La contrainte
Le mot travail vient du latin tripalium qui désigne un instrument composé de 3 pieux utilisé pour ferrer ou soigner les animaux et comme instrument de torture.
Le travail apparaît essentiellement comme une contrainte. Nous parlons souvent du travail comme un labeur (douleur qu'il provoque) ou encore d'un boulot (caractère déprécié).
Une activité est donc un travail si elle est non souhaitée, pénible et forcée. L'Homme n'est pas naturellement porté vers le travail, il va à l'encontre de ses désirs.
Travailler réclame des efforts. L'Homme doit utiliser son énergie musculaire et intellectuelle pour faire une tâche qu'il n'a pas choisie --> fatigue.
Double objection de cette thèse :
le travail demande des efforts --> peines
le travail est un processus d'épanouissement et l'Homme peut être heureux
Le besoin
L'espèce humaine disparaîtrait sans pouvoir produire d'artifices.
exemple : --> si l'Homme devait vivre nu
Le travail répond à un besoin vital lié à l'instinct de survie
exemple : --> Kant "La nature ne lui a donné ni les cornes du taureau, ni les griffes du lion, ni les crocs du chien, mais seulement les mains".
L'émergence de la vie sociale et de la culture engendre une multitude de désirs que la nature ne saurait satisfaire car elle offre le strict nécessaire.
L'inscription dans un projet
- Les activités animales instinctives
Les animaux peuvent effectuer des opérations qui ressemblent au travail humain avec une perfection remarquable
exemple : --> Marx Le Capital, araignée qui tisse une toile fait penser au travail du tissernad
Ces activités résultent d'instincts, inconscientes, elles ne sont pas précédées par un projet intentionnel.
- Le travail humain intentionnel
Marx dit que le résultat du travail humain préexiste dans l'imagination du travailleur.
L'Homme se représente d'abord le résultat de son activité dans sa tête avant d'agir. Le travail se reconnait à l'investissement conscient qu'il réclame
Le travail comme aliénation
- L'asservissement à la nécessité
Dans La Condition de l'homme moderne, Arendt définit le travail comme l'asservissement à la nécessité qui est inhérent aux conditions de vie humaines.
Le travail est une répétition sans fin.
Arendt distingue ce travail comme fabrication d'objets destinés à un usage qui caractérise le domaine politique.
- Les conditions de travail
Pour Marx, le travail est aliéné quand il est extérieur à l'ouvrier.
exemple : --> le travailleur ne se sent pas à l'aise et ruine son esprit.
Le droit français du travail définit depuis 2012 la pénibilité du travail (expositions aux risques, ...).
- La possibilité d'un travail libre
Selon Marx, cette aliénation n'est pas fatale, un travail libre est concevable.
"L'Homme complet" que Marx imagine dans la société récupère la maîtrise des processus de son travail. Cet Homme pourra développer toutes ses capacités et les appliquer à l'art de travailler et de vivre.
La libération par le travail
Le travail et la technique permettent aux Hommes de devenir "comme maîtres de la nature" (Descartes) et d'atteindre le bonheur. Grâce au développement de notre habileté et des techniques, nous apprenons à utiliser les lois de la nature pour produire les fins souhaitées.
- Le travail comme processus d'humanisation
Hegel valorise le travail grâce auquel l'Homme transforme les choses, se transforme lui-même et se libère.
exemple : --> Dans la dialectique du maître et de l'esclave, le maître finit par dépendre de l'esclave tandis que lui développe sa conscience en travaillant. L'esclave devient supérieur.
Le travail permet à l'Homme de prendre conscience de lui-même. Les produits du travail sont des miroirs de la conscience.
- Le travail comme éducation à la liberté
Un monde où l'Homme aurait tout sans rien faire semble illusoire. Le travail enseigne à l'Homme comment sortir de la nécessité pour entrevoir la possibilité de la liberté.