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On ne badine pas avec l'amour EAF

Définition

Jeux
Du latin jocus, qui signifie « jeu, amusement » mais également « plaisanterie, badinage », ce terme étant régulièrement opposé dans les textes latins aux choses sérieuses. « Nous sommes deux enfants insensés, et nous avons joué avec la vie et la mort. » (III. 8)
Coeur
Polysémie: sens concret → c’est un organe du corps, qui pompe le sang et permet de vivre. / Sens figuré (littéraire) → il représente le siège des sentiments, des émotions, de la sensibilité morale. C’est le lieu de l’amour, de la tendresse, mais aussi des conflits intérieurs.
Parole
La parole désigne la faculté de s’exprimer avec des mots → dans un contexte littéraire, c’est un outil de communication entre les personnages, mais aussi un moyen d’agir : séduire, mentir, manipuler, se défendre, blesser ou révéler ses sentiments. Elle peut être sincère (expression du cœur) ou trompeuse (jeu, masque, ruse)
Badinage
badiner → verbe transitif désignant « plaisanter avec légèreté » ou encore « manipuler pour divertir » → jeu de l'esprit dans lequel on utilise sa parole pour manier les émotions d'autrui

Alfred de Musset

Naissance: 11 décembre 1810

Provient d'une famille noble et cultivée

Etudes au lycée Henri IV, études de droit et de médecine (et brièvement de peinture); il fréquente les écrivains romantiques

Ecrit un peu de poèmes qui rencontrent une succès (comme ceux du recueil des Contes d'Espagne et d'Italie); se tourne vers la dramaturgie mais connait un échec profond avec la publication de La Nuit vénitienne → il décide alors de ne plus écrire pour la scène mais pour être lu dans un fauteuil: ses œuvres connaîtront par la suite des succès plus ou moins conséquents.

Entretient une liaison mouvementée avec George Sand au début des années 1830

Est nommé conservateur de la bibliothèque du ministère de l'Intérieur de 1838 à 1848 (après la révolution de février 1848 mettant fin à la monarchie de Juillet)

Est décoré de la Légion d'honneur en 1845 Est élu à l'Académie française en 1852 et nommé l'année suivant conservateur de la bibliothèque du ministère de l'instruction publique sous le Second Empire Décès: 2 mai 1857 (il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise)

L'œuvre : On ne badine pas avec l'amour

Date de publication de "On ne badine pas avec l'amour": 1834

Pièce-proverbe: Musset rattache sa pièce à un type de comédie courte alors en vogue dans les salons mondains; cependant, l'auteur s'éloigne du simple et bref divertissement en étoffant et en complexifiant l'intrigue et la psychologie des personnages: la pièce se rapproche du drame romantique, et son dénouement tragique confirme l'avertissement annoncé par le titre: il ne faut pas prendre l'amour à la légère

Romantisme: mélange des registres (passages comiques, tirades lyriques...), non-respect de l'unité de temps (se déroule en 3 jours), de l'unité de lieu (plusieurs lieux) et de l'unité d'action (plusieurs intrigues), sensibilités romantiques de Camille et Perdican...

Drame romantique qui mêle, selon Victor Hugo, " le sublime et le grotesque "

Pièce de théâtre en trois actes

Le titre a un rôle moralisateur

Intrigue et structure

INTRIGUE: L'action se passe au sein d'un château, semblable à celui des contes de fée, à l'intérieur (salon, salle à manger, chambre de Camille, oratoire) comme à l'extérieur (place devant le château, jardin, champ, chemin, petit bois, fontaine)

Réunion, sous la demande du baron, après 10 ans de séparation, de Camille (sa nièce) et de Perdican (son fils) dans l'objectif de les marier

Perdican se heurte très vite à la froideur de sa cousine qui, tentée par une vie vouée à Dieu s'enquiert de sa vision de l'amour, mais se voit confortée dans sa peur de l'inconstance humaine

Badinage entre les protagonistes provoqué par une lettre de Camille → Perdican se venge de Camille en courtisant une jeune paysanne, Rosette, sœur de lait de Camille, sous les yeux de cette dernière Badinage qui débouche sur la vérité des sentiments des deux protagonistes mais qui provoque la mort de Rosette ayant pour conséquence leur séparation définitive

STRUCTURE:

Acte I - Exposition et nœud de l'intrigue principale: présentation des personnages lors de la première scène - réunion de Camille et Perdican, objectif de les marier

Acte II - Première péripéties: tentative manquée de réconciliation - Perdican courtise Rosette - dispute entre Camille et Perdican au sujet de l'amour

Acte III - Multiplication des péripéties avant le dénouement: Perdican se questionne au sujet de ses sentiments pour Camille - Perdican intercepte une lettre de Camille dans laquelle elle parle de lui avec condescendance - début de la vengeance de Perdican en courtisant Rosette devant Camille - Camille, jalouse, décide de faire avouer Perdican de son amour pour elle devant Rosette (mais Perdican s'engage à épouser Rosette) - Camille et Perdican s'avouent leurs sentiments - rupture des deux protagonistes après la mort de Rosette à la suite de leur badinage amoureux

Personnages principaux

Camille et Perdican: ils appartiennent à l'aristocratie ont sensiblement le même âge union des deux jeunes rêvée par le baron n'est qu'illusoire évoluent dans la pièce sur le mode de l'affrontement mêlé entre leurs contradictions intérieures et leurs jeux

Camille: pieuse (veut se faire religieuse) - porte-parole de la condition féminine de son temps : " Il y a deux-cents femmes dans notre couvent; un tout petit nombre de ces femmes ne connaîtra jamais la vie, et tout le reste attend la mort " (II,5) - indécise: rejette Perdican, lui avoue les vraies raisons de sa venus; ambigüe mais parfois sincère; quelquefois jalouse; orgueilleuse; pousse Perdican aux aveux

Perdican: passionné & cultivé: maîtrise les domaines culturels, littéraires, scientifiques, rhétorique, droit romain... - docteur (a décroché un doctorat) à Paris - séducteur / charmeur mais n'ose pas dévoiler ses sentiments sincères à Camille

Rosette: le suffixe "ette" associé au radical "rose" signifie "petite rose" ou "petite rosière" → elle est enracinée dans le monde champêtre, incarne la nature et s'oppose aux symboles de la culture - innocente - lucide mais naïve - issue de la paysannerie - archétype de la jeune paysanne sacrifiée pour satisfaire l'hubris des maîtres (ici Camille et Perdican)

Les personnages grotesques: incarnent une époque dépassée face aux amoureux dont ils ne comprennent pas les comportements ridicules, ils provoquent le rire

Le baron: père de Perdican et oncle de Camille - manque d'autorité fermé - correspond au type traditionnel du père dans les comédies, à la fois orgueilleux, obstiné, colérique, ce qui contribue chaque fois à la ridiculiser

Maître Blazius : gouverneur de Perdican - bavard/ ignorant/ pédant/ ivrogne et hypocrite

Maître Bridaine : curé de la paroisse - bavard/ ignorant/ ivrogne

Dame Pluche : religieuse - gouvernante de Camille - son nom est en contraste (pluche/ plume) avec son comportement aigri avec laquelle elle entend diriger les actions de Camille

Le chœur des paysans: reprise d'une tradition antique - commente les actions - renforce les émotions

Thèmes majeurs

Le mariage

Le baron souhaite le mariage et ce sont les enfants qui vont l'empêcher

Union de deux jeunes gens désenchantés

→ de l'amour, Camille ne connaît que les peines, apprises au couvent

→ Perdican pose un regard sans illusions sur l'humanité : "le monde n'est pas qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange [...]" (II,5)

Mise en place d'un badinage (qui ne sera pas sans conséquences) pour repousser le mariage

→ les paroles se transforment en < persiflages » qui visent à blesser l'autre

→ double énonciation

→ vengeance: jeux de séduction, mensonges, lettres...

Une issue tragique au moment de l'annonce des sentiments sincères et réciproques entre les deux protagonistes

→ Rosette est la principale victime de ce badinage : bien qu'innocente soit-elle, elle meurt des jeux cruels menés par les deux protagonistes (Camille marquant le coup final en la cachant derrière l'autel)

→ L'union entre Camille et Perdican devient in fine impossible de par leur rupture définitive "Elle est morte. Adieu, Perdican." (III,8)

Le tout entraîne une réflexion sur leur culpabilité et/ou leur innocence vis à vis de cette fatale tragédie

L'éducation

Deux parcours différents:

Camille est au couvent / Perdican a fait des études à l'université

Deux conceptions diamétralement opposées de l'amour:

Camille se réfugie auprès de Dieu → recherche d'un amour stable et éternel, mais "factice" (II,5) / Perdican défend un amour terrestre bien qu'il soit imparfait

L'amour et la vengeance

Amour sincère:

Présent dès le début entre Camille et Perdican, mais non assumé.

L’amour est là, mais il est étouffé par l’orgueil des deux personnages.

Chacun attend que l’autre fasse le premier pas, par fierté.

Orgueil de protection (Camille):

Marquée par son éducation religieuse → méfiance envers les hommes, peur de souffrir.

Elle se protège derrière une froideur volontaire.

Son orgueil est défensif, elle refuse de montrer ses sentiments.

Orgueil blessé (Perdican):

Refus de perdre la face après le rejet de Camille.

Il transforme l’amour en stratégie de vengeance → séduction de Rosette.

L’égo masculin blessé alimente le désir de domination.

Vengeance amoureuse:

L’amour devient un jeu cruel, chacun cherche à blesser l’autre.

Manipulations, jalousie, persiflages : l’amour est défiguré.

L’orgueil nourrit la vengeance → on préfère punir plutôt qu’aimer.

Victime innocente (Rosette):

Utilisée comme instrument de jalousie.

Elle aime sincèrement Perdican, mais est sacrifiée dans leur guerre d’orgueil.

Sa mort est la conséquence tragique de leur badinage.

Amour impossible sans renoncement à l’orgueil:

Tant que Camille et Perdican restent dans la fierté et la peur, l’amour ne peut s’épanouir.

Musset montre que l’amour exige humilité, sincérité et abandon.

Ici, c’est l’orgueil – sous toutes ses formes – qui mène à la destruction de l’amour et à la tragédie finale.

Le bonheur impossible

La religion n'est pas salvatrice pour les personnages en quête de sens

→ elle n'est qu'un refuge pour éviter les peines de l'amour terrestre; c'est ce que tente,

en vain, Perdican de faire passer comme message à Camille

→ elle est associée à un univers conservateur où l'aigreur domine (d'où l'emplacement

de la dernière scène, un oratoire)

Les personnages sont attachés à une image sociale illusoire

→ Camille est en quête de respectabilité morale

→ le baron cherche dans l'union des deux protagonistes un héritage social qui ne se

diviserait pas et où le statut serait toujours respecté par la société

→ Rosette s'inquiète de sa réputation

→ Seul Perdican semble prendre de la distance avec les modèles sociaux et trouver une

consolation éphémère dans la nature : "Voilà donc ma chère vallée! mes noyers, mes

sentiers verts, ma petite fontaine" (I,4)

Le dessin d'une sombre image de l'homme confronté à la solitude

→ L'auteur blâme ainsi les défauts de l'être humain, leur orgueil et leur hypocrisie...

Le parcours : Les jeux du cœur et de la parole

Le badinage et « les jeux du cœur et de la parole »

badiner = verbe transitif désignant « plaisanter avec légèreté » ou encore « manipuler pour divertir » → jeu de l'esprit dans lequel on utilise sa parole pour manier les émotions d'autrui

Le conflit peut être à la fois externe (= oppose plusieurs personnages ou un individu à un ou des groupes entre eux) et interne (= il divise un personnage, l'écartèle entre des tentations contradictoires): il se traduit par sa complexité car il peut être d'ordre matrimonial, passionnel, moral ou encore idéologique

Pour traduire ce(s) conflit(s), le dramaturge a souvent recourt à de nombreux outils dramaturgiques tels que les stichomythies, les tirades, les niveaux de langage, les silences, les non-dits, les ironies...

Les jeux peuvent être ludiques ou cruels, quand il est mis au service de la manipulation ou de la ruse: stratagème/ illusion (elle sert d'abord à tromper, mais permet in fine de révéler la vérité)

Le cœur renvoie aux sentiments, à ce qui est central ("au cœur de quelque chose"), au secret, à l'indicible ("avoir quelque chose sur le cœur")

La parole est un outil de communication qui permet de convaincre et de persuader

Comprendre le parcours

La parole permet à la vérité du cœur (et donc des sentiments) d'être exprimée; mais elle peut toutefois chercher à tromper et à manipuler

→ outil de séduction, entre jeux des sentiments et les ruses

→ outil de vérité

→ outil de mensonge, de tromperie

Citations majeures

" Puissions-nous retrouver l'enfant dans le cœur de l'homme !" (I,1)

" Vous respectez mon sourire, mais vous ne respectez guère mes lèvres." (II,3)

"Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir; je veux aimer d'un amour éternel et faire des serment

qui ne se violent pas." (II,5)

"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches,

méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides,artificieuses, vaniteuses, curieuses et

dépravées [...]; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres

si imparfaits et si affreux. " (II,5)

"On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand

on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit: J'ai souffert,

je me suis trompé quelquefois; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé

par mon orgueil et mon ennui. " (II,5)

"Tu ne sais pas lire; mais tu sais ce que disent ces bois et ces prairies, ces tièdes rivières, ces

beaux champs couverts de moissons, toute cette nature splendide de jeunesse. " (III,3)

"Elle est morte. Adieu, Perdican."

A retenir :

Musset, dans "On ne badine pas avec l'amour", explore la complexité des relations amoureuses à travers des jeux de séduction et de parole qui oscillent entre le comique et le tragique. L'œuvre, inscrite dans le courant romantique, questionne les conventions sociales, les notions d'éducation et de respect. Les mots de Musset "On est souvent trompé en amour... mais j'ai aimé" soulignent une réflexion poignante sur l'amour et la vie, enrichissant le parcours 'les jeux du cœur et de la parole".


On ne badine pas avec l'amour EAF

Définition

Jeux
Du latin jocus, qui signifie « jeu, amusement » mais également « plaisanterie, badinage », ce terme étant régulièrement opposé dans les textes latins aux choses sérieuses. « Nous sommes deux enfants insensés, et nous avons joué avec la vie et la mort. » (III. 8)
Coeur
Polysémie: sens concret → c’est un organe du corps, qui pompe le sang et permet de vivre. / Sens figuré (littéraire) → il représente le siège des sentiments, des émotions, de la sensibilité morale. C’est le lieu de l’amour, de la tendresse, mais aussi des conflits intérieurs.
Parole
La parole désigne la faculté de s’exprimer avec des mots → dans un contexte littéraire, c’est un outil de communication entre les personnages, mais aussi un moyen d’agir : séduire, mentir, manipuler, se défendre, blesser ou révéler ses sentiments. Elle peut être sincère (expression du cœur) ou trompeuse (jeu, masque, ruse)
Badinage
badiner → verbe transitif désignant « plaisanter avec légèreté » ou encore « manipuler pour divertir » → jeu de l'esprit dans lequel on utilise sa parole pour manier les émotions d'autrui

Alfred de Musset

Naissance: 11 décembre 1810

Provient d'une famille noble et cultivée

Etudes au lycée Henri IV, études de droit et de médecine (et brièvement de peinture); il fréquente les écrivains romantiques

Ecrit un peu de poèmes qui rencontrent une succès (comme ceux du recueil des Contes d'Espagne et d'Italie); se tourne vers la dramaturgie mais connait un échec profond avec la publication de La Nuit vénitienne → il décide alors de ne plus écrire pour la scène mais pour être lu dans un fauteuil: ses œuvres connaîtront par la suite des succès plus ou moins conséquents.

Entretient une liaison mouvementée avec George Sand au début des années 1830

Est nommé conservateur de la bibliothèque du ministère de l'Intérieur de 1838 à 1848 (après la révolution de février 1848 mettant fin à la monarchie de Juillet)

Est décoré de la Légion d'honneur en 1845 Est élu à l'Académie française en 1852 et nommé l'année suivant conservateur de la bibliothèque du ministère de l'instruction publique sous le Second Empire Décès: 2 mai 1857 (il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise)

L'œuvre : On ne badine pas avec l'amour

Date de publication de "On ne badine pas avec l'amour": 1834

Pièce-proverbe: Musset rattache sa pièce à un type de comédie courte alors en vogue dans les salons mondains; cependant, l'auteur s'éloigne du simple et bref divertissement en étoffant et en complexifiant l'intrigue et la psychologie des personnages: la pièce se rapproche du drame romantique, et son dénouement tragique confirme l'avertissement annoncé par le titre: il ne faut pas prendre l'amour à la légère

Romantisme: mélange des registres (passages comiques, tirades lyriques...), non-respect de l'unité de temps (se déroule en 3 jours), de l'unité de lieu (plusieurs lieux) et de l'unité d'action (plusieurs intrigues), sensibilités romantiques de Camille et Perdican...

Drame romantique qui mêle, selon Victor Hugo, " le sublime et le grotesque "

Pièce de théâtre en trois actes

Le titre a un rôle moralisateur

Intrigue et structure

INTRIGUE: L'action se passe au sein d'un château, semblable à celui des contes de fée, à l'intérieur (salon, salle à manger, chambre de Camille, oratoire) comme à l'extérieur (place devant le château, jardin, champ, chemin, petit bois, fontaine)

Réunion, sous la demande du baron, après 10 ans de séparation, de Camille (sa nièce) et de Perdican (son fils) dans l'objectif de les marier

Perdican se heurte très vite à la froideur de sa cousine qui, tentée par une vie vouée à Dieu s'enquiert de sa vision de l'amour, mais se voit confortée dans sa peur de l'inconstance humaine

Badinage entre les protagonistes provoqué par une lettre de Camille → Perdican se venge de Camille en courtisant une jeune paysanne, Rosette, sœur de lait de Camille, sous les yeux de cette dernière Badinage qui débouche sur la vérité des sentiments des deux protagonistes mais qui provoque la mort de Rosette ayant pour conséquence leur séparation définitive

STRUCTURE:

Acte I - Exposition et nœud de l'intrigue principale: présentation des personnages lors de la première scène - réunion de Camille et Perdican, objectif de les marier

Acte II - Première péripéties: tentative manquée de réconciliation - Perdican courtise Rosette - dispute entre Camille et Perdican au sujet de l'amour

Acte III - Multiplication des péripéties avant le dénouement: Perdican se questionne au sujet de ses sentiments pour Camille - Perdican intercepte une lettre de Camille dans laquelle elle parle de lui avec condescendance - début de la vengeance de Perdican en courtisant Rosette devant Camille - Camille, jalouse, décide de faire avouer Perdican de son amour pour elle devant Rosette (mais Perdican s'engage à épouser Rosette) - Camille et Perdican s'avouent leurs sentiments - rupture des deux protagonistes après la mort de Rosette à la suite de leur badinage amoureux

Personnages principaux

Camille et Perdican: ils appartiennent à l'aristocratie ont sensiblement le même âge union des deux jeunes rêvée par le baron n'est qu'illusoire évoluent dans la pièce sur le mode de l'affrontement mêlé entre leurs contradictions intérieures et leurs jeux

Camille: pieuse (veut se faire religieuse) - porte-parole de la condition féminine de son temps : " Il y a deux-cents femmes dans notre couvent; un tout petit nombre de ces femmes ne connaîtra jamais la vie, et tout le reste attend la mort " (II,5) - indécise: rejette Perdican, lui avoue les vraies raisons de sa venus; ambigüe mais parfois sincère; quelquefois jalouse; orgueilleuse; pousse Perdican aux aveux

Perdican: passionné & cultivé: maîtrise les domaines culturels, littéraires, scientifiques, rhétorique, droit romain... - docteur (a décroché un doctorat) à Paris - séducteur / charmeur mais n'ose pas dévoiler ses sentiments sincères à Camille

Rosette: le suffixe "ette" associé au radical "rose" signifie "petite rose" ou "petite rosière" → elle est enracinée dans le monde champêtre, incarne la nature et s'oppose aux symboles de la culture - innocente - lucide mais naïve - issue de la paysannerie - archétype de la jeune paysanne sacrifiée pour satisfaire l'hubris des maîtres (ici Camille et Perdican)

Les personnages grotesques: incarnent une époque dépassée face aux amoureux dont ils ne comprennent pas les comportements ridicules, ils provoquent le rire

Le baron: père de Perdican et oncle de Camille - manque d'autorité fermé - correspond au type traditionnel du père dans les comédies, à la fois orgueilleux, obstiné, colérique, ce qui contribue chaque fois à la ridiculiser

Maître Blazius : gouverneur de Perdican - bavard/ ignorant/ pédant/ ivrogne et hypocrite

Maître Bridaine : curé de la paroisse - bavard/ ignorant/ ivrogne

Dame Pluche : religieuse - gouvernante de Camille - son nom est en contraste (pluche/ plume) avec son comportement aigri avec laquelle elle entend diriger les actions de Camille

Le chœur des paysans: reprise d'une tradition antique - commente les actions - renforce les émotions

Thèmes majeurs

Le mariage

Le baron souhaite le mariage et ce sont les enfants qui vont l'empêcher

Union de deux jeunes gens désenchantés

→ de l'amour, Camille ne connaît que les peines, apprises au couvent

→ Perdican pose un regard sans illusions sur l'humanité : "le monde n'est pas qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange [...]" (II,5)

Mise en place d'un badinage (qui ne sera pas sans conséquences) pour repousser le mariage

→ les paroles se transforment en < persiflages » qui visent à blesser l'autre

→ double énonciation

→ vengeance: jeux de séduction, mensonges, lettres...

Une issue tragique au moment de l'annonce des sentiments sincères et réciproques entre les deux protagonistes

→ Rosette est la principale victime de ce badinage : bien qu'innocente soit-elle, elle meurt des jeux cruels menés par les deux protagonistes (Camille marquant le coup final en la cachant derrière l'autel)

→ L'union entre Camille et Perdican devient in fine impossible de par leur rupture définitive "Elle est morte. Adieu, Perdican." (III,8)

Le tout entraîne une réflexion sur leur culpabilité et/ou leur innocence vis à vis de cette fatale tragédie

L'éducation

Deux parcours différents:

Camille est au couvent / Perdican a fait des études à l'université

Deux conceptions diamétralement opposées de l'amour:

Camille se réfugie auprès de Dieu → recherche d'un amour stable et éternel, mais "factice" (II,5) / Perdican défend un amour terrestre bien qu'il soit imparfait

L'amour et la vengeance

Amour sincère:

Présent dès le début entre Camille et Perdican, mais non assumé.

L’amour est là, mais il est étouffé par l’orgueil des deux personnages.

Chacun attend que l’autre fasse le premier pas, par fierté.

Orgueil de protection (Camille):

Marquée par son éducation religieuse → méfiance envers les hommes, peur de souffrir.

Elle se protège derrière une froideur volontaire.

Son orgueil est défensif, elle refuse de montrer ses sentiments.

Orgueil blessé (Perdican):

Refus de perdre la face après le rejet de Camille.

Il transforme l’amour en stratégie de vengeance → séduction de Rosette.

L’égo masculin blessé alimente le désir de domination.

Vengeance amoureuse:

L’amour devient un jeu cruel, chacun cherche à blesser l’autre.

Manipulations, jalousie, persiflages : l’amour est défiguré.

L’orgueil nourrit la vengeance → on préfère punir plutôt qu’aimer.

Victime innocente (Rosette):

Utilisée comme instrument de jalousie.

Elle aime sincèrement Perdican, mais est sacrifiée dans leur guerre d’orgueil.

Sa mort est la conséquence tragique de leur badinage.

Amour impossible sans renoncement à l’orgueil:

Tant que Camille et Perdican restent dans la fierté et la peur, l’amour ne peut s’épanouir.

Musset montre que l’amour exige humilité, sincérité et abandon.

Ici, c’est l’orgueil – sous toutes ses formes – qui mène à la destruction de l’amour et à la tragédie finale.

Le bonheur impossible

La religion n'est pas salvatrice pour les personnages en quête de sens

→ elle n'est qu'un refuge pour éviter les peines de l'amour terrestre; c'est ce que tente,

en vain, Perdican de faire passer comme message à Camille

→ elle est associée à un univers conservateur où l'aigreur domine (d'où l'emplacement

de la dernière scène, un oratoire)

Les personnages sont attachés à une image sociale illusoire

→ Camille est en quête de respectabilité morale

→ le baron cherche dans l'union des deux protagonistes un héritage social qui ne se

diviserait pas et où le statut serait toujours respecté par la société

→ Rosette s'inquiète de sa réputation

→ Seul Perdican semble prendre de la distance avec les modèles sociaux et trouver une

consolation éphémère dans la nature : "Voilà donc ma chère vallée! mes noyers, mes

sentiers verts, ma petite fontaine" (I,4)

Le dessin d'une sombre image de l'homme confronté à la solitude

→ L'auteur blâme ainsi les défauts de l'être humain, leur orgueil et leur hypocrisie...

Le parcours : Les jeux du cœur et de la parole

Le badinage et « les jeux du cœur et de la parole »

badiner = verbe transitif désignant « plaisanter avec légèreté » ou encore « manipuler pour divertir » → jeu de l'esprit dans lequel on utilise sa parole pour manier les émotions d'autrui

Le conflit peut être à la fois externe (= oppose plusieurs personnages ou un individu à un ou des groupes entre eux) et interne (= il divise un personnage, l'écartèle entre des tentations contradictoires): il se traduit par sa complexité car il peut être d'ordre matrimonial, passionnel, moral ou encore idéologique

Pour traduire ce(s) conflit(s), le dramaturge a souvent recourt à de nombreux outils dramaturgiques tels que les stichomythies, les tirades, les niveaux de langage, les silences, les non-dits, les ironies...

Les jeux peuvent être ludiques ou cruels, quand il est mis au service de la manipulation ou de la ruse: stratagème/ illusion (elle sert d'abord à tromper, mais permet in fine de révéler la vérité)

Le cœur renvoie aux sentiments, à ce qui est central ("au cœur de quelque chose"), au secret, à l'indicible ("avoir quelque chose sur le cœur")

La parole est un outil de communication qui permet de convaincre et de persuader

Comprendre le parcours

La parole permet à la vérité du cœur (et donc des sentiments) d'être exprimée; mais elle peut toutefois chercher à tromper et à manipuler

→ outil de séduction, entre jeux des sentiments et les ruses

→ outil de vérité

→ outil de mensonge, de tromperie

Citations majeures

" Puissions-nous retrouver l'enfant dans le cœur de l'homme !" (I,1)

" Vous respectez mon sourire, mais vous ne respectez guère mes lèvres." (II,3)

"Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir; je veux aimer d'un amour éternel et faire des serment

qui ne se violent pas." (II,5)

"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches,

méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides,artificieuses, vaniteuses, curieuses et

dépravées [...]; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres

si imparfaits et si affreux. " (II,5)

"On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand

on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit: J'ai souffert,

je me suis trompé quelquefois; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé

par mon orgueil et mon ennui. " (II,5)

"Tu ne sais pas lire; mais tu sais ce que disent ces bois et ces prairies, ces tièdes rivières, ces

beaux champs couverts de moissons, toute cette nature splendide de jeunesse. " (III,3)

"Elle est morte. Adieu, Perdican."

A retenir :

Musset, dans "On ne badine pas avec l'amour", explore la complexité des relations amoureuses à travers des jeux de séduction et de parole qui oscillent entre le comique et le tragique. L'œuvre, inscrite dans le courant romantique, questionne les conventions sociales, les notions d'éducation et de respect. Les mots de Musset "On est souvent trompé en amour... mais j'ai aimé" soulignent une réflexion poignante sur l'amour et la vie, enrichissant le parcours 'les jeux du cœur et de la parole".

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