I. Raisonner : vers une définition
- Sans être énoncé formellement, mais découlant d’un processus mental implicite non conscientisé verbalement, nous raisonnons…
- Le raisonnement c’est la faculté de raisonner, l’exercice de cette faculté et la manière de l’exercer.
- Il s’agit d’analyser le réel, de percevoir les liens relationnels des individus, ou encore le rapport entre les objets ou non et comprendre les faits.
- Raisonner, c’est aussi disposer de capacités de connaître, juger, convaincre, comprendre, envisager, c’est la disposition d’un esprit à juger avec discernement et sagesse.
II. Raisonnement : les différents types :
Il existe différents types de raisonnement. Ils représentent différents processus cognitifs. Il s’agit de « poser un problème de manière réfléchie en vue d'obtenir un ou des résultats ».
Les différents types de raisonnement sont :
- Le raisonnement inductif - le raisonnement déductif
- Le syllogisme
- Le raisonnement analogique
- Le raisonnement concessif
- Le raisonnement par l’absurde
- Le raisonnement critique
- Le raisonnement expérimental ou hypothético-déductif
- Le raisonnement clinique
II.1. Le raisonnement inductif :
- Le raisonnement inductif : il s’agit de partir d’exemples concrets pour aboutir à une loi plus large (du particulier au général).
- Le raisonnement déductif : il s’agit de partir d’une loi, d’une idée générale ou universelle pour en déduire des applications concrètes (du général au particulier). Il est le seul moyen de preuve par la logique. Il permet d’expliciter ce qui est / était latent mais n’apporte pas de connaissance nouvelle.
II.2. Le syllogisme :
- Le syllogisme est une forme de raisonnement déductif, il tend à tirer une conclusion nouvelle issue de deux prémisses affirmées comme vraie en commençant par le général.
- Le paralogisme représente un raisonnement faux qui apparaît comme valide auprès de son auteur qui est de bonne foi. A l’inverse, le sophisme représente un syllogisme volontairement détourné pour tromper.
- A noter : le paralogisme et le sophisme apportent des conclusion fausses.
II.3. Le raisonnement analogique :
- Le raisonnement par analogie représente une forme de raisonnement inductif (partir d’exemples concrets pour aboutir à une loi plus large) qui tend à rapprocher deux situations comparables.
II.4. Le raisonnement concessif : « oui, mais… »
- Il s’agit d’un raisonnement dans lequel le locuteur admet un fait, un argument opposant à sa thèse, mais maintient cependant son point de vue.
II.5. Le raisonnement par l’absurde
- Ce type de raisonnement suppose l’idée contraire de la thèse pour déboucher sur une conclusion fausse, absurde.
II. 6. Le raisonnement critique
- Il s’agit dans ce type de raisonnement de réfuter la thèse opposée à la sienne et de la rejeter. Le raisonnement critique consiste à contester une opinion adverse.
II.7. Le raisonnement expérimental ou hypothético-déductif :
Le raisonnement expérimental consiste à vérifier par l’expérience la ou les hypothèses émises après le constat de faits. Il s’agit de suivre un processus en plusieurs étapes :
- L’observation d’un fait, d’un évènement à expliquer. Les données expérientielles doivent être interpréter afin de poser un problème
- La réflexion représente la seconde étape. Le chercheur, par intuition, tente une explication ou formule une hypothèse afin de répondre au problème
- La déduction des conséquences possibles de l’hypothèse mesurables et confrontés avec les faits. Les conséquences de l’hypothèse émise suggèrent au chercheur une ou des expériences qui permettront d’infirmer ou de confirmer l’hypothèse;
- La réalisation de l’expérience vise à confronter les données collectées avec les résultats théoriques déduits de l’hypothèse
- La conclusion représente la résultante des résultats observés avec les résultats attendus, ainsi, l’hypothèse est soit validée, soit réfutée par l’expérience.
- Si les résultats prévus sont confirmés par l'expérience, l’hypothèse est confortée et peut être conservée (jusqu'à preuve du contraire), sans toutefois être vérifiée.
- Si les résultats prévus ne sont pas confirmés, alors l'hypothèse est réfutée.
- Elle doit être remplacée par une nouvelle hypothèse cohérente avec les expériences conformes à l'hypothèse de départ ainsi qu'avec celles qui ont permis de la réfuter.
II. 8. Le raisonnement clinique
- Il s’agit d’un processus d’analyse afin d’évaluer l’état de santé d’un patient. Le raisonnement clinique se définit en fonction des auteurs.
- Pour HARRIS, (2003) il représente « les processus de pensée et de prise de décision qui permettent au clinicien de prendre les mesures les plus appropriées dans un contexte précis de résolution de problèmes ».
- Pour TANNER (2006), le raisonnement clinique est le « processus par lequel les soignants et les autres cliniciens portent des jugements. Ceci comprend le processus de formulation d’hypothèses, la confrontation des hypothèses aux données probantes et le choix de celle qui est la plus appropriée. Il comprend aussi les modes de raisonnement dits pratiques (le pattern recognition et l’intuition entre autres) ». Cette auteure propose un modèle de prise de décision clinique qui comprend quatre étapes : le constat, l’interprétation, la réaction et la réflexion.
- GORDON et AL. (1994) considèrent le raisonnement des soignants comme une forme de jugement clinique qui se développe en six étapes : la rencontre du client, la collecte de renseignements cliniques, la formulation d’hypothèses diagnostiques, la recherche d’information supplémentaire pour confirmer ou infirmer les hypothèses et enfin, la décision diagnostique et le plan d’intervention.
- PHANEUF (2008) postule que le « jugement clinique est une idée, une opinion claire que le soignant se fait à la suite d’un processus d’observation, de réflexion et de raisonnement sur les données observées ; il est, en somme, la conclusion qu’il en tire ».
- FONTEYN et RITTER (2008), le raisonnement clinique des soignants peut être défini comme les processus cognitifs et les stratégies utilisées pour comprendre la signification des problèmes de santé des clients, prendre des décisions cliniques éclairées, résoudre des problèmes et obtenir les résultats attendus.
- EDWARDS et JONES (2007) enrichissent le concept en proposant un modèle de raisonnement clinique orienté sur la collaboration soignant-soigné, pour une meilleure compréhension des liens entre les connaissances biomédicales, personnelles, sociales et environnementales.
- MARTIN (2019) le raisonnement clinique, c’est analyser les différentes situations de soins quotidiennes prises en charge par le soignant grâce à des connaissances théoriques, à l’examen clinique, dont fait partie l’observation, et à un recueil de données exhaustif afin qu’après avoir ainsi identifié des problèmes réels et/ou potentiels, le soignant puisse adapter ses actions auprès des patients.
III. Le raisonnement clinique, un concept en cours d’appropriation :
- Il n’existe à ce jour « aucun modèle des processus de raisonnement clinique, qu’il soit théorique ou issu de travaux de recherche, qui soit unanimement accepté »
- De plus, sa définition n’est pas « consensuelle »,
- Côté et st Cyr Tribble (2012) et « l’étendue de la littérature et la diversité des approches rendent difficile l’appropriation du concept du raisonnement clinique », NENDAZ (2005).
- C’est pourquoi, au travers de cette Unité d’Enseignement, vous serez confrontés à différents modèles.