Le e caduc (ou e instable, sourd ou muet) illustre le décalage entre l’oral et l’écrit. C’est la voyelle la plus écrite mais aussi celle qui le moins prononcée à l’oral.
Le e caduc (jamais accentué) est fragile, puisqu’il peut ou non se prononcer, en fonction de nombreux facteurs extérieurs (niveau de langue, variation régionale, ...).
D’après A. martinet, le e caduc joue le rôle de lubrifiant phonétique (notamment dans le cas des trois consonnes, où sa prononciation évite la rencontre de trois consonnes difficile en français).
La prononciation du e caduc dépend du niveau de langue, de l’accent régional et de la diction (poétique ou déclarative).
La langue française est une langue à accent de groupes (et non de mots, comme le sont l’allemand ou l’anglais).
- Quand le e caduc est à la fin d’un groupe rythmique
→ On ne le prononce généralement pas.
Exception : le et ce
- Quand le e caduc est au début d’un groupe rythmique
→ On le prononce obligatoirement :
- quand il suit 2 consonnes prononcées, pour éviter une succession de 3 consonnes
- dans les mots que et dehors
- dans certaines difficultés de prononciation (ex : je joue (et non j’joue), debout (et non d’bout)
→ On ne le prononce pas dans le mot je (ex : j’suis, j’vais) et il peut même devenir une consonne sourde (ex : chfais, chsuis).
- Quand le e caduc est à l’intérieur d’un groupe rythmique
→ On le prononce obligatoirement :
- quand il est précédé de plus d’une consonne prononcée
Ex : de bell(e)s crevettes ; il me dit ; justement
→ Sa prononciation est superflue :
- après une seule consonne prononcée
Ex : sam(e)di ; lent(e)ment ; un ch(e)val
Dans certains cas, on doit écrire un e caduc qui n'est pas prononcé.
- Finales verbales en -e des verbes en -er après une voyelle (ex : je ou il crie, nie, loue, rue, sue).
- Futur et conditionnel des verbes dont le radical se termine par une voyelle (ex : il louera, criera, nettoiera, paiera, essuiera).
- Finales de noms et adjectifs féminins qui se terminent à l'oral par une voyelle (ex : la baie, la boue, la fée, la lie, la mue, la rue; bleue, jolie, vraie. Mais la clé, la loi, la vertu).
On trouve différentes consonnes muettes à la fin des mots, pour des raisons lexicales ou grammaticales.
- La consonne finale muette du masculin se prononce au féminin du nom, de l'adjectif ou du participe passé (ex : berger, bergère ; sot, sote ; discret, discrète ; prudent, prudente ; pris, prise ; écrit, écrite).
- La consonne finale muette d'un mot simple peut se prononcer dans un mot de la même famille (ex : abricot › abricotier; drap > draper ; trot › trotter).
Les consonnes finales muettes peuvent aider à distinguer les homonymes, qui ont des familles différentes (ex : chant › chanter, chanteur ; champ › champêtre, champagne).
Attention : certains mots ont des consonnes finales qu'on ne peut pas trouver par un autre mot (ex : un léopard, un mot). Ou bien certains mots d'une famille n'ont pas tous la même consonne (ex : on écrit abriter, mais abri ; numéroter mais numéro)
- Certains suffixes se terminent toujours par la même consonne muette.
- -ais (ex : irlandais, marseillais).
- -ant : (ex : migrant, passant).
- -ard : (ex : poignard, vantard).
- -at : (ex : anonymat, artisanat).
- -aud : (ex : lourdaud, noiraud).
- -is : (ex : éboulis, roulis).
- -ement : (ex : règlement (nom), doucement (adverbe).
Attention : Certains suffixes n'ont pas de consonne finale muette (ex : -eau : drapeau)
- Les finales grammaticales sont souvent muettes
Elles sont régies par les règles d'accord. Beaucoup de noms et d'adjectifs prennent un -s (muet) au pluriel (ex : les chiens noirs). Les verbes ont des terminaisons différentes selon la personne et le nombre.