1) Grands principes de fonctionnement de l'écriture française
La langue française est alphabétique, ce qui signifie que les lettres (unités graphiques) sont censées transcrire les phonèmes (sons) du français. En théorie, chaque lettre devrait correspondre à un phonème, comme dans l'exemple par [paR], où chaque lettre représente un son. Cependant, plusieurs exceptions viennent complexifier cette correspondance entre graphèmes et phonèmes :
- Un phonème peut être écrit avec plusieurs graphèmes : Par exemple, le son [s] peut être transcrit par "ss", "t", etc.
- Une lettre peut correspondre à plusieurs phonèmes : Par exemple, la lettre "c" peut être prononcée [k] dans car ou [s] dans cicatrice.
- Un groupe de lettres peut correspondre à un seul phonème : Par exemple, "au" ou "eau" qui se prononcent tous deux /o/.
- Certaines lettres sont muettes et peuvent avoir une valeur grammaticale ou sémantique. Par exemple, le "e" muet dans parle, ou le "t" dans ballet. Certaines lettres, même muettes, peuvent être prononcées en liaison dans certains contextes.
- Origines étymologiques ou historiques : La présence de certaines lettres dans un mot peut révéler son origine. Par exemple, dans le mot compter, la lettre "m" vient du latin computare. Le doublement de la lettre "n" dans donner marquait une ancienne prononciation [n], aujourd'hui disparue.
2) Les types de graphèmes
Un graphème est la plus petite unité distinctive de l'écriture, l'équivalent du phonème mais dans le domaine de l'écriture. Un graphème peut se présenter sous différentes formes :
- Une seule lettre : Par exemple, la lettre "a" dans par.
- Un digramme : Deux lettres qui représentent un seul phonème. Exemple : "an" (prononcé [ɑ̃]), "on" (prononcé [ɔ̃]), "au" (prononcé [o]), "ai" (prononcé [ɛ]), "ph" (prononcé [f]).
- Un trigramme : Trois lettres qui représentent un seul phonème. Exemple : "eau" (prononcé [o]), "oin" (prononcé [wɛ̃]).
- Une lettre avec un signe diacritique ou une cédille : Par exemple, "é", "ê", "ü", "ç", où le signe diacritique modifie la prononciation ou la fonction de la lettre.
En somme, la correspondance entre l'écrit et le parlé est complexe en français. Les graphèmes peuvent être composés d'une seule lettre ou de plusieurs lettres (digrammes, trigrammes), et peuvent aussi être associés à des signes diacritiques qui influencent leur prononciation. L'écriture du français porte aussi des traces historiques et étymologiques, et certaines lettres, bien qu'elles soient muettes, conservent une fonction grammaticale ou sémantique importante.
Les phonogrammes, morphogrammes et logogrammes sont trois types de signes graphiques utilisés dans l'écriture, chacun ayant un rôle différent selon ce qu'ils représentent. Voici un détail de chacun :
1. Phonogrammes
Un phonogramme est un signe graphique qui représente un phonème ou un groupe de phonèmes, c'est-à-dire une unité sonore. Les phonogrammes sont utilisés pour transcrire la parole dans un système écrit, en liant directement l'écriture à la prononciation.
- Exemple :
- En français, chaque lettre ou groupe de lettres peut être un phonogramme :
- La lettre "p" dans par représente le phonème /p/.
- Le digramme "ch" dans chat représente le phonème /ʃ/.
Les phonogrammes sont couramment utilisés dans les systèmes alphabétiques, comme le français, où chaque graphème est censé correspondre à un phonème. Cependant, comme mentionné précédemment, cette correspondance n'est pas toujours exacte à cause des particularités de la langue (lettres muettes, variations de prononciation, etc.).
2. Morphogrammes
Un morphogramme est un signe graphique qui représente un morphème, c'est-à-dire la plus petite unité de sens d'une langue. Un morphème peut être un mot entier ou une partie de mot (préfixe, suffixe, racine). Le morphogramme est lié à la signification plutôt qu'à la simple prononciation.
- Exemple :
- En français, le mot "chante" peut être découpé en plusieurs morphogrammes :
- "chant" (la racine, liée au sens de chanter) et "-e" (un suffixe qui marque la conjugaison du verbe au présent de l'indicatif, première personne du singulier).
- Le s final dans chats est aussi un morphogramme qui marque le pluriel.
Les morphogrammes sont donc souvent utilisés dans des systèmes d'écriture logographiques ou dans des alphabets où certaines lettres, ou groupes de lettres, ont une valeur de signification et pas seulement de son. En français, les affixes (préfixes, suffixes, etc.) sont souvent des morphogrammes.
3. Logogrammes
Un logogramme est un signe graphique qui représente un mot ou une idée complète, plutôt qu'un son ou une unité de sens partielle. Contrairement aux phonogrammes, qui sont basés sur la prononciation, les logogrammes sont basés sur la signification globale.
- Exemple :
- En chinois, les caractères sont des logogrammes. Par exemple, le caractère "木" représente l'idée de "arbre" ou "bois" dans son entier.
- En mathématiques, le signe "+" (addition) est un logogramme, car il représente une action ou une opération, non un son.
Les logogrammes sont typiques des systèmes d'écriture comme les idéogrammes ou certains symboles où chaque signe correspond directement à un concept, une idée ou un mot entier. Ce type d'écriture se trouve dans des langues comme le chinois, où chaque caractère peut avoir une signification complète, ou dans des systèmes symboliques comme les hiéroglyphes égyptiens.
Récapitulatif :
- Phonogrammes : Représentent des sons ou phonèmes (ex : "b", "ch").
- Morphogrammes : Représentent des morphèmes, unités de sens (ex : "pré-" dans préparer ou "-s" pour le pluriel).
- Logogrammes : Représentent des mots ou des idées complètes (ex : le caractère chinois "木" pour "arbre").
En résumé, les phonogrammes sont liés à la prononciation, les morphogrammes à la structure et la signification des mots, et les logogrammes à la représentation directe des concepts ou mots.