Les AAI et les API jouent un rôle central dans la régulation économique et sociale en France. Leur apparition, il y a plus de 40 ans, a suscité un double débat :
- La légitimité institutionnelle et le contrôle démocratique vis-à-vis des AAI dans un système de démocratie représentative.
- Le renforcement de l’État administratif, étant donné que les AAI disposent de pouvoirs administratifs classiques et parajuridictionnels.
Le présent document vise à évaluer la légitimité des AAI en dehors du cadre électoral, à travers la participation des citoyens et leur rôle dans la démocratie participative et délibérative.
A) Participation à la Composition des AAI et API
1. Modes de Désignation des Membres
- Nomination par des juridictions suprêmes ou des autorités politiques.
- L’élection, lorsqu’elle existe (ex : CNIL), reste confinée aux mêmes viviers (assemblées générales des institutions comme le Conseil d’État, Cour de cassation, etc.).
2. Origine des Membres
- Rapport sénatorial de 2015 : 30 % des sièges occupés par des magistrats, soit 167 sur 545.
- Faible présence de la société civile ou de simples citoyens.
- Peu de représentants d’intérêts structurés ou groupes de pression (contrairement à des traditions anglo-saxonnes).
- Cette situation reflète une tradition française depuis la Révolution, marquée par la suppression des corps intermédiaires.
B) Participation à l’élaboration des Actes de Droit Dur
1. Modèles Participatifs
a) Procédures de sanction :
- Respect du principe du contradictoire (indépendance et impartialité).
- Jurisprudence du Conseil constitutionnel : nécessité d’une séparation fonctionnelle ou organique des phases de la procédure de sanction.
- Les parties doivent avoir accès aux mêmes informations et pouvoir formuler des observations.
b) Procédures de transaction :
- Exemple : Autorité de la concurrence permet aux entreprises de renoncer à contester les griefs et de s’engager à modifier leur comportement pour l’avenir.
- Une fourchette de sanctions pécuniaires est fixée en fonction des engagements pris.
c) Motivation des décisions administratives :
- Depuis la loi de juillet 1979, les administrations doivent recueillir les observations des administrés avant de prendre certaines décisions.
- Cela garantit une participation minimale des citoyens dans le processus.
d) Consultation du Public
- Exemples :
- ARCOM : Consultation publique avant l’attribution de droits d’usage individuel.
- ARCEP : Consultation pour des décisions ayant une incidence importante sur le marché.
- En matière de communication audiovisuelle (art. 38 de la loi sur la liberté de communication), une consultation est obligatoire avant l’utilisation d’une fréquence hertzienne.
C) Participation à l’élaboration des Actes de Droit Souple
- Lignes directrices :
- Jurisprudence CE, 21 mars 2016, Fervesta International c/ Société NC Numéricable.
- Les AAI consultent les citoyens avant l’élaboration ou la modification de lignes directrices.
- Ces instruments non contraignants permettent une participation poussée en raison de l’absence de caractère coercitif.