I. L’Empire autoritaire (1852-1860)
A. L’établissement du Second Empire
Après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, en décembre 1851, la constitution de 1852 met en place un régime où l'exécutif est fortement centralisé autour de la personne de l'empereur.
- Proclamation du Second Empire :
- Le 2 décembre 1852, jour symbolique qui marque également l'anniversaire du sacre de Napoléon Ier en 1804, Louis-Napoléon se fait proclamer Napoléon III, empereur des Français. Il instaure un régime fortement inspiré de celui de son oncle, Napoléon Bonaparte.
- Ce régime est caractérisé par :
- Un pouvoir exécutif détenu principalement par l'empereur ;
- Une limitation du rôle des assemblées élues ;
- Un usage fréquent du plébiscite pour légitimer ses décisions politiques auprès de la population.
- Les fondements du pouvoir impérial :
- Napoléon III s’appuie sur une administration centralisée et une censure importante de la presse. Les élections sont encadrées par la pratique des candidatures officielles, où les candidats soutenus par le régime sont favorisés. Les préfets jouent un rôle crucial dans la gestion des élections et dans la diffusion de la propagande impériale.
B. Les premières années de l’Empire
Les premières années de l'Empire sont marquées par une forte stabilité politique et une expansion économique. Le régime autoritaire impose une stabilité nécessaire après la période de la Seconde République et des troubles sociaux.
- Les grands projets de Napoléon III : Napoléon III se lance dans une série de grands travaux d’aménagement urbain, notamment à Paris sous la direction du baron Haussmann. L'objectif est de moderniser la ville, la rendre plus hygiénique, mais aussi plus contrôlable sur le plan politique. Ces travaux urbanistiques seront l’un des symboles de son règne.
- La politique étrangère :
- Le Second Empire se veut également actif sur la scène internationale. Napoléon III cherche à restaurer l’influence de la France en Europe et au-delà. Cela se traduit par plusieurs interventions :
- La guerre de Crimée (1853-1856) : La France participe à cette guerre pour soutenir l'Empire ottoman contre la Russie, renforçant ainsi son statut de grande puissance européenne.
- L’expédition au Mexique (1861-1867) : Napoléon III tente de fonder un empire mexicain sous le contrôle de Maximilien d’Autriche, une aventure qui se solde par un échec cuisant pour la France.
- L’attentat de Felice Orsini (1858) : Cet attentat manqué, perpétré par le révolutionnaire italien Felice Orsini, vise à assassiner Napoléon III à l'Opéra de Paris. Bien que l’empereur en sorte indemne, cet événement renforce son autorité en justifiant une répression accrue contre les mouvements révolutionnaires, tout en le convainquant de la nécessité de réformer le régime pour apaiser les tensions.
II. L’Empire libéral (1860-1870)
A. Les réformes constitutionnelles et le tournant libéral (1860-1870)
À partir des années 1860, Napoléon III amorce une série de réformes visant à libéraliser le régime face aux critiques croissantes et aux revendications d'une partie de la bourgeoisie et des élites intellectuelles.
- Les réformes de 1860 : En 1860, Napoléon III octroie davantage de pouvoir législatif au Corps législatif, bien que celui-ci reste sous contrôle. La liberté de la presse est partiellement rétablie, permettant aux opposants d'exprimer leurs critiques plus ouvertement.
- La réforme constitutionnelle de 1867 : Napoléon III introduit des réformes constitutionnelles qui renforcent le parlementarisme. Le Corps législatif obtient le droit d’interpeller le gouvernement, ce qui donne plus de pouvoir aux députés pour critiquer les politiques du gouvernement. Cela amorce la transformation vers un régime plus libéral et parlementaire.
B. Le réveil des oppositions et la naissance d’un empire parlementaire
La libéralisation du régime permet le réveil des oppositions politiques, qui étaient jusqu’alors muselées. Plusieurs courants politiques réapparaissent sur la scène publique, et le débat s’intensifie.
- L'émergence de nouvelles figures politiques : Une figure clé de cette période est Émile Ollivier, un ancien opposant républicain qui devient chef du gouvernement en 1870. Il joue un rôle crucial dans l’adoption de réformes libérales, prônant un compromis entre l’autoritarisme du régime impérial et les aspirations libérales de la bourgeoisie.
- Les élections de 1869 : Lors des élections législatives de 1869, bien que les candidats officiels restent majoritaires, l’opposition républicaine réalise une percée importante. Cette montée de l’opposition marque un tournant dans l’histoire du régime.
III. La chute du Second Empire (1870)
Le tournant décisif qui mène à la chute du Second Empire est la guerre franco-prussienne de 1870. Mal préparée et mal gérée, cette guerre se termine par la défaite de Sedan le 2 septembre 1870, où Napoléon III est fait prisonnier par les Prussiens. Cette défaite humiliante entraîne immédiatement la chute du régime et la proclamation de la Troisième République à Paris le 4 septembre 1870.
Conclusion
Le Second Empire est marqué par une évolution constante entre un régime autoritaire et une libéralisation progressive. Si les premières années sont caractérisées par la centralisation et le contrôle du pouvoir par Napoléon III, la décennie 1860 voit la montée des réformes libérales. Finalement, c’est la guerre malheureuse contre la Prusse qui provoque la fin de l’Empire, laissant place à une nouvelle République.
Ce cours peut être complété par des discussions autour de la modernisation économique et sociale de la France sous Napoléon III, ainsi que par des études de cas sur les grands travaux haussmanniens ou la politique coloniale du Second Empire.