Les Trente Glorieuses trouvent leurs fondements dans plusieurs facteurs conjugués. La reconstruction massive après les destructions de la Seconde Guerre mondiale a été un moteur essentiel de la croissance. Ensuite, l'aide fournie par le Plan Marshall a apporté un soutien financier crucial pour relancer les économies européennes, dont celle de la France. De plus, le progrès technologique rapide, avec l'essor des industries automobiles, chimiques, aéronautiques, et l'électroménager, a permis d'augmenter significativement la productivité. Par ailleurs, les politiques économiques keynésiennes ont joué un rôle déterminant, faisant participer l'État activement dans l'économie par des investissements dans les infrastructures et les entreprises nationales.

Sur le plan social, les Trente Glorieuses ont été marquées par une amélioration notable du niveau de vie des populations. On observe une hausse des revenus, une réduction de la durée du travail et une montée en puissance des classes moyennes. C'est aussi une époque de transformations démographiques avec un baby-boom notable, qui accélère la croissance démographique et, par conséquent, le développement économique. Les progrès dans l'éducation et la généralisation de l'accès à la santé publique ont contribué à former une main-d'œuvre de plus en plus qualifiée et en meilleure santé.

Durant les Trente Glorieuses, l'économie française se diversifie et s'industrialise de manière accélérée. Cette période est caractérisée par de grands projets d'urbanisation, l'essor du secteur tertiaire, et un recours accru à l'énergie nucléaire et hydroélectrique. Les réformes agraires facilitent la mécanisation et augmentent considérablement la productivité agricole. Cependant, cette poussée économique s'accompagne de défis, notamment en termes de gestion des inégalités régionales et de tensions sociales croissantes dues aux transformations rapides du tissu économique.

En dépit de leurs succès, les Trente Glorieuses ne sont pas exemptes de défis. La forte croissance économique a mené à une pollution accrue et à un impact environnemental non négligeable qui n'était pas pris en considération à l'époque. Les inégalités sociales, bien que réduites, persistent, et certains secteurs économiques, notamment l'industrie lourde, commencent à montrer des signes de déclin à la veille du premier choc pétrolier. L'immigration, surtout en provenance des anciennes colonies, devient une nécessité pour répondre aux besoins de main-d'œuvre, ce qui pose des enjeux d'intégration et d'équilibre social.