Partielo | Créer ta fiche de révision en ligne rapidement
Post-Bac

Management de l'innovation

Séance 1: Introduction à l'innovation, typologies de l'innovation et au management de l'innovation


Une Innovation ? C’est quoi?

Contexte :

  • Les États et entreprises investissent de plus en plus dans la R&D, considérant l’innovation comme un facteur clé de compétitivité.
  • L’innovation est l’un des douze piliers de la compétitivité nationale et est perçue comme un levier principal de position concurrentielle ou un facteur de survie pour les organisations.

  • Au niveau organisationnel, l’innovation est une source d’avantage concurrentiel, de croissance économique, de bénéfices économiques et de changements sociaux.


  • Le terme "innovation" est utilisé dans divers contextes, mais avec un point commun.
  • Référence à Joseph Schumpeter, père de l’innovation : « destruction créatrice ».
  • L’innovation détruit les équilibres existants pour les remplacer par des nouveautés, dans un processus indissociable.
  • Elle n’est pas naturelle dans une organisation : elle perturbe, remet en cause des compétences et parfois des pouvoirs.


Évolution de la stratégie des entreprises :

  • Entre 1950 et 1990 : stratégie basée sur la qualité ou la maîtrise des coûts.
  • Après 1990 : ces stratégies ne suffisent plus → recours massif à la délocalisation → limites atteintes.
  • L’innovation devient la nouvelle source de compétitivité, voire de survie :
« innover… pour ne pas disparaître »
  • Les innovateurs obtiennent un monopole temporaire, donc un avantage concurrentiel temporaire, jusqu’à ce que les concurrents s’adaptent.
  • Cela permet de générer des bénéfices supérieurs via les quantités ou les prix.
  • Les organisations incapables de suivre cette dynamique risquent de disparaître.


La perception de l’innovation :

  • Le grand public assimile innovation à technologie.
  • Dans la recherche : près de 50% des articles ne précisent pas le type d’innovation étudié.
  • La technologie favorise l’innovation, notamment technologique, mais n’est pas une innovation en soi.
Relation modélisée :
R&D ➝ Technologie ➝ Innovation

Les trois éléments du phénomène innovant :

  1. Créativité : Capacité à générer des idées, concepts ou solutions originales (psychologie).
  2. Invention : Nouvelle idée concrète, produit ou concept, née de la créativité + moyens mis en œuvre.
  • Pas encore commercialisée
  • Peut ne jamais l’être (c’est le cas de la majorité des inventions

--> L'innovation


✨ Qu’est-ce que l’innovation ?

⚠️ Il n’existe pas de définition universelle de l’innovation qui couvre tous les types.

🔹 Point commun entre les définitions :

➡️ Introduction d’une nouveauté. • L’innovation a été étudiée dans différentes disciplines et est 

Maissouvent définie comme la création ou l’adoption d’une nouvelle idée at


Attention : la notion de nouveauté est relative ➤ elle dépend du référentiel :

  • Individu
  • Groupe
  • Organisation
  • Secteur
  • Société

💡 Une innovation peut donc être perçue comme telle même si elle n’est pas inédite sur le marché.



🧩 Qui est innovateur ?

➕ Ceux qui créent
➕ Ceux qui adoptent une innovation
🔁 Dans les deux cas, l’objectif est de tirer un bénéfice de l’innovation.



Définition

Innovation (Manuel d’Oslo (OCDE, Eurostat, 2005)
Définition officielle – Manuel d’Oslo (OCDE, Eurostat, 2005) : 💬 "La mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures."
Innovation (Damanpour et al.) 2012
Définition – Damanpour et al. : 💬 "Innovation is generally defined as the development or use of new products, services, production processes, organizational structures, or administrative systems that are new to the adopting firm." (Aravind et al., 2013) 🔍 Autrement dit : Une innovation n’a pas besoin d’être nouvelle sur le marché Il suffit qu’elle soit nouvelle pour l’organisation qui l’adopte

Points clés à retenir

✅ Lien entre invention et innovation

  • Une invention devient une innovation lorsqu’elle s’intègre avec succès dans le circuit économique.
  • Innovation = Invention + Exploitation
  • Dans une entreprise, une nouveauté n’est une innovation que si elle est commercialisée : on parle sinon d’invention purement scientifique/technique.
  • Cela implique dépasser les contraintes du marché et être acceptée socialement.

✅ L’innovation dépasse la R&D

  • Elle ne se limite pas au développement de produits mais inclut aussi :
  • L’analyse des usages
  • Le marketing
  • Les modèles économiques
  • L’organisation interne



2. Innovation : Résultat et/ou Processus

A.Innovation en tant que Résultat :C’est ce qu’on voit concrètement : un nouveau produit, un nouveau service, une nouvelle méthode.
  • Impact sur la performance de l’entreprise (efficacité, compétitivité…).


B.Innovation en tant que Processus

C’est l’ensemble des étapes permettant de transformer une idée en réalité utilisable.
  • Processus dynamique : idée → test → développement → adoption → disparition potentielle.
  • Intègre des décisions, acteurs, ressources, itérations.
  • Exemples :
  • Méthodologie agile pour créer une application mobile
  • Collaboration entre départements R&D et marketing
💡 Un même projet peut donc être à la fois une innovation-processus et une innovation-résultat !


Parfois l’innovateur est l’inventeur mais ce n’est pas toujours le cas.

• Dans le premier cas il peut s’agir par exemple d’une entreprise qui a déclenché en 

3interne et pour une finalité interne., une activité de R&D ou  lorsqu’un inventeur décide d’exploiter économiquement sa découverteLes.

• Par contre le deuxième cas  concerne l’acquisition par l’entreprise de découvertes dréalisées en externeif. Par exemple lorsqu’un fabriquant automobile achète le droitd’utiliser un brevet pour fabriquer des voitures électriques.férents types d’innovations


3. Les différents types d’innovations


▶️ Selon la nature



▶️ Selon le degré de nouveauté

▶️ Selon le domaine

🌟 La Nature de l’Innovation

1. Innovation de prestation

L'innovation de prestation se concentre sur l'offre de produits et/ou services qui sont considérés comme nouveaux par rapport à ce qui existe déjà sur le marché. Cela peut concerner un produit tangible ou un service, et vise à répondre à un besoin d’une manière différente ou améliorée.

Exemples :

  • Produit : Le premier ordinateur portable. Avant son invention, les ordinateurs étaient majoritairement fixes et nécessitaient une installation dans des bureaux ou maisons.
  • Service : La restauration rapide. L'idée a été de proposer un service de restauration standardisé, rapide et bon marché, en opposition aux restaurants traditionnels plus longs à servir.
Focus : L'innovation de prestation met l'accent sur la nouveauté du produit/service. Elle peut répondre à un besoin émergent ou améliorer un service existant.

2. Innovation de procédé

L’innovation de procédé concerne l’amélioration des processus industriels utilisés pour concevoir, produire et distribuer un produit ou service. Ce type d’innovation touche directement les méthodes et techniques utilisées, en recherchant plus de productivitéd'efficacité et parfois, d'éthique.

Exemple :

  • Choisir des fournisseurs locaux afin de réduire les délais de livraison. Ce choix peut avoir plusieurs impacts positifs :
  • Réduction des coûts de transport
  • Amélioration des délais de livraison
  • Réduction de l'empreinte carbone liée aux transports
  • Renforcement des relations commerciales locales
Focus : L’innovation de procédé porte sur l’amélioration des méthodes de production, souvent pour gagner en efficacité ou réduire les coûts.

3. Innovation organisationnelle

L'innovation organisationnelle se concentre sur l’amélioration des structures internes, des méthodes de gestion ou des processus internes d’une entreprise. Ce type d’innovation vise à optimiser les opérations et à renforcer la compétitivité à travers de nouvelles façons de gérer ou de structurer les activités.

Exemple : Dell

  • Dell a révolutionné son modèle de vente en retirant les intermédiaires et en se concentrant sur la vente directeau consommateur.
  • Processus d’innovation :
  • Les clients peuvent configurer leurs ordinateurs en ligne.
  • Fournisseurs locaux : Les entrepôts des fournisseurs de Dell sont à moins de 30 minutes de l’usine d’assemblage.
  • Résultats : Des délais de livraison très courts, des prix compétitifs, et un modèle de gestion efficace grâce à l’innovation dans la prise de commande, facturation, production, et livraison.
Focus : L’innovation organisationnelle repose sur des changement dans les méthodes de gestion ou les structures internes qui permettent à l’entreprise de mieux fonctionner et de gagner en compétitivité.


4. Innovations technologiques vs non technologiques

➤ Technologique

  • Innovation de produit : Nouveau bien ou service à haute intensité technologique.
  • Innovation de procédé : Nouveaux outils, machines, méthodes de production.
💡 Exemple : Imprimante 3D, intelligence artificielle en logistique.
Selon Damanpour (2020) :
  • Innovation produit = niveau macro (impact sur le marché)
  • Innovation procédé = niveau micro (amélioration interne)

➤ Non technologique (managériale)

  • Changements dans :
  • La structure de l’entreprise
  • Les procédures
  • Le management
  • La stratégie
  • La gestion des RH
💡 Exemple : Télétravail généralisé, auto-organisation, externalisation, holacratie.

🌀 5. Innovations hybrides

Ce sont des innovations mixtes qui intègrent à la fois des aspects techniques et organisationnels / sociaux.
  • Exemple : une plateforme de soutien scolaire en ligne :
  • Technologique : l’outil numérique
  • Non technologique : nouvelle manière d’organiser les cours et les relations prof/élève


6. Innovation de sens (Verganti)

Concept novateur qui met l’accent sur le sens qu’un produit donne à l’utilisateur. C’est une innovation culturelle et symbolique.

🔍 Caractéristiques :

  • Ne vient pas du besoin explicite du client (comme dans une étude de marché)
  • Ni d’un progrès technologique pur
  • Elle émerge d’une réinterprétation des usages et des valeurs culturelles
Exemple : Le design épuré des produits Apple. Ce n’est pas qu’esthétique, il porte un sens : simplicité, modernité, élégance.


• Technology Push : Schumpeter (linéaire)

Connaissance Développement

C’est quand les scientifiques ou les ingénieurs inventent quelque chose de nouveau sans nécessairement répondre à un besoin spécifique des gens. Ils découvrent une nouvelle technologie et ensuite, ils essaient de trouver comment la vendreou comment l’appliquer.

Exemple : Un scientifique invente un médicament révolutionnaire sans savoir si les gens en ont besoin. Une fois qu'il a l'invention, il la met sur le marché et essaie de convaincre les gens que c'est utile.

Le processus suit un modèle linéaire où la connaissance scientifique et les découvertes technologiques entraînent le développement de nouveaux produits ou technologies. Une fois qu'un prototype est créé, il est suivi par une phase de marketing pour le rendre accessible et visible sur le marché.

scientifique technologiq

ue

Demand Pull : Schmookler

Le modèle Demand Pull (ou tiré par la demande) repose sur l’idée que les besoins du marché ou des consommateurs vont directement influencer le développement technologique et l’innovation. Ici, les entreprises adaptent ou créent de nouvelles technologies en réponse à des demandes spécifiques du marché ou à des problématiques sociétales. Le développement de la technologie est donc une réponse aux besoins existants.

Les degrés de l’innovation : le spectre de radicalité de l’innovation


• Une autre façon de s’intéresser à l’innovation est de distinguer les innovations significatives des simples améliorations

. On parle alors d’innovation radicale par opposition à l’innovation incrémentale



Les innovations radicales sont moins fréquentes que les innovations incrémentales et peuvent donner lieu à des bouleversements techniques, concurrentielles et sociaux majeurs. Elles posent les bases pour de nouveaux domaines d’exploration, tandis que les innovations incrémentales permettent de maximiser la valeur de ces percées en les affinant.

Le dilemme Exploitation vs. Exploration est une question stratégique cruciale pour les entreprises, car il touche à leur manière de gérer l'innovation.


Exploitation :

  • Définition : L'exploitation consiste à utiliser efficacement les savoirs et compétences existants de l’entreprise pour améliorer les produits, services ou processus déjà en place.
  • Objectif : Maximiser les profits à court terme en optimisant les ressources déjà acquises.


Exploration :

  • Définition : L'exploration implique la recherche de nouvelles opportunités, souvent par l'expérimentation, la prise de risques et la découverte de nouvelles idées.
  • Objectif : Explorer de nouveaux marchésdévelopper des technologies radicalement nouvelles, ou se différencier par des innovations de rupture.


Plus un cas est exploratoire, plus il est probable que l’innovation soit de rupture par rapport au passé.

Lorsque l’entreprise améliore quelque chose qui existe déjà pour innover tout en s’adressant à 

des clients existants, on est clairement dans une logique 

d’exploitation. L’exploitation conduit à des innovations incrémentales.

L’innovation de business model


Définition du business model : Le business model désigne les choix stratégiques qu'une entreprise fait pour générer des revenus.

Ces choix concernent trois dimensions principales :

  1. Les ressources et compétences mobilisées : Ce sont les éléments nécessaires pour proposer une offre. Cela inclut les technologies, les talents, les connaissances, etc.
  2. L'offre faite aux clients : Il s'agit de la manière dont l'entreprise propose un produit ou service à ses clients. Cela englobe les caractéristiques du produit/service, son prix, son mode de distribution, etc.
  3. L'organisation interne de l’entreprise et ses transactions avec les partenaires externes : Cela inclut la chaîne de valeur de l'entreprise (les différentes étapes de production et de distribution) ainsi que son réseau de valeur, c'est-à-dire ses relations avec des partenaires externes tels que des fournisseurs ou des distributeurs.



Séance 2 : étude de cas

Séance 3 : Processus d'innovation et organisation de l'entreprise

DÉFINITION : Le processus d’innovation correspond à l’ensemble des étapes qui permettent de transformer une idée nouvelle en un produit, service ou procédé effectivement exploité sur un marché. C’est le chemin qui va de la conception à la commercialisation.


Vision classique du processus :

La plupart des études sur l’innovation le présentent comme une séquence linéaire au sein d’une même organisation :

  1. Génération de l’idée
  2. Développement
  3. Mise en œuvre
  4. Adoption
  5. Diffusion

Mais selon Damanpour (2020) :

Ce schéma n’est pas toujours respecté :

  • Une organisation peut générer une innovation sans l’adopter elle-même.
  • Elle peut aussi adopter une innovation existante sans qu’elle soit le fruit de ses propres efforts internes.

Damanpour identifie trois grands processus fondamentaux dans l’innovation :


1. La génération

  • Elle correspond à la recherche, au développement et à la commercialisation d’un produit ou d’une pratique considérés comme nouveaux.
  • Ce processus regroupe toutes les activités destinées à concevoir et développer des idées nouvelles, dans le but qu’elles soient mises sur le marché.

2. La diffusion

  • C’est le processus qui concerne la vitesse et le taux d’adoption d’une innovation par les utilisateurs ou adoptants potentiels.
  • Elle inclut des actions telles que :
  • L’acquisition de l’innovation,
  • L’adaptation à son propre contexte,
  • L’implémentation dans les pratiques.

3. L’adoption

  • L’adoption est un processus de résolution de problème.
  • Elle repose sur la sélectionl’adaptation et la mise en application, pour la première fois, d’une idée existante.
  • L’objectif est de satisfaire un besoin ou de résoudre un problème dans l’organisation.

Génération

→ C’est quand on imagine et crée une idée nouvelle (produit, service ou méthode).

👉 Exemple : une entreprise invente un nouveau produit.

Diffusion

→ C’est quand l’idée se répand et que d’autres personnes ou entreprises commencent à l’utiliser.

👉 Exemple : de plus en plus d’entreprises achètent et utilisent ce nouveau produit.

Adoption

→ C’est quand une entreprise décide d’utiliser une idée (nouvelle ou déjà existante) pour résoudre un problème ou répondre à un besoin.

👉 Exemple : une entreprise commence à utiliser une méthode déjà connue pour améliorer son travail.


À savoir sur le processus d’innovation

  • Une entreprise peut parfois créer une innovation et l’adopter directement, mais en général on étudie séparément:
  • la génération
  • et l’adoption,

car ce sont deux étapes différentes.

  • 📍Génération et adoption ➜ se passent à l’intérieur de l’entreprise (interne).
  • 📣Diffusion ➜ se passe à l’extérieur (externe), car elle dépend de comment l’innovation se propage autour (clients, concurrents, partenaires…).
  • ➡️ C’est surtout un processus de communication entre plusieurs acteurs dans l’environnement de l’entreprise.


La génération de l'innovation

  • La génération d’innovation est le processus qui consiste à créer de nouvelles idées.
  • Ce processus passe par plusieurs étapes :
  1. Identifier une opportunité.
  2. Formuler une idée.
  3. Faire des recherches.
  4. Concevoir ou créer un design.
  5. Développer commercialement.
  6. Faire le marketing.
  7. Distribuer l’innovation.

Ce processus commence par des individus qui trouvent une idée, puis l’organisation la développe.

Une fois créée, l’innovation peut être utilisée par l’organisation ou partagée avec d’autres qui pourraient l’adopter.


  • L'innovation n’est pas seulement un résultat, mais un processus qui crée de l’incertitude et de l’instabilité.
  • Il existe deux grands types de modèles pour comprendre ce processus :
  1. Modèles en phases : Ce sont des modèles linéaires, découpant l'innovation en étapes successives.
  2. Modèles interactifs : Ces modèles rejettent l'idée de séquences fixes et considèrent l'innovation comme un processus interactif, plus flexible.
  • Bien que ces deux modèles soient souvent opposés, leurs apports sont complémentaires.



A. Modéles en phases

  • Ce modèle considère le développement de l'innovation comme une suite d'activités pour transformer une idée en un produit ou service, puis le diffuser commercialement.

Principes du modèle :

  • Le processus est séquentiel, mais il peut y avoir des retours entre les phases (pas forcément strictement linéaire).
  • Chaque phase est dirigée par une fonction spécifique de l'entreprise, mais d'autres fonctions peuvent intervenir.
  • Entre chaque phase, l'entreprise prend des décisions : doit-on continuer ou arrêter le projet ?

Avantages :

  • Limitation des risques financiers : Évaluation du projet à chaque phase.
  • Contrôle simplifié : Regroupement des tâches similaires sous une fonction principale.

Inconvénients :

  • Développement plus lent de l'innovation.
  • Manque de cohérence globale entre les phases.
  • Absence des retours clients pendant le processus. Les besoins des utilisateurs ne sont pris en compte qu’après la commercialisation.


B.Les modèles interactifs


Ces modèles remettent en question l'idée que l'innovation suit un processus linéaire, comme dans le modèle en phases.

Types d’interactions dans ces modèles :

  1. Interaction entre les fonctions internes de l'entreprise (modèle intégré).
  2. Interaction entre l'entreprise et son environnement extérieur (modèle sociologique).


• Deux types d'interactions sont mis en avant dans ces modèles :


  • celles qui concernent les différentes fonctions impliquées dans le développement de
  • l'innovation (modèle intégré) et
  • celles qui relient l'entreprise innovatrice et son environnement (modèle sociologique).


Modèle intégré :

  • Toutes les activités liées à l'innovation sont réalisées en même temps dans une équipe de développement unifiée, avec toutes les compétences nécessaires pour mener à bien le projet.

Avantages du modèle intégré :

  • Réduction du temps pour développer l'innovation.
  • Collaboration renforcée entre les fonctions de l'entreprise.
  • Réactivité accrue face aux changements dans l'environnement.

Exemple du modèle tourbillonnaire (Akrich, 1988) :

  • L'innovation peut naître dans divers endroits : laboratoire, service commercial, usine ou même chez un client.
  • L'innovation évolue progressivement à travers des tests et des évaluations, confrontée aux connaissances théoriques et aux besoins des utilisateurs.

Avantages :

  1. Flexibilité : Les modèles interactifs s'adaptent facilement aux changements rapides, donc ils sont très utiles dans des environnements où tout évolue vite.
  2. Réduction des risques : En testant tôt les idées, on peut repérer les problèmes très rapidement et éviter de faire de grosses erreurs coûteuses plus tard.
  3. Centrée sur l'utilisateur : L'innovation est conçue pour répondre directement aux besoins des clients, ce qui assure que le produit ou service est utile et apprécié.
  4. Amélioration continue : Même après le lancement, l'innovation peut encore être améliorée, ce qui permet d'être toujours à jour et compétitif.

Limites :

  1. Temps et coûts : Comme il y a beaucoup de tests et de modifications, cela peut ralentir le développement et augmenter les coûts si le processus n'est pas bien géré.
  2. Complexité organisationnelle : Cela nécessite une bonne coordination entre toutes les équipes et une gestion souple du projet, ce qui peut être compliqué.
  3. Difficulté dans les entreprises traditionnelles : Les entreprises qui ont l'habitude de travailler avec des méthodes plus classiques peuvent avoir du mal à s'adapter à cette manière de travailler, car elle est plus flexible et collaborative.

Réconciliation entre les modèles séquentiels et interactifs

Les deux modèles que l'on a abordés — le modèle séquentiel et le modèle interactif — sont souvent vus comme opposés, mais en réalité, ils se complètent bien dans le processus d'innovation. Voici pourquoi :

Le modèle séquentiel

Le modèle séquentiel est comme une série d’étapes qui doivent être réalisées dans un certain ordre. Par exemple, une entreprise commence par une idée, puis elle passe à la phase de développement du produit, et enfin elle le commercialise. Ce modèle permet de bien contrôler chaque étape et de s'assurer qu'aucune phase ne soit négligée.

C’est un peu comme si tu construisais une maison. D'abord, tu fais le plan, ensuite tu construis les fondations, puis les murs, etc. Ce modèle est parfait lorsque tu veux avoir une vision claire de ce qui doit être fait à chaque étape. Il aide aussi à gérer les risques en évaluant l’avancement à chaque phase et en décidant s’il faut continuer ou arrêter.

Le modèle interactif

Le modèle interactif, en revanche, n’est pas aussi rigide. Ce modèle dit que l’innovation ne suit pas une ligne droite avec des étapes fixes, mais plutôt un processus fluide où chaque étape est influencée par des ajustements continus. En d'autres termes, pendant le développement, les équipes testent des prototypes, recueillent des retours des utilisateurs, et ajustent le produit en fonction de ce qu'elles apprennent. Cela permet de réagir rapidement aux changements ou problèmes qui peuvent survenir pendant le développement.

Imaginons que tu sois en train de concevoir une application mobile. Au lieu de simplement suivre un plan, tu fais des tests auprès de tes utilisateurs, tu modifies l’application en fonction de leurs retours, et tu continues à itérer. Cela rend le processus beaucoup plus flexible et adaptable.

Comment ces modèles se complètent

Même si ces modèles semblent opposés, ils ne sont pas mutuellement exclusifs. En fait, ils se complètent bien, car chacun a ses avantages dans certaines situations.

  • D'abord, l'entreprise peut commencer avec un modèle séquentiel pour bien cadrer son projet, définir les grandes lignes, et s’assurer qu’elle a une bonne base pour démarrer.
  • Ensuite, lorsqu’elle commence à tester son idée, il peut être nécessaire de passer au modèle interactif pour ajuster et améliorer l'innovation au fur et à mesure qu’elle obtient des retours des utilisateurs ou des résultats de tests. Cela permet de ne pas rester bloqué dans un plan figé et de s’adapter à la réalité du marché.

Les deux questions clés pour l'entreprise

Lorsqu'une entreprise développe une innovation, elle doit constamment se poser deux questions :

  1. Comment peut-on développer l'innovation ? Cela implique toutes les étapes internes pour concevoir, tester et perfectionner le produit ou service.
  2. Comment peut-on la diffuser ? Cela concerne la manière dont l’entreprise va faire connaître et accepter l'innovation par les clients. Cela passe par la communication, la publicité, mais aussi par la manière dont le produit est perçu et utilisé.

La diffusion elle-même peut être un processus innovant. L’entreprise doit s’adapter au marché et parfois faire évoluer son produit pour qu’il réponde mieux aux besoins des utilisateurs. C’est là que les deux modèles se rejoignent : l’entreprise doit à la fois développer l’innovation et la diffuser efficacement.



Processus de Génération d'Innovations Non Technologiques

Les innovations non technologiques, comme les innovations managériales, suivent un processus spécifique qui diffère des innovations technologiques. Ce processus est divisé en quatre étapes principales, et il peut y avoir des allers-retours entre celles-ci.

1. Motivation

La motivation est la première étape du processus. Elle correspond à la prise de conscience du manager sur la nécessité d'innover. Au lieu de se contenter de pratiques existantes, le manager cherche à répondre à un besoin de changement ou d’amélioration dans la gestion de l'organisation.

2. Invention

L'invention est l'étape où des idées de nouvelles pratiques sont testées dans un cadre expérimental. Cela permet de valider des concepts innovants avant de les intégrer dans l'organisation. C’est un moment de créativité où les idées sont explorées.

3. Implémentation

Une fois que les pratiques sont testées et validées, l’implémentation intervient. C’est l'étape où les innovations sont mises en place de manière concrète dans l'organisation, avec des activités techniques pour assurer leur bonne opérationnalité.

4. Théorisation et Labélisation

La dernière étape consiste à rendre l’innovation officielle et reconnue au sein de l’organisation. Elle comprend les actions nécessaires pour que l'innovation soit acceptée, théorisée et labellisée, ce qui lui permet d’être intégrée dans la culture de l’organisation.

Ce processus montre que l'innovation managériale est non seulement un test de nouvelles pratiques, mais aussi une démarche stratégique pour améliorer la gestion au sein d'une organisation.


Approche récente

 Design Thinking

  • Principe : Il s'agit d'une approche axée sur l'humain qui cherche à comprendre profondément les besoins des utilisateurs et à y répondre de manière créative. Elle combine empathie, créativité et rationalité.
  • Étapes : Le processus se divise en trois phases : Inspiration (comprendre le problème), Idéation (générer des idées), et Implémentation (réaliser les solutions).
  • Outils : Des outils comme les personas, les cartes d'empathie et les prototypes rapides aident à rendre l'innovation plus centrée sur l'utilisateur.

2. Méthode Agile

  • Principe : C'est une méthodologie flexible qui permet de créer rapidement des solutions en cycles courts appelés sprints. Chaque cycle permet d'améliorer progressivement le produit.
  • Caractéristiques : L'accent est mis sur la livraison incrémentale, l'adaptation aux besoins changeants des clients, et la collaboration continue pour améliorer le produit au fil du temps.
  • Exemple : Elle est particulièrement utilisée dans le développement d'applications mobiles ou de logiciels où l'évolution du produit se fait de manière continue en fonction des retours des utilisateurs.

3. Lean Startup

  • Principe : Cette méthode repose sur l'expérimentation rapide avec un produit minimalement viable (MVP), permettant de tester les hypothèses d'une entreprise de manière rapide et peu coûteuse.
  • Objectif : Réduire les coûts et les risques en testant des idées rapidement avant de se lancer dans un développement complet. Après chaque cycle, l'entreprise décide de pivoter (changer d'approche) ou de persévérer (continuer dans la même direction).
  • Outils : Les principaux outils incluent le MVP (produit minimal viable) et la prise de décision basée sur les résultats des tests (pivot ou persévérer).

Ces trois méthodes sont utilisées pour rendre les processus d'innovation plus efficaces et mieux adaptés aux besoins des utilisateurs tout en minimisant les risques.

Termes à connaître dans le monde de l'innovation:


Définition

Le proof of concept (PoC)
Le proof of concept (PoC) est aussi appelé démonstrateur en français. Le PoC révèle la fonction d'un produit, la fonctionnalité d'une interface ou la prestation d'un service. Il sert à démontrer que le concept est, d'une part, utile et désirable pour les clients et, d'autre part, techniquement réalisable . Il s'applique aussi bien à un produit, à une application, à un logiciel, qu'à un service, en BtoC comme en BtoB. Il peut être réalisé à partir d'une étude qualitative ou d'un test en situation réelle.
Le prototype
Le prototype est un outil d'apprentissage qui permet de montrer à quoi ressemblera l'offre, comment elle fonctionnera , comment les utilisateurs interagiront avec elle, ce qu'ils ressentiront, etc.
Les tests de prototype
consistent à vérifier la robustesse de l'offre dans des conditions d'exploitation attendues et extrêmes. Ils doivent permettre de valider les spécifications techniques de l'offre finale et de sonder la potentielle acceptation par le marché

Le Design Thinking est une méthode de gestion de la créativité qui se concentre sur les utilisateurs. Elle cherche à résoudre des problèmes complexes (souvent appelés "wicked problems") en se basant sur des informations concrètes recueillies par l'observation directe, des entretiens et une écoute active pour identifier les irritants et les besoins des utilisateurs.


Principes clés du Design Thinking :

  1. Observation et écoute active : L'objectif est d'identifier les pain points ou obstacles dans le parcours de l'utilisateur, ce qui permet de mieux comprendre le problème à résoudre.
  2. Approche itérative : Le processus est basé sur des essais et erreurs. Les idées sont testées à travers des proof of concept (PoC) ou prototypes rapides, ce qui permet de repérer les faiblesses et d'ajuster l'idée initiale.


Trois étapes principales du Design Thinking :

  1. Inspiration (Needfinding) :
  • Cette phase consiste à collecter des insights sur les besoins, pensées et pratiques des utilisateurs, généralement par observation et interviews.
  • L’organisation s’ouvre sur son environnement, y compris les communautés d’utilisateurs.
  • Outil clé : La méthode des personas qui permet de se mettre dans la peau de l'utilisateur pour mieux comprendre ses besoins et ses problèmes.
  1. Idéation :
  • C’est la phase où des idées sont générées pour résoudre les problèmes identifiés.
  • Les méthodes de créativité (comme le brainstorming) sont utilisées, et les idées sont souvent représentées par des dessinsschémas ou maquettes pour les visualiser concrètement.
  1. Implémentation :
  • C’est ici que l'on sélectionne l’idée la plus prometteuse.
  • Un prototype quick and dirty (prototype rapide et brut) est créé pour tester l’expérience proposée.
  • L'évaluation se fait selon trois critères : viabilitédésirabilité et faisabilité.

Viabilité : Est-ce que l'idée s'intègre dans le modèle économique de l'entreprise ?

Désirabilité :

Faisabilité ;

les trois critères de validation d'une idée nouvelle en design thinking E


s$t-Voici les trois moments clés dans une approche Design Thinking détaillés :

1. L'importance de la phase de concept

  • Objectif : Formaliser l'idée créative en un concept clair.
  • Avantages :
  • Réduction des risques : Tester très tôt la désirabilité du produit auprès des clients pour éviter de développer des concepts non porteurs.
  • Faible coût : Cette phase permet de tester le concept à moindre coût, souvent en ligne, avant d'engager des dépenses importantes.
  • Décisions éclairées : Permet de "tuer des concepts" peu viables et de se concentrer sur ceux ayant un potentiel réel.
  • Importance : Le concept reste le fil conducteur du projet. Il est essentiel de garder la cohérence avec la proposition de valeur tout au long du processus.

2. La place des objets intermédiaires dans l'activité collective de conception

  • Objectif : Assurer une communication fluide entre tous les acteurs du projet (clients, utilisateurs, R&D, marketing, design, etc.).
  • Rôle des objets intermédiaires :
  • Outils de communication : Dessins, maquettes, prototypes (PoC), et pilotes servent à représenter et traduire les idées dans des formes concrètes.
  • Validation et test : Ces objets aident à tester la compréhension du concept et des éléments spécifiques du produit (coût, faisabilité technique, etc.).
  • Partage de connaissances : Ils facilitent la circulation des savoirs entre les différents acteurs et aident à maintenir l'alignement avec le produit final.

3. Prototypage et fabrication rapides

  • Objectif : Rendre le concept concret et tester rapidement la viabilité de l'idée.
  • Méthodologie : Créer des prototypes simples et fonctionnels rapidement, puis les affiner au fil des itérations.
  • Avantages :
  • Décisions accélérées : Permet de valider visuellement et de manière tangible le concept et les spécifications du produit final, en intégrant progressivement les retours du marché.
  • Innovation ouverte et collaborative : Des événements comme les hackathons et des lieux comme les fab labs facilitent le prototypage rapide, souvent avec des technologies comme l'impression 3D.
  • Réduction des délais : L’utilisation de technologies comme la fabrication additive permet de réduire le time-to-market (délai de mise sur le marché) et de produire des objets uniques à coût réduit, même en petites séries.


ce que l'idée correspond aux attentes des consommateurs ?

Séance 4 : Processus d'innovation et organisation de l'entreprise

Objectifs : Analyser le processus d'innovation dans les organisations.

• Contenu :

• Le cycle de l'innovation : de l'idée à la mise en œuvre • Structures organisationnelles favorisant l'innovation • Barrières à l'innovation

• Etude de cas SEB

📌 Qu’est-ce qu’un antécédent de l’innovation ?

Ce sont les facteurs qui influencent la capacité d’une organisation à innover : ils facilitent ou freinent l’émergence, le type et le succès des innovations.

Ils se répartissent en trois grands groupes : externesinternes, et liés à l’innovation elle-même.


1. 🌍 Antécédents externes (ou contextuels)

Ils concernent l’environnement dans lequel évolue l’organisation.

  • Deux niveaux :
  • Proche : clients, concurrents, fournisseurs.
  • 👉 Ex. : La pression des concurrents peut pousser une entreprise à innover plus rapidement.
  • Lointain : tendances technologiques, économiques, sociales, légales.
  • 👉 Ex. : Une nouvelle loi peut forcer une entreprise à développer des solutions alternatives.

2. 🏢 Antécédents internes (ou organisationnels)

Ils déterminent la capacité, la volonté et les ressources que l’organisation mobilise pour innover.

  • Peuvent être subdivisées en deux sous-catégories :
  • Macro-caractéristiques (niveau organisation) :
  • Stratégie d’innovation
  • Structure hiérarchique
  • Culture d’entreprise
  • Processus de travail
  • 👉 Ex. : Une entreprise flexible et agile favorise l’expérimentation.
  • Micro-caractéristiques (niveau individuel) :
  • Rôle des employés : source d’idées, mise en œuvre de l’innovation
  • Rôle des managers et leaders : pilotage stratégique, soutien du changement
  • 👉 Ex. : Un manager qui valorise la créativité stimule l’innovation de son équipe


3. ⚙️ Antécédents liés à l’innovation elle-même

Ce sont les caractéristiques propres à chaque innovation :

  • Certaines innovations sont :
  • Plus complexes
  • Plus coûteuses
  • Plus risquées
  • Ou au contraire, plus simplesacceptées socialement, ou plus avantageuses
  • 👉 Ces attributs influencent leur acceptabilité, leur mise en œuvre et leur succès.


🚫 Obstacles à l’innovation

L’innovation n’est pas un long fleuve tranquille : plusieurs freins peuvent ralentir, bloquer ou empêcher sa mise en place.

Ils se regroupent en trois grandes catégories :

1. 💸 Raisons financières

  • Risque excessif : L’innovation est perçue comme trop incertaine ou risquée pour justifier un investissement.
  • Coûts élevés : Les ressources nécessaires (R&D, personnel, technologie) sont importantes.
  • Pas de financement : L’entreprise ne trouve pas de soutien financier (banques, investisseurs, subventions…).

📝 Conséquence : même une bonne idée peut ne jamais voir le jour faute de moyens.


2. 📉 Risques liés à l’introduction sur le marché

  • Manque de réactivité des clients : Les clients ne sont pas prêts à adopter l’innovation.
  • Manque d'informations sur le marché : L’entreprise ne connaît pas bien les besoins ou attentes.
  • Méconnaissance de la réglementation : Certaines innovations ne respectent pas les normes légales ou ne prennent pas en compte les contraintes réglementaires.

📝 Conséquence : l’innovation peut échouer commercialement, même si elle est techniquement réussie.


3. 🏢 Raisons organisationnelles

  • Manque de personnel qualifié : Pas assez de compétences internes pour porter l’innovation.
  • Manque d'information sur la technologie : L’entreprise ne maîtrise pas les technologies nécessaires.
  • Échec de coopération : Les différentes équipes (R&D, marketing, production…) ne travaillent pas bien ensemble.
  • Rigidités organisationnelles : L’entreprise est trop figée dans ses pratiques, sa culture ou sa hiérarchie.

📝 Conséquence : l’organisation n’est pas capable de s’adapter, surtout face à des innovations dites "radicales".


⚠️ À noter : L’innovation peut être...

  • Conservatoire :
  • 👉 Elle améliore ce qui existe déjà (moins risqué, renforce les compétences internes).
  • Radicale :
  • 👉 Elle bouleverse totalement les pratiques, les compétences, les marchés (plus risquée, déstabilisatrice).

Et c’est souvent dans le cas de l’innovation radicale que les obstacles sont les plus importants, car l’entreprise sort de sa zone de confort.


La diffusion

Le processus de développement et de diffusion de l’innovation selon Everett Rogers (1983) :


🧠 Développement de l’innovation (6 étapes clés)

  1. Identification d’un besoin ou d’un problème
  2. 👉 C’est souvent un manque, une difficulté ou une insatisfaction qui déclenche les activités de recherche. L’innovation est alors pensée comme une solution concrète à ce problème.
  3. Brevetage des recherches
  4. 👉 Si des découvertes sont faites, elles peuvent être protégées par un brevet. Cela garantit un droit exclusif d’exploitation et sécurise l’investissement en R&D.
  5. Développement de l’innovation
  6. 👉 À partir des idées générées, on conçoit l’innovation en la rendant plus concrète (prototype, tests…). Le but est de répondre aux attentes des futurs utilisateurs.
  7. Commercialisation
  8. 👉 L’innovation est mise sur le marché. C’est la phase de lancement, où le produit/service devient accessible au public.
  9. Diffusion et adoption

👉 L’innovation commence à se répandre dans la société. Elle est progressivement adoptée par les utilisateurs(on parlera des types d’adoptants juste après).


Conséquences de l’innovation

👉 Elle peut soit :

  • Répondre efficacement au besoin initial ✅
  • Être partiellement efficace ⚠️
  • Ou générer de nouveaux besoins ou problèmes, qui peuvent eux-mêmes lancer un nouveau cycle d’innovation 🔁

🌍 La diffusion de l’innovation selon Rogers

• Selon Rogers, la diffusion est le processus par lequel une innovation va être progressivement communiquée, à travers le temps La et à travers certains dcanaux, auprès des membres d'un isystème social.

• Ainsi, la définition de Rogers de la diffusion de l'innovation repose sur fquatre éléments principaux:

  1. L’innovation

👉 Le produit ou l’idée nouvelle (nouvelle technologie, service, méthode, etc.).

  1. Les canaux de communication

👉 Comment l’innovation est communiquée : publicité, bouche-à-oreille, réseaux sociaux, démonstrations, etc.

  1. Le temps

👉 La durée nécessaire à l’adoption. Certaines personnes adoptent très vite, d'autres beaucoup plus tard.

  1. Le système social

👉 L’environnement dans lequel l’innovation se diffuse : la culture, les normes sociales, les valeurs collectives, les leaders d’opinion, etc.


💡 Exemple simple :

Pense à l’iPhone à sa sortie. Il répondait à un besoin d’interface tactile fluide (1), s’est protégé par des brevets Apple(2), a été développé avec des innovations tech (3), puis lancé commercialement (4), a progressivement conquis le marché (5) et a transformé notre rapport au mobile (6). Sa diffusion a été rapide grâce à la pub, les influenceurs tech, le temps court d’adoption chez les geeks, et un système social réceptif aux innovations high-tech.

L'innovation selon Rogers (1983)

Définition

Innovation selon Rogers 1982
Une idée, une pratique ou un objet perçu comme nouveau par un individu ou une autre unité d’adoption. 🔎 Ce n’est donc pas l’innovation en soi qui compte, mais la manière dont elle est perçue par ceux qui la reçoivent. 👉 Points clés : C’est la perception de nouveauté qui déclenche ou non une adoption. Connaître une innovation ne suffit pas : il faut qu’elle suscite une conviction, puis une décision d’usage. L’adoption est donc un processus progressif et non un acte unique.

Le processus de décision d’adoption (5 étapes)

  1. Connaissance
  2. ➤ Prise de conscience de l’existence de l’innovation et compréhension de ses fonctions.
  3. Persuasion
  4. ➤ Développement d’une opinion (positive ou négative) sur l’innovation. L'individu commence à évaluer les avantages et les inconvénients.
  5. Décision
  6. ➤ Choix d’adopter ou de rejeter l’innovation.
  7. Implémentation
  8. ➤ Mise en œuvre effective de l’innovation, expérimentation réelle dans un contexte donné.
  9. Confirmation
  10. ➤ L’individu confirme ou remet en cause son choix initial, en fonction de ses résultats et de son expérience.


Ce courant considère que :

📈 Le modèle de diffusion : la courbe en cloche & en S

  • La diffusion d’une innovation se fait d’abord lentement, auprès d’un petit groupe.
  • Ensuite, si elle est bien reçue, l’adoption s’accélère rapidement, jusqu’à atteindre une majorité.
  • Ce processus suit :
  • Une courbe en cloche (loi normale) pour le taux d’adoption
  • Une courbe en S pour la cumul des adopteurs au fil du temps.


🌐 Facteurs influençant la diffusion

  • Les qualités intrinsèques de l’innovation (utilité, simplicité, compatibilité…)
  • Les contacts sociaux : plus il y a d’échanges entre les premiers utilisateurs et les autres, plus l’adoption se propage vite.
  • Les perceptions de l’adoptant potentiel :
  • Coût vs bénéfice
  • Facilité d’usage
  • Image sociale ou personnelle renvoyée par l’usage
  • Risques perçus


La manière dont une innovation est perçue par les individus va fortement influencer la vitesse et l’ampleur de son adoption. Rogers identifie 5 attributs clés :

  1. Avantage relatif

➤ L’innovation est-elle perçue comme meilleure que la solution précédente ou actuelle ?

  1. Compatibilité

➤ L’innovation est-elle en accord avec les valeurs, les normes, les habitudes de l’utilisateur ?

  1. Complexité

➤ Est-elle facile à comprendre et à utiliser ? Moins elle est complexe, plus elle est facilement adoptée.

  1. Divisibilité (ou possibilité d’essai)

➤ Peut-on la tester à petite échelle, sans engagement définitif ? Cela rassure les adoptants potentiels.

  1. Visibilité

➤ Est-ce que ses résultats et ses bénéfices sont facilement observables par les autres ?

➤ Plus elle est visible, plus elle attire d’imitateurs.


Le rôle du bouche-à-oreille & des effets d’imitation

  • Chaque adoptant devient un vecteur de communication, influençant son entourage.
  • Cela crée une avalanche d’imitations,


  • Ces groupes forment une courbe en cloche (loi normale)
  • La courbe cumulée d’adoption donne une forme en S :
  • ➤ Lente au début (innovateurs),
  • ➤ Puis rapide (effet boule de neige),
  • ➤ Et enfin plus lente à nouveau (retardataires).


A part ces acteurs, nous ne pouvons négliger le rôle de l'agent du changement qui facilite la diffusion de l'innovation.


1. 💼 Le rôle de l’agent du changement

  • L’agent du changement est intermédiaire entre l’entreprise qui développe l’innovation (agence de changement) et le client final.
  • Son rôle est de :
  • Influencer positivement ou négativement les décisions d’adoption,
  • Adapter l’innovation aux besoins du client,
  • Faire remonter des retours pour améliorer l’innovation.
  • Il ne cherche pas seulement à promouvoir : il peut aussi freiner l’adoption si ce n’est pas dans l’intérêt du client ou de l’organisation.


2. 📡 Les 4 éléments du processus de diffusion

➤ 1. L’innovation

Perçue comme nouvelle par l’individu. Son adoption dépend de :
  • Avantage relatif
  • Compatibilité
  • Complexité
  • Divisibilité (testabilité)
  • Visibilité (observabilité)

➤ 2. Les canaux de communication

La communication est considérée comme le processus à travers lequel une information est créée et partagée entre les participants afin d'atteindre un degré de compréhension mutuelle.

La diffusion à son tour, constitue une forme particulière de communicationMo, où l'information communiquée entre les individus porte sur une nouvelle idée.

Dans ce processus, un canal de communication représente le moyen par lequel ce message est transmis, tel que les mass média et l'échange interpersonnel

Les canaux de communication adoptés pour diffuser l'innovation sont susceptibles d' affecter son taux d'adoptionr. Notamment en raison de l'influence de la subjectivité dans l'évaluation d'une innovation par un acteur.


3. Temps

Le temps est un élément important dans la diffusion de l'innovation et 

est présent à différents niveaux du processus de diffusion :


  • Processus de décision individuel (prise de connaissance → adoption ou rejet)
  • Classement des adoptants dans le temps (innovateurs, majorité…)
  • Pour mesurer le Taux global d’adoption dans le système social sur une période donnée


➤ 4. Le système social

Un système social est un ensemble d'unités qui se regroupent et s'engagent dans la résolution d'un problème commun en vue d'atteindre un objectif commun.
Les membres d'un système social peuvent également influencer la diffusion et l'adoption 

des innovations au sein de ce même système (leader d'opinion)


Le système social est aussi susceptible d'influencer la diffusion des innovations de deux façons : par les décisions prises par les individus membres,

celles émanant du collectif ou de l'ensemble du système.


Par conséquent, le type de la décision (individuelle, collective ou autoritaire) d'innovation peut être ajouté en tant que facteur pouvant influencer le taux d'adoption des innovations.


Les limites du modèle de Rogers

Malgré les contributions de ce modèle, il présente certaines limites :
  • 🔍 Difficulté d’anticipation pour les innovations majeures :
  • Il est très difficile de mesurer les intentions et les réactions des clients potentiels face à des produits radicalement nouveaux, avant même qu’ils ne soient utilisés.
  • 🔧 Manque de prise en compte de l’ajustement continu :
  • Le modèle ne considère pas la capacité de l’entreprise innovatrice à corriger ou améliorer rapidement son innovation après les premiers retours des utilisateurs.
  • 🆚 Vision simpliste du marché :
  • Le modèle suppose qu’une innovation unique est proposée par un seul acteur, ce qui n’est pas réaliste dans un marché où plusieurs entreprises peuvent lancer en parallèle des innovations concurrentes et incompatibles.
  • 📊 Modèle descriptif, peu exploitable en stratégie prédictive :
  • Il ne permet pas de prédire concrètement le succès ou l’échec d’une innovation. Des variables importantes comme le bouche-à-oreille ou l’influence sociale sont trop complexes à modéliser et exploiter en entreprise.
  • ❌ Biais de sélection des innovations étudiées :
  • Le modèle se base uniquement sur les innovations qui ont réussi. Or, une grande majorité des innovations échouent commercialement, ce qui rend ce modèle l’exception plutôt que la règle.


L'adoption

Définition et logique générale

  • L’adoption est un processus interne à l’organisation comment la génération
  • Il correspond à la sélection et l’utilisation d’une innovation (produit ou pratique) pour la première fois, dans le but de répondre à un besoin ou résoudre un problème.
  • L’innovation peut exister ailleurs, mais elle est nouvelle pour l’organisation qui l’adopte.
  • Le processus se déroule en deux temps :
  1. Décision organisationnelle d’adopter.
  2. Transmission et intégration par les individus jusqu’à son usage régulier.


📌 Les 3 phases de l’adoption (Damanpour)

  1. Pré-adoption (initiation)
  • Identification du besoin ou problème.
  • Recherche et évaluation des solutions existantes.
  • Formation d’une attitude favorable à l’adoption.
  1. Décision d’adoption (mise en œuvre)
  • Évaluation technique, financière et stratégique de l’innovation.
  • Possibilité de recours à des experts internes/externes.
  • Si adoption validée : allocation de ressources pour l'intégration.
  1. Post-adoption (implémentation)
  • Adaptation mutuelle entre l’organisation et l’innovation.
  • Intégration dans les routines organisationnelles jusqu’à un usage stable et régulier.


Les modèles d’adoption

Damanpour distingue dans ses recherches deux modèles d'adoption des innovations, un

modèle synchrone �et un modèle séquentiel � (lead-lag).


Modèle synchrone :

--> l'organisation adopte plusieurs types d'innovations enmême temps ou dans un laps de temps rapproché.


Modèle séquentiel (lead-lag) :

--> Un type d’innovation favorise l’adoption d’un autre dans un second temps.


💡 Traditionnellement :
Les innovations technologiques sont adoptées en premier, puis les innovations non technologiques (souvent managériales) viennent les accompagner.
🧠 Damanpour remet en question cet ordre :
Il propose que les innovations managériales, en favorisant la culture, la créativité et l’apprentissage organisationnelpréparent le terrain pour les innovations technologiques.
✅ Conclusion :
Une adoption équilibrée entre innovations managériales et technologiques serait la meilleure stratégie pour améliorer les performances de l’organisation.


⚙️ Facteurs explicatifs de l’adoption

Facteurs externes :

  • Pressions de l’environnement : concurrenceréglementationsattentes clientspénurie de ressourcesfacteurs sociaux, politiques, culturels, géographiques.

Facteurs internes :

  • Recherche d’amélioration des compétences, de la qualité, de la différenciation.
  • Influence de la taille, du professionnalisme, des relations externes, de la communication, et de la situation financière.


Rôle stratégique de l’adoption

  • Permet à l’organisation de rester adaptable et compétitive.
  • Favorise la performance durable dans un environnement en mutation constante.



❌ Les obstacles à l’adoption d’une innovation


⚙️ 1. Centralisation et formalisation

  • Centralisation : les décisions sont concentrées au sommet, ce qui freine la réactivité et l’autonomie des acteurs de terrain.
  • Formalisation excessive : les règles, procédures strictes et rigides limitent la flexibilité nécessaire à l’intégration d’innovations.


2. L’ampleur de la transformation & la résistance au changement

🧠 2.1. Raisons psychologiques et culturelles :

  • Attachement émotionnel aux pratiques, produits et modes de fonctionnement traditionnels.
  • Peur des perturbations et du changement engendré par l’innovation.
  • L’innovation peut bouleverser les habitudes, nécessiter de nouvelles compétences, voire redistribuer le pouvoirau sein de l’organisation.
🔄 Résultat : résistance au changement fréquente, notamment chez les leaders établis du secteur.

💡 Exemple :

Les entreprises en position dominante sont souvent réticentes à adopter des solutions issues de nouveaux entrants, craignant de remettre en cause leur modèle établi.


2.2) Dans certains cas, la résistance au changement prend la forme d’une myopie stratégique.

Les managers réticents à l’innovation s’accrochent à des solutions éprouvées qu’ils ont toujours utilisées, même face à de nouveaux problèmes. Ils peuvent même réinterpréter les menaces pour pouvoir y répondre avec des méthodes traditionnelles.

👉 Les solutions innovantes, qui remettent en question les schémas établis, ne sont considérées qu’en dernier recours, une fois que les approches classiques ont échoué.

Dans cette logique, les entreprises privilégient souvent des innovations incrémentales — de petites améliorations de ce qui a déjà fait leur succès — au détriment des innovations radicales, qui pourtant permettent de véritables ruptures.

🔍 Ce comportement explique pourquoi certaines entreprises leaders, notamment dans les secteurs en forte mutation, voient leur position concurrentielle s’affaiblir lorsque survient une rupture technologique ou organisationnelle.

📉 Exemple marquant :

IBM, autrefois leader sur les gros systèmes informatiques, a manqué le virage du micro-ordinateur. Ce n’est que grâce à sa puissance financière qu’elle a pu limiter les dégâts et rattraper son retard sur ce marché émergent.

La post-adoption :

Cette phase est souvent négligée dans la littérature.

En sachant que de nombreuses innovations adoptées par les organisations finissent par être abandonnées

.

Que se passe-t-il après l'abandon?


Deux stratégies après l'abandon, soit 

l'innovation est remplacée par une autre innovation plus avantageuse, soit la rétractation qui consiste à reprendre la pratique initiale.

L'innovation peut-elle s'organiser ?

🧠 L’innovation peut-elle s’organiser ?

Organiser et innover : une tension entre deux logiques

L’innovation repose sur une double exigence paradoxale :

  • Elle nécessite une planification structurée pour allouer des ressources et fixer des objectifs clairs.
  • Mais en même temps, elle implique de l’incertitude, du changement, parfois même du désordre, qui échappent à toute anticipation.

Autrement dit, organiser et innover mobilisent des logiques souvent opposées, ce qui crée une tension difficile à surmonter.

Pour mieux comprendre cette tension, il faut décomposer ce que signifie "s’organiser" dans un collectif.


🔧 S’organiser, c’est répondre à deux grandes questions :

  1. Comment se coordonner ?
  2. Comment contrôler le travail accompli ?

L'organisation se construit alors autour de trois mécanismes :

→ Spécialisation x Standardisation x Contrôle

Ces mécanismes sont adaptés à l’activité quotidienne, mais peuvent entraver l’innovation, pour trois raisons principales :

1. Spécialisation :

Elle pousse à répéter et à améliorer ce qui fonctionne déjà. Cela peut encourager l’innovation conservatoire (des ajustements progressifs), mais freine l’innovation de rupture, car elle enferme dans des routines.

👉 Elle favorise le conformisme, pas la créativité.

2. Standardisation :

Elle impose des processus fixes qui limitent l’autonomie des individus. Dans ce cadre rigide, toute initiative peut être perçue comme une déviance par rapport à la norme.

3. Contrôle :

Il repose sur des résultats attendus ou des méthodes définies à l’avance. Cela décourage la prise de risque, car l’innovation, par définition, est incertaine et sort du cadre.


🚧 Innover dans une organisation n’est donc pas "naturel"

C’est là que le management de l’innovation devient essentiel : son rôle est de lever les freins, de créer un environnement propice à l’innovation, et d’encourager les individus à sortir de l’inertie.

Les 4 grands défis du management de l’innovation :

  1. 💡 Impliquer tous les acteurs de l’organisation et faire émerger une idée individuelle vers un projet collectif institutionnalisé.
  2. 🔎 Maintenir l’attention des équipes sur l’innovation tout au long du processus (souvent long et complexe).
  3. 🔄 Gérer les interactions entre les différents acteurs, en facilitant les échanges, les négociations, les arbitrages.
  4. 🌱 Créer un vrai climat d’innovation, où celle-ci est valorisée dans la culture d’entreprise, et intégrée dans la gestion des carrières.


L'organisation de l’innovation : Approche mécanique vs organique

L’innovation est l’un des moyens pour une organisation de s’adapter à son environnement. Selon que cet environnement est stable ou instable, l’entreprise adoptera une structure différente, plus ou moins favorable à l’innovation.


🌿 Les organisations organiques : l'agilité au service de l'innovation

Les entreprises évoluant dans des environnements instables sont souvent dites organiques. Leur capacité d’adaptation élevée crée un terrain favorable à la créativité et à l’innovation.

🔑 Caractéristiques principales :

  • Utilisation de compétences spécifiques dans une tâche commune
  • Réajustement constant des tâches individuelles via l’interaction
  • Contrôle et communication via des réseaux informels
  • Communication horizontale (entre collègues) plutôt que verticale (chefs/subordonnés)
  • Partage d’informations plus que d’instructions
  • Aucune toute-puissance supposée du sommet : les décisions peuvent émerger de la base
  • Accent mis sur l’engagement et la collaboration, non sur l’obéissance stricte

✅ Avantages :

  • Favorise la créativité et l’innovation
  • Permet une réactivité accrue face aux opportunités ou menaces
  • Encourage l’implication, l’autonomie et la motivation des employés

❌ Inconvénients :

  • Peut manquer de structure et d’efficacité dans un environnement stable
  • Risque de flou dans les responsabilités
  • Exige des employés autonomes, compétents et adaptables


Les organisations mécaniques : l'efficacité avant tout

À l’inverse, les entreprises mécaniques évoluent mieux dans des environnements stables, où l’objectif principal est l’efficience interne plutôt que l’innovation.

🔑 Caractéristiques principales :

  • Forte spécialisation des tâches
  • Coordination formelle avec des règles et procédures précises
  • Structure hiérarchique rigide et centralisée
  • Décision prise par une élite au sommet de l’organisation
  • Communication verticale descendante (du haut vers le bas)
  • Obéissance et loyauté valorisées
  • Importance accordée aux compétences techniques et spécialisées
  • Faible flexibilité organisationnelle

✅ Avantages :

  • Parfaitement adapté à des tâches répétitives et prévisibles
  • Offre un contrôle serré sur les opérations
  • Réduit les risques d’erreurs grâce à la standardisation

❌ Inconvénients :

  • Mal adapté aux environnements dynamique ou incertain
  • Peut étouffer l’innovation et la créativité
  • Risque de démotivation des employés en manque d’autonomie


Les modèles mécanique et organique ne doivent pas être perçus comme mutuellement exclusifs. En réalité, la plupart des entreprises combinent des éléments des deux approches afin de s’adapter à la diversité de leurs activités. Une même organisation peut ainsi fonctionner selon un modèle mécanique dans ses opérations quotidiennes tout en adoptant un modèle plus organique dans ses projets d’innovation.

👉 Il serait donc réducteur d’affirmer que seules les entreprises organiques peuvent innover.

En effet, l’organisation de l’innovation repose sur un paradoxe fondamental :

  • Elle nécessite créativité, remise en cause de l’existant, agilité → ce qui renvoie au modèle organique.
  • Mais elle exige également une mise en œuvre rigoureuse, une capacité à transformer les idées en solutions concrètes (produits, services, process) → ce qui s’appuie sur des mécanismes de coordination, de spécialisation et de contrôle, typiques du modèle mécanique.

🔧 Autrement dit, une innovation ne se limite pas à une idée créative : elle doit être conçue, testée, produite, diffusée. Cela nécessite à la fois souplesse et rigueurcréativité et structuration.


Pour aller plus loin : la structure adhocratique

La structure adhocratique représente une forme avancée de l’organisation organique, spécifiquement conçue pour des environnements très instables où l’innovation est au cœur de la stratégie.

⚙️ Caractéristiques de l’adhocratie :

  1. Peu ou pas de formalisation : L’organisation repose sur la créativité, l’expertise et l’expérimentation, sans lourdeur administrative.
  2. Équipes projet pluridisciplinaires : Constituées temporairement pour résoudre un problème ou mener à bien un projet spécifique.
  3. Communication horizontale et fluide : Les échanges sont informels, rapides, transversaux.
  4. Leadership flexible et distribué : Il n’y a pas de chef unique permanent. Le leadership est exercé par ceux qui détiennent l’expertise, selon les besoins du projet.
  5. Flexibilité organisationnelle : Les équipes peuvent se créer, évoluer ou disparaître en fonction des projets. Il n’existe pas de structure rigide et figée.



Le dépassement du paradoxe exploitation-exploration : L'ambidextrie organisationnelle

⚖️ Le dépassement du paradoxe exploitation-exploration : l’ambidextrie organisationnelle

Dans un environnement complexe et incertain, l’innovation devient un levier essentiel pour assurer la pérennité des organisations. Mais une tension se dessine :

  • D’un côté, les entreprises doivent exploiter ce qu’elles savent déjà faire (optimiser les processus, rentabiliser les compétences, viser l’efficience).
  • De l’autre, elles doivent aussi explorer de nouvelles pistes (expérimenter, innover, se réinventer).

Ce paradoxe stratégique, appelé exploitation vs exploration, pose un défi majeur : comment concilier ces deux logiques contradictoires au sein d’une même organisation ?


🧠 Ambidextrie organisationnelle : définition et intérêt

Le concept d’ambidextrie organisationnelle (inspiré d’une personne ambidextre capable d’utiliser ses deux mains avec la même efficacité) propose une solution à ce dilemme :

👉 C’est la capacité d’une organisation à mener simultanément des activités d’exploitation et d’exploration.

Cela suppose :

  • De conserver des performances à court terme (via l’exploitation),
  • Tout en préparant le futur par l’exploration de nouveaux marchés, technologies ou modèles économiques.

🎯 Objectif : Assurer un avantage concurrentiel durable dans le temps.


✨ Caractéristiques des organisations ambidextres

  1. Double logique temporelle :
  • L’exploitation concerne le court terme, la stabilité, la rigueur et le contrôle.
  • L’exploration vise le long terme, implique des risques, des apprentissages, de la flexibilité.
  1. Spécialisation des environnements :
  • Les contextes favorables à l’exploitation (structures formelles, routines) sont très différents de ceux qui stimulent l’exploration (souplesse, créativité, autonomie).
  1. Risque de tensions organisationnelles :
  • Maintenir ces deux activités génère des conflits culturels et opérationnels : objectifs différents, temporalités opposées, manières de travailler divergentes.
  1. Réponse stratégique : la séparation des activités

Pour gérer ces tensions, la théorie de l’ambidextrie propose de séparer les deux activités, selon trois formes principales.


🧩 Les trois types d’ambidextrie

1. Ambidextrie structurelle

  • Deux unités d’affaires distinctes :
  • l’une spécialisée dans l’exploration (souple, innovante),
  • l’autre dans l’exploitation (formalisée, efficiente).
  • Chaque unité adopte un mode de fonctionnement adapté à sa mission.

🧠 Ex : Une entreprise peut avoir un centre R&D indépendant, à côté de son unité de production.


2. Ambidextrie contextuelle

  • L’exploration et l’exploitation coexistent au sein de la même entité, mais via des projets différenciés.
  • Les employés ou équipes passent d’un mode à l’autre selon les missions confiées.

🧠 Ex : Une équipe marketing peut mener une campagne traditionnelle tout en expérimentant une nouvelle stratégie digitale.


3. Ambidextrie de réseau

  • L’entreprise ne gère pas seule ses deux logiques : elle s’appuie sur un réseau de partenaires.
  • Certains acteurs du réseau se spécialisent dans l’exploitation, d’autres dans l’exploration.

🧠 Ex : Un grand groupe industriel peut confier l’innovation disruptive à des startups partenaires, tout en gardant en interne l’exploitation de ses produits phares.


Séance 6: Apprentissage organisationnel

📚 Séance 6 : Apprentissage organisationnel – Les apprentissages de l’innovation

🧠 Définition

L’apprentissage organisationnel désigne le processus par lequel une organisation acquiert, mémorise et restitue des savoirs et savoir-faire, de manière à transformer durablement ses comportements.

🎯 Objectif : améliorer la performance de l’organisation.

🔁 Les 3 étapes du processus d’apprentissage

  1. Apprentissage cognitif :
  2. → Les membres découvrent de nouvelles idées, enrichissent leurs connaissances, changent leur façon de penser.
  3. Apprentissage comportemental :
  4. → Les comportements évoluent à partir des nouvelles connaissances intégrées.
  5. Amélioration des performances :
  6. → L’organisation devient plus efficace et efficiente.
Cet apprentissage est collectif, même s’il prend racine dans les apprentissages individuels. Il est influencé par :
  • Le contexte de l’organisation
  • Son histoire (succès, échecs passés)
  • Ses valeurs et sa culture
  • Les dynamiques sociales internes

🔎 Pourquoi est-il essentiel à l’innovation ?

L’innovation repose sur la capacité à :

  • Intégrer de nouvelles connaissances
  • Expérimenter
  • Apprendre de ses erreurs
  • S’adapter rapidement à un environnement changeant


🛠️ Les 4 types d’apprentissage dans le cadre de l’innovation

🛠️ Learning by doing→ Apprendre en réalisant concrètement une tâche (expérimentation pratique)

🧪 Learning by using→ Apprendre par l’usage répété d’un outil, d’une technologie ou d’un système

❌ Learning by failing→ Apprendre de ses erreurs, en analysant les échecs rencontrés

🤝 Learning by interacting→ Apprendre au contact des autres, par la collaboration et l’échange


De la simple à la double boucle : L'apprentissage dans l'innovation

🌍 Maîtriser les routines défensives

  • Les routines défensives sont des comportements ou mécanismes qui empêchent le changement et l’apprentissage.
  • Pour rendre l'organisation apprenante, il est essentiel de changer le raisonnement défensif des membres de l’organisation. Cela permet de développer un raisonnement constructif pour résoudre les problèmes.


Il est indispensable de maîtriser les routines défensives qui peuvent faire obstacles au changement et à l'apprentissage.


🔄 Apprentissage en simple boucle ("Single-loop learning")

  • Définition : L’organisation ajuste ses actions en fonction des résultats observés sans remettre en question ses principes de base.
  • Processus : La réponse de l’organisation est réactive. Elle règle les erreurs sans changer les valeurs ou les objectifs qui les ont causées.
  • Exemple :
  • Une entreprise ajuste ses prix après avoir constaté une baisse des ventes, mais ne remet pas en cause son modèle économique.
  • Caractéristiques :
  • Changement de surface
  • Réaction à un problème immédiat
  • Pas de remise en cause des principes de base



🔄 Apprentissage en double boucle ("Double-loop learning")

  • Définition : L’organisation remet en question ses hypothèses fondamentales, ses valeurs et ses règles de fonctionnement. Ce changement est profond et implique une remise en cause du mode de pensée.
  • Processus : Il s'agit de réfléchir plus largement sur les raisons qui sous-tendent les actions passées, plutôt que de simplement corriger une erreur.
  • Exemple :
  • Une entreprise repense entièrement son modèle économique après avoir constaté qu'il ne répond plus aux besoins du marché. Cela nécessite de remettre en question ses valeurs fondamentales.
  • Caractéristiques :
  • Changement profond
  • Réflexion sur les raisons sous-jacentes
  • Remise en cause des schémas de pensée existants


🛠️ Les deux types d’apprentissage dans l’innovation

  • Certaines innovations peuvent entraîner une remise en cause des valeurs culturelles et des schémas de fonctionnement de l’entreprise (apprentissage en double boucle).
  • D’autres améliorent simplement un processus existant sans bouleverser les fondements culturels (apprentissage en simple boucle).
Exemple d’innovation en simple boucle performante :
Un PDG découvre que les multiples procédures au sein de son entreprise freinent l’innovation. Après avoir constaté qu'il fallait 275 étapes pour accepter une idée nouvelle, il mandate une équipe pour réduire ce nombre à 75 étapes. Cela améliore la performance et augmente les innovations, mais il ne remet pas en question pourquoi ces 275 étapes étaient en place au départ, ni comment elles ont évolué jusqu’à ce point.


Objectif : dépasser les obstacles au changement

  • L'apprentissage en double boucle est essentiel lorsqu'il s'agit de réaliser un changement de fond, souvent nécessaire à l'innovation disruptive.
  • L'apprentissage en simple boucle, bien qu’efficace, se limite à une amélioration de surface sans revisiter les fondamentaux de l'organisation.


🌱 Vers l’organisation apprenante : les pratiques nécessaires

Une organisation apprenante est une structure capable de s'adapter, d'évoluer et de se perfectionner en continu grâce à un apprentissage constant. Voici les pratiques et politiques essentielles pour construire une organisation apprenante :

  1. Résolution systématique des problèmes :
  • L’organisation doit mettre en place des procédures efficaces pour résoudre les problèmes de manière systématique et réactive.
  1. Recherche de nouveaux savoirs :
  • L'organisation doit être constamment à la recherche de nouveaux savoirs qu’elle teste et expérimente, souvent à travers des programmes spécifiques.
  1. Apprentissage des erreurs du passé :
  • Une attention particulière est portée aux erreurs passées, qui sont analysées et transformées en leçons afin d'éviter de reproduire les mêmes erreurs et d’en tirer profit pour les projets futurs.
  1. Veille externe :
  • Veille concurrentielle active grâce au benchmarking pour étudier les pratiques des concurrents.
  • Retour des clients via des tests utilisateurs et des sites pilotes, pour mieux comprendre les besoins réels du marché et ajuster les produits en conséquence.
  1. Diffusion du savoir :
  • Une organisation apprenante dispose de mécanismes efficaces de diffusion du savoir interne, favorisant le partage et l'échange de connaissances à travers ses différentes strates.

🔬 L’importance de l'expérimentation et des types d'apprentissage dans l'innovation

L’innovation est un processus complexe qui nécessite une approche expérimentale et l’intégration de divers types d’apprentissage :

1. Apprentissage interne (lié à la production) :

  • Amélioration continue de l’activité de production grâce à l’expérience acquise.
  • Ce type d’apprentissage aide l'entreprise à devenir plus habile au fur et à mesure qu’elle gagne en expérience.

2. Apprentissage par l'utilisation (externe) :

  • Cet apprentissage résulte de l'utilisation du produit par le consommateur final.
  • L’entreprise collabore avec les premiers utilisateurs pour affiner le produit et mieux comprendre les attentes du marché.
  • Interaction avec les utilisateurs : Ces échanges permettent à l’entreprise de découvrir de nouvelles perspectives, d’ajuster ses objectifs et de mieux cibler le marché réel et potentiel.

3. Apprentissage par l'échec (externe) :

  • L’échec est inévitable dans l'innovation, mais il peut être positif s’il est utilisé comme un moyen d’apprendre.
  • Capitalisation des échecs : Chaque échec est une opportunité d’améliorer le processus et d’acquérir de nouvelles connaissances.
  • Droit à l’erreur : Encourager les collaborateurs à prendre des risques et à échouer sans crainte est essentiel pour nourrir la créativité.
  • Exemple :
  • Eli Lilly, une entreprise pharmaceutique, a institué des "failure parties" pour célébrer les échecs des employés, renforçant ainsi la culture de prise de risques et d’innovation.
  • Apprentissage vicariant : L’observation des échecs d’autres acteurs (concurrents, autres industries) permet d'apprendre sans avoir à reproduire les erreurs.
  • L’échec est particulièrement pertinent pour l’innovation de rupture. En effet, il peut mener à une réévaluation radicale des approches du marché et des stratégies de produits, en entraînant des changements profonds dans la vision de l’entreprise.


📉 Les bénéfices de l’échec dans l’innovation de rupture

  • Retour d'informations : L'échec génère des retours précieux des utilisateurs, permettant de mieux comprendre les besoins et de réajuster les produits.
  • Réflexion sur les dysfonctionnements internes : L’échec révèle souvent des faiblesses dans l’organisation qui peuvent être corrigées pour améliorer les performances futures.

Exemple : Boeing

  • Boeing a dû faire face à des échecs qui ont permis de remettre en question plusieurs aspects de ses processus internes, favorisant ainsi des révisions cruciales dans son approche de l’innovation.


Les pratiques de coopération innovatrice et d'innovation ouverte : Le "Faire avec"

L'innovation ne se limite plus à un simple processus interne de développement au sein des entreprises. De plus en plus, les entreprises collaborent avec des acteurs externes, y compris des fournisseurs, pour co-développer des produits ou services. C'est ce qu'on appelle le modèle "Faire avec" (learning by interacting), un processus collaboratif où les acteurs externes contribuent activement à l'innovation.


Les bonnes pratiques pour intégrer l'apprentissage organisationnel dans le management de l'innovation

Les entreprises innovantes encouragent une culture d'apprentissage, essentielle pour l'innovation continue. Voici quelques bonnes pratiques à adopter :

  1. Encourager une culture de l'apprentissage :
  • Créer un environnement propice à l'innovation où l'échec est perçu comme une opportunité d'apprendre et non comme une faute.
  • Mettre en place des mécanismes qui favorisent l'expérimentation, la curiosité et l'amélioration continue.
  1. Favoriser le droit à l'erreur, la curiosité et la remise en question :
  • Permettre aux employés de tester de nouvelles idées sans crainte de sanctions en cas d’échec.
  • Encourager la remise en question des processus existants pour constamment chercher de nouvelles voies d'amélioration.
  1. Mise en place de mécanismes de partage des connaissances :
  • Développer des bases de données internes où les bonnes pratiques sont répertoriées et mises à la disposition de tous.
  • Créer des communautés de pratiques pour favoriser les échanges entre les équipes et les experts.
  • Le mentoring est également une méthode efficace pour faire circuler l'expérience et les compétences.
  1. Adopter des méthodologies agiles :
  • Utiliser des méthodes telles que le Design Thinking, le Lean Startup et d’autres pratiques agiles pour répondre rapidement aux besoins du marché et tester des solutions sur de petites échelles avant de les déployer à grande échelle.
  1. Favoriser l'apprentissage collaboratif :
  • Collaborer avec des partenaires externes, comme des universités, des startups ou des entreprises complémentaires, pour élargir les perspectives et nourrir l'innovation.
  1. Instaurer une veille stratégique :
  • Surveiller les tendances du marché, suivre les innovations des concurrents et être attentif aux signaux faibles qui pourraient signaler des changements importants ou des opportunités d'innovation.

Toyota et le Kaizen : L'Innovation par l'Amélioration Continue

Le modèle Kaizen, fondé sur l'amélioration continue, est au cœur du succès de Toyota. Il repose sur l'idée que des petites améliorations régulières, faites par tous les employés, contribuent à l'innovation durable et à une meilleure performance.

Principes fondamentaux du Kaizen chez Toyota :

  1. Implication de tous les employés : Chaque employé, quelle que soit sa position dans l’entreprise, est encouragé à proposer des idées d'amélioration pour optimiser les processus de travail.
  2. Petites améliorations continues : Plutôt que de chercher des transformations radicales, Toyota favorise des ajustements réguliers et progressifs. Cela permet de maintenir une évolution constante tout en préservant la stabilité.
  3. Élimination des gaspillages : Chaque processus est analysé pour identifier et éliminer les gaspillages, que ce soit en termes de temps, de ressources ou d'efforts.
  4. Standardisation et apprentissage organisationnel : Les bonnes pratiques sont systématisées et documentées pour devenir des standards dans l’organisation, permettant à l’ensemble de l’entreprise de s'appuyer sur les acquis.
  5. Résolution des problèmes à la source : Les managers se rendent directement sur le terrain pour identifier et résoudre les problèmes immédiatement, ce qui permet une prise de décision plus rapide et un suivi plus réactif des problèmes.

Outils du Kaizen appliqués par Toyota :

  1. Just-in-Time (JIT) : Ce système vise à produire ce qui est nécessaire, en temps voulu, et en quantité optimale. Cela réduit les coûts de stockage et améliore la fluidité de la production.
  2. Système Kanban : Utilisation de cartes visuelles pour signaler les besoins en matériaux et gérer les flux de production en temps réel. Ce système améliore la gestion des stocks et réduit les interruptions de production.
  3. Cycle PDCA (Plan-Do-Check-Act) : Ce processus d'amélioration continue permet de tester des solutions, de vérifier leur efficacité, et de les ajuster ou de les appliquer à plus grande échelle si elles réussissent.
  4. Les "5 Pourquoi" : Cette méthode permet de remonter à la cause profonde d'un problème en posant successivement la question "Pourquoi ?" jusqu'à identifier la source réelle du problème.

Impact du Kaizen sur l'innovation chez Toyota :

  • Innovation produit : Par des ajustements progressifs, Toyota a continué à améliorer ses modèles, en particulier dans le domaine de l'électrification des véhicules, avec des transitions lentes mais constantes vers des batteries hybrides et électriques.
  • Innovation process : Toyota a intégré de nouveaux matériaux et technologies tout en maintenant une production optimisée et en améliorant constamment ses processus.
  • Innovation organisationnelle : Grâce à l'implication des employés et à l'amélioration continue, Toyota a développé une organisation capable de réagir rapidement aux changements et de s'adapter aux nouvelles technologies et tendances du marché.


Défis du Kaizen

Malgré son succès, l'application du Kaizen présente des défis :

  • Difficulté d'application dans des environnements moins structurés : Le Kaizen repose sur une discipline organisationnelle forte. Dans des entreprises moins structurées, il peut être difficile d'impliquer systématiquement tous les employés dans la démarche.
  • Risque de privilégier l'optimisation à l'innovation radicale : Le Kaizen favorise l'amélioration incrémentale, mais peut être perçu comme un frein à l'innovation disruptive, qui nécessite parfois de grands changements.
  • Charge mentale pour les employés : Être constamment sollicité pour proposer des améliorations peut générer une pression supplémentaire sur les employés, ce qui peut affecter leur bien-être au travail.



Séance 7 : l'intrapreneuriat et l'innovation

L'intrapreneuriat est un concept stratégique qui désigne le processus par lequel des employés d'une entreprise se comportent comme des entrepreneurs, en développant des projets innovants et créatifs au sein de l'organisation, tout en bénéficiant des ressources et de l'infrastructure mises à leur disposition par l'entreprise. Contrairement à un entrepreneur indépendant qui crée une entreprise, l'intrapreneur évolue dans une structure existante, souvent en lançant de nouveaux produits ou services, ou en réinventant des processus internes pour dynamiser l'innovation.


L'intrapreneuriat est fondé sur l'idée que l'innovation ne doit pas être l'apanage d'une seule fonction, comme la recherche et le développement (R&D), mais doit être partagée par toute l'organisation. Il s'agit de favoriser un climat entrepreneurial au sein de l'entreprise, permettant à chaque membre de l'organisation de contribuer à l'innovation à son échelle.


Deux processus stratégiques dans les grandes entreprises

  1. Le processus stratégique dirigé par la conception de la stratégie de l'entreprise :
  • Ici, la stratégie est définie au niveau central de l'entreprise. Les acteurs sont principalement réactifs, agissant en fonction des grandes lignes de la stratégie globale qui leur sont imposées.
  1. Le processus stratégique autonome, initié par les acteurs locaux :
  • Dans ce modèle, les employés locaux prennent des initiatives qui vont influencer la stratégie de l'entreprise. Ce sont leurs comportements et leurs projets qui modifient ou affinent la stratégie globale de l'organisation. L'intrapreneuriat relève de cette deuxième approche.


Caractéristiques de l'intrapreneuriat

L'intrapreneuriat repose sur plusieurs principes fondamentaux :

  • Initiative individuelle : L'intrapreneuriat commence par l'action individuelle des employés qui ont une idée et souhaitent la développer à l'intérieur de l'entreprise.
  • Création de valeur interne : L'intrapreneur utilise les ressources, le soutien et l'infrastructure de l'entreprise pour concrétiser ses projets innovants, mais il ne crée pas une entreprise indépendante.
  • Autonomie et créativité : Les intrapreneurs sont autonomes dans leurs démarches, mais peuvent compter sur la structure de l'entreprise pour les aider à faire progresser leurs idées.


Pourquoi favoriser l'intrapreneuriat ?

L'intrapreneuriat offre de nombreux avantages à l'entreprise, et c'est pour cela qu'il est de plus en plus encouragé par les grandes organisations.

  1. Stimuler l'innovation :
  • En permettant aux employés d'être acteurs de l'innovation, l'intrapreneuriat permet de multiplier les idées et les solutions créatives, ce qui peut conduire à des produits et services novateurs.
  1. Renforcer la compétitivité :
  • L'innovation permet à l'entreprise de se différencier de ses concurrents, d'être plus agile et de répondre plus rapidement aux changements du marché.
  1. Développement de nouvelles sources de revenus :
  • Les projets intrapreneuriaux peuvent générer de nouvelles lignes de produits, de services ou de marchés, diversifiant ainsi les sources de revenus de l'entreprise.
  1. Amélioration de la culture d'entreprise :
  • Encourager l'intrapreneuriat renforce la culture de la créativité, de l'autonomie et de la prise d'initiative au sein de l'entreprise. Cela peut aussi favoriser un environnement de travail collaboratif et stimulant.
  1. Attraction et fidélisation des talents :
  • Les entreprises qui encouragent l'intrapreneuriat attirent les talents, en particulier ceux qui recherchent des environnements de travail dynamiques où leurs idées peuvent se concrétiser. Cela permet également de fidéliser les employés en leur offrant des opportunités d'innovation au sein de l'entreprise.

Les clés du succès de l'intrapreneuriat

Pour qu'un projet intrapreneurial soit couronné de succès, il est important que l'entreprise mette en place certaines conditions favorables :

  1. Autonomie et flexibilité :
  • Les intrapreneurs doivent bénéficier d'une certaine autonomie dans leurs projets et pouvoir expérimenter sans trop de contraintes bureaucratiques.
  1. Soutien managérial et ressources :
  • Les intrapreneurs ont besoin d'un soutien clair de la direction, ainsi que des ressources nécessaires (temps, budget, personnel) pour mener à bien leurs projets.
  1. Accès à un réseau interne :
  • L'intrapreneur doit pouvoir collaborer avec d'autres équipes, partager ses idées et bénéficier des connaissances et compétences des différents départements de l'entreprise.
  1. Culture de l'innovation :
  • L'entreprise doit encourager la prise de risque, l'expérimentation, et la tolérance à l'échec, éléments essentiels pour que l'intrapreneuriat puisse se développer.
  1. Reconnaissance et récompenses :
  • Pour motiver les intrapreneurs, il est important que leurs efforts soient reconnus et valorisés, que ce soit par des récompenses financières, des promotions ou la reconnaissance publique de leurs réalisations.

Exemples d'intrapreneuriat réussi

  1. Google :
  • L'un des exemples les plus célèbres d'intrapreneuriat est le programme "20% Time" de Google, qui permet aux employés de consacrer 20 % de leur temps à des projets personnels qui peuvent bénéficier à l'entreprise. C'est grâce à ce programme que des produits comme Gmail et Google News ont vu le jour.
  1. 3M :
  • 3M est un autre exemple emblématique d'une entreprise qui a intégré l'intrapreneuriat dans sa culture d'entreprise. Le Post-it a été inventé par un intrapreneur qui travaillait sur un projet personnel. 3M encourage l'innovation à travers des programmes internes et une grande liberté donnée aux employés.
  1. Sony :
  • Sony a permis à son intrapreneur Akio Morita de développer la première radio transistorisée, qui a révolutionné l'industrie de la musique et fait de Sony un leader de l'électronique grand public.


Les trois briques de base de l'intrapreneuriat

Pour favoriser l'intrapreneuriat au sein des entreprises, trois éléments clés ou "briques de base" doivent être mis en place. Ces piliers sont essentiels pour que l'intrapreneuriat puisse se développer, offrir des résultats concrets et se pérenniser dans l'organisation. Ces briques sont :


1. L'autonomie individuelle

L'autonomie est l'un des facteurs les plus importants pour encourager l'initiative des intrapreneurs. En effet, ces derniers doivent pouvoir disposer d'une certaine liberté pour mener à bien leurs projets et prendre des décisions sans être constamment soumis à une hiérarchie ou à des contraintes bureaucratiques.

  • Le "crédit temps" : Certaines entreprises mettent en place des mécanismes comme le crédit temps (ex. : la règle des 20 % chez Google, permettant aux employés de consacrer une journée par semaine à des projets personnels). Cela permet de favoriser l'autonomie des intrapreneurs et de stimuler leur créativité.
  • Degré variable d'autonomie : Le niveau d'autonomie accordé peut varier d'une entreprise à l'autre. Certaines entreprises permettent aux intrapreneurs de travailler de manière quasi indépendante, en dehors de la structure organisationnelle classique. D'autres préfèrent maintenir les intrapreneurs dans la structure principale, tout en leur donnant la possibilité d'agir de manière autonome vis-à-vis de leur hiérarchie.

L'autonomie est donc cruciale pour permettre aux intrapreneurs de se concentrer sur leurs idées sans être freiné par des processus décisionnels lourds ou des contraintes externes.


2. L'engagement personnel

L'engagement personnel des intrapreneurs est une condition essentielle à la réussite de l'intrapreneuriat. L'engagement des individus vis-à-vis de leurs projets internes est ce qui les pousse à surmonter les obstacles et à faire avancer leurs idées malgré les résistances qu'ils peuvent rencontrer.

  • Obstacles à l'intrapreneuriat : Lorsque les projets des intrapreneurs s'écartent des objectifs stratégiques ou des attentes de l'entreprise, ils risquent de rencontrer des résistances de la part de la direction ou de collègues. Il est donc important que l'intrapreneur soit suffisamment motivé pour surmonter ces obstacles.
  • Sources de motivation : Pour encourager l'engagement des intrapreneurs, l'entreprise doit offrir des reconnaissances officielles, comme des récompenses financières ou des promotions, ainsi que des encouragements visibles de la part de la direction.
  • Encouragement de la haute direction : Le soutien explicite et visible des dirigeants est crucial. Cela montre aux intrapreneurs que leurs initiatives sont appréciées et qu'ils ont l'appui nécessaire pour mener leurs projets à bien.

L'engagement personnel est ce qui permet à un intrapreneur de continuer à pousser ses idées même en cas de difficultés.


3. Le contrôle par les ressources

Lorsqu'un projet intrapreneurial commence à prendre forme, il devient nécessaire d'étendre les ressources humaines, financières et matérielles pour le faire évoluer. L'intrapreneur doit ainsi trouver les moyens de financer, organiser et développer son idée.

  • Accès aux ressources : Au fur et à mesure que le projet avance, l'intrapreneur aura besoin de plus de ressources, notamment en termes de budget, de temps, et d'équipes. Pour cela, il doit être capable de justifier son projet et d'obtenir l'appui des décisionnaires.
  • Présentation des besoins : L'intrapreneur doit être capable de présenter des informations précises pour soutenir son projet : faisabilité technique, étude de marché, identification des partenaires. Ces informations facilitent la comparaison des projets entre eux et permettent de décider où investir les ressources de l'entreprise.
  • Système de motivation des décisionnaires : Il est essentiel de concevoir un système de motivation des décisionnaires pour encourager l'examen des idées radicales et innovantes. Par exemple, 3M a mis en place une règle selon laquelle 30 % de son chiffre d'affaires devait provenir de produits lancés depuis moins de trois ans. Cela incite les responsables à examiner sérieusement de nouvelles idées, même les plus audacieuses.


Développer l'intrapreneuriat : La récupération de l'idée intrapreneuriale

Lorsqu'un projet intrapreneurial (intraprise) est conçu et que l'idée est prête à être développée, l'entreprise doit s'assurer de « récupérer » ce projet en lui attribuant un cadre organisationnel approprié. Cela signifie qu'une fois l'idée lancée et testée, l'entreprise doit évaluer sa pertinence stratégique, les ressources nécessaires et la manière dont elle s'intégrera dans la structure existante.


1. La réappropriation de l'idée intrapreneuriale

Une fois le projet conceptualisé, l'entreprise doit l'intégrer dans son organisation en lui attribuant un cadre adapté pour qu’il puisse être réalisé avec succès. Cela inclut :

  • L’évaluation du projet : L’entreprise doit analyser les risques et les opportunités associés au projet intrapreneurial, et déterminer dans quelle mesure il contribue à sa croissance future, à sa survie ou à son évolution.
  • La gestion de l’autonomie : Le degré de contrôle dépendra de l’importance stratégique du projet. Si ce projet est crucial pour l’entreprise, une supervision stricte pourrait être nécessaire, mais une certaine autonomie sera toujours maintenue pour préserver la flexibilité et la créativité.
  • Perte de pouvoir de la hiérarchie : Lorsque des intrapreneurs prennent le contrôle de leurs projets, la hiérarchie traditionnelle peut perdre une partie de son pouvoir, les intrapreneurs devenant des acteurs clés des processus décisionnels dans l’organisation.


2. Le paradoxe structure/créativité

L'intrapreneuriat permet de gérer le paradoxe entre la nécessité d’avoir une structure solide (avec des processus clairs et une organisation hiérarchique) et le besoin de créativité pour l’innovation. En effet, les grandes entreprises doivent maintenir un équilibre entre ces deux aspects :

  • Elles doivent continuer à faire fonctionner les processus traditionnels qui génèrent des revenus stables tout en encourageant la créativité pour explorer de nouveaux marchés et innovations.

Exemple de l’intrapreneuriat : La création de la PlayStation

Le développement de la PlayStation par Sony est un exemple parfait de la manière dont un intrapreneur a réussi à changer le cours de l’histoire de l'entreprise, malgré les résistances internes.


Étape 1 : Identifier le besoin et l’opportunité

  1. Position de Sony sur le marché du jeu vidéo avant la PlayStation :
  • Avant l’avènement de la PlayStation, Sony n’était pas impliqué dans l’industrie des jeux vidéo, un domaine dominé par Nintendo et Sega.
  • Sony était principalement une entreprise d'électronique grand public, sans grande expertise dans les consoles de jeux.
  1. Pourquoi Ken Kutaragi a vu une opportunité ?
  • Ken Kutaragi, un ingénieur passionné par les jeux vidéo, a perçu qu'il y avait un grand potentiel dans ce secteur et qu’il existait une opportunité d'innovation qui pouvait perturber le marché.
  1. Défis techniques ou commerciaux dans le développement des consoles avant la PlayStation :
  • Les consoles de jeux étaient principalement basées sur des cartouches, ce qui imposait des coûts de production élevés et des limitations techniques.
  • Le marché du jeu vidéo était dominé par des acteurs établis, rendant l'entrée sur ce marché risquée.
  1. Pourquoi Nintendo et Sega dominaient le marché à cette époque ?
  • Nintendo et Sega avaient déjà des franchises populaires et des bases d’utilisateurs fidèles. Ils dominaient le marché avec des consoles et des jeux bien établis, laissant peu de place aux nouveaux entrants.

Étape 2 : Le rôle de l’intrapreneuriat

  1. Comment Ken Kutaragi a initié le projet PlayStation malgré le désintérêt de Sony ?
  • Kutaragi a travaillé en secret sur un projet de console de jeu en collaboration avec Nintendo pour développer un lecteur CD-ROM destiné à la Super Nintendo.
  1. Pourquoi a-t-il d’abord travaillé secrètement avec Nintendo sur un lecteur CD-ROM ?
  • Nintendo avait un projet d’extension pour la Super Nintendo en ajoutant la fonctionnalité CD-ROM, mais leur partenariat avec Sony a échoué, ce qui a conduit Kutaragi à décider de développer un projet indépendant.
  1. Événements clés qui ont conduit Sony à finalement s’engager sur le marché des consoles :
  • Après l’échec avec Nintendo, Kutaragi a convaincu Sony de prendre en charge son projet. Le projet PlayStation a été accepté, et Sony a lancé sa propre console de jeu.

Étape 3 : Développement et test du produit

  1. Pourquoi le partenariat entre Sony et Nintendo a échoué ?
  • Le partenariat a échoué en raison de désaccords sur les droits et la gestion des revenus liés aux jeux. Nintendo voulait garder le contrôle total sur la distribution des jeux, ce qui a mis fin à l’accord.
  1. Choix technologiques qui ont différencié la PlayStation des consoles concurrentes :
  • Sony a choisi d’utiliser un CD-ROM au lieu des cartouches, permettant une plus grande capacité de stockage et des coûts de production plus faibles.
  1. Pourquoi Sony a choisi le format CD plutôt que la cartouche, et quel impact cela a-t-il eu ?
  • Le CD-ROM offrait une capacité de stockage plus grande à un coût plus bas, permettant aux développeurs de jeux de créer des titres plus riches en contenu.
  1. Comment Sony a-t-il testé et amélioré son produit avant son lancement ?
  • Sony a testé le produit en interne avec des versions prototypes et a recueilli des retours d’utilisateurs et de développeurs avant de finaliser la version de production.

Étape 4 : Défis et résistance interne

  1. Réticences des dirigeants de Sony face au projet PlayStation ?
  • Les dirigeants de Sony étaient sceptiques, car le marché du jeu vidéo semblait risqué et éloigné des activités traditionnelles de l’entreprise.
  1. Comment Kutaragi a-t-il convaincu Sony d’investir dans le projet ?
  • Il a montré des démonstrations concrètes du potentiel de la PlayStation et a fait preuve de sa passion et de sa détermination pour convaincre la direction.
  1. Obstacles techniques, financiers et stratégiques rencontrés avant la sortie de la console :
  • L'entreprise a dû surmonter des défis financiers pour financer le projet et des obstacles techniques pour garantir la qualité du produit.
  1. Stratégies utilisées pour se différencier de Nintendo et Sega lors du lancement :
  • Sony a utilisé une stratégie marketing agressive et a mis en avant des partenariats avec des développeurs de jeuxpour garantir une large gamme de jeux populaires dès le lancement.

Étape 5 : Facteurs de succès et enseignements

  1. Pourquoi la PlayStation a-t-elle connu un tel succès à son lancement ?
  • La PlayStation a bénéficié de l'innovation de son format CD-ROM, de ses jeux populaires, et de son marketing efficace.
  1. Éléments clés de la stratégie marketing et commerciale de la PlayStation :
  • Sony a mis l'accent sur des campagnes publicitaires ciblées, des partenariats stratégiques avec des développeurs de jeux, et un prix attractif.
  1. Comment l’intrapreneuriat de Kutaragi a permis à Sony d’entrer dans un nouveau marché ?
  • Le projet intrapreneurial de Kutaragi a permis à Sony de s'impliquer dans l’industrie du jeu vidéo, ce qu'il n'aurait pas fait sans l'initiative interne.
  1. Leçons tirées du cas PlayStation pour l’intrapreneuriat en général ?
  • L’exemple montre qu'avec de la passion, de l'engagement, et la capacité de surmonter les résistances internes, un intrapreneur peut transformer une idée en un projet révolutionnaire, même au sein d’une grande entreprise.

Création de Gmail : L'intrapreneuriat chez Google

Étape 1 : Identifier le besoin et l’opportunité

  • Problèmes des services de messagerie existants : Les services comme Yahoo et Hotmail avaient des capacités de stockage limitées, des interfaces peu performantes et des publicités envahissantes.
  • Pourquoi Paul Buchheit a vu une opportunité ? : Il a perçu qu’il y avait un réel besoin pour un service de messagerie électronique plus rapide, plus fluide, et avec un stockage beaucoup plus important.

Étape 2 : Le rôle de l’intrapreneuriat

  • Utilisation des 20% de temps libre : Paul Buchheit a utilisé ces 20% de temps libre chez Google pour développer Gmail en dehors de ses tâches habituelles.
  • Moyens et ressources mis à disposition par Google : Google a offert un environnement collaboratif, des ressources techniques et financières pour soutenir ce projet intrapreneurial.

Étape 3 : Développement et test du produit

  • Test interne avant lancement : Gmail a été testé en interne par les employés de Google avant son lancement public pour assurer sa qualité et son efficacité.
  • Atouts par rapport à la concurrence : Gmail offrait un stockage illimité (au lieu des limitations des concurrents), une interface simple et rapide, et une intégration transparente avec les autres services de Google.

Étape 4 : Défis et résistance interne

  • Résistances internes : Le projet a rencontré des réticences internes, notamment en raison des attentes élevées des dirigeants et du scepticisme face à l’idée d’un service de messagerie web.
  • Convaincre l’entreprise : Paul Buchheit a démontré l’efficacité et l'innovation de son projet, ce qui a conduit Google à soutenir l’initiative.

Étape 5 : Facteurs de succès et enseignements

  • Succès de Gmail : Gmail a connu un grand succès grâce à son stockage généreux, son interface simple et rapide, et sa capacité à éliminer les publicités envahissantes.
  • Leçons clés pour l’intrapreneuriat : L'exemple de Gmail montre l'importance d'un environnement qui favorise la créativité, l'innovation, et la prise de risques pour réussir dans l'intrapreneuriat.



Séance 8 : Financer l'innovation

Le financement de l'innovation est un sujet crucial pour les entreprises cherchant à se différencier et à croître dans des marchés souvent incertains.

• L'innovation nécessite des ressources financières importantes pour la recherche et développement (R&D), le prototypage, le marketing et la mise sur le marché des nouveaux produits ou services.

• Le financement de l'innovation est donc un enjeu clé pour les entreprises

, en particulier pour les startups et les PME qui ont souvent des contraintes budgétaires.


• Financer l'innovation est plus complexe que financer une activité classique

, car :

  • Risque élevé : Les projets d'innovation sont souvent associés à des risques importants en raison de l'incertitude technique et commerciale.
  • Rendement différé : Contrairement à des investissements dans des activités classiques, les investissements en R&D prennent du temps pour produire des résultats tangibles, créant un délai avant le retour sur investissement.
  • Asymétrie d'information : Les investisseurs peuvent avoir des difficultés à évaluer le potentiel réel des innovations, notamment parce que ces projets sont souvent basés sur des actifs immatériels comme des brevets ou des logiciels, difficilement valorisables.
  • Actifs immatériels : L'innovation repose sur des éléments immatériels, souvent difficilement mesurables, par exemple, un savoir-faire, des algorithmes ou des brevets.


2. Les Sources de Financement de l'Innovation

  • Internes et Externes : Le financement peut être assuré soit par des ressources internes (fonds propres), soit par des sources externes (investisseurs).


  • Sources Externes : Parmi les sources externes, plusieurs acteurs émergent :
  • Les Capital-Risqueurs : Ils financent des projets à haut risque et à fort potentiel, souvent en échange d’une prise de participation dans l’entreprise.
  • Les Business Angels : Ce sont des investisseurs privés, souvent des individus fortunés, qui apportent à la fois du financement et des conseils stratégiques.
  • Le Crowdfunding : Cette méthode de financement collectif permet de lever des fonds auprès du grand public via des plateformes dédiées. Elle est de plus en plus utilisée pour des projets innovants.
  • Financement spécifique : Selon le type de projet, des financements peuvent être alloués spécifiquement, par exemple pour les projets innovants verts ou écologiques.

3. Les Modes de Financement Classiques

  • Fonds Propres : Il s’agit des ressources financières internes à l’entreprise, souvent apportées par les actionnaires ou les fondateurs eux-mêmes. Cela peut aussi inclure des bénéfices non distribués.
  • Prêt Bancaire : Les prêts restent une option traditionnelle de financement. Cependant, les entreprises innovantes peuvent rencontrer des difficultés à obtenir des prêts bancaires en raison du risque élevé lié à l'innovation et à l'incertitude concernant les revenus futurs.



4. Choisir le Bon Financement en Fonction du Stade de l’Entreprise

  • R&D et Développement Initial : À ce stade, les entreprises peuvent se tourner vers des business angels ou des capital-risqueurs, qui sont prêts à prendre des risques pour financer des projets innovants.
  • Croissance et Expansion : Lorsque l’entreprise commence à se stabiliser et à se développer, elle peut faire appel à des prêts bancaires ou à des subventions publiques.
  • Internationale et Diversification : Pour financer l’expansion à l'international ou la diversification de produits, les entreprises peuvent rechercher des fonds propres ou des financements par le biais de partenariats stratégiques.


5. Financement de l'Innovation Verte

  • Projets écologiques ou verts : Des financements spécifiques sont souvent disponibles pour les entreprises développant des technologies ou des produits ayant un impact positif sur l'environnement. Ces financements peuvent provenir d’organismes publics ou de fonds privés dédiés à l'innovation durable.



📌 1. Les difficultés du financement de l’innovation

  • Beaucoup d’innovateurs ne maîtrisent pas les mécanismes de financement.
  • Les solutions sont nombreuses mais varient fortement selon :
  • Le stade de développement (amorçage, croissance, internationalisation…)
  • Les contraintes sur la gouvernance (perte de contrôle, exigences de reporting…)
  • La nature de l’innovation (radicale, incrémentale, verte…)


2. Les sources de financement

🔹 Privées :

  • Capital-risque (Venture Capital) est « un investissement en fonds propres de long terme, de type hands-on, : fonds investissant dans des startups innovantes, à fort potentiel, créées depuis < 5 ans.
  • L'innovation mise en œuvre par les entreprises doit ainsi être radicale R: la start-up doit proposer des produits ou des services à l'origine de nouvelles ruptures.
  • Les capital risqueurs influencent les décisions des dirigeants en leur apportant des conseils dans l'orientation stratégique des start-up.
  • • Ce sont des financiers que l'on peut qualifier de hands-on : ils siègent au conseil d'administration, apporte des fonds propresexpertise et réseau, mais implique une perte d’autonomie (ingérence dans la stratégie).


. 💼 Capital-risque (Venture Capital)

➤ Définition (NVCA) :

Un investissement en fonds propres de long terme, dans des entreprises innovantes et à fort potentiel, réalisé par des investisseurs spécialisés.

📍 Objectif :

  • Faire croître la valeur de la start-up.
  • Se rémunérer via une plus-value à la revente des parts.

🧬 Profil des entreprises ciblées :

  • Moins de 5 ans d’existence.
  • Innovations radicales, pas incrémentales.
  • Fort potentiel de croissance.

🔧 Rôle actif ("hands-on") :

  • Siègent au conseil d’administration.
  • Apportent :
  • → Réseau
  • → Conseil stratégique
  • → Aide au recrutement
  • → Accompagnement à l’international
  • → Expertise technologique

⚠️ Conséquence :

  • Le dirigeant perd en autonomie sur certaines décisions.



Business Angels :

  • Investisseurs individuels expérimentés, utilisant leurs propres fonds.
  • Interviennent plus tôt que les VC, en phase d’amorçage.
  • Apportent argent + conseils + réseau, mais restent moins intrusifs que les VC.
  • Montants inférieurs à ceux du capital-risque.
  • Soutien public souvent accordé (avantages fiscaux).

Le business angel type est un individu (entrepreneur, cadre, investisseur privé) qui a fait fortune et qui souhaite investir dans des technologies qu'il connait

.

Crowdfunding (financement participatif) :

  • Levée de fonds auprès du public en ligne.
  • Types : donéchanges de contrepartieprêt, action (equity) (prise de participation).
  • Très utile pour valider le marché, mais :
  • Moins adapté aux innovations radicales (risques élevés, besoin de discrétion).
  • Moins structurant que le capital-risque (peu de conseils).
  • la contribution de chaque investisseur est faible 

💡 Avantages :

  • Contributions faibles mais nombreuses.
  • Test du marché : implication des consommateurs.
  • Popularité croissante avec la révolution numérique.

⚠️ Limites par rapport au capital-risque :

  1. Investissement risqué pour les particuliers (peu d’expertise).
  2. Peu de conseils stratégiques → ne remplace pas l'accompagnement des VC.Ainsi, l'apport de ces investisseurs n'est pas un investissement « sec » (non-accompagné de conseils
  3. Transparence exigée par la loi → risque pour la protection de l’innovation.nécessaire pour préserver la rente de monopole


.🔁 Conclusion :

  • Le capital-risque reste indispensable pour les innovations radicales, même à l’ère du crowdfunding.


IPO (Introduction en Bourse) :

Définition :

Ouverture du capital au public sur un marché financier (Euronext, Nasdaq…).

🧾 Objectifs :

  • Lever des fonds importants
  • Adapté aux entreprises déjà bien établies ayant un fort besoin de financement.
  • gagner en notoriété et crédibilité

✔️ Avantages :

  • Montants élevés
  • Visibilité accrue
  • Confiance des partenaires
  • Facilite les futures levées

⚠️ Inconvénients :

  • Coût élevé et complexité du processus
  • Transparence obligatoire
  • Perte de contrôle : influence des actionnaires

🔹 Publiques :

  • BpifranceAdemeBanque Européenne d’Investissement (BEI).
  • Prêts, subventions, garanties.
  • Interventions à tous les stades du développement.
  • Financements locaux (Régions, pôles de compétitivité…).
  • Aides ciblées selon le secteur, le territoire, le type d’innovation (ex : verte, sociale…).



🏛️ Le Financement Public de l’Innovation en France

🔹 1. Le Conseil de l’innovation (créé en 2018)



  • Depuis 2018, il existe en France un Conseil de l'innovationafin de coordonner et de définir les grandes priorités en matière d'innovation


🔷 Le Conseil de l’innovation (depuis 2018)

Créé pour coordonner la politique d’innovation, il est co-présidé par :

  • Le ministère de l'Économie et des Finances,
  • Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Ses missions principales :

  • Définir les grandes priorités nationales en innovation.
  • Simplifier le paysage des aides à l’innovation.
  • Formuler des recommandations concernant les moyens financiers dédiés à l’innovation.
  • Favoriser les innovations de rupture et leur industrialisation en France.
  • Sélectionner les grands défis nationaux financés par le Fonds pour l’innovation et l’industrie.



🔷 Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR) et le Crédit d’Impôt Innovation (CII)

  • Le crédit d'impôt recherche et le crédit d'impôt innovation ont pour but d'accroître la compétitivité de l'appareil productif français, en instaurant un mécanisme d'incitation fiscale au développement de l'effort de recherche scientifique et technique des entreprises.


Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR)

  • Objectif : encourager la recherche scientifique et technique dans les entreprises pour renforcer la compétitivité.


  • Imputation :
  • Se déduit de l’impôt sur les sociétés ou l’impôt sur le revenu.
  • Le solde non imputé devient une créance sur l’État, utilisable pendant 3 ans, ou remboursable immédiatement pour :
  • Nouvelles entreprises,
  • JEI (Jeunes Entreprises Innovantes),
  • PME,
  • Entreprises en liquidation/redressement judiciaire.


✅ Le Crédit d’Impôt Innovation (CII)

  • Le crédit d'impôt innovation (CII) éest, quant à lui, une mesure fiscale réservée uniquement aux PME.
  • Concerne :
  • Les dépenses liées à la conception et/ou à la réalisation de prototypes ou installations pilotes d’un produit nouveau.
  • Critères du produit nouveau :
  • Performances techniques, fonctionnalité, ergonomie, ou éco-conception supérieures à ce qui existe sur le marché.


  • Plafond : 400 000 € par an et par entreprise.
  • Attention : les dépenses de production du prototype ne sont pas éligibles.
  • Il est recommandé de consulter l’administration fiscale (DREETS ou MESRI) pour vérifier l’éligibilité du projet.

Comment savoir si un projet est éligible au CIR ou au CII ?


• Si le projet fait progresser l'état de l'art, c'est-à-dire les connaissances scientifiques et techniques disponibles au début des travaux, il est probablement éligible au CIR.

• Si le projet permet de concevoir ou de réaliser un prototype ou une installation pilote d'un produit nouveau, il est probablement éligible au CII.



🔷 L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)

  • Joue un rôle clé dans le financement de la transition écologique.
  • Cible : entreprises, collectivités, pouvoirs publics, particuliers.
  • Apporte :
  • Conseils et expertise technique,
  • Financement de projets : de la recherche à la mise en œuvre.

Domaines d’intervention :

  • Déchets,
  • Sols pollués et friches,
  • Énergie et climat,
  • Air et bruit,
  • Actions transversales (production durable, territoires durables…).

Modes d’intervention selon la maturité des projets :

  1. Subventions (pour PME),
  2. Avances remboursables (pour les projets collaboratifs),
  3. Apport en capital (pour lesgrands groupes et ETI).
💰 Budget global : 3 milliards d’euros pour la transition énergétique.


Bpifrance (Banque publique d’investissement)

  • Acteur central du financement public de l’innovation en France depuis les années 1970.
  • Vise à soutenir les start-ups technologiques, l’innovation et l’emploi.
  • Propose :
  • Prêts d’innovation,
  • Subventions,
  • Accompagnement personnalisé (coaching, diagnostic…).
Elle regroupe toutes les aides publiques à l’innovation dans un guichet unique pour simplifier l’accès aux financements.


🔷 La Banque Européenne d’Investissement (BEI)

  • Principal outil financier de l’Union Européenne.
  • 90 % de ses interventions = prêts.
  • Propose aussi :
  • Combinaisons de prêts et autres sources de financement,
  • Conseils techniques et financiers.


 L'objectif de la BEI est donc de soutenir des projets qui contribuent fortement à la croissance et à l'emploi en Europe tout en centrant ses financements sur six domaines prioritaires :

  1. Innovation,
  2. Accès des PME au financement,
  3. Climat et durabilité environnementale,
  4. Infrastructures,
  5. Cohésion,
  6. Développement.


Quels sont les principaux avantages et limites de ces subventions publiques et aides gouvernementales ?


Choisir la bonne stratégie de financement


Le choix du financement dépend de plusieurs facteurs :

• 

Phase de développement 

:

  • Idéation → Subventions, crowdfunding, Business Angels.
  • Développement → Capital-risque, Corporate Venture, prêts.
  • Croissance → IPO, financement bancaire.

Niveau de risque :Plus le risque est élevé, plus les VC (venture capital) sont appropriés. Les banques n’aiment pas le risque.

Besoins financiers : Les subventions et le crowdfunding suffisent rarement pour financer une croissance rapide.

 Volonté de dilution : Un entrepreneur doit arbitrer entre conserver le contrôle de son entreprise et lever des fonds via des investisseurs externes.


Bonnes pratiques pour financer une innovation

Combiner plusieurs sources de financement

• Une startup peut obtenir des subventions, puis lever des fonds auprès de Business Angels

avant d'attirer du capital-risque.


Anticiper les besoins financiers

• Ne pas attendre d'être en difficulté pour chercher des financements. 

• Construire un business plan solide pour convaincre les investisseurs.


Valoriser son innovation et sa propriété intellectuelle

• Dépôt de brevets, marques et savoir-faire pour rassurer les financeurs.

Soigner son réseau

• Participer à des concours, intégrer des incubateurs, développer son carnet d'adresses pour faciliter l'accès aux investisseurs.

Seance 9 : étude de cas

Séance 10 : révisions

Post-Bac

Management de l'innovation

Séance 1: Introduction à l'innovation, typologies de l'innovation et au management de l'innovation


Une Innovation ? C’est quoi?

Contexte :

  • Les États et entreprises investissent de plus en plus dans la R&D, considérant l’innovation comme un facteur clé de compétitivité.
  • L’innovation est l’un des douze piliers de la compétitivité nationale et est perçue comme un levier principal de position concurrentielle ou un facteur de survie pour les organisations.

  • Au niveau organisationnel, l’innovation est une source d’avantage concurrentiel, de croissance économique, de bénéfices économiques et de changements sociaux.


  • Le terme "innovation" est utilisé dans divers contextes, mais avec un point commun.
  • Référence à Joseph Schumpeter, père de l’innovation : « destruction créatrice ».
  • L’innovation détruit les équilibres existants pour les remplacer par des nouveautés, dans un processus indissociable.
  • Elle n’est pas naturelle dans une organisation : elle perturbe, remet en cause des compétences et parfois des pouvoirs.


Évolution de la stratégie des entreprises :

  • Entre 1950 et 1990 : stratégie basée sur la qualité ou la maîtrise des coûts.
  • Après 1990 : ces stratégies ne suffisent plus → recours massif à la délocalisation → limites atteintes.
  • L’innovation devient la nouvelle source de compétitivité, voire de survie :
« innover… pour ne pas disparaître »
  • Les innovateurs obtiennent un monopole temporaire, donc un avantage concurrentiel temporaire, jusqu’à ce que les concurrents s’adaptent.
  • Cela permet de générer des bénéfices supérieurs via les quantités ou les prix.
  • Les organisations incapables de suivre cette dynamique risquent de disparaître.


La perception de l’innovation :

  • Le grand public assimile innovation à technologie.
  • Dans la recherche : près de 50% des articles ne précisent pas le type d’innovation étudié.
  • La technologie favorise l’innovation, notamment technologique, mais n’est pas une innovation en soi.
Relation modélisée :
R&D ➝ Technologie ➝ Innovation

Les trois éléments du phénomène innovant :

  1. Créativité : Capacité à générer des idées, concepts ou solutions originales (psychologie).
  2. Invention : Nouvelle idée concrète, produit ou concept, née de la créativité + moyens mis en œuvre.
  • Pas encore commercialisée
  • Peut ne jamais l’être (c’est le cas de la majorité des inventions

--> L'innovation


✨ Qu’est-ce que l’innovation ?

⚠️ Il n’existe pas de définition universelle de l’innovation qui couvre tous les types.

🔹 Point commun entre les définitions :

➡️ Introduction d’une nouveauté. • L’innovation a été étudiée dans différentes disciplines et est 

Maissouvent définie comme la création ou l’adoption d’une nouvelle idée at


Attention : la notion de nouveauté est relative ➤ elle dépend du référentiel :

  • Individu
  • Groupe
  • Organisation
  • Secteur
  • Société

💡 Une innovation peut donc être perçue comme telle même si elle n’est pas inédite sur le marché.



🧩 Qui est innovateur ?

➕ Ceux qui créent
➕ Ceux qui adoptent une innovation
🔁 Dans les deux cas, l’objectif est de tirer un bénéfice de l’innovation.



Définition

Innovation (Manuel d’Oslo (OCDE, Eurostat, 2005)
Définition officielle – Manuel d’Oslo (OCDE, Eurostat, 2005) : 💬 "La mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures."
Innovation (Damanpour et al.) 2012
Définition – Damanpour et al. : 💬 "Innovation is generally defined as the development or use of new products, services, production processes, organizational structures, or administrative systems that are new to the adopting firm." (Aravind et al., 2013) 🔍 Autrement dit : Une innovation n’a pas besoin d’être nouvelle sur le marché Il suffit qu’elle soit nouvelle pour l’organisation qui l’adopte

Points clés à retenir

✅ Lien entre invention et innovation

  • Une invention devient une innovation lorsqu’elle s’intègre avec succès dans le circuit économique.
  • Innovation = Invention + Exploitation
  • Dans une entreprise, une nouveauté n’est une innovation que si elle est commercialisée : on parle sinon d’invention purement scientifique/technique.
  • Cela implique dépasser les contraintes du marché et être acceptée socialement.

✅ L’innovation dépasse la R&D

  • Elle ne se limite pas au développement de produits mais inclut aussi :
  • L’analyse des usages
  • Le marketing
  • Les modèles économiques
  • L’organisation interne



2. Innovation : Résultat et/ou Processus

A.Innovation en tant que Résultat :C’est ce qu’on voit concrètement : un nouveau produit, un nouveau service, une nouvelle méthode.
  • Impact sur la performance de l’entreprise (efficacité, compétitivité…).


B.Innovation en tant que Processus

C’est l’ensemble des étapes permettant de transformer une idée en réalité utilisable.
  • Processus dynamique : idée → test → développement → adoption → disparition potentielle.
  • Intègre des décisions, acteurs, ressources, itérations.
  • Exemples :
  • Méthodologie agile pour créer une application mobile
  • Collaboration entre départements R&D et marketing
💡 Un même projet peut donc être à la fois une innovation-processus et une innovation-résultat !


Parfois l’innovateur est l’inventeur mais ce n’est pas toujours le cas.

• Dans le premier cas il peut s’agir par exemple d’une entreprise qui a déclenché en 

3interne et pour une finalité interne., une activité de R&D ou  lorsqu’un inventeur décide d’exploiter économiquement sa découverteLes.

• Par contre le deuxième cas  concerne l’acquisition par l’entreprise de découvertes dréalisées en externeif. Par exemple lorsqu’un fabriquant automobile achète le droitd’utiliser un brevet pour fabriquer des voitures électriques.férents types d’innovations


3. Les différents types d’innovations


▶️ Selon la nature



▶️ Selon le degré de nouveauté

▶️ Selon le domaine

🌟 La Nature de l’Innovation

1. Innovation de prestation

L'innovation de prestation se concentre sur l'offre de produits et/ou services qui sont considérés comme nouveaux par rapport à ce qui existe déjà sur le marché. Cela peut concerner un produit tangible ou un service, et vise à répondre à un besoin d’une manière différente ou améliorée.

Exemples :

  • Produit : Le premier ordinateur portable. Avant son invention, les ordinateurs étaient majoritairement fixes et nécessitaient une installation dans des bureaux ou maisons.
  • Service : La restauration rapide. L'idée a été de proposer un service de restauration standardisé, rapide et bon marché, en opposition aux restaurants traditionnels plus longs à servir.
Focus : L'innovation de prestation met l'accent sur la nouveauté du produit/service. Elle peut répondre à un besoin émergent ou améliorer un service existant.

2. Innovation de procédé

L’innovation de procédé concerne l’amélioration des processus industriels utilisés pour concevoir, produire et distribuer un produit ou service. Ce type d’innovation touche directement les méthodes et techniques utilisées, en recherchant plus de productivitéd'efficacité et parfois, d'éthique.

Exemple :

  • Choisir des fournisseurs locaux afin de réduire les délais de livraison. Ce choix peut avoir plusieurs impacts positifs :
  • Réduction des coûts de transport
  • Amélioration des délais de livraison
  • Réduction de l'empreinte carbone liée aux transports
  • Renforcement des relations commerciales locales
Focus : L’innovation de procédé porte sur l’amélioration des méthodes de production, souvent pour gagner en efficacité ou réduire les coûts.

3. Innovation organisationnelle

L'innovation organisationnelle se concentre sur l’amélioration des structures internes, des méthodes de gestion ou des processus internes d’une entreprise. Ce type d’innovation vise à optimiser les opérations et à renforcer la compétitivité à travers de nouvelles façons de gérer ou de structurer les activités.

Exemple : Dell

  • Dell a révolutionné son modèle de vente en retirant les intermédiaires et en se concentrant sur la vente directeau consommateur.
  • Processus d’innovation :
  • Les clients peuvent configurer leurs ordinateurs en ligne.
  • Fournisseurs locaux : Les entrepôts des fournisseurs de Dell sont à moins de 30 minutes de l’usine d’assemblage.
  • Résultats : Des délais de livraison très courts, des prix compétitifs, et un modèle de gestion efficace grâce à l’innovation dans la prise de commande, facturation, production, et livraison.
Focus : L’innovation organisationnelle repose sur des changement dans les méthodes de gestion ou les structures internes qui permettent à l’entreprise de mieux fonctionner et de gagner en compétitivité.


4. Innovations technologiques vs non technologiques

➤ Technologique

  • Innovation de produit : Nouveau bien ou service à haute intensité technologique.
  • Innovation de procédé : Nouveaux outils, machines, méthodes de production.
💡 Exemple : Imprimante 3D, intelligence artificielle en logistique.
Selon Damanpour (2020) :
  • Innovation produit = niveau macro (impact sur le marché)
  • Innovation procédé = niveau micro (amélioration interne)

➤ Non technologique (managériale)

  • Changements dans :
  • La structure de l’entreprise
  • Les procédures
  • Le management
  • La stratégie
  • La gestion des RH
💡 Exemple : Télétravail généralisé, auto-organisation, externalisation, holacratie.

🌀 5. Innovations hybrides

Ce sont des innovations mixtes qui intègrent à la fois des aspects techniques et organisationnels / sociaux.
  • Exemple : une plateforme de soutien scolaire en ligne :
  • Technologique : l’outil numérique
  • Non technologique : nouvelle manière d’organiser les cours et les relations prof/élève


6. Innovation de sens (Verganti)

Concept novateur qui met l’accent sur le sens qu’un produit donne à l’utilisateur. C’est une innovation culturelle et symbolique.

🔍 Caractéristiques :

  • Ne vient pas du besoin explicite du client (comme dans une étude de marché)
  • Ni d’un progrès technologique pur
  • Elle émerge d’une réinterprétation des usages et des valeurs culturelles
Exemple : Le design épuré des produits Apple. Ce n’est pas qu’esthétique, il porte un sens : simplicité, modernité, élégance.


• Technology Push : Schumpeter (linéaire)

Connaissance Développement

C’est quand les scientifiques ou les ingénieurs inventent quelque chose de nouveau sans nécessairement répondre à un besoin spécifique des gens. Ils découvrent une nouvelle technologie et ensuite, ils essaient de trouver comment la vendreou comment l’appliquer.

Exemple : Un scientifique invente un médicament révolutionnaire sans savoir si les gens en ont besoin. Une fois qu'il a l'invention, il la met sur le marché et essaie de convaincre les gens que c'est utile.

Le processus suit un modèle linéaire où la connaissance scientifique et les découvertes technologiques entraînent le développement de nouveaux produits ou technologies. Une fois qu'un prototype est créé, il est suivi par une phase de marketing pour le rendre accessible et visible sur le marché.

scientifique technologiq

ue

Demand Pull : Schmookler

Le modèle Demand Pull (ou tiré par la demande) repose sur l’idée que les besoins du marché ou des consommateurs vont directement influencer le développement technologique et l’innovation. Ici, les entreprises adaptent ou créent de nouvelles technologies en réponse à des demandes spécifiques du marché ou à des problématiques sociétales. Le développement de la technologie est donc une réponse aux besoins existants.

Les degrés de l’innovation : le spectre de radicalité de l’innovation


• Une autre façon de s’intéresser à l’innovation est de distinguer les innovations significatives des simples améliorations

. On parle alors d’innovation radicale par opposition à l’innovation incrémentale



Les innovations radicales sont moins fréquentes que les innovations incrémentales et peuvent donner lieu à des bouleversements techniques, concurrentielles et sociaux majeurs. Elles posent les bases pour de nouveaux domaines d’exploration, tandis que les innovations incrémentales permettent de maximiser la valeur de ces percées en les affinant.

Le dilemme Exploitation vs. Exploration est une question stratégique cruciale pour les entreprises, car il touche à leur manière de gérer l'innovation.


Exploitation :

  • Définition : L'exploitation consiste à utiliser efficacement les savoirs et compétences existants de l’entreprise pour améliorer les produits, services ou processus déjà en place.
  • Objectif : Maximiser les profits à court terme en optimisant les ressources déjà acquises.


Exploration :

  • Définition : L'exploration implique la recherche de nouvelles opportunités, souvent par l'expérimentation, la prise de risques et la découverte de nouvelles idées.
  • Objectif : Explorer de nouveaux marchésdévelopper des technologies radicalement nouvelles, ou se différencier par des innovations de rupture.


Plus un cas est exploratoire, plus il est probable que l’innovation soit de rupture par rapport au passé.

Lorsque l’entreprise améliore quelque chose qui existe déjà pour innover tout en s’adressant à 

des clients existants, on est clairement dans une logique 

d’exploitation. L’exploitation conduit à des innovations incrémentales.

L’innovation de business model


Définition du business model : Le business model désigne les choix stratégiques qu'une entreprise fait pour générer des revenus.

Ces choix concernent trois dimensions principales :

  1. Les ressources et compétences mobilisées : Ce sont les éléments nécessaires pour proposer une offre. Cela inclut les technologies, les talents, les connaissances, etc.
  2. L'offre faite aux clients : Il s'agit de la manière dont l'entreprise propose un produit ou service à ses clients. Cela englobe les caractéristiques du produit/service, son prix, son mode de distribution, etc.
  3. L'organisation interne de l’entreprise et ses transactions avec les partenaires externes : Cela inclut la chaîne de valeur de l'entreprise (les différentes étapes de production et de distribution) ainsi que son réseau de valeur, c'est-à-dire ses relations avec des partenaires externes tels que des fournisseurs ou des distributeurs.



Séance 2 : étude de cas

Séance 3 : Processus d'innovation et organisation de l'entreprise

DÉFINITION : Le processus d’innovation correspond à l’ensemble des étapes qui permettent de transformer une idée nouvelle en un produit, service ou procédé effectivement exploité sur un marché. C’est le chemin qui va de la conception à la commercialisation.


Vision classique du processus :

La plupart des études sur l’innovation le présentent comme une séquence linéaire au sein d’une même organisation :

  1. Génération de l’idée
  2. Développement
  3. Mise en œuvre
  4. Adoption
  5. Diffusion

Mais selon Damanpour (2020) :

Ce schéma n’est pas toujours respecté :

  • Une organisation peut générer une innovation sans l’adopter elle-même.
  • Elle peut aussi adopter une innovation existante sans qu’elle soit le fruit de ses propres efforts internes.

Damanpour identifie trois grands processus fondamentaux dans l’innovation :


1. La génération

  • Elle correspond à la recherche, au développement et à la commercialisation d’un produit ou d’une pratique considérés comme nouveaux.
  • Ce processus regroupe toutes les activités destinées à concevoir et développer des idées nouvelles, dans le but qu’elles soient mises sur le marché.

2. La diffusion

  • C’est le processus qui concerne la vitesse et le taux d’adoption d’une innovation par les utilisateurs ou adoptants potentiels.
  • Elle inclut des actions telles que :
  • L’acquisition de l’innovation,
  • L’adaptation à son propre contexte,
  • L’implémentation dans les pratiques.

3. L’adoption

  • L’adoption est un processus de résolution de problème.
  • Elle repose sur la sélectionl’adaptation et la mise en application, pour la première fois, d’une idée existante.
  • L’objectif est de satisfaire un besoin ou de résoudre un problème dans l’organisation.

Génération

→ C’est quand on imagine et crée une idée nouvelle (produit, service ou méthode).

👉 Exemple : une entreprise invente un nouveau produit.

Diffusion

→ C’est quand l’idée se répand et que d’autres personnes ou entreprises commencent à l’utiliser.

👉 Exemple : de plus en plus d’entreprises achètent et utilisent ce nouveau produit.

Adoption

→ C’est quand une entreprise décide d’utiliser une idée (nouvelle ou déjà existante) pour résoudre un problème ou répondre à un besoin.

👉 Exemple : une entreprise commence à utiliser une méthode déjà connue pour améliorer son travail.


À savoir sur le processus d’innovation

  • Une entreprise peut parfois créer une innovation et l’adopter directement, mais en général on étudie séparément:
  • la génération
  • et l’adoption,

car ce sont deux étapes différentes.

  • 📍Génération et adoption ➜ se passent à l’intérieur de l’entreprise (interne).
  • 📣Diffusion ➜ se passe à l’extérieur (externe), car elle dépend de comment l’innovation se propage autour (clients, concurrents, partenaires…).
  • ➡️ C’est surtout un processus de communication entre plusieurs acteurs dans l’environnement de l’entreprise.


La génération de l'innovation

  • La génération d’innovation est le processus qui consiste à créer de nouvelles idées.
  • Ce processus passe par plusieurs étapes :
  1. Identifier une opportunité.
  2. Formuler une idée.
  3. Faire des recherches.
  4. Concevoir ou créer un design.
  5. Développer commercialement.
  6. Faire le marketing.
  7. Distribuer l’innovation.

Ce processus commence par des individus qui trouvent une idée, puis l’organisation la développe.

Une fois créée, l’innovation peut être utilisée par l’organisation ou partagée avec d’autres qui pourraient l’adopter.


  • L'innovation n’est pas seulement un résultat, mais un processus qui crée de l’incertitude et de l’instabilité.
  • Il existe deux grands types de modèles pour comprendre ce processus :
  1. Modèles en phases : Ce sont des modèles linéaires, découpant l'innovation en étapes successives.
  2. Modèles interactifs : Ces modèles rejettent l'idée de séquences fixes et considèrent l'innovation comme un processus interactif, plus flexible.
  • Bien que ces deux modèles soient souvent opposés, leurs apports sont complémentaires.



A. Modéles en phases

  • Ce modèle considère le développement de l'innovation comme une suite d'activités pour transformer une idée en un produit ou service, puis le diffuser commercialement.

Principes du modèle :

  • Le processus est séquentiel, mais il peut y avoir des retours entre les phases (pas forcément strictement linéaire).
  • Chaque phase est dirigée par une fonction spécifique de l'entreprise, mais d'autres fonctions peuvent intervenir.
  • Entre chaque phase, l'entreprise prend des décisions : doit-on continuer ou arrêter le projet ?

Avantages :

  • Limitation des risques financiers : Évaluation du projet à chaque phase.
  • Contrôle simplifié : Regroupement des tâches similaires sous une fonction principale.

Inconvénients :

  • Développement plus lent de l'innovation.
  • Manque de cohérence globale entre les phases.
  • Absence des retours clients pendant le processus. Les besoins des utilisateurs ne sont pris en compte qu’après la commercialisation.


B.Les modèles interactifs


Ces modèles remettent en question l'idée que l'innovation suit un processus linéaire, comme dans le modèle en phases.

Types d’interactions dans ces modèles :

  1. Interaction entre les fonctions internes de l'entreprise (modèle intégré).
  2. Interaction entre l'entreprise et son environnement extérieur (modèle sociologique).


• Deux types d'interactions sont mis en avant dans ces modèles :


  • celles qui concernent les différentes fonctions impliquées dans le développement de
  • l'innovation (modèle intégré) et
  • celles qui relient l'entreprise innovatrice et son environnement (modèle sociologique).


Modèle intégré :

  • Toutes les activités liées à l'innovation sont réalisées en même temps dans une équipe de développement unifiée, avec toutes les compétences nécessaires pour mener à bien le projet.

Avantages du modèle intégré :

  • Réduction du temps pour développer l'innovation.
  • Collaboration renforcée entre les fonctions de l'entreprise.
  • Réactivité accrue face aux changements dans l'environnement.

Exemple du modèle tourbillonnaire (Akrich, 1988) :

  • L'innovation peut naître dans divers endroits : laboratoire, service commercial, usine ou même chez un client.
  • L'innovation évolue progressivement à travers des tests et des évaluations, confrontée aux connaissances théoriques et aux besoins des utilisateurs.

Avantages :

  1. Flexibilité : Les modèles interactifs s'adaptent facilement aux changements rapides, donc ils sont très utiles dans des environnements où tout évolue vite.
  2. Réduction des risques : En testant tôt les idées, on peut repérer les problèmes très rapidement et éviter de faire de grosses erreurs coûteuses plus tard.
  3. Centrée sur l'utilisateur : L'innovation est conçue pour répondre directement aux besoins des clients, ce qui assure que le produit ou service est utile et apprécié.
  4. Amélioration continue : Même après le lancement, l'innovation peut encore être améliorée, ce qui permet d'être toujours à jour et compétitif.

Limites :

  1. Temps et coûts : Comme il y a beaucoup de tests et de modifications, cela peut ralentir le développement et augmenter les coûts si le processus n'est pas bien géré.
  2. Complexité organisationnelle : Cela nécessite une bonne coordination entre toutes les équipes et une gestion souple du projet, ce qui peut être compliqué.
  3. Difficulté dans les entreprises traditionnelles : Les entreprises qui ont l'habitude de travailler avec des méthodes plus classiques peuvent avoir du mal à s'adapter à cette manière de travailler, car elle est plus flexible et collaborative.

Réconciliation entre les modèles séquentiels et interactifs

Les deux modèles que l'on a abordés — le modèle séquentiel et le modèle interactif — sont souvent vus comme opposés, mais en réalité, ils se complètent bien dans le processus d'innovation. Voici pourquoi :

Le modèle séquentiel

Le modèle séquentiel est comme une série d’étapes qui doivent être réalisées dans un certain ordre. Par exemple, une entreprise commence par une idée, puis elle passe à la phase de développement du produit, et enfin elle le commercialise. Ce modèle permet de bien contrôler chaque étape et de s'assurer qu'aucune phase ne soit négligée.

C’est un peu comme si tu construisais une maison. D'abord, tu fais le plan, ensuite tu construis les fondations, puis les murs, etc. Ce modèle est parfait lorsque tu veux avoir une vision claire de ce qui doit être fait à chaque étape. Il aide aussi à gérer les risques en évaluant l’avancement à chaque phase et en décidant s’il faut continuer ou arrêter.

Le modèle interactif

Le modèle interactif, en revanche, n’est pas aussi rigide. Ce modèle dit que l’innovation ne suit pas une ligne droite avec des étapes fixes, mais plutôt un processus fluide où chaque étape est influencée par des ajustements continus. En d'autres termes, pendant le développement, les équipes testent des prototypes, recueillent des retours des utilisateurs, et ajustent le produit en fonction de ce qu'elles apprennent. Cela permet de réagir rapidement aux changements ou problèmes qui peuvent survenir pendant le développement.

Imaginons que tu sois en train de concevoir une application mobile. Au lieu de simplement suivre un plan, tu fais des tests auprès de tes utilisateurs, tu modifies l’application en fonction de leurs retours, et tu continues à itérer. Cela rend le processus beaucoup plus flexible et adaptable.

Comment ces modèles se complètent

Même si ces modèles semblent opposés, ils ne sont pas mutuellement exclusifs. En fait, ils se complètent bien, car chacun a ses avantages dans certaines situations.

  • D'abord, l'entreprise peut commencer avec un modèle séquentiel pour bien cadrer son projet, définir les grandes lignes, et s’assurer qu’elle a une bonne base pour démarrer.
  • Ensuite, lorsqu’elle commence à tester son idée, il peut être nécessaire de passer au modèle interactif pour ajuster et améliorer l'innovation au fur et à mesure qu’elle obtient des retours des utilisateurs ou des résultats de tests. Cela permet de ne pas rester bloqué dans un plan figé et de s’adapter à la réalité du marché.

Les deux questions clés pour l'entreprise

Lorsqu'une entreprise développe une innovation, elle doit constamment se poser deux questions :

  1. Comment peut-on développer l'innovation ? Cela implique toutes les étapes internes pour concevoir, tester et perfectionner le produit ou service.
  2. Comment peut-on la diffuser ? Cela concerne la manière dont l’entreprise va faire connaître et accepter l'innovation par les clients. Cela passe par la communication, la publicité, mais aussi par la manière dont le produit est perçu et utilisé.

La diffusion elle-même peut être un processus innovant. L’entreprise doit s’adapter au marché et parfois faire évoluer son produit pour qu’il réponde mieux aux besoins des utilisateurs. C’est là que les deux modèles se rejoignent : l’entreprise doit à la fois développer l’innovation et la diffuser efficacement.



Processus de Génération d'Innovations Non Technologiques

Les innovations non technologiques, comme les innovations managériales, suivent un processus spécifique qui diffère des innovations technologiques. Ce processus est divisé en quatre étapes principales, et il peut y avoir des allers-retours entre celles-ci.

1. Motivation

La motivation est la première étape du processus. Elle correspond à la prise de conscience du manager sur la nécessité d'innover. Au lieu de se contenter de pratiques existantes, le manager cherche à répondre à un besoin de changement ou d’amélioration dans la gestion de l'organisation.

2. Invention

L'invention est l'étape où des idées de nouvelles pratiques sont testées dans un cadre expérimental. Cela permet de valider des concepts innovants avant de les intégrer dans l'organisation. C’est un moment de créativité où les idées sont explorées.

3. Implémentation

Une fois que les pratiques sont testées et validées, l’implémentation intervient. C’est l'étape où les innovations sont mises en place de manière concrète dans l'organisation, avec des activités techniques pour assurer leur bonne opérationnalité.

4. Théorisation et Labélisation

La dernière étape consiste à rendre l’innovation officielle et reconnue au sein de l’organisation. Elle comprend les actions nécessaires pour que l'innovation soit acceptée, théorisée et labellisée, ce qui lui permet d’être intégrée dans la culture de l’organisation.

Ce processus montre que l'innovation managériale est non seulement un test de nouvelles pratiques, mais aussi une démarche stratégique pour améliorer la gestion au sein d'une organisation.


Approche récente

 Design Thinking

  • Principe : Il s'agit d'une approche axée sur l'humain qui cherche à comprendre profondément les besoins des utilisateurs et à y répondre de manière créative. Elle combine empathie, créativité et rationalité.
  • Étapes : Le processus se divise en trois phases : Inspiration (comprendre le problème), Idéation (générer des idées), et Implémentation (réaliser les solutions).
  • Outils : Des outils comme les personas, les cartes d'empathie et les prototypes rapides aident à rendre l'innovation plus centrée sur l'utilisateur.

2. Méthode Agile

  • Principe : C'est une méthodologie flexible qui permet de créer rapidement des solutions en cycles courts appelés sprints. Chaque cycle permet d'améliorer progressivement le produit.
  • Caractéristiques : L'accent est mis sur la livraison incrémentale, l'adaptation aux besoins changeants des clients, et la collaboration continue pour améliorer le produit au fil du temps.
  • Exemple : Elle est particulièrement utilisée dans le développement d'applications mobiles ou de logiciels où l'évolution du produit se fait de manière continue en fonction des retours des utilisateurs.

3. Lean Startup

  • Principe : Cette méthode repose sur l'expérimentation rapide avec un produit minimalement viable (MVP), permettant de tester les hypothèses d'une entreprise de manière rapide et peu coûteuse.
  • Objectif : Réduire les coûts et les risques en testant des idées rapidement avant de se lancer dans un développement complet. Après chaque cycle, l'entreprise décide de pivoter (changer d'approche) ou de persévérer (continuer dans la même direction).
  • Outils : Les principaux outils incluent le MVP (produit minimal viable) et la prise de décision basée sur les résultats des tests (pivot ou persévérer).

Ces trois méthodes sont utilisées pour rendre les processus d'innovation plus efficaces et mieux adaptés aux besoins des utilisateurs tout en minimisant les risques.

Termes à connaître dans le monde de l'innovation:


Définition

Le proof of concept (PoC)
Le proof of concept (PoC) est aussi appelé démonstrateur en français. Le PoC révèle la fonction d'un produit, la fonctionnalité d'une interface ou la prestation d'un service. Il sert à démontrer que le concept est, d'une part, utile et désirable pour les clients et, d'autre part, techniquement réalisable . Il s'applique aussi bien à un produit, à une application, à un logiciel, qu'à un service, en BtoC comme en BtoB. Il peut être réalisé à partir d'une étude qualitative ou d'un test en situation réelle.
Le prototype
Le prototype est un outil d'apprentissage qui permet de montrer à quoi ressemblera l'offre, comment elle fonctionnera , comment les utilisateurs interagiront avec elle, ce qu'ils ressentiront, etc.
Les tests de prototype
consistent à vérifier la robustesse de l'offre dans des conditions d'exploitation attendues et extrêmes. Ils doivent permettre de valider les spécifications techniques de l'offre finale et de sonder la potentielle acceptation par le marché

Le Design Thinking est une méthode de gestion de la créativité qui se concentre sur les utilisateurs. Elle cherche à résoudre des problèmes complexes (souvent appelés "wicked problems") en se basant sur des informations concrètes recueillies par l'observation directe, des entretiens et une écoute active pour identifier les irritants et les besoins des utilisateurs.


Principes clés du Design Thinking :

  1. Observation et écoute active : L'objectif est d'identifier les pain points ou obstacles dans le parcours de l'utilisateur, ce qui permet de mieux comprendre le problème à résoudre.
  2. Approche itérative : Le processus est basé sur des essais et erreurs. Les idées sont testées à travers des proof of concept (PoC) ou prototypes rapides, ce qui permet de repérer les faiblesses et d'ajuster l'idée initiale.


Trois étapes principales du Design Thinking :

  1. Inspiration (Needfinding) :
  • Cette phase consiste à collecter des insights sur les besoins, pensées et pratiques des utilisateurs, généralement par observation et interviews.
  • L’organisation s’ouvre sur son environnement, y compris les communautés d’utilisateurs.
  • Outil clé : La méthode des personas qui permet de se mettre dans la peau de l'utilisateur pour mieux comprendre ses besoins et ses problèmes.
  1. Idéation :
  • C’est la phase où des idées sont générées pour résoudre les problèmes identifiés.
  • Les méthodes de créativité (comme le brainstorming) sont utilisées, et les idées sont souvent représentées par des dessinsschémas ou maquettes pour les visualiser concrètement.
  1. Implémentation :
  • C’est ici que l'on sélectionne l’idée la plus prometteuse.
  • Un prototype quick and dirty (prototype rapide et brut) est créé pour tester l’expérience proposée.
  • L'évaluation se fait selon trois critères : viabilitédésirabilité et faisabilité.

Viabilité : Est-ce que l'idée s'intègre dans le modèle économique de l'entreprise ?

Désirabilité :

Faisabilité ;

les trois critères de validation d'une idée nouvelle en design thinking E


s$t-Voici les trois moments clés dans une approche Design Thinking détaillés :

1. L'importance de la phase de concept

  • Objectif : Formaliser l'idée créative en un concept clair.
  • Avantages :
  • Réduction des risques : Tester très tôt la désirabilité du produit auprès des clients pour éviter de développer des concepts non porteurs.
  • Faible coût : Cette phase permet de tester le concept à moindre coût, souvent en ligne, avant d'engager des dépenses importantes.
  • Décisions éclairées : Permet de "tuer des concepts" peu viables et de se concentrer sur ceux ayant un potentiel réel.
  • Importance : Le concept reste le fil conducteur du projet. Il est essentiel de garder la cohérence avec la proposition de valeur tout au long du processus.

2. La place des objets intermédiaires dans l'activité collective de conception

  • Objectif : Assurer une communication fluide entre tous les acteurs du projet (clients, utilisateurs, R&D, marketing, design, etc.).
  • Rôle des objets intermédiaires :
  • Outils de communication : Dessins, maquettes, prototypes (PoC), et pilotes servent à représenter et traduire les idées dans des formes concrètes.
  • Validation et test : Ces objets aident à tester la compréhension du concept et des éléments spécifiques du produit (coût, faisabilité technique, etc.).
  • Partage de connaissances : Ils facilitent la circulation des savoirs entre les différents acteurs et aident à maintenir l'alignement avec le produit final.

3. Prototypage et fabrication rapides

  • Objectif : Rendre le concept concret et tester rapidement la viabilité de l'idée.
  • Méthodologie : Créer des prototypes simples et fonctionnels rapidement, puis les affiner au fil des itérations.
  • Avantages :
  • Décisions accélérées : Permet de valider visuellement et de manière tangible le concept et les spécifications du produit final, en intégrant progressivement les retours du marché.
  • Innovation ouverte et collaborative : Des événements comme les hackathons et des lieux comme les fab labs facilitent le prototypage rapide, souvent avec des technologies comme l'impression 3D.
  • Réduction des délais : L’utilisation de technologies comme la fabrication additive permet de réduire le time-to-market (délai de mise sur le marché) et de produire des objets uniques à coût réduit, même en petites séries.


ce que l'idée correspond aux attentes des consommateurs ?

Séance 4 : Processus d'innovation et organisation de l'entreprise

Objectifs : Analyser le processus d'innovation dans les organisations.

• Contenu :

• Le cycle de l'innovation : de l'idée à la mise en œuvre • Structures organisationnelles favorisant l'innovation • Barrières à l'innovation

• Etude de cas SEB

📌 Qu’est-ce qu’un antécédent de l’innovation ?

Ce sont les facteurs qui influencent la capacité d’une organisation à innover : ils facilitent ou freinent l’émergence, le type et le succès des innovations.

Ils se répartissent en trois grands groupes : externesinternes, et liés à l’innovation elle-même.


1. 🌍 Antécédents externes (ou contextuels)

Ils concernent l’environnement dans lequel évolue l’organisation.

  • Deux niveaux :
  • Proche : clients, concurrents, fournisseurs.
  • 👉 Ex. : La pression des concurrents peut pousser une entreprise à innover plus rapidement.
  • Lointain : tendances technologiques, économiques, sociales, légales.
  • 👉 Ex. : Une nouvelle loi peut forcer une entreprise à développer des solutions alternatives.

2. 🏢 Antécédents internes (ou organisationnels)

Ils déterminent la capacité, la volonté et les ressources que l’organisation mobilise pour innover.

  • Peuvent être subdivisées en deux sous-catégories :
  • Macro-caractéristiques (niveau organisation) :
  • Stratégie d’innovation
  • Structure hiérarchique
  • Culture d’entreprise
  • Processus de travail
  • 👉 Ex. : Une entreprise flexible et agile favorise l’expérimentation.
  • Micro-caractéristiques (niveau individuel) :
  • Rôle des employés : source d’idées, mise en œuvre de l’innovation
  • Rôle des managers et leaders : pilotage stratégique, soutien du changement
  • 👉 Ex. : Un manager qui valorise la créativité stimule l’innovation de son équipe


3. ⚙️ Antécédents liés à l’innovation elle-même

Ce sont les caractéristiques propres à chaque innovation :

  • Certaines innovations sont :
  • Plus complexes
  • Plus coûteuses
  • Plus risquées
  • Ou au contraire, plus simplesacceptées socialement, ou plus avantageuses
  • 👉 Ces attributs influencent leur acceptabilité, leur mise en œuvre et leur succès.


🚫 Obstacles à l’innovation

L’innovation n’est pas un long fleuve tranquille : plusieurs freins peuvent ralentir, bloquer ou empêcher sa mise en place.

Ils se regroupent en trois grandes catégories :

1. 💸 Raisons financières

  • Risque excessif : L’innovation est perçue comme trop incertaine ou risquée pour justifier un investissement.
  • Coûts élevés : Les ressources nécessaires (R&D, personnel, technologie) sont importantes.
  • Pas de financement : L’entreprise ne trouve pas de soutien financier (banques, investisseurs, subventions…).

📝 Conséquence : même une bonne idée peut ne jamais voir le jour faute de moyens.


2. 📉 Risques liés à l’introduction sur le marché

  • Manque de réactivité des clients : Les clients ne sont pas prêts à adopter l’innovation.
  • Manque d'informations sur le marché : L’entreprise ne connaît pas bien les besoins ou attentes.
  • Méconnaissance de la réglementation : Certaines innovations ne respectent pas les normes légales ou ne prennent pas en compte les contraintes réglementaires.

📝 Conséquence : l’innovation peut échouer commercialement, même si elle est techniquement réussie.


3. 🏢 Raisons organisationnelles

  • Manque de personnel qualifié : Pas assez de compétences internes pour porter l’innovation.
  • Manque d'information sur la technologie : L’entreprise ne maîtrise pas les technologies nécessaires.
  • Échec de coopération : Les différentes équipes (R&D, marketing, production…) ne travaillent pas bien ensemble.
  • Rigidités organisationnelles : L’entreprise est trop figée dans ses pratiques, sa culture ou sa hiérarchie.

📝 Conséquence : l’organisation n’est pas capable de s’adapter, surtout face à des innovations dites "radicales".


⚠️ À noter : L’innovation peut être...

  • Conservatoire :
  • 👉 Elle améliore ce qui existe déjà (moins risqué, renforce les compétences internes).
  • Radicale :
  • 👉 Elle bouleverse totalement les pratiques, les compétences, les marchés (plus risquée, déstabilisatrice).

Et c’est souvent dans le cas de l’innovation radicale que les obstacles sont les plus importants, car l’entreprise sort de sa zone de confort.


La diffusion

Le processus de développement et de diffusion de l’innovation selon Everett Rogers (1983) :


🧠 Développement de l’innovation (6 étapes clés)

  1. Identification d’un besoin ou d’un problème
  2. 👉 C’est souvent un manque, une difficulté ou une insatisfaction qui déclenche les activités de recherche. L’innovation est alors pensée comme une solution concrète à ce problème.
  3. Brevetage des recherches
  4. 👉 Si des découvertes sont faites, elles peuvent être protégées par un brevet. Cela garantit un droit exclusif d’exploitation et sécurise l’investissement en R&D.
  5. Développement de l’innovation
  6. 👉 À partir des idées générées, on conçoit l’innovation en la rendant plus concrète (prototype, tests…). Le but est de répondre aux attentes des futurs utilisateurs.
  7. Commercialisation
  8. 👉 L’innovation est mise sur le marché. C’est la phase de lancement, où le produit/service devient accessible au public.
  9. Diffusion et adoption

👉 L’innovation commence à se répandre dans la société. Elle est progressivement adoptée par les utilisateurs(on parlera des types d’adoptants juste après).


Conséquences de l’innovation

👉 Elle peut soit :

  • Répondre efficacement au besoin initial ✅
  • Être partiellement efficace ⚠️
  • Ou générer de nouveaux besoins ou problèmes, qui peuvent eux-mêmes lancer un nouveau cycle d’innovation 🔁

🌍 La diffusion de l’innovation selon Rogers

• Selon Rogers, la diffusion est le processus par lequel une innovation va être progressivement communiquée, à travers le temps La et à travers certains dcanaux, auprès des membres d'un isystème social.

• Ainsi, la définition de Rogers de la diffusion de l'innovation repose sur fquatre éléments principaux:

  1. L’innovation

👉 Le produit ou l’idée nouvelle (nouvelle technologie, service, méthode, etc.).

  1. Les canaux de communication

👉 Comment l’innovation est communiquée : publicité, bouche-à-oreille, réseaux sociaux, démonstrations, etc.

  1. Le temps

👉 La durée nécessaire à l’adoption. Certaines personnes adoptent très vite, d'autres beaucoup plus tard.

  1. Le système social

👉 L’environnement dans lequel l’innovation se diffuse : la culture, les normes sociales, les valeurs collectives, les leaders d’opinion, etc.


💡 Exemple simple :

Pense à l’iPhone à sa sortie. Il répondait à un besoin d’interface tactile fluide (1), s’est protégé par des brevets Apple(2), a été développé avec des innovations tech (3), puis lancé commercialement (4), a progressivement conquis le marché (5) et a transformé notre rapport au mobile (6). Sa diffusion a été rapide grâce à la pub, les influenceurs tech, le temps court d’adoption chez les geeks, et un système social réceptif aux innovations high-tech.

L'innovation selon Rogers (1983)

Définition

Innovation selon Rogers 1982
Une idée, une pratique ou un objet perçu comme nouveau par un individu ou une autre unité d’adoption. 🔎 Ce n’est donc pas l’innovation en soi qui compte, mais la manière dont elle est perçue par ceux qui la reçoivent. 👉 Points clés : C’est la perception de nouveauté qui déclenche ou non une adoption. Connaître une innovation ne suffit pas : il faut qu’elle suscite une conviction, puis une décision d’usage. L’adoption est donc un processus progressif et non un acte unique.

Le processus de décision d’adoption (5 étapes)

  1. Connaissance
  2. ➤ Prise de conscience de l’existence de l’innovation et compréhension de ses fonctions.
  3. Persuasion
  4. ➤ Développement d’une opinion (positive ou négative) sur l’innovation. L'individu commence à évaluer les avantages et les inconvénients.
  5. Décision
  6. ➤ Choix d’adopter ou de rejeter l’innovation.
  7. Implémentation
  8. ➤ Mise en œuvre effective de l’innovation, expérimentation réelle dans un contexte donné.
  9. Confirmation
  10. ➤ L’individu confirme ou remet en cause son choix initial, en fonction de ses résultats et de son expérience.


Ce courant considère que :

📈 Le modèle de diffusion : la courbe en cloche & en S

  • La diffusion d’une innovation se fait d’abord lentement, auprès d’un petit groupe.
  • Ensuite, si elle est bien reçue, l’adoption s’accélère rapidement, jusqu’à atteindre une majorité.
  • Ce processus suit :
  • Une courbe en cloche (loi normale) pour le taux d’adoption
  • Une courbe en S pour la cumul des adopteurs au fil du temps.


🌐 Facteurs influençant la diffusion

  • Les qualités intrinsèques de l’innovation (utilité, simplicité, compatibilité…)
  • Les contacts sociaux : plus il y a d’échanges entre les premiers utilisateurs et les autres, plus l’adoption se propage vite.
  • Les perceptions de l’adoptant potentiel :
  • Coût vs bénéfice
  • Facilité d’usage
  • Image sociale ou personnelle renvoyée par l’usage
  • Risques perçus


La manière dont une innovation est perçue par les individus va fortement influencer la vitesse et l’ampleur de son adoption. Rogers identifie 5 attributs clés :

  1. Avantage relatif

➤ L’innovation est-elle perçue comme meilleure que la solution précédente ou actuelle ?

  1. Compatibilité

➤ L’innovation est-elle en accord avec les valeurs, les normes, les habitudes de l’utilisateur ?

  1. Complexité

➤ Est-elle facile à comprendre et à utiliser ? Moins elle est complexe, plus elle est facilement adoptée.

  1. Divisibilité (ou possibilité d’essai)

➤ Peut-on la tester à petite échelle, sans engagement définitif ? Cela rassure les adoptants potentiels.

  1. Visibilité

➤ Est-ce que ses résultats et ses bénéfices sont facilement observables par les autres ?

➤ Plus elle est visible, plus elle attire d’imitateurs.


Le rôle du bouche-à-oreille & des effets d’imitation

  • Chaque adoptant devient un vecteur de communication, influençant son entourage.
  • Cela crée une avalanche d’imitations,


  • Ces groupes forment une courbe en cloche (loi normale)
  • La courbe cumulée d’adoption donne une forme en S :
  • ➤ Lente au début (innovateurs),
  • ➤ Puis rapide (effet boule de neige),
  • ➤ Et enfin plus lente à nouveau (retardataires).


A part ces acteurs, nous ne pouvons négliger le rôle de l'agent du changement qui facilite la diffusion de l'innovation.


1. 💼 Le rôle de l’agent du changement

  • L’agent du changement est intermédiaire entre l’entreprise qui développe l’innovation (agence de changement) et le client final.
  • Son rôle est de :
  • Influencer positivement ou négativement les décisions d’adoption,
  • Adapter l’innovation aux besoins du client,
  • Faire remonter des retours pour améliorer l’innovation.
  • Il ne cherche pas seulement à promouvoir : il peut aussi freiner l’adoption si ce n’est pas dans l’intérêt du client ou de l’organisation.


2. 📡 Les 4 éléments du processus de diffusion

➤ 1. L’innovation

Perçue comme nouvelle par l’individu. Son adoption dépend de :
  • Avantage relatif
  • Compatibilité
  • Complexité
  • Divisibilité (testabilité)
  • Visibilité (observabilité)

➤ 2. Les canaux de communication

La communication est considérée comme le processus à travers lequel une information est créée et partagée entre les participants afin d'atteindre un degré de compréhension mutuelle.

La diffusion à son tour, constitue une forme particulière de communicationMo, où l'information communiquée entre les individus porte sur une nouvelle idée.

Dans ce processus, un canal de communication représente le moyen par lequel ce message est transmis, tel que les mass média et l'échange interpersonnel

Les canaux de communication adoptés pour diffuser l'innovation sont susceptibles d' affecter son taux d'adoptionr. Notamment en raison de l'influence de la subjectivité dans l'évaluation d'une innovation par un acteur.


3. Temps

Le temps est un élément important dans la diffusion de l'innovation et 

est présent à différents niveaux du processus de diffusion :


  • Processus de décision individuel (prise de connaissance → adoption ou rejet)
  • Classement des adoptants dans le temps (innovateurs, majorité…)
  • Pour mesurer le Taux global d’adoption dans le système social sur une période donnée


➤ 4. Le système social

Un système social est un ensemble d'unités qui se regroupent et s'engagent dans la résolution d'un problème commun en vue d'atteindre un objectif commun.
Les membres d'un système social peuvent également influencer la diffusion et l'adoption 

des innovations au sein de ce même système (leader d'opinion)


Le système social est aussi susceptible d'influencer la diffusion des innovations de deux façons : par les décisions prises par les individus membres,

celles émanant du collectif ou de l'ensemble du système.


Par conséquent, le type de la décision (individuelle, collective ou autoritaire) d'innovation peut être ajouté en tant que facteur pouvant influencer le taux d'adoption des innovations.


Les limites du modèle de Rogers

Malgré les contributions de ce modèle, il présente certaines limites :
  • 🔍 Difficulté d’anticipation pour les innovations majeures :
  • Il est très difficile de mesurer les intentions et les réactions des clients potentiels face à des produits radicalement nouveaux, avant même qu’ils ne soient utilisés.
  • 🔧 Manque de prise en compte de l’ajustement continu :
  • Le modèle ne considère pas la capacité de l’entreprise innovatrice à corriger ou améliorer rapidement son innovation après les premiers retours des utilisateurs.
  • 🆚 Vision simpliste du marché :
  • Le modèle suppose qu’une innovation unique est proposée par un seul acteur, ce qui n’est pas réaliste dans un marché où plusieurs entreprises peuvent lancer en parallèle des innovations concurrentes et incompatibles.
  • 📊 Modèle descriptif, peu exploitable en stratégie prédictive :
  • Il ne permet pas de prédire concrètement le succès ou l’échec d’une innovation. Des variables importantes comme le bouche-à-oreille ou l’influence sociale sont trop complexes à modéliser et exploiter en entreprise.
  • ❌ Biais de sélection des innovations étudiées :
  • Le modèle se base uniquement sur les innovations qui ont réussi. Or, une grande majorité des innovations échouent commercialement, ce qui rend ce modèle l’exception plutôt que la règle.


L'adoption

Définition et logique générale

  • L’adoption est un processus interne à l’organisation comment la génération
  • Il correspond à la sélection et l’utilisation d’une innovation (produit ou pratique) pour la première fois, dans le but de répondre à un besoin ou résoudre un problème.
  • L’innovation peut exister ailleurs, mais elle est nouvelle pour l’organisation qui l’adopte.
  • Le processus se déroule en deux temps :
  1. Décision organisationnelle d’adopter.
  2. Transmission et intégration par les individus jusqu’à son usage régulier.


📌 Les 3 phases de l’adoption (Damanpour)

  1. Pré-adoption (initiation)
  • Identification du besoin ou problème.
  • Recherche et évaluation des solutions existantes.
  • Formation d’une attitude favorable à l’adoption.
  1. Décision d’adoption (mise en œuvre)
  • Évaluation technique, financière et stratégique de l’innovation.
  • Possibilité de recours à des experts internes/externes.
  • Si adoption validée : allocation de ressources pour l'intégration.
  1. Post-adoption (implémentation)
  • Adaptation mutuelle entre l’organisation et l’innovation.
  • Intégration dans les routines organisationnelles jusqu’à un usage stable et régulier.


Les modèles d’adoption

Damanpour distingue dans ses recherches deux modèles d'adoption des innovations, un

modèle synchrone �et un modèle séquentiel � (lead-lag).


Modèle synchrone :

--> l'organisation adopte plusieurs types d'innovations enmême temps ou dans un laps de temps rapproché.


Modèle séquentiel (lead-lag) :

--> Un type d’innovation favorise l’adoption d’un autre dans un second temps.


💡 Traditionnellement :
Les innovations technologiques sont adoptées en premier, puis les innovations non technologiques (souvent managériales) viennent les accompagner.
🧠 Damanpour remet en question cet ordre :
Il propose que les innovations managériales, en favorisant la culture, la créativité et l’apprentissage organisationnelpréparent le terrain pour les innovations technologiques.
✅ Conclusion :
Une adoption équilibrée entre innovations managériales et technologiques serait la meilleure stratégie pour améliorer les performances de l’organisation.


⚙️ Facteurs explicatifs de l’adoption

Facteurs externes :

  • Pressions de l’environnement : concurrenceréglementationsattentes clientspénurie de ressourcesfacteurs sociaux, politiques, culturels, géographiques.

Facteurs internes :

  • Recherche d’amélioration des compétences, de la qualité, de la différenciation.
  • Influence de la taille, du professionnalisme, des relations externes, de la communication, et de la situation financière.


Rôle stratégique de l’adoption

  • Permet à l’organisation de rester adaptable et compétitive.
  • Favorise la performance durable dans un environnement en mutation constante.



❌ Les obstacles à l’adoption d’une innovation


⚙️ 1. Centralisation et formalisation

  • Centralisation : les décisions sont concentrées au sommet, ce qui freine la réactivité et l’autonomie des acteurs de terrain.
  • Formalisation excessive : les règles, procédures strictes et rigides limitent la flexibilité nécessaire à l’intégration d’innovations.


2. L’ampleur de la transformation & la résistance au changement

🧠 2.1. Raisons psychologiques et culturelles :

  • Attachement émotionnel aux pratiques, produits et modes de fonctionnement traditionnels.
  • Peur des perturbations et du changement engendré par l’innovation.
  • L’innovation peut bouleverser les habitudes, nécessiter de nouvelles compétences, voire redistribuer le pouvoirau sein de l’organisation.
🔄 Résultat : résistance au changement fréquente, notamment chez les leaders établis du secteur.

💡 Exemple :

Les entreprises en position dominante sont souvent réticentes à adopter des solutions issues de nouveaux entrants, craignant de remettre en cause leur modèle établi.


2.2) Dans certains cas, la résistance au changement prend la forme d’une myopie stratégique.

Les managers réticents à l’innovation s’accrochent à des solutions éprouvées qu’ils ont toujours utilisées, même face à de nouveaux problèmes. Ils peuvent même réinterpréter les menaces pour pouvoir y répondre avec des méthodes traditionnelles.

👉 Les solutions innovantes, qui remettent en question les schémas établis, ne sont considérées qu’en dernier recours, une fois que les approches classiques ont échoué.

Dans cette logique, les entreprises privilégient souvent des innovations incrémentales — de petites améliorations de ce qui a déjà fait leur succès — au détriment des innovations radicales, qui pourtant permettent de véritables ruptures.

🔍 Ce comportement explique pourquoi certaines entreprises leaders, notamment dans les secteurs en forte mutation, voient leur position concurrentielle s’affaiblir lorsque survient une rupture technologique ou organisationnelle.

📉 Exemple marquant :

IBM, autrefois leader sur les gros systèmes informatiques, a manqué le virage du micro-ordinateur. Ce n’est que grâce à sa puissance financière qu’elle a pu limiter les dégâts et rattraper son retard sur ce marché émergent.

La post-adoption :

Cette phase est souvent négligée dans la littérature.

En sachant que de nombreuses innovations adoptées par les organisations finissent par être abandonnées

.

Que se passe-t-il après l'abandon?


Deux stratégies après l'abandon, soit 

l'innovation est remplacée par une autre innovation plus avantageuse, soit la rétractation qui consiste à reprendre la pratique initiale.

L'innovation peut-elle s'organiser ?

🧠 L’innovation peut-elle s’organiser ?

Organiser et innover : une tension entre deux logiques

L’innovation repose sur une double exigence paradoxale :

  • Elle nécessite une planification structurée pour allouer des ressources et fixer des objectifs clairs.
  • Mais en même temps, elle implique de l’incertitude, du changement, parfois même du désordre, qui échappent à toute anticipation.

Autrement dit, organiser et innover mobilisent des logiques souvent opposées, ce qui crée une tension difficile à surmonter.

Pour mieux comprendre cette tension, il faut décomposer ce que signifie "s’organiser" dans un collectif.


🔧 S’organiser, c’est répondre à deux grandes questions :

  1. Comment se coordonner ?
  2. Comment contrôler le travail accompli ?

L'organisation se construit alors autour de trois mécanismes :

→ Spécialisation x Standardisation x Contrôle

Ces mécanismes sont adaptés à l’activité quotidienne, mais peuvent entraver l’innovation, pour trois raisons principales :

1. Spécialisation :

Elle pousse à répéter et à améliorer ce qui fonctionne déjà. Cela peut encourager l’innovation conservatoire (des ajustements progressifs), mais freine l’innovation de rupture, car elle enferme dans des routines.

👉 Elle favorise le conformisme, pas la créativité.

2. Standardisation :

Elle impose des processus fixes qui limitent l’autonomie des individus. Dans ce cadre rigide, toute initiative peut être perçue comme une déviance par rapport à la norme.

3. Contrôle :

Il repose sur des résultats attendus ou des méthodes définies à l’avance. Cela décourage la prise de risque, car l’innovation, par définition, est incertaine et sort du cadre.


🚧 Innover dans une organisation n’est donc pas "naturel"

C’est là que le management de l’innovation devient essentiel : son rôle est de lever les freins, de créer un environnement propice à l’innovation, et d’encourager les individus à sortir de l’inertie.

Les 4 grands défis du management de l’innovation :

  1. 💡 Impliquer tous les acteurs de l’organisation et faire émerger une idée individuelle vers un projet collectif institutionnalisé.
  2. 🔎 Maintenir l’attention des équipes sur l’innovation tout au long du processus (souvent long et complexe).
  3. 🔄 Gérer les interactions entre les différents acteurs, en facilitant les échanges, les négociations, les arbitrages.
  4. 🌱 Créer un vrai climat d’innovation, où celle-ci est valorisée dans la culture d’entreprise, et intégrée dans la gestion des carrières.


L'organisation de l’innovation : Approche mécanique vs organique

L’innovation est l’un des moyens pour une organisation de s’adapter à son environnement. Selon que cet environnement est stable ou instable, l’entreprise adoptera une structure différente, plus ou moins favorable à l’innovation.


🌿 Les organisations organiques : l'agilité au service de l'innovation

Les entreprises évoluant dans des environnements instables sont souvent dites organiques. Leur capacité d’adaptation élevée crée un terrain favorable à la créativité et à l’innovation.

🔑 Caractéristiques principales :

  • Utilisation de compétences spécifiques dans une tâche commune
  • Réajustement constant des tâches individuelles via l’interaction
  • Contrôle et communication via des réseaux informels
  • Communication horizontale (entre collègues) plutôt que verticale (chefs/subordonnés)
  • Partage d’informations plus que d’instructions
  • Aucune toute-puissance supposée du sommet : les décisions peuvent émerger de la base
  • Accent mis sur l’engagement et la collaboration, non sur l’obéissance stricte

✅ Avantages :

  • Favorise la créativité et l’innovation
  • Permet une réactivité accrue face aux opportunités ou menaces
  • Encourage l’implication, l’autonomie et la motivation des employés

❌ Inconvénients :

  • Peut manquer de structure et d’efficacité dans un environnement stable
  • Risque de flou dans les responsabilités
  • Exige des employés autonomes, compétents et adaptables


Les organisations mécaniques : l'efficacité avant tout

À l’inverse, les entreprises mécaniques évoluent mieux dans des environnements stables, où l’objectif principal est l’efficience interne plutôt que l’innovation.

🔑 Caractéristiques principales :

  • Forte spécialisation des tâches
  • Coordination formelle avec des règles et procédures précises
  • Structure hiérarchique rigide et centralisée
  • Décision prise par une élite au sommet de l’organisation
  • Communication verticale descendante (du haut vers le bas)
  • Obéissance et loyauté valorisées
  • Importance accordée aux compétences techniques et spécialisées
  • Faible flexibilité organisationnelle

✅ Avantages :

  • Parfaitement adapté à des tâches répétitives et prévisibles
  • Offre un contrôle serré sur les opérations
  • Réduit les risques d’erreurs grâce à la standardisation

❌ Inconvénients :

  • Mal adapté aux environnements dynamique ou incertain
  • Peut étouffer l’innovation et la créativité
  • Risque de démotivation des employés en manque d’autonomie


Les modèles mécanique et organique ne doivent pas être perçus comme mutuellement exclusifs. En réalité, la plupart des entreprises combinent des éléments des deux approches afin de s’adapter à la diversité de leurs activités. Une même organisation peut ainsi fonctionner selon un modèle mécanique dans ses opérations quotidiennes tout en adoptant un modèle plus organique dans ses projets d’innovation.

👉 Il serait donc réducteur d’affirmer que seules les entreprises organiques peuvent innover.

En effet, l’organisation de l’innovation repose sur un paradoxe fondamental :

  • Elle nécessite créativité, remise en cause de l’existant, agilité → ce qui renvoie au modèle organique.
  • Mais elle exige également une mise en œuvre rigoureuse, une capacité à transformer les idées en solutions concrètes (produits, services, process) → ce qui s’appuie sur des mécanismes de coordination, de spécialisation et de contrôle, typiques du modèle mécanique.

🔧 Autrement dit, une innovation ne se limite pas à une idée créative : elle doit être conçue, testée, produite, diffusée. Cela nécessite à la fois souplesse et rigueurcréativité et structuration.


Pour aller plus loin : la structure adhocratique

La structure adhocratique représente une forme avancée de l’organisation organique, spécifiquement conçue pour des environnements très instables où l’innovation est au cœur de la stratégie.

⚙️ Caractéristiques de l’adhocratie :

  1. Peu ou pas de formalisation : L’organisation repose sur la créativité, l’expertise et l’expérimentation, sans lourdeur administrative.
  2. Équipes projet pluridisciplinaires : Constituées temporairement pour résoudre un problème ou mener à bien un projet spécifique.
  3. Communication horizontale et fluide : Les échanges sont informels, rapides, transversaux.
  4. Leadership flexible et distribué : Il n’y a pas de chef unique permanent. Le leadership est exercé par ceux qui détiennent l’expertise, selon les besoins du projet.
  5. Flexibilité organisationnelle : Les équipes peuvent se créer, évoluer ou disparaître en fonction des projets. Il n’existe pas de structure rigide et figée.



Le dépassement du paradoxe exploitation-exploration : L'ambidextrie organisationnelle

⚖️ Le dépassement du paradoxe exploitation-exploration : l’ambidextrie organisationnelle

Dans un environnement complexe et incertain, l’innovation devient un levier essentiel pour assurer la pérennité des organisations. Mais une tension se dessine :

  • D’un côté, les entreprises doivent exploiter ce qu’elles savent déjà faire (optimiser les processus, rentabiliser les compétences, viser l’efficience).
  • De l’autre, elles doivent aussi explorer de nouvelles pistes (expérimenter, innover, se réinventer).

Ce paradoxe stratégique, appelé exploitation vs exploration, pose un défi majeur : comment concilier ces deux logiques contradictoires au sein d’une même organisation ?


🧠 Ambidextrie organisationnelle : définition et intérêt

Le concept d’ambidextrie organisationnelle (inspiré d’une personne ambidextre capable d’utiliser ses deux mains avec la même efficacité) propose une solution à ce dilemme :

👉 C’est la capacité d’une organisation à mener simultanément des activités d’exploitation et d’exploration.

Cela suppose :

  • De conserver des performances à court terme (via l’exploitation),
  • Tout en préparant le futur par l’exploration de nouveaux marchés, technologies ou modèles économiques.

🎯 Objectif : Assurer un avantage concurrentiel durable dans le temps.


✨ Caractéristiques des organisations ambidextres

  1. Double logique temporelle :
  • L’exploitation concerne le court terme, la stabilité, la rigueur et le contrôle.
  • L’exploration vise le long terme, implique des risques, des apprentissages, de la flexibilité.
  1. Spécialisation des environnements :
  • Les contextes favorables à l’exploitation (structures formelles, routines) sont très différents de ceux qui stimulent l’exploration (souplesse, créativité, autonomie).
  1. Risque de tensions organisationnelles :
  • Maintenir ces deux activités génère des conflits culturels et opérationnels : objectifs différents, temporalités opposées, manières de travailler divergentes.
  1. Réponse stratégique : la séparation des activités

Pour gérer ces tensions, la théorie de l’ambidextrie propose de séparer les deux activités, selon trois formes principales.


🧩 Les trois types d’ambidextrie

1. Ambidextrie structurelle

  • Deux unités d’affaires distinctes :
  • l’une spécialisée dans l’exploration (souple, innovante),
  • l’autre dans l’exploitation (formalisée, efficiente).
  • Chaque unité adopte un mode de fonctionnement adapté à sa mission.

🧠 Ex : Une entreprise peut avoir un centre R&D indépendant, à côté de son unité de production.


2. Ambidextrie contextuelle

  • L’exploration et l’exploitation coexistent au sein de la même entité, mais via des projets différenciés.
  • Les employés ou équipes passent d’un mode à l’autre selon les missions confiées.

🧠 Ex : Une équipe marketing peut mener une campagne traditionnelle tout en expérimentant une nouvelle stratégie digitale.


3. Ambidextrie de réseau

  • L’entreprise ne gère pas seule ses deux logiques : elle s’appuie sur un réseau de partenaires.
  • Certains acteurs du réseau se spécialisent dans l’exploitation, d’autres dans l’exploration.

🧠 Ex : Un grand groupe industriel peut confier l’innovation disruptive à des startups partenaires, tout en gardant en interne l’exploitation de ses produits phares.


Séance 6: Apprentissage organisationnel

📚 Séance 6 : Apprentissage organisationnel – Les apprentissages de l’innovation

🧠 Définition

L’apprentissage organisationnel désigne le processus par lequel une organisation acquiert, mémorise et restitue des savoirs et savoir-faire, de manière à transformer durablement ses comportements.

🎯 Objectif : améliorer la performance de l’organisation.

🔁 Les 3 étapes du processus d’apprentissage

  1. Apprentissage cognitif :
  2. → Les membres découvrent de nouvelles idées, enrichissent leurs connaissances, changent leur façon de penser.
  3. Apprentissage comportemental :
  4. → Les comportements évoluent à partir des nouvelles connaissances intégrées.
  5. Amélioration des performances :
  6. → L’organisation devient plus efficace et efficiente.
Cet apprentissage est collectif, même s’il prend racine dans les apprentissages individuels. Il est influencé par :
  • Le contexte de l’organisation
  • Son histoire (succès, échecs passés)
  • Ses valeurs et sa culture
  • Les dynamiques sociales internes

🔎 Pourquoi est-il essentiel à l’innovation ?

L’innovation repose sur la capacité à :

  • Intégrer de nouvelles connaissances
  • Expérimenter
  • Apprendre de ses erreurs
  • S’adapter rapidement à un environnement changeant


🛠️ Les 4 types d’apprentissage dans le cadre de l’innovation

🛠️ Learning by doing→ Apprendre en réalisant concrètement une tâche (expérimentation pratique)

🧪 Learning by using→ Apprendre par l’usage répété d’un outil, d’une technologie ou d’un système

❌ Learning by failing→ Apprendre de ses erreurs, en analysant les échecs rencontrés

🤝 Learning by interacting→ Apprendre au contact des autres, par la collaboration et l’échange


De la simple à la double boucle : L'apprentissage dans l'innovation

🌍 Maîtriser les routines défensives

  • Les routines défensives sont des comportements ou mécanismes qui empêchent le changement et l’apprentissage.
  • Pour rendre l'organisation apprenante, il est essentiel de changer le raisonnement défensif des membres de l’organisation. Cela permet de développer un raisonnement constructif pour résoudre les problèmes.


Il est indispensable de maîtriser les routines défensives qui peuvent faire obstacles au changement et à l'apprentissage.


🔄 Apprentissage en simple boucle ("Single-loop learning")

  • Définition : L’organisation ajuste ses actions en fonction des résultats observés sans remettre en question ses principes de base.
  • Processus : La réponse de l’organisation est réactive. Elle règle les erreurs sans changer les valeurs ou les objectifs qui les ont causées.
  • Exemple :
  • Une entreprise ajuste ses prix après avoir constaté une baisse des ventes, mais ne remet pas en cause son modèle économique.
  • Caractéristiques :
  • Changement de surface
  • Réaction à un problème immédiat
  • Pas de remise en cause des principes de base



🔄 Apprentissage en double boucle ("Double-loop learning")

  • Définition : L’organisation remet en question ses hypothèses fondamentales, ses valeurs et ses règles de fonctionnement. Ce changement est profond et implique une remise en cause du mode de pensée.
  • Processus : Il s'agit de réfléchir plus largement sur les raisons qui sous-tendent les actions passées, plutôt que de simplement corriger une erreur.
  • Exemple :
  • Une entreprise repense entièrement son modèle économique après avoir constaté qu'il ne répond plus aux besoins du marché. Cela nécessite de remettre en question ses valeurs fondamentales.
  • Caractéristiques :
  • Changement profond
  • Réflexion sur les raisons sous-jacentes
  • Remise en cause des schémas de pensée existants


🛠️ Les deux types d’apprentissage dans l’innovation

  • Certaines innovations peuvent entraîner une remise en cause des valeurs culturelles et des schémas de fonctionnement de l’entreprise (apprentissage en double boucle).
  • D’autres améliorent simplement un processus existant sans bouleverser les fondements culturels (apprentissage en simple boucle).
Exemple d’innovation en simple boucle performante :
Un PDG découvre que les multiples procédures au sein de son entreprise freinent l’innovation. Après avoir constaté qu'il fallait 275 étapes pour accepter une idée nouvelle, il mandate une équipe pour réduire ce nombre à 75 étapes. Cela améliore la performance et augmente les innovations, mais il ne remet pas en question pourquoi ces 275 étapes étaient en place au départ, ni comment elles ont évolué jusqu’à ce point.


Objectif : dépasser les obstacles au changement

  • L'apprentissage en double boucle est essentiel lorsqu'il s'agit de réaliser un changement de fond, souvent nécessaire à l'innovation disruptive.
  • L'apprentissage en simple boucle, bien qu’efficace, se limite à une amélioration de surface sans revisiter les fondamentaux de l'organisation.


🌱 Vers l’organisation apprenante : les pratiques nécessaires

Une organisation apprenante est une structure capable de s'adapter, d'évoluer et de se perfectionner en continu grâce à un apprentissage constant. Voici les pratiques et politiques essentielles pour construire une organisation apprenante :

  1. Résolution systématique des problèmes :
  • L’organisation doit mettre en place des procédures efficaces pour résoudre les problèmes de manière systématique et réactive.
  1. Recherche de nouveaux savoirs :
  • L'organisation doit être constamment à la recherche de nouveaux savoirs qu’elle teste et expérimente, souvent à travers des programmes spécifiques.
  1. Apprentissage des erreurs du passé :
  • Une attention particulière est portée aux erreurs passées, qui sont analysées et transformées en leçons afin d'éviter de reproduire les mêmes erreurs et d’en tirer profit pour les projets futurs.
  1. Veille externe :
  • Veille concurrentielle active grâce au benchmarking pour étudier les pratiques des concurrents.
  • Retour des clients via des tests utilisateurs et des sites pilotes, pour mieux comprendre les besoins réels du marché et ajuster les produits en conséquence.
  1. Diffusion du savoir :
  • Une organisation apprenante dispose de mécanismes efficaces de diffusion du savoir interne, favorisant le partage et l'échange de connaissances à travers ses différentes strates.

🔬 L’importance de l'expérimentation et des types d'apprentissage dans l'innovation

L’innovation est un processus complexe qui nécessite une approche expérimentale et l’intégration de divers types d’apprentissage :

1. Apprentissage interne (lié à la production) :

  • Amélioration continue de l’activité de production grâce à l’expérience acquise.
  • Ce type d’apprentissage aide l'entreprise à devenir plus habile au fur et à mesure qu’elle gagne en expérience.

2. Apprentissage par l'utilisation (externe) :

  • Cet apprentissage résulte de l'utilisation du produit par le consommateur final.
  • L’entreprise collabore avec les premiers utilisateurs pour affiner le produit et mieux comprendre les attentes du marché.
  • Interaction avec les utilisateurs : Ces échanges permettent à l’entreprise de découvrir de nouvelles perspectives, d’ajuster ses objectifs et de mieux cibler le marché réel et potentiel.

3. Apprentissage par l'échec (externe) :

  • L’échec est inévitable dans l'innovation, mais il peut être positif s’il est utilisé comme un moyen d’apprendre.
  • Capitalisation des échecs : Chaque échec est une opportunité d’améliorer le processus et d’acquérir de nouvelles connaissances.
  • Droit à l’erreur : Encourager les collaborateurs à prendre des risques et à échouer sans crainte est essentiel pour nourrir la créativité.
  • Exemple :
  • Eli Lilly, une entreprise pharmaceutique, a institué des "failure parties" pour célébrer les échecs des employés, renforçant ainsi la culture de prise de risques et d’innovation.
  • Apprentissage vicariant : L’observation des échecs d’autres acteurs (concurrents, autres industries) permet d'apprendre sans avoir à reproduire les erreurs.
  • L’échec est particulièrement pertinent pour l’innovation de rupture. En effet, il peut mener à une réévaluation radicale des approches du marché et des stratégies de produits, en entraînant des changements profonds dans la vision de l’entreprise.


📉 Les bénéfices de l’échec dans l’innovation de rupture

  • Retour d'informations : L'échec génère des retours précieux des utilisateurs, permettant de mieux comprendre les besoins et de réajuster les produits.
  • Réflexion sur les dysfonctionnements internes : L’échec révèle souvent des faiblesses dans l’organisation qui peuvent être corrigées pour améliorer les performances futures.

Exemple : Boeing

  • Boeing a dû faire face à des échecs qui ont permis de remettre en question plusieurs aspects de ses processus internes, favorisant ainsi des révisions cruciales dans son approche de l’innovation.


Les pratiques de coopération innovatrice et d'innovation ouverte : Le "Faire avec"

L'innovation ne se limite plus à un simple processus interne de développement au sein des entreprises. De plus en plus, les entreprises collaborent avec des acteurs externes, y compris des fournisseurs, pour co-développer des produits ou services. C'est ce qu'on appelle le modèle "Faire avec" (learning by interacting), un processus collaboratif où les acteurs externes contribuent activement à l'innovation.


Les bonnes pratiques pour intégrer l'apprentissage organisationnel dans le management de l'innovation

Les entreprises innovantes encouragent une culture d'apprentissage, essentielle pour l'innovation continue. Voici quelques bonnes pratiques à adopter :

  1. Encourager une culture de l'apprentissage :
  • Créer un environnement propice à l'innovation où l'échec est perçu comme une opportunité d'apprendre et non comme une faute.
  • Mettre en place des mécanismes qui favorisent l'expérimentation, la curiosité et l'amélioration continue.
  1. Favoriser le droit à l'erreur, la curiosité et la remise en question :
  • Permettre aux employés de tester de nouvelles idées sans crainte de sanctions en cas d’échec.
  • Encourager la remise en question des processus existants pour constamment chercher de nouvelles voies d'amélioration.
  1. Mise en place de mécanismes de partage des connaissances :
  • Développer des bases de données internes où les bonnes pratiques sont répertoriées et mises à la disposition de tous.
  • Créer des communautés de pratiques pour favoriser les échanges entre les équipes et les experts.
  • Le mentoring est également une méthode efficace pour faire circuler l'expérience et les compétences.
  1. Adopter des méthodologies agiles :
  • Utiliser des méthodes telles que le Design Thinking, le Lean Startup et d’autres pratiques agiles pour répondre rapidement aux besoins du marché et tester des solutions sur de petites échelles avant de les déployer à grande échelle.
  1. Favoriser l'apprentissage collaboratif :
  • Collaborer avec des partenaires externes, comme des universités, des startups ou des entreprises complémentaires, pour élargir les perspectives et nourrir l'innovation.
  1. Instaurer une veille stratégique :
  • Surveiller les tendances du marché, suivre les innovations des concurrents et être attentif aux signaux faibles qui pourraient signaler des changements importants ou des opportunités d'innovation.

Toyota et le Kaizen : L'Innovation par l'Amélioration Continue

Le modèle Kaizen, fondé sur l'amélioration continue, est au cœur du succès de Toyota. Il repose sur l'idée que des petites améliorations régulières, faites par tous les employés, contribuent à l'innovation durable et à une meilleure performance.

Principes fondamentaux du Kaizen chez Toyota :

  1. Implication de tous les employés : Chaque employé, quelle que soit sa position dans l’entreprise, est encouragé à proposer des idées d'amélioration pour optimiser les processus de travail.
  2. Petites améliorations continues : Plutôt que de chercher des transformations radicales, Toyota favorise des ajustements réguliers et progressifs. Cela permet de maintenir une évolution constante tout en préservant la stabilité.
  3. Élimination des gaspillages : Chaque processus est analysé pour identifier et éliminer les gaspillages, que ce soit en termes de temps, de ressources ou d'efforts.
  4. Standardisation et apprentissage organisationnel : Les bonnes pratiques sont systématisées et documentées pour devenir des standards dans l’organisation, permettant à l’ensemble de l’entreprise de s'appuyer sur les acquis.
  5. Résolution des problèmes à la source : Les managers se rendent directement sur le terrain pour identifier et résoudre les problèmes immédiatement, ce qui permet une prise de décision plus rapide et un suivi plus réactif des problèmes.

Outils du Kaizen appliqués par Toyota :

  1. Just-in-Time (JIT) : Ce système vise à produire ce qui est nécessaire, en temps voulu, et en quantité optimale. Cela réduit les coûts de stockage et améliore la fluidité de la production.
  2. Système Kanban : Utilisation de cartes visuelles pour signaler les besoins en matériaux et gérer les flux de production en temps réel. Ce système améliore la gestion des stocks et réduit les interruptions de production.
  3. Cycle PDCA (Plan-Do-Check-Act) : Ce processus d'amélioration continue permet de tester des solutions, de vérifier leur efficacité, et de les ajuster ou de les appliquer à plus grande échelle si elles réussissent.
  4. Les "5 Pourquoi" : Cette méthode permet de remonter à la cause profonde d'un problème en posant successivement la question "Pourquoi ?" jusqu'à identifier la source réelle du problème.

Impact du Kaizen sur l'innovation chez Toyota :

  • Innovation produit : Par des ajustements progressifs, Toyota a continué à améliorer ses modèles, en particulier dans le domaine de l'électrification des véhicules, avec des transitions lentes mais constantes vers des batteries hybrides et électriques.
  • Innovation process : Toyota a intégré de nouveaux matériaux et technologies tout en maintenant une production optimisée et en améliorant constamment ses processus.
  • Innovation organisationnelle : Grâce à l'implication des employés et à l'amélioration continue, Toyota a développé une organisation capable de réagir rapidement aux changements et de s'adapter aux nouvelles technologies et tendances du marché.


Défis du Kaizen

Malgré son succès, l'application du Kaizen présente des défis :

  • Difficulté d'application dans des environnements moins structurés : Le Kaizen repose sur une discipline organisationnelle forte. Dans des entreprises moins structurées, il peut être difficile d'impliquer systématiquement tous les employés dans la démarche.
  • Risque de privilégier l'optimisation à l'innovation radicale : Le Kaizen favorise l'amélioration incrémentale, mais peut être perçu comme un frein à l'innovation disruptive, qui nécessite parfois de grands changements.
  • Charge mentale pour les employés : Être constamment sollicité pour proposer des améliorations peut générer une pression supplémentaire sur les employés, ce qui peut affecter leur bien-être au travail.



Séance 7 : l'intrapreneuriat et l'innovation

L'intrapreneuriat est un concept stratégique qui désigne le processus par lequel des employés d'une entreprise se comportent comme des entrepreneurs, en développant des projets innovants et créatifs au sein de l'organisation, tout en bénéficiant des ressources et de l'infrastructure mises à leur disposition par l'entreprise. Contrairement à un entrepreneur indépendant qui crée une entreprise, l'intrapreneur évolue dans une structure existante, souvent en lançant de nouveaux produits ou services, ou en réinventant des processus internes pour dynamiser l'innovation.


L'intrapreneuriat est fondé sur l'idée que l'innovation ne doit pas être l'apanage d'une seule fonction, comme la recherche et le développement (R&D), mais doit être partagée par toute l'organisation. Il s'agit de favoriser un climat entrepreneurial au sein de l'entreprise, permettant à chaque membre de l'organisation de contribuer à l'innovation à son échelle.


Deux processus stratégiques dans les grandes entreprises

  1. Le processus stratégique dirigé par la conception de la stratégie de l'entreprise :
  • Ici, la stratégie est définie au niveau central de l'entreprise. Les acteurs sont principalement réactifs, agissant en fonction des grandes lignes de la stratégie globale qui leur sont imposées.
  1. Le processus stratégique autonome, initié par les acteurs locaux :
  • Dans ce modèle, les employés locaux prennent des initiatives qui vont influencer la stratégie de l'entreprise. Ce sont leurs comportements et leurs projets qui modifient ou affinent la stratégie globale de l'organisation. L'intrapreneuriat relève de cette deuxième approche.


Caractéristiques de l'intrapreneuriat

L'intrapreneuriat repose sur plusieurs principes fondamentaux :

  • Initiative individuelle : L'intrapreneuriat commence par l'action individuelle des employés qui ont une idée et souhaitent la développer à l'intérieur de l'entreprise.
  • Création de valeur interne : L'intrapreneur utilise les ressources, le soutien et l'infrastructure de l'entreprise pour concrétiser ses projets innovants, mais il ne crée pas une entreprise indépendante.
  • Autonomie et créativité : Les intrapreneurs sont autonomes dans leurs démarches, mais peuvent compter sur la structure de l'entreprise pour les aider à faire progresser leurs idées.


Pourquoi favoriser l'intrapreneuriat ?

L'intrapreneuriat offre de nombreux avantages à l'entreprise, et c'est pour cela qu'il est de plus en plus encouragé par les grandes organisations.

  1. Stimuler l'innovation :
  • En permettant aux employés d'être acteurs de l'innovation, l'intrapreneuriat permet de multiplier les idées et les solutions créatives, ce qui peut conduire à des produits et services novateurs.
  1. Renforcer la compétitivité :
  • L'innovation permet à l'entreprise de se différencier de ses concurrents, d'être plus agile et de répondre plus rapidement aux changements du marché.
  1. Développement de nouvelles sources de revenus :
  • Les projets intrapreneuriaux peuvent générer de nouvelles lignes de produits, de services ou de marchés, diversifiant ainsi les sources de revenus de l'entreprise.
  1. Amélioration de la culture d'entreprise :
  • Encourager l'intrapreneuriat renforce la culture de la créativité, de l'autonomie et de la prise d'initiative au sein de l'entreprise. Cela peut aussi favoriser un environnement de travail collaboratif et stimulant.
  1. Attraction et fidélisation des talents :
  • Les entreprises qui encouragent l'intrapreneuriat attirent les talents, en particulier ceux qui recherchent des environnements de travail dynamiques où leurs idées peuvent se concrétiser. Cela permet également de fidéliser les employés en leur offrant des opportunités d'innovation au sein de l'entreprise.

Les clés du succès de l'intrapreneuriat

Pour qu'un projet intrapreneurial soit couronné de succès, il est important que l'entreprise mette en place certaines conditions favorables :

  1. Autonomie et flexibilité :
  • Les intrapreneurs doivent bénéficier d'une certaine autonomie dans leurs projets et pouvoir expérimenter sans trop de contraintes bureaucratiques.
  1. Soutien managérial et ressources :
  • Les intrapreneurs ont besoin d'un soutien clair de la direction, ainsi que des ressources nécessaires (temps, budget, personnel) pour mener à bien leurs projets.
  1. Accès à un réseau interne :
  • L'intrapreneur doit pouvoir collaborer avec d'autres équipes, partager ses idées et bénéficier des connaissances et compétences des différents départements de l'entreprise.
  1. Culture de l'innovation :
  • L'entreprise doit encourager la prise de risque, l'expérimentation, et la tolérance à l'échec, éléments essentiels pour que l'intrapreneuriat puisse se développer.
  1. Reconnaissance et récompenses :
  • Pour motiver les intrapreneurs, il est important que leurs efforts soient reconnus et valorisés, que ce soit par des récompenses financières, des promotions ou la reconnaissance publique de leurs réalisations.

Exemples d'intrapreneuriat réussi

  1. Google :
  • L'un des exemples les plus célèbres d'intrapreneuriat est le programme "20% Time" de Google, qui permet aux employés de consacrer 20 % de leur temps à des projets personnels qui peuvent bénéficier à l'entreprise. C'est grâce à ce programme que des produits comme Gmail et Google News ont vu le jour.
  1. 3M :
  • 3M est un autre exemple emblématique d'une entreprise qui a intégré l'intrapreneuriat dans sa culture d'entreprise. Le Post-it a été inventé par un intrapreneur qui travaillait sur un projet personnel. 3M encourage l'innovation à travers des programmes internes et une grande liberté donnée aux employés.
  1. Sony :
  • Sony a permis à son intrapreneur Akio Morita de développer la première radio transistorisée, qui a révolutionné l'industrie de la musique et fait de Sony un leader de l'électronique grand public.


Les trois briques de base de l'intrapreneuriat

Pour favoriser l'intrapreneuriat au sein des entreprises, trois éléments clés ou "briques de base" doivent être mis en place. Ces piliers sont essentiels pour que l'intrapreneuriat puisse se développer, offrir des résultats concrets et se pérenniser dans l'organisation. Ces briques sont :


1. L'autonomie individuelle

L'autonomie est l'un des facteurs les plus importants pour encourager l'initiative des intrapreneurs. En effet, ces derniers doivent pouvoir disposer d'une certaine liberté pour mener à bien leurs projets et prendre des décisions sans être constamment soumis à une hiérarchie ou à des contraintes bureaucratiques.

  • Le "crédit temps" : Certaines entreprises mettent en place des mécanismes comme le crédit temps (ex. : la règle des 20 % chez Google, permettant aux employés de consacrer une journée par semaine à des projets personnels). Cela permet de favoriser l'autonomie des intrapreneurs et de stimuler leur créativité.
  • Degré variable d'autonomie : Le niveau d'autonomie accordé peut varier d'une entreprise à l'autre. Certaines entreprises permettent aux intrapreneurs de travailler de manière quasi indépendante, en dehors de la structure organisationnelle classique. D'autres préfèrent maintenir les intrapreneurs dans la structure principale, tout en leur donnant la possibilité d'agir de manière autonome vis-à-vis de leur hiérarchie.

L'autonomie est donc cruciale pour permettre aux intrapreneurs de se concentrer sur leurs idées sans être freiné par des processus décisionnels lourds ou des contraintes externes.


2. L'engagement personnel

L'engagement personnel des intrapreneurs est une condition essentielle à la réussite de l'intrapreneuriat. L'engagement des individus vis-à-vis de leurs projets internes est ce qui les pousse à surmonter les obstacles et à faire avancer leurs idées malgré les résistances qu'ils peuvent rencontrer.

  • Obstacles à l'intrapreneuriat : Lorsque les projets des intrapreneurs s'écartent des objectifs stratégiques ou des attentes de l'entreprise, ils risquent de rencontrer des résistances de la part de la direction ou de collègues. Il est donc important que l'intrapreneur soit suffisamment motivé pour surmonter ces obstacles.
  • Sources de motivation : Pour encourager l'engagement des intrapreneurs, l'entreprise doit offrir des reconnaissances officielles, comme des récompenses financières ou des promotions, ainsi que des encouragements visibles de la part de la direction.
  • Encouragement de la haute direction : Le soutien explicite et visible des dirigeants est crucial. Cela montre aux intrapreneurs que leurs initiatives sont appréciées et qu'ils ont l'appui nécessaire pour mener leurs projets à bien.

L'engagement personnel est ce qui permet à un intrapreneur de continuer à pousser ses idées même en cas de difficultés.


3. Le contrôle par les ressources

Lorsqu'un projet intrapreneurial commence à prendre forme, il devient nécessaire d'étendre les ressources humaines, financières et matérielles pour le faire évoluer. L'intrapreneur doit ainsi trouver les moyens de financer, organiser et développer son idée.

  • Accès aux ressources : Au fur et à mesure que le projet avance, l'intrapreneur aura besoin de plus de ressources, notamment en termes de budget, de temps, et d'équipes. Pour cela, il doit être capable de justifier son projet et d'obtenir l'appui des décisionnaires.
  • Présentation des besoins : L'intrapreneur doit être capable de présenter des informations précises pour soutenir son projet : faisabilité technique, étude de marché, identification des partenaires. Ces informations facilitent la comparaison des projets entre eux et permettent de décider où investir les ressources de l'entreprise.
  • Système de motivation des décisionnaires : Il est essentiel de concevoir un système de motivation des décisionnaires pour encourager l'examen des idées radicales et innovantes. Par exemple, 3M a mis en place une règle selon laquelle 30 % de son chiffre d'affaires devait provenir de produits lancés depuis moins de trois ans. Cela incite les responsables à examiner sérieusement de nouvelles idées, même les plus audacieuses.


Développer l'intrapreneuriat : La récupération de l'idée intrapreneuriale

Lorsqu'un projet intrapreneurial (intraprise) est conçu et que l'idée est prête à être développée, l'entreprise doit s'assurer de « récupérer » ce projet en lui attribuant un cadre organisationnel approprié. Cela signifie qu'une fois l'idée lancée et testée, l'entreprise doit évaluer sa pertinence stratégique, les ressources nécessaires et la manière dont elle s'intégrera dans la structure existante.


1. La réappropriation de l'idée intrapreneuriale

Une fois le projet conceptualisé, l'entreprise doit l'intégrer dans son organisation en lui attribuant un cadre adapté pour qu’il puisse être réalisé avec succès. Cela inclut :

  • L’évaluation du projet : L’entreprise doit analyser les risques et les opportunités associés au projet intrapreneurial, et déterminer dans quelle mesure il contribue à sa croissance future, à sa survie ou à son évolution.
  • La gestion de l’autonomie : Le degré de contrôle dépendra de l’importance stratégique du projet. Si ce projet est crucial pour l’entreprise, une supervision stricte pourrait être nécessaire, mais une certaine autonomie sera toujours maintenue pour préserver la flexibilité et la créativité.
  • Perte de pouvoir de la hiérarchie : Lorsque des intrapreneurs prennent le contrôle de leurs projets, la hiérarchie traditionnelle peut perdre une partie de son pouvoir, les intrapreneurs devenant des acteurs clés des processus décisionnels dans l’organisation.


2. Le paradoxe structure/créativité

L'intrapreneuriat permet de gérer le paradoxe entre la nécessité d’avoir une structure solide (avec des processus clairs et une organisation hiérarchique) et le besoin de créativité pour l’innovation. En effet, les grandes entreprises doivent maintenir un équilibre entre ces deux aspects :

  • Elles doivent continuer à faire fonctionner les processus traditionnels qui génèrent des revenus stables tout en encourageant la créativité pour explorer de nouveaux marchés et innovations.

Exemple de l’intrapreneuriat : La création de la PlayStation

Le développement de la PlayStation par Sony est un exemple parfait de la manière dont un intrapreneur a réussi à changer le cours de l’histoire de l'entreprise, malgré les résistances internes.


Étape 1 : Identifier le besoin et l’opportunité

  1. Position de Sony sur le marché du jeu vidéo avant la PlayStation :
  • Avant l’avènement de la PlayStation, Sony n’était pas impliqué dans l’industrie des jeux vidéo, un domaine dominé par Nintendo et Sega.
  • Sony était principalement une entreprise d'électronique grand public, sans grande expertise dans les consoles de jeux.
  1. Pourquoi Ken Kutaragi a vu une opportunité ?
  • Ken Kutaragi, un ingénieur passionné par les jeux vidéo, a perçu qu'il y avait un grand potentiel dans ce secteur et qu’il existait une opportunité d'innovation qui pouvait perturber le marché.
  1. Défis techniques ou commerciaux dans le développement des consoles avant la PlayStation :
  • Les consoles de jeux étaient principalement basées sur des cartouches, ce qui imposait des coûts de production élevés et des limitations techniques.
  • Le marché du jeu vidéo était dominé par des acteurs établis, rendant l'entrée sur ce marché risquée.
  1. Pourquoi Nintendo et Sega dominaient le marché à cette époque ?
  • Nintendo et Sega avaient déjà des franchises populaires et des bases d’utilisateurs fidèles. Ils dominaient le marché avec des consoles et des jeux bien établis, laissant peu de place aux nouveaux entrants.

Étape 2 : Le rôle de l’intrapreneuriat

  1. Comment Ken Kutaragi a initié le projet PlayStation malgré le désintérêt de Sony ?
  • Kutaragi a travaillé en secret sur un projet de console de jeu en collaboration avec Nintendo pour développer un lecteur CD-ROM destiné à la Super Nintendo.
  1. Pourquoi a-t-il d’abord travaillé secrètement avec Nintendo sur un lecteur CD-ROM ?
  • Nintendo avait un projet d’extension pour la Super Nintendo en ajoutant la fonctionnalité CD-ROM, mais leur partenariat avec Sony a échoué, ce qui a conduit Kutaragi à décider de développer un projet indépendant.
  1. Événements clés qui ont conduit Sony à finalement s’engager sur le marché des consoles :
  • Après l’échec avec Nintendo, Kutaragi a convaincu Sony de prendre en charge son projet. Le projet PlayStation a été accepté, et Sony a lancé sa propre console de jeu.

Étape 3 : Développement et test du produit

  1. Pourquoi le partenariat entre Sony et Nintendo a échoué ?
  • Le partenariat a échoué en raison de désaccords sur les droits et la gestion des revenus liés aux jeux. Nintendo voulait garder le contrôle total sur la distribution des jeux, ce qui a mis fin à l’accord.
  1. Choix technologiques qui ont différencié la PlayStation des consoles concurrentes :
  • Sony a choisi d’utiliser un CD-ROM au lieu des cartouches, permettant une plus grande capacité de stockage et des coûts de production plus faibles.
  1. Pourquoi Sony a choisi le format CD plutôt que la cartouche, et quel impact cela a-t-il eu ?
  • Le CD-ROM offrait une capacité de stockage plus grande à un coût plus bas, permettant aux développeurs de jeux de créer des titres plus riches en contenu.
  1. Comment Sony a-t-il testé et amélioré son produit avant son lancement ?
  • Sony a testé le produit en interne avec des versions prototypes et a recueilli des retours d’utilisateurs et de développeurs avant de finaliser la version de production.

Étape 4 : Défis et résistance interne

  1. Réticences des dirigeants de Sony face au projet PlayStation ?
  • Les dirigeants de Sony étaient sceptiques, car le marché du jeu vidéo semblait risqué et éloigné des activités traditionnelles de l’entreprise.
  1. Comment Kutaragi a-t-il convaincu Sony d’investir dans le projet ?
  • Il a montré des démonstrations concrètes du potentiel de la PlayStation et a fait preuve de sa passion et de sa détermination pour convaincre la direction.
  1. Obstacles techniques, financiers et stratégiques rencontrés avant la sortie de la console :
  • L'entreprise a dû surmonter des défis financiers pour financer le projet et des obstacles techniques pour garantir la qualité du produit.
  1. Stratégies utilisées pour se différencier de Nintendo et Sega lors du lancement :
  • Sony a utilisé une stratégie marketing agressive et a mis en avant des partenariats avec des développeurs de jeuxpour garantir une large gamme de jeux populaires dès le lancement.

Étape 5 : Facteurs de succès et enseignements

  1. Pourquoi la PlayStation a-t-elle connu un tel succès à son lancement ?
  • La PlayStation a bénéficié de l'innovation de son format CD-ROM, de ses jeux populaires, et de son marketing efficace.
  1. Éléments clés de la stratégie marketing et commerciale de la PlayStation :
  • Sony a mis l'accent sur des campagnes publicitaires ciblées, des partenariats stratégiques avec des développeurs de jeux, et un prix attractif.
  1. Comment l’intrapreneuriat de Kutaragi a permis à Sony d’entrer dans un nouveau marché ?
  • Le projet intrapreneurial de Kutaragi a permis à Sony de s'impliquer dans l’industrie du jeu vidéo, ce qu'il n'aurait pas fait sans l'initiative interne.
  1. Leçons tirées du cas PlayStation pour l’intrapreneuriat en général ?
  • L’exemple montre qu'avec de la passion, de l'engagement, et la capacité de surmonter les résistances internes, un intrapreneur peut transformer une idée en un projet révolutionnaire, même au sein d’une grande entreprise.

Création de Gmail : L'intrapreneuriat chez Google

Étape 1 : Identifier le besoin et l’opportunité

  • Problèmes des services de messagerie existants : Les services comme Yahoo et Hotmail avaient des capacités de stockage limitées, des interfaces peu performantes et des publicités envahissantes.
  • Pourquoi Paul Buchheit a vu une opportunité ? : Il a perçu qu’il y avait un réel besoin pour un service de messagerie électronique plus rapide, plus fluide, et avec un stockage beaucoup plus important.

Étape 2 : Le rôle de l’intrapreneuriat

  • Utilisation des 20% de temps libre : Paul Buchheit a utilisé ces 20% de temps libre chez Google pour développer Gmail en dehors de ses tâches habituelles.
  • Moyens et ressources mis à disposition par Google : Google a offert un environnement collaboratif, des ressources techniques et financières pour soutenir ce projet intrapreneurial.

Étape 3 : Développement et test du produit

  • Test interne avant lancement : Gmail a été testé en interne par les employés de Google avant son lancement public pour assurer sa qualité et son efficacité.
  • Atouts par rapport à la concurrence : Gmail offrait un stockage illimité (au lieu des limitations des concurrents), une interface simple et rapide, et une intégration transparente avec les autres services de Google.

Étape 4 : Défis et résistance interne

  • Résistances internes : Le projet a rencontré des réticences internes, notamment en raison des attentes élevées des dirigeants et du scepticisme face à l’idée d’un service de messagerie web.
  • Convaincre l’entreprise : Paul Buchheit a démontré l’efficacité et l'innovation de son projet, ce qui a conduit Google à soutenir l’initiative.

Étape 5 : Facteurs de succès et enseignements

  • Succès de Gmail : Gmail a connu un grand succès grâce à son stockage généreux, son interface simple et rapide, et sa capacité à éliminer les publicités envahissantes.
  • Leçons clés pour l’intrapreneuriat : L'exemple de Gmail montre l'importance d'un environnement qui favorise la créativité, l'innovation, et la prise de risques pour réussir dans l'intrapreneuriat.



Séance 8 : Financer l'innovation

Le financement de l'innovation est un sujet crucial pour les entreprises cherchant à se différencier et à croître dans des marchés souvent incertains.

• L'innovation nécessite des ressources financières importantes pour la recherche et développement (R&D), le prototypage, le marketing et la mise sur le marché des nouveaux produits ou services.

• Le financement de l'innovation est donc un enjeu clé pour les entreprises

, en particulier pour les startups et les PME qui ont souvent des contraintes budgétaires.


• Financer l'innovation est plus complexe que financer une activité classique

, car :

  • Risque élevé : Les projets d'innovation sont souvent associés à des risques importants en raison de l'incertitude technique et commerciale.
  • Rendement différé : Contrairement à des investissements dans des activités classiques, les investissements en R&D prennent du temps pour produire des résultats tangibles, créant un délai avant le retour sur investissement.
  • Asymétrie d'information : Les investisseurs peuvent avoir des difficultés à évaluer le potentiel réel des innovations, notamment parce que ces projets sont souvent basés sur des actifs immatériels comme des brevets ou des logiciels, difficilement valorisables.
  • Actifs immatériels : L'innovation repose sur des éléments immatériels, souvent difficilement mesurables, par exemple, un savoir-faire, des algorithmes ou des brevets.


2. Les Sources de Financement de l'Innovation

  • Internes et Externes : Le financement peut être assuré soit par des ressources internes (fonds propres), soit par des sources externes (investisseurs).


  • Sources Externes : Parmi les sources externes, plusieurs acteurs émergent :
  • Les Capital-Risqueurs : Ils financent des projets à haut risque et à fort potentiel, souvent en échange d’une prise de participation dans l’entreprise.
  • Les Business Angels : Ce sont des investisseurs privés, souvent des individus fortunés, qui apportent à la fois du financement et des conseils stratégiques.
  • Le Crowdfunding : Cette méthode de financement collectif permet de lever des fonds auprès du grand public via des plateformes dédiées. Elle est de plus en plus utilisée pour des projets innovants.
  • Financement spécifique : Selon le type de projet, des financements peuvent être alloués spécifiquement, par exemple pour les projets innovants verts ou écologiques.

3. Les Modes de Financement Classiques

  • Fonds Propres : Il s’agit des ressources financières internes à l’entreprise, souvent apportées par les actionnaires ou les fondateurs eux-mêmes. Cela peut aussi inclure des bénéfices non distribués.
  • Prêt Bancaire : Les prêts restent une option traditionnelle de financement. Cependant, les entreprises innovantes peuvent rencontrer des difficultés à obtenir des prêts bancaires en raison du risque élevé lié à l'innovation et à l'incertitude concernant les revenus futurs.



4. Choisir le Bon Financement en Fonction du Stade de l’Entreprise

  • R&D et Développement Initial : À ce stade, les entreprises peuvent se tourner vers des business angels ou des capital-risqueurs, qui sont prêts à prendre des risques pour financer des projets innovants.
  • Croissance et Expansion : Lorsque l’entreprise commence à se stabiliser et à se développer, elle peut faire appel à des prêts bancaires ou à des subventions publiques.
  • Internationale et Diversification : Pour financer l’expansion à l'international ou la diversification de produits, les entreprises peuvent rechercher des fonds propres ou des financements par le biais de partenariats stratégiques.


5. Financement de l'Innovation Verte

  • Projets écologiques ou verts : Des financements spécifiques sont souvent disponibles pour les entreprises développant des technologies ou des produits ayant un impact positif sur l'environnement. Ces financements peuvent provenir d’organismes publics ou de fonds privés dédiés à l'innovation durable.



📌 1. Les difficultés du financement de l’innovation

  • Beaucoup d’innovateurs ne maîtrisent pas les mécanismes de financement.
  • Les solutions sont nombreuses mais varient fortement selon :
  • Le stade de développement (amorçage, croissance, internationalisation…)
  • Les contraintes sur la gouvernance (perte de contrôle, exigences de reporting…)
  • La nature de l’innovation (radicale, incrémentale, verte…)


2. Les sources de financement

🔹 Privées :

  • Capital-risque (Venture Capital) est « un investissement en fonds propres de long terme, de type hands-on, : fonds investissant dans des startups innovantes, à fort potentiel, créées depuis < 5 ans.
  • L'innovation mise en œuvre par les entreprises doit ainsi être radicale R: la start-up doit proposer des produits ou des services à l'origine de nouvelles ruptures.
  • Les capital risqueurs influencent les décisions des dirigeants en leur apportant des conseils dans l'orientation stratégique des start-up.
  • • Ce sont des financiers que l'on peut qualifier de hands-on : ils siègent au conseil d'administration, apporte des fonds propresexpertise et réseau, mais implique une perte d’autonomie (ingérence dans la stratégie).


. 💼 Capital-risque (Venture Capital)

➤ Définition (NVCA) :

Un investissement en fonds propres de long terme, dans des entreprises innovantes et à fort potentiel, réalisé par des investisseurs spécialisés.

📍 Objectif :

  • Faire croître la valeur de la start-up.
  • Se rémunérer via une plus-value à la revente des parts.

🧬 Profil des entreprises ciblées :

  • Moins de 5 ans d’existence.
  • Innovations radicales, pas incrémentales.
  • Fort potentiel de croissance.

🔧 Rôle actif ("hands-on") :

  • Siègent au conseil d’administration.
  • Apportent :
  • → Réseau
  • → Conseil stratégique
  • → Aide au recrutement
  • → Accompagnement à l’international
  • → Expertise technologique

⚠️ Conséquence :

  • Le dirigeant perd en autonomie sur certaines décisions.



Business Angels :

  • Investisseurs individuels expérimentés, utilisant leurs propres fonds.
  • Interviennent plus tôt que les VC, en phase d’amorçage.
  • Apportent argent + conseils + réseau, mais restent moins intrusifs que les VC.
  • Montants inférieurs à ceux du capital-risque.
  • Soutien public souvent accordé (avantages fiscaux).

Le business angel type est un individu (entrepreneur, cadre, investisseur privé) qui a fait fortune et qui souhaite investir dans des technologies qu'il connait

.

Crowdfunding (financement participatif) :

  • Levée de fonds auprès du public en ligne.
  • Types : donéchanges de contrepartieprêt, action (equity) (prise de participation).
  • Très utile pour valider le marché, mais :
  • Moins adapté aux innovations radicales (risques élevés, besoin de discrétion).
  • Moins structurant que le capital-risque (peu de conseils).
  • la contribution de chaque investisseur est faible 

💡 Avantages :

  • Contributions faibles mais nombreuses.
  • Test du marché : implication des consommateurs.
  • Popularité croissante avec la révolution numérique.

⚠️ Limites par rapport au capital-risque :

  1. Investissement risqué pour les particuliers (peu d’expertise).
  2. Peu de conseils stratégiques → ne remplace pas l'accompagnement des VC.Ainsi, l'apport de ces investisseurs n'est pas un investissement « sec » (non-accompagné de conseils
  3. Transparence exigée par la loi → risque pour la protection de l’innovation.nécessaire pour préserver la rente de monopole


.🔁 Conclusion :

  • Le capital-risque reste indispensable pour les innovations radicales, même à l’ère du crowdfunding.


IPO (Introduction en Bourse) :

Définition :

Ouverture du capital au public sur un marché financier (Euronext, Nasdaq…).

🧾 Objectifs :

  • Lever des fonds importants
  • Adapté aux entreprises déjà bien établies ayant un fort besoin de financement.
  • gagner en notoriété et crédibilité

✔️ Avantages :

  • Montants élevés
  • Visibilité accrue
  • Confiance des partenaires
  • Facilite les futures levées

⚠️ Inconvénients :

  • Coût élevé et complexité du processus
  • Transparence obligatoire
  • Perte de contrôle : influence des actionnaires

🔹 Publiques :

  • BpifranceAdemeBanque Européenne d’Investissement (BEI).
  • Prêts, subventions, garanties.
  • Interventions à tous les stades du développement.
  • Financements locaux (Régions, pôles de compétitivité…).
  • Aides ciblées selon le secteur, le territoire, le type d’innovation (ex : verte, sociale…).



🏛️ Le Financement Public de l’Innovation en France

🔹 1. Le Conseil de l’innovation (créé en 2018)



  • Depuis 2018, il existe en France un Conseil de l'innovationafin de coordonner et de définir les grandes priorités en matière d'innovation


🔷 Le Conseil de l’innovation (depuis 2018)

Créé pour coordonner la politique d’innovation, il est co-présidé par :

  • Le ministère de l'Économie et des Finances,
  • Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Ses missions principales :

  • Définir les grandes priorités nationales en innovation.
  • Simplifier le paysage des aides à l’innovation.
  • Formuler des recommandations concernant les moyens financiers dédiés à l’innovation.
  • Favoriser les innovations de rupture et leur industrialisation en France.
  • Sélectionner les grands défis nationaux financés par le Fonds pour l’innovation et l’industrie.



🔷 Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR) et le Crédit d’Impôt Innovation (CII)

  • Le crédit d'impôt recherche et le crédit d'impôt innovation ont pour but d'accroître la compétitivité de l'appareil productif français, en instaurant un mécanisme d'incitation fiscale au développement de l'effort de recherche scientifique et technique des entreprises.


Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR)

  • Objectif : encourager la recherche scientifique et technique dans les entreprises pour renforcer la compétitivité.


  • Imputation :
  • Se déduit de l’impôt sur les sociétés ou l’impôt sur le revenu.
  • Le solde non imputé devient une créance sur l’État, utilisable pendant 3 ans, ou remboursable immédiatement pour :
  • Nouvelles entreprises,
  • JEI (Jeunes Entreprises Innovantes),
  • PME,
  • Entreprises en liquidation/redressement judiciaire.


✅ Le Crédit d’Impôt Innovation (CII)

  • Le crédit d'impôt innovation (CII) éest, quant à lui, une mesure fiscale réservée uniquement aux PME.
  • Concerne :
  • Les dépenses liées à la conception et/ou à la réalisation de prototypes ou installations pilotes d’un produit nouveau.
  • Critères du produit nouveau :
  • Performances techniques, fonctionnalité, ergonomie, ou éco-conception supérieures à ce qui existe sur le marché.


  • Plafond : 400 000 € par an et par entreprise.
  • Attention : les dépenses de production du prototype ne sont pas éligibles.
  • Il est recommandé de consulter l’administration fiscale (DREETS ou MESRI) pour vérifier l’éligibilité du projet.

Comment savoir si un projet est éligible au CIR ou au CII ?


• Si le projet fait progresser l'état de l'art, c'est-à-dire les connaissances scientifiques et techniques disponibles au début des travaux, il est probablement éligible au CIR.

• Si le projet permet de concevoir ou de réaliser un prototype ou une installation pilote d'un produit nouveau, il est probablement éligible au CII.



🔷 L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)

  • Joue un rôle clé dans le financement de la transition écologique.
  • Cible : entreprises, collectivités, pouvoirs publics, particuliers.
  • Apporte :
  • Conseils et expertise technique,
  • Financement de projets : de la recherche à la mise en œuvre.

Domaines d’intervention :

  • Déchets,
  • Sols pollués et friches,
  • Énergie et climat,
  • Air et bruit,
  • Actions transversales (production durable, territoires durables…).

Modes d’intervention selon la maturité des projets :

  1. Subventions (pour PME),
  2. Avances remboursables (pour les projets collaboratifs),
  3. Apport en capital (pour lesgrands groupes et ETI).
💰 Budget global : 3 milliards d’euros pour la transition énergétique.


Bpifrance (Banque publique d’investissement)

  • Acteur central du financement public de l’innovation en France depuis les années 1970.
  • Vise à soutenir les start-ups technologiques, l’innovation et l’emploi.
  • Propose :
  • Prêts d’innovation,
  • Subventions,
  • Accompagnement personnalisé (coaching, diagnostic…).
Elle regroupe toutes les aides publiques à l’innovation dans un guichet unique pour simplifier l’accès aux financements.


🔷 La Banque Européenne d’Investissement (BEI)

  • Principal outil financier de l’Union Européenne.
  • 90 % de ses interventions = prêts.
  • Propose aussi :
  • Combinaisons de prêts et autres sources de financement,
  • Conseils techniques et financiers.


 L'objectif de la BEI est donc de soutenir des projets qui contribuent fortement à la croissance et à l'emploi en Europe tout en centrant ses financements sur six domaines prioritaires :

  1. Innovation,
  2. Accès des PME au financement,
  3. Climat et durabilité environnementale,
  4. Infrastructures,
  5. Cohésion,
  6. Développement.


Quels sont les principaux avantages et limites de ces subventions publiques et aides gouvernementales ?


Choisir la bonne stratégie de financement


Le choix du financement dépend de plusieurs facteurs :

• 

Phase de développement 

:

  • Idéation → Subventions, crowdfunding, Business Angels.
  • Développement → Capital-risque, Corporate Venture, prêts.
  • Croissance → IPO, financement bancaire.

Niveau de risque :Plus le risque est élevé, plus les VC (venture capital) sont appropriés. Les banques n’aiment pas le risque.

Besoins financiers : Les subventions et le crowdfunding suffisent rarement pour financer une croissance rapide.

 Volonté de dilution : Un entrepreneur doit arbitrer entre conserver le contrôle de son entreprise et lever des fonds via des investisseurs externes.


Bonnes pratiques pour financer une innovation

Combiner plusieurs sources de financement

• Une startup peut obtenir des subventions, puis lever des fonds auprès de Business Angels

avant d'attirer du capital-risque.


Anticiper les besoins financiers

• Ne pas attendre d'être en difficulté pour chercher des financements. 

• Construire un business plan solide pour convaincre les investisseurs.


Valoriser son innovation et sa propriété intellectuelle

• Dépôt de brevets, marques et savoir-faire pour rassurer les financeurs.

Soigner son réseau

• Participer à des concours, intégrer des incubateurs, développer son carnet d'adresses pour faciliter l'accès aux investisseurs.

Seance 9 : étude de cas

Séance 10 : révisions

Retour

Actions

Actions