Dans les années 1940, René Spitz a mené des recherches sur les effets de l'isolement et de la séparation sur les jeunes enfants vivant dans des orphelinats. Ses travaux ont été en grande partie inspirés par l'observation des enfants placés dans des institutions où le contact affectif et l'attention individuelle étaient fortement limités. Spitz a constaté que ces enfants présentaient des retards de développement, des troubles émotionnels et des problèmes de santé physique, qui ont été largement attribués à la déficience des interactions sociales et affectives. Spitz a recueilli des données via des observations et des études longitudinales, en filmant les interactions des nourrissons avec leurs soignants et en notant les réponses comportementales des enfants au contact humain. Il a mis en lumière l'importance des interactions affectives précoces, soulignant que les enfants qui ne reçoivent pas suffisamment d'amour, d'attention et de stimulation ont tendance à développer des problèmes de santé physique et mentale.

Le syndrome d'hospitalisme se manifeste par un ensemble de symptômes qui peuvent affecter le développement et la santé des enfants. Les principales manifestations comprennent : - Retard de développement : Les enfants peuvent montrer un retard dans leur développement moteur, langagier et social, ayant des difficultés à établir des relations sociales et affectives normales. - Problèmes de santé : Des problèmes de santé tels que la malnutrition, des infections fréquentes, et une croissance physique insuffisante peuvent être observés, souvent dus à une négligence des soins. - Apathie et retrait : Les enfants peuvent devenir apathiques, montrer des signes de retrait social, et avoir peu ou pas d'intérêt pour leur environnement. - Réactions émotionnelles : Ils peuvent également afficher des comportements de détresse, tels que des pleurs excessifs, une irritabilité ou des crises de colère, comme réponse à la frustration de ne pas jongler avec des interactions sociales normales.

Les conséquences psychologiques du syndrome d'hospitalisme peuvent être profondes et durables. Les enfants qui ont souffert de ce syndrome peuvent développer des troubles d'attachement, des difficultés émotionnelles et des comportements antisociaux à mesure qu'ils grandissent. Les études montrent que le manque de contacts affectifs durant les premières années de vie peut mener à des schémas de comportement qui persistent à l'âge adulte, y compris des problèmes de confiance, des difficultés relationnelles, et un risque accru de troubles de santé mentale tels que la dépression et l'anxiété. La recherche sur l'importance des relations précoces entre un enfant et ses soignants a mis en avant la nécessité de créer des environnements d'éveil affectif pour un développement sain.

Les travaux de René Spitz ont suscité des changements significatifs dans la manière dont les soins aux nourrissons et jeunes enfants sont interprétés et pratiqués. À la lumière de ses conclusions, de nombreuses institutions ont commencé à mettre en œuvre des modalités de soins qui privilégient l'interaction humaine et le lien affectif. Les recommandations incluent : - Création de soins individualisés : Favoriser un ratio soignant/enfant plus faible pour permettre des interactions affectives riches. - Implication des parents : Encourager les visites régulières des parents ou tutrices dans des contextes institutionnels pour maintenir un lien avec l'enfant. - Programmes de sensibilisation : Sensibiliser les soignants à l'importance des interactions socio-affectives dans le développement de l'enfant. Ces changements visent à assurer que chaque enfant ait la chance de développer des relations saines qui sont cruciales pour leur bien-être émotionnel et leur développement optimal.