1. Quels historiens ont réfléchi à la notion de totalitarismes ? Comment la notion a évolué au fil du temps ?
Historiens et penseurs :
- Giovanni Amendola (1923, Italie) : Utilise le terme pour critiquer le régime fasciste.
- Carl Schmitt (Allemagne) : Développe l’idée de l'État total après la Première Guerre mondiale.
- Hannah Arendt (1951) : Dans The Origins of Totalitarianism, elle identifie quatre racines du totalitarisme : l’antisémitisme, le racisme, l'impérialisme et le colonialisme. Elle distingue fascisme et totalitarisme.
- Friedrich et Brzezinski (1956) : Dans Totalitarian Dictatorship and Autocracy, ils définissent six critères du totalitarisme : idéologie omniprésente, parti unique, police politique, contrôle des médias, monopole de la violence et contrôle total de l'économie.
- François Furet (1990s) : Compare le nazisme et le communisme, soulignant leur caractère meurtrier et répressif.
Évolution de la notion :
- Dans les années 1930 : On utilise le terme pour désigner spécifiquement le fascisme et le nazisme.
- Après la Seconde Guerre mondiale : Le concept s’élargit pour inclure l’URSS stalinienne.
- 1990s : François Furet établit des parallèles entre nazisme et communisme, mais d’autres historiens jugent le concept trop simpliste.
2. En quoi le rapport compliqué à leur famille et à l’école est déterminant pour comprendre le comportement des trois dictateurs ?
- Adolf Hitler :
- Père violent, mère indulgente.
- Renvois scolaires répétés, échec à l’école des beaux-arts, ressentiment contre la société.
- Joseph Staline :
- Enfance marquée par la violence de son père alcoolique et par la pauvreté.
- Difficile scolarité, redoublements, puis exclusion pour anticléricalisme.
- Benito Mussolini :
- Enfance stable mais avec des influences contradictoires (père socialiste, mère catholique).
- Renvois scolaires fréquents, rébellion contre l’autorité.
Conclusion : Les trois dictateurs ont vécu des échecs personnels (familiaux et scolaires) qui ont alimenté leur quête de domination et méfiance envers les autres.
3. Montrez que les trois dictateurs ont été hors-la-loi à un moment de leur existence.
- Joseph Staline :
- En 1902, organise des grèves, imprimerie clandestine, arrestation, exil, évasion, puis implication dans des émeutes.
- Adolf Hitler :
- En 1923, tente un coup d’État (putsch de Munich), échoue, est emprisonné pour trahison, et écrit Mein Kampf.
- Benito Mussolini :
- En 1911, soutient la guerre en Libye et mène des activités extrêmes. Emprisonné, écrit son autobiographie avant de sortir en 1912.
4. Quel est l'impact de la Première Guerre mondiale pour la psychologie de chacun des trois futurs dictateurs ?
- Adolf Hitler :
- Volonté de se battre malgré ses faiblesses, blessé à la hanche, gazé. Considère la guerre comme la meilleure période de sa vie, obtient une médaille, renforce son ressentiment.
- Joseph Staline :
- Ne participe pas au combat, mais soutient les bolcheviks et se fait connaître pour son autoritarisme politique.
- Benito Mussolini :
- D’abord antimilitariste, mais rejoint le front, devient caporal. Défend l'idée de la "guerre physique et idéologique" et développe son autoritarisme.
5. Montrez en quoi Mussolini tire-t-il profit du contexte de crise (Biennio Rosso) pour considérer que le fascisme est une réponse à la crise ?
- Après la Première Guerre mondiale, l'Italie est en crise : économie ruinée, chômage massif, déception face à la "victoire mutilée".
- Biennio Rosso (1919-1920) : Grèves massives, peurs d’une révolution à la russe.
- Mussolini : Crée le Faisceau italien de combat en 1919, mixe idées sociales et nationalistes. Utilise la violence pour gagner le soutien des bourgeois et propriétaires.
- En 1921 : Le mouvement devient le Parti national fasciste (PNF), et Mussolini se positionne comme l'homme capable de ramener l'ordre.
6. Comment Staline réussit-il à devenir le n°1 soviétique dans le Parti à partir de 1919 ?
- En 1922, Staline devient secrétaire général, un poste clé pour nommer les cadres fidèles.
- Utilise la loyauté de ces cadres pour prendre le contrôle.
- Après la mort de Lénine (1924), Staline élimine ses rivaux, dont Trotski, par des alliances, des trahisons et des purges, consolidant ainsi son pouvoir.
7. Comment Hitler a-t-il réussi à prendre légalement le pouvoir en Allemagne de 1920 à 1933 ?
- 1921 : Hitler devient leader du NSDAP (Parti nazi).
- 1923 : Le putsch échoue, mais Mein Kampf le rend célèbre.
- 1932 : Aux élections législatives, le NSDAP devient le plus grand parti.
- 1933 : Hitler est nommé Chancelier par Hindenburg. Utilise l'incendie du Reichstag comme prétexte pour instaurer une dictature.
8. Comment Mussolini a-t-il pris le pouvoir en Italie dès 1922 et comment met-il en place la dictature ?
- Marche sur Rome (octobre 1922) : 4 colonnes fascistes marchent sur Rome, forçant le roi à nommer Mussolini chef du gouvernement.
- Pour installer sa dictature, il passe une réforme électorale (loi Acerbo) et réduit les libertés en 1925 après l’assassinat de Matteotti.
- Dissout les partis, crée un régime fasciste.
9. Comment Hitler met-il en place la dictature dans son pays après avoir été élu ?
- Après sa nomination en janvier 1933, Hitler utilise l’incendie du Reichstag pour suspendre les libertés et éliminer ses opposants.
- Juillet 1933 : Le NSDAP devient parti unique.
- En 1934, après la mort de Hindenburg, Hitler devient Führer et la dictature est consolidée.
10. Montrez que les régimes totalitaires soviétique et fasciste se sont inspirés tout en s’en détachant du marxisme et du futurisme.
- Staline et le marxisme :
- Staline applique des principes marxistes (dictature du prolétariat) mais renforce l’État et privilégie l’industrialisation plutôt que l’égalité des classes.
- Mussolini et le futurisme :
- Rejet du marxisme : Mussolini prône une société hiérarchique et autoritaire.
- Futurisme : Influence sur Mussolini par l’adoration de la modernité, des machines et de la vitesse, mais il transforme cela en une vision dictatoriale.
11. Montrez en quoi les bouleversements du XIXe siècle permettent de comprendre l’essor des régimes totalitaires.
- Nationalisme agressif : Au XIXe siècle, le nationalisme se renforce et devient une arme pour les régimes totalitaires.
- Industrialisation : Perte de sens dans le travail, création d’une fracture sociale qui rend les populations plus vulnérables aux régimes autoritaires.
- Théories darwiniennes : Inspirent des politiques racistes et sélectives.
- La science remplace la religion, laissant un vide spirituel qui peut être comblé par des régimes totalitaires qui promettent un sens commun à la société.
12. Bouleversements induits par la Première Guerre mondiale et l'essor des régimes totalitaires
- Mobilisation de masse :
- 66 millions de personnes mobilisées, beaucoup de non-soldats.
- Brutalité des combats et 16 millions de morts ont traumatisé la société.
- L'expérience des tranchées :
- Les soldats deviennent des "machines à tuer" après des traumatismes psychologiques.
- La violence des combats déshumanise les combattants, réduisant la valeur de la vie humaine.
- Fracture entre civils et soldats :
- Les anciens combattants considèrent les civils comme des traîtres, ce qui crée des divisions sociales.
- Sentiment de rejet et de méfiance envers les autres, renforçant le nationalisme.
- Rejet des gouvernements et des institutions démocratiques :
- Les régimes en place sont jugés responsables de la guerre.
- Désillusion envers la démocratie et montée de l'anti-parlementarisme.
- Promesses d'ordre et d'unité :
- Les régimes totalitaires apparaissent comme des solutions face au chaos et à l’instabilité, promettant une revanche et la restauration de l’ordre.
- Ce contexte favorise l’ascension de leaders autoritaires (Hitler, Mussolini, Staline).
13. Les concepts repris par Hitler dans Mein Kampf
- Supériorité de la race aryenne
- Antisémitisme biologique :
- Protocoles des Sages de Sion".
- Darwinisme social et eugénisme :
- darwinisme social de Spencer :
- la sélection naturelle appliquée aux humains.
- L’eugénisme
- Militarisme et éducation physique :
- inspiré du scoutisme et du modèle spartiate.