. Système Partisan
  • Définition : Système de relations structurées et stables entre partis dans un même système politique.
  • Relations structurées :
  • Confrontation : Organisation des termes de la concurrence électorale.
  • Coopération : Alliances et coalitions.
  • Stabilité : Comprendre les facteurs qui facilitent ou entravent la structuration des relations et la stabilité du système.

V. Modèles de Systèmes Partisans

  1. Duverger (1951) : Bipartisme et Multipartisme
  • Bipartisme :
  • Deux partis majeurs alternent au pouvoir (ex : USA, Royaume-Uni).
  • Recherche de soutien hors partis mineurs.
  • Multipartisme :
  • Coalition nécessaire pour gouverner.
  • Importance de la stabilité et de la coordination entre partis.
  • Ex : Allemagne, avec les libéraux pouvant s’allier à la droite ou à la gauche.
  1. Sartori (1976) : Dynamique des Pôles et Polarisation
  • Sartori enrichit la théorie en ajoutant la notion de pôles et de polarisation :
  • Centrifuge : Les partis s’éloignent des compromis (clivages exacerbés).
  • Centripète : Les partis se rapprochent pour faciliter les compromis (modération idéologique).
  • Notion de « Relevant Parties » :
  • Partis influents qui modèlent les clivages et restructurent les débats politiques.
  • Ex : FN en France, qui impose la question de l’immigration comme un clivage central.

VI. La Vie Politique Française : Polarisation et Évolution

  1. Élections Présidentielles
  • Passage au scrutin direct en 1965 : Importance accrue des personnalités politiques.
  • 1972 : Programme commun de gouvernement entre le PS, le PCF et le MRG.
  • Génère des pratiques de désistements réciproques pour battre la droite.

  • 1981 : Coalition PS-PCF au gouvernement jusqu’en 1984.
  1. Émergence du FN
  • 1972 : Création du FN.
  • Années 1980 : Pertinence politique accrue (14 % aux élections de 1988).
  • Thème de l’immigration devient central à partir de 1978.
  • Restructuration des clivages politiques autour de cet enjeu.


1. Ascendant de la France Insoumise (FI) et coalition NUPES :

  • L'ascendant de FI parmi les partis de gauche se manifeste notamment grâce à son score à l’élection présidentielle.
  • Cet ascendant conduit à des accords :
  • Législatives 2022 : création de la coalition NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale).
  • NFP 2024 : nouvel accord de coalition dans un délai rapide.
  • Ces accords sont marqués par une solidarité forte, intégrant un volet programmatique revendiqué et largement porté par les acteurs.
  • Conditions nécessaires :
  • Expertise précise de la carte électorale.
  • Règles de répartition des circonscriptions respectées.
  • Accord technique exigeant, aboutissant à des candidatures communes.
  • Caractère inédit :
  • Accord intégral : un parti ne peut être intégré à la coalition que s’il s’engage à ne présenter des candidats que dans les circonscriptions prévues.
  • Comparaison : Différent des accords de 1997, moins contraignants.
  • Conséquences sur le financement des partis :
  • Si un parti ne présente pas de candidats dans au moins 50 circonscriptions, il risque de devenir dépendant financièrement.


2. Modes de scrutin selon Maurice Duverger ("Les Partis Politiques", 1951) :

Duverger explique la manière dont les règles de scrutin influencent la nature des systèmes partisans. Il identifie trois principaux modes :

  • Scrutin majoritaire à un tour (uninominal) :
  • Un poste par circonscription ; le candidat en tête est élu sans besoin de majorité absolue.
  • Induit le bipartisme : deux partis majeurs dominent, car une forte présence électorale est nécessaire pour gagner.
  • Exemple : Royaume-Uni, États-Unis.
  • Scrutin majoritaire à deux tours (uninominal) :
  • Si un candidat obtient la majorité absolue au premier tour, il est élu ; sinon, un second tour départage les candidats.
  • Induit le multipartisme :
  • Permet à des partis plus modestes de tenter leur chance au premier tour.
  • Favorise les relations de coopération pour le report des voix au second tour.
  • Exemple : système français.
  • Scrutin proportionnel :
  • Les sièges sont attribués proportionnellement aux voix obtenues, selon un seuil minimum pour être élu.
  • Induit également le multipartisme, avec un grand nombre de partis.
  • Les partis sont souvent indépendants avant les élections, bien qu'ils puissent former des coalitions après.
  • Plus le seuil de qualification est élevé, plus les petits partis sont désavantagés.

Analyse générale :

  • Ces modes influencent fortement les comportements des partis politiques en fonction des objectifs électoraux.
  • Une tendance récente (12-15 dernières années) montre une augmentation du nombre de partis, causant une fragmentation et une instabilité accrues.


3. Exemples de coalitions et alliances électorales en France :

  • Présidence de Valéry Giscard d'Estaing (VGE) en 1974 :
  • Alternative au néogaullisme, soutenue par des jeunes cadres gaullistes.
  • Chirac devient Premier ministre et une coalition se forme entre gaullistes "traîtres" et centristes libéraux.
  • Tensions internes sur des sujets comme le libéralisme économique et les questions européennes.
  • Chirac démissionne en 1976, fonde le RPR, et la fédération UDF est créée en 1978 pour harmoniser les efforts des centristes et libéraux.
  • Élection de 1981 :
  • La droite perd la majorité présidentielle et parlementaire.
  • Les deux grandes familles de droite se rapprochent pour éviter d'autres défaites électorales.
  • Formation de l'UNM (Union pour la Nouvelle Majorité), une alliance électorale entre les droites sans volet programmatique.
  • Mise en place de candidatures uniques dans les circonscriptions stratégiques.
  • Élections législatives de 1986 :
  • Seules élections législatives à la proportionnelle sous la Cinquième République.
  • Émergence du FN qui obtient des sièges.
  • La droite présente des listes communes dans certains départements.
  • Fusion des partis dans les années 2000 :
  • Après la victoire de la gauche plurielle en 1997, le RPR et l’UDF concluent un protocole d’accord.
  • En 2001, proposition de fusion entre RPR et UDF, donnant naissance à l’UMP en 2002 (Union pour la majorité présidentielle, puis Union pour un mouvement populaire).
  • Cette fusion vise à contrer la montée du FN et garantir une meilleure performance électorale.


II. La sélection et les activités des dirigeants et élus

1. Sociologie et désignation des dirigeants

  • Importance de la sociologie des dirigeants :
  • Permet de comprendre l’évolution des partis politiques.
  • Rôle des dirigeants varie selon les partis (exemple : secrétaires départementaux du PS qui influencent les décisions nationales).
  • Exemples de modèles organisationnels :
  • Partis trotskystes (ex. LO) :
  • Direction souvent collégiale.
  • Fonction électorale symbolisée par une figure emblématique (ex. Arlette Laguiller) sans concentration du pouvoir.
  • Les Verts/EELV :
  • Refus initial de la centralisation du pouvoir (porte-paroles multiples, décisions prises en AG régionales).
  • Tensions dues à la personnalisation des campagnes (ex. Y. Jadot désigné pour plusieurs scrutins).


2. Évolution des pratiques de désignation au Parti Socialiste (PS) :

  • Héritage historique :
  • Congrès d’Épinay (1971) :
  • Statut selon lequel "la direction appartient au parti lui-même".
  • Défiance envers la concentration des pouvoirs entre fonction dirigeante et candidature présidentielle.
  • Mitterrand brise cette logique en devenant à la fois dirigeant et candidat.
  • Réformes internes :
  • Congrès de Rennes (1992) :
  • Proposition d’élection directe des dirigeants par les adhérents pour démocratiser le processus.

  • Réforme Jospin (1995) :
  • Introduction de votes sur les textes et les fonctions dans toutes les instances.

  • Congrès de 2008 :
  • Restriction à deux candidats pour la fonction de premier secrétaire.
  • Incidences électorales :
  • Absence de continuité entre les fonctions de dirigeant et de candidat à partir de 1995 :
  • 2007 : Ségolène Royal, candidate, non dirigeante.
  • 2012 : François Hollande, ancien premier secrétaire, candidat.
  • 2017 : Benoît Hamon, issu d’une aile contestataire.

3. Le cas des partis gaullistes (RPR, UMP, LR) :

  • Culture du chef :
  • Conjonction historique entre dirigeant du parti et candidat à la présidentielle.
  • Exemple de trahisons internes : soutien de jeunes députés gaullistes à VGE en 1974, contre Chaban-Delmas.
  • Évolutions post-gaullistes :
  • Chirac (1995) : Se met en retrait, ce qui mène à la rivalité avec Balladur.
  • Sarkozy (2004) : Élu président du parti (RPR/UMP) pour préparer sa candidature.
  • Fillon et Copé (2012) : Conflits internes pour la présidence du parti.
  • Primaires ouvertes :
  • Instituées en 2016, elles affaiblissent le lien traditionnel entre dirigeant et candidature.


4. Dépendance aux résultats électoraux et fragilité des dirigeants

  • Spécificité française :
  • Liée à l’importance de l’élection présidentielle.
  • Une mauvaise performance électorale fragilise les dirigeants (ex. Rocard après les élections européennes).
  • Comparaisons internationales :
  • Grande-Bretagne :
  • Les dirigeants des partis travaillistes ou conservateurs démissionnent après un échec aux élections générales.

  • Allemagne et Italie :
  • Les modes de scrutin proportionnels atténuent les impacts d’une défaite électorale.

  • États-Unis :
  • Leadership déterminé par les primaires ; rôle limité des directions nationales.


III. Les aspects idéologiques et financiers en lien avec les campagnes électorales

1. La fonction programmatique des partis :

  • Rôle du programme :
  • Synthétiser les propositions pour mobiliser les électeurs.
  • Offrir une plateforme cohérente pour les citoyens et les alliés potentiels.
  • Exemple : PS avec ses conventions thématiques (2010-2011) pour préparer les élections législatives de 2012.
  • Défiance et adaptations :
  • LREM (2019) :
  • Réticence à produire un programme, finalement construit par un cercle de proches issus de la haute fonction publique.

  • Ségolène Royal (2007) :
  • Programme construit via l’organisation externe "Désirs d’avenir", détachée du PS.

2. Financement des campagnes :

  • Sources de financement :
  • Collecte de dons : exemple de contrastes en 2017 :
  • LFI : 2 millions d’euros (25 € par donateur en moyenne).
  • LREM : 9 millions d’euros (250 € par donateur en moyenne).
  • Contributions aux primaires : couverture des frais de campagne (exemple : Fillon en 2017).
  • Difficultés d’accès aux prêts bancaires :
  • Les banques hésitent à financer des candidats à faible probabilité de succès.
  • Proposition d’une garantie publique pour sécuriser les financements électoraux.
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