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Lycée
Première

"Ma Bohème"

🔹 Introduction (≈ 1 min)

Bonjour,

Je vais vous présenter le poème « Ma Bohème », écrit en 1870 par Arthur Rimbaud, alors âgé de seulement 16 ans. Ce poème appartient à un recueil intitulé Les Cahiers de Douai, compilé par le poète Paul Demeny, à qui Rimbaud avait confié ses textes.

Ce sonnet raconte l'errance joyeuse du jeune poète, fuyant les contraintes sociales et familiales. À travers l’évocation de la marche solitaire, des sensations physiques et de la nature, Rimbaud affirme une nouvelle posture poétique, fondée sur l’inspiration libre, l’imaginaire et la marginalité.

👉 Problématique : Comment Rimbaud renouvelle-t-il l’image du poète à travers le thème de l’errance ?

Le poème suit une structure tripartite, que je vais analyser en trois mouvements :

  1. L’évocation d’une errance physique et joyeuse (vers 1 à 4)
  2. Une communion sensorielle avec la nature (vers 5 à 10)
  3. L’exaltation de la création poétique inspirée par l’imaginaire (vers 11 à 14)

🟦 1er mouvement : Une errance physique et joyeuse (v. 1 à 4) (≈ 2 min)

« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ; »

Le poème commence in medias res avec le verbe d’action « je m’en allais », à l’imparfait, temps de la durée et de l’habitude, suggérant une errance quotidienne. Le pronom personnel « je » instaure un discours autobiographique, ancré dans l’expérience vécue de Rimbaud, qui a fugué en août 1870.

La métaphore du paletot idéal évoque une élévation symbolique de la pauvreté : ce vêtement usé devient un emblème poétique. L’opposition entre la misère matérielle (« poches crevées », « paletot ») et l’élévation spirituelle (« idéal ») marque l’ironie rimbaldienne.

« J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ; »

L’adresse à la Muse, suivie d’un terme médiéval (« féal » = fidèle vassal), place le poète dans une relation sacrée à la poésie. On voit ici un mélange d’archaïsmes et de modernité, caractéristique du style rimbaldien.

La nature est omniprésente, suggérant une liberté absolue : il n’est pas enfermé, il marche "sous le ciel", sans but, dans une sorte d’extase lyrique.

👉 Transition : Après cette marche libre et joyeuse, Rimbaud évoque une fusion quasi mystique avec la nature, dans une ambiance rêveuse.


🟨 2e mouvement : Communion sensorielle avec la nature (v. 5 à 10) (≈ 2 min)

« Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! »

Cette interjection familière traduit une émotion vive, une spontanéité presque enfantine. Il ne s’agit pas d’amours concrètes, mais d’amours rêvées, preuve d’un imaginaire en éveil. Le pluriel de « amours » ajoute à la profusion et à l’intensité de l'expérience.

« Mon unique culotte avait un large trou. »

Le contraste est fort entre la beauté des rêves et la trivialité du réel : l’image de la culotte trouée crée un effet comique, accentué par le rythme. C’est une manière de dédramatiser la misère, voire de la poétiser.

« – Petit Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. »

Cette comparaison filée avec le Petit Poucet révèle un héritage culturel, mais aussi une transformation du conte. Au lieu de semer des cailloux, le poète sème des rimes, suggérant une poésie produite par le mouvement, spontanée, non savante.

On retrouve ici le thème de la poésie errante : marcher devient créer. Le verbe « égrener » renvoie à la régularité, à un rythme, à une musicalité.

« Mon auberge était à la Grande-Ourse – mes étoiles… »

Ici, Rimbaud transforme la réalité : la constellation devient un toit. C’est une métaphore cosmique qui élève le poète : il dort dehors, mais il est accueilli par les étoiles. L’errance devient une expérience mythique, poétique, transcendante.

👉 Transition : Dans les derniers vers, cette communion avec le cosmos donne naissance à une poésie enivrante, issue de l’imaginaire.


🟥 3e mouvement : Création poétique par l’imaginaire (v. 11 à 14) (≈ 2 min)

« Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais… »

Les personnifications se multiplient : les étoiles parlent au poète. Le champ lexical du son (« frou-frou », « j’écoutais ») introduit une musique du monde, captée par un poète devenu antenne sensorielle.

Le poète est « assis au bord des routes », dans une position humble mais réceptive. Il ne produit pas une poésie savante, mais une poésie du monde, issue de l’écoute, de l’immersion.

« Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front comme un vin de vigueur »

Ce tableau sensoriel final est très fort : la rosée, liquide naturel et fragile, devient une boisson poétique qui revigore l’inspiration. C’est une métaphore de l’ivresse créatrice : Rimbaud est enivré non pas par l’alcool, mais par les sensations, le monde, la poésie même.

On peut lire ici une critique implicite de la poésie académique : la vraie poésie, pour Rimbaud, ne se fabrique pas, elle se vit.


✅ Conclusion (≈ 1 min)

« Ma Bohème » est un poème profondément original qui valorise une poésie du corps, de la sensation, du mouvement. Rimbaud s'y peint comme un poète-voyageur, un Petit Poucet moderne, un créateur libre et inspiré par la nature.

Ce texte remet en cause les formes traditionnelles de la poésie : même s’il adopte un sonnet classique, il le remplit d’un contenu neuf, lyrique, drôle, touchant.

👉 Ouverture : Cette vision du poète errant, inspiré par l’errance et l’intuition, annonce la figure du « voyant », que Rimbaud définira dans ses lettres de 1871, et qui influencera profondément la poésie moderne, jusqu’à Apollinaire ou les surréalistes.


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"Ma Bohème"

🔹 Introduction (≈ 1 min)

Bonjour,

Je vais vous présenter le poème « Ma Bohème », écrit en 1870 par Arthur Rimbaud, alors âgé de seulement 16 ans. Ce poème appartient à un recueil intitulé Les Cahiers de Douai, compilé par le poète Paul Demeny, à qui Rimbaud avait confié ses textes.

Ce sonnet raconte l'errance joyeuse du jeune poète, fuyant les contraintes sociales et familiales. À travers l’évocation de la marche solitaire, des sensations physiques et de la nature, Rimbaud affirme une nouvelle posture poétique, fondée sur l’inspiration libre, l’imaginaire et la marginalité.

👉 Problématique : Comment Rimbaud renouvelle-t-il l’image du poète à travers le thème de l’errance ?

Le poème suit une structure tripartite, que je vais analyser en trois mouvements :

  1. L’évocation d’une errance physique et joyeuse (vers 1 à 4)
  2. Une communion sensorielle avec la nature (vers 5 à 10)
  3. L’exaltation de la création poétique inspirée par l’imaginaire (vers 11 à 14)

🟦 1er mouvement : Une errance physique et joyeuse (v. 1 à 4) (≈ 2 min)

« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ; »

Le poème commence in medias res avec le verbe d’action « je m’en allais », à l’imparfait, temps de la durée et de l’habitude, suggérant une errance quotidienne. Le pronom personnel « je » instaure un discours autobiographique, ancré dans l’expérience vécue de Rimbaud, qui a fugué en août 1870.

La métaphore du paletot idéal évoque une élévation symbolique de la pauvreté : ce vêtement usé devient un emblème poétique. L’opposition entre la misère matérielle (« poches crevées », « paletot ») et l’élévation spirituelle (« idéal ») marque l’ironie rimbaldienne.

« J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ; »

L’adresse à la Muse, suivie d’un terme médiéval (« féal » = fidèle vassal), place le poète dans une relation sacrée à la poésie. On voit ici un mélange d’archaïsmes et de modernité, caractéristique du style rimbaldien.

La nature est omniprésente, suggérant une liberté absolue : il n’est pas enfermé, il marche "sous le ciel", sans but, dans une sorte d’extase lyrique.

👉 Transition : Après cette marche libre et joyeuse, Rimbaud évoque une fusion quasi mystique avec la nature, dans une ambiance rêveuse.


🟨 2e mouvement : Communion sensorielle avec la nature (v. 5 à 10) (≈ 2 min)

« Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! »

Cette interjection familière traduit une émotion vive, une spontanéité presque enfantine. Il ne s’agit pas d’amours concrètes, mais d’amours rêvées, preuve d’un imaginaire en éveil. Le pluriel de « amours » ajoute à la profusion et à l’intensité de l'expérience.

« Mon unique culotte avait un large trou. »

Le contraste est fort entre la beauté des rêves et la trivialité du réel : l’image de la culotte trouée crée un effet comique, accentué par le rythme. C’est une manière de dédramatiser la misère, voire de la poétiser.

« – Petit Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. »

Cette comparaison filée avec le Petit Poucet révèle un héritage culturel, mais aussi une transformation du conte. Au lieu de semer des cailloux, le poète sème des rimes, suggérant une poésie produite par le mouvement, spontanée, non savante.

On retrouve ici le thème de la poésie errante : marcher devient créer. Le verbe « égrener » renvoie à la régularité, à un rythme, à une musicalité.

« Mon auberge était à la Grande-Ourse – mes étoiles… »

Ici, Rimbaud transforme la réalité : la constellation devient un toit. C’est une métaphore cosmique qui élève le poète : il dort dehors, mais il est accueilli par les étoiles. L’errance devient une expérience mythique, poétique, transcendante.

👉 Transition : Dans les derniers vers, cette communion avec le cosmos donne naissance à une poésie enivrante, issue de l’imaginaire.


🟥 3e mouvement : Création poétique par l’imaginaire (v. 11 à 14) (≈ 2 min)

« Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais… »

Les personnifications se multiplient : les étoiles parlent au poète. Le champ lexical du son (« frou-frou », « j’écoutais ») introduit une musique du monde, captée par un poète devenu antenne sensorielle.

Le poète est « assis au bord des routes », dans une position humble mais réceptive. Il ne produit pas une poésie savante, mais une poésie du monde, issue de l’écoute, de l’immersion.

« Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front comme un vin de vigueur »

Ce tableau sensoriel final est très fort : la rosée, liquide naturel et fragile, devient une boisson poétique qui revigore l’inspiration. C’est une métaphore de l’ivresse créatrice : Rimbaud est enivré non pas par l’alcool, mais par les sensations, le monde, la poésie même.

On peut lire ici une critique implicite de la poésie académique : la vraie poésie, pour Rimbaud, ne se fabrique pas, elle se vit.


✅ Conclusion (≈ 1 min)

« Ma Bohème » est un poème profondément original qui valorise une poésie du corps, de la sensation, du mouvement. Rimbaud s'y peint comme un poète-voyageur, un Petit Poucet moderne, un créateur libre et inspiré par la nature.

Ce texte remet en cause les formes traditionnelles de la poésie : même s’il adopte un sonnet classique, il le remplit d’un contenu neuf, lyrique, drôle, touchant.

👉 Ouverture : Cette vision du poète errant, inspiré par l’errance et l’intuition, annonce la figure du « voyant », que Rimbaud définira dans ses lettres de 1871, et qui influencera profondément la poésie moderne, jusqu’à Apollinaire ou les surréalistes.


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