Contexte historique :
Né en 1896 dans l'Empire russe, Lev Vygotski grandit dans un contexte de discriminations envers les juifs, restreints dans leur choix de carrière (numerus clausus).
En 1917, il obtient un diplôme en philosophie, histoire et droit à l'université de Moscou, avec l'intention de devenir professeur.
Carrière et contributions :
Après la Révolution russe, il enseigne des disciplines variées : langue et littérature russes, psychologie, esthétique, et histoire de l'art. Il fonde également une revue littéraire.
À l'Institut de pédagogie, il crée un laboratoire de psychologie de l'enfant, où il développe sa pensée.
Il meurt prématurément à 38 ans (1934), après avoir publié Pensée et langage , son œuvre majeure.
Réception de ses travaux :
Son œuvre est censurée en URSS dès 1936, jugée « antimarxiste ». Elle ne sera redécouverte qu'à partir des années 1960 en Occident, avec une première traduction française en 1985.
Rejet du comportement :
Contrairement aux théories comportementalistes (dont Pavlov), Vygotski critique la vision selon laquelle l'humain se réduit à des réactions à des stimuli. Il considère au contraire que le sujet agit activement sur le monde.
Socio-constructivisme :
Le développement cognitif n'est pas individuel, mais profondément enraciné dans les interactions sociales.
Le psychisme humain se construit à travers les outils culturels transmis socialement : le langage, l'écriture, les mathématiques, les œuvres d'art, etc.
1. Le rôle des interactions sociales :
Toutes les fonctions cognitives ont leur origine dans les interactions sociales avant de devenir des processus internes.
Les apprentissages se réalisent grâce à une médiation entre l'enfant et son environnement, notamment par le langage.
2. De l'interpsychique à l'intrapsychique :
Chaque compétence apparaît d'abord dans un contexte social (« interpsychique ») avant d'être intégrée au niveau individuel (« intrapsychique »). Par exemple, un enfant apprend d'abord en coopérant avec un adulte avant de résoudre seul des problèmes.
3. La zone proximale de développement (ZPD) :
La ZPD désigne l'écart entre ce qu'un enfant peut faire seul (niveau actuel de développement) et ce qu'il peut accomplir avec l'aide d'un adulte ou d'un pair plus compétent.
Cette notion met l'accent sur le rôle des interactions dans le développement des compétences.
4. Le langage comme outil central :
Pour Vygotski, le langage est au cœur du développement cognitif. Il est à la fois un moyen de communication et un outil de pensée.
Le langage égocentrique , que Piaget considérait comme une simple étape transitoire, est vu par Vygotski comme essentiel : il est le précurseur du langage intérieur , indispensable à la pensée rationnelle.
Langue et développement :
- Piaget pensait que le développement cognitif (ex. intelligence sensori-motrice) précède le développement du langage.
- Vygotski, en revanche, considère que le langage est moteur du développement et qu'il découle des interactions sociales.
Le rôle de la culture :
- Pour Vygotski, la culture joue un rôle central dans le développement, en fournissant les outils cognitifs et les savoirs.
- Piaget mettait davantage l'accent sur l'autonomie de l'enfant dans son apprentissage, sans souligner autant l'influence du contexte culturel.
L'étude :
Conceptualisé plus tard par Jérôme Bruner, l'étayage désigne l'accompagnement de l'adulte dans les apprentissages de l'enfant.
Six conditions pour un séjour efficace :
- Susciter l’intérêt de l’enfant.
- Simplifier la tâche complexe en étapes réalisables.
- Guider l'enfant dans ses stratégies.
- Maintenir la motivation.
- Prévenir et corriger les erreurs.
- Cultiver le désir de réussir tout en dédramatisant les échecs.
La place centrale de l'école :
L'école est essentielle dans la transmission des outils culturels, comme le langage et les concepts scientifiques.
Vygotski distingue :
- Apprentissages spontanés (propres à l'enfant, issus de ses besoins et curiosités).
- Apprentissages provoqués (initiés par l'adulte ou l'école).
La pensée de Vygotski est à la base des théories socioconstructivistes modernes.
Elle a inspiré des approches pédagogiques favorisant la collaboration, l'interaction sociale, et l'ajustement des enseignements aux besoins individuels des élèves.
Notions clés comme la zone proximale de développement et l'importance des outils culturels restent centrales dans l'éducation contemporaine.
