Sous le Nouvel Empire, Aménophis IV, renommé Akhénaton, bouleverse la théologie égyptienne. Il rejette Amon et les puissants prêtres de Thèbes pour imposer le culte exclusif d’Aton, dieu solaire unique.
Aton est un dieu proche des hommes, qui ne nécessite pas l’intercession des prêtres. Cette révolution introduit une morale nouvelle, basée sur l’amour du prochain, la bonté et la simplicité du rapport au divin. Le pharaon devient l’unique intermédiaire entre Dieu et les hommes.
Mais cette réforme rencontre une forte opposition. Après la mort d’Akhénaton, Toutankhamon restaure le culte d’Amon, redonne du pouvoir au clergé, et ramène la capitale à Thèbes.
C. Mythe d’Osiris et fondement de la justice
Le mythe d’Osiris structure toute la morale égyptienne : Osiris, tué par son frère Seth, est reconstitué par Isis et ressuscité. Leur fils Horus devient roi et juge.
Ce récit fonde la croyance en une vie après la mort, accessible à ceux qui ont mené une vie juste. À leur mort, les Égyptiens sont soumis à un jugement des âmes : leur cœur est pesé face à la plume de Maât. Si le cœur est léger, l’âme accède au paradis. S’il est lourd, elle est dévorée par un monstre.
Cela fonde un droit basé sur la moralité : le respect de la vie, la vérité, la bonté. La peine de mort est rare, car la vie est sacrée. La loi ne dépend pas de la volonté du roi mais de principes éternels dictés par Maât.
II. L’expression terrestre du pouvoir royal
A. Une fonction royale absolue mais responsable
Le pharaon concentre tous les pouvoirs mais reste soumis à la morale divine. Il est roi, prêtre, juge, chef militaire.
Il est responsable de la prospérité du pays, notamment par le contrôle des crues du Nil, symbolisé par le nilomètre. Il doit veiller à ce que chacun soit nourri. Cela justifie une économie centralisée, avec une administration des greniers pour éviter les famines.
Il rend la justice et incarne le droit, mais son pouvoir n’est pas arbitraire : il doit gouverner selon la justice de Maât. Il est aussi grand prêtre, chargé de construire les temples et d’assurer les rituels.
B. L’impérialisme religieux
Après l’expulsion des Hyksôs (~1580 av. J.-C.), les pharaons fondent un empire (Nubie, Levant, Sinaï). Cette expansion répond à leur conception du pouvoir : le pharaon est maître de l’univers, donc son autorité doit s’étendre au monde entier.
Cet impérialisme est religieux, mais tolérant : les peuples conquis peuvent conserver leurs coutumes, leurs dieux étant assimilés à Ra. Les Égyptiens pratiquent une forme de domination pacifique, souvent diplomatique. Le traité avec les Hittites en est un bon exemple (après la bataille de Qadesh, vers -1274).
III. Légitimité et cérémonial royal
A. La légitimité dynastique et divine
Le pharaon est légitime par naissance divine, renforcée par la théogamie. Pour préserver la pureté du sang royal, il épouse souvent sa sœur.
Mais en cas de manque d’héritiers, le pouvoir se transmet par les femmes. Ainsi, des pharaons étrangers peuvent accéder au trône par mariage. À terme, c’est le pouvoir lui-même qui légitime, plus que la filiation.
B. Le rituel du sacre
Le pharaon n’est roi qu’après un triple sacre :
- Double couronnement : il porte successivement les couronnes blanche (Sud) et rouge (Nord), symbolisant l’unité des deux terres.
- Rituel de l’union : des plantes symboliques (lotus et papyrus) unissent les royaumes.
- Tour du mur blanc : il fait le tour symbolique du palais, affirmant son autorité sur tout le pays.
Ce sacre montre que le pouvoir est unique mais les terres sont distinctes, avec leurs propres vocations (agricole au Sud, commerciale au Nord).
C. La fête Sed
Tous les 30 ans, le pharaon organise une fête Sed. Il redresse le pilier Djed, symbole d’Osiris. Ce rite magique renforce son pouvoir, le régénère, et le réaffirme comme roi légitime. À l’origine, il pouvait symboliser un rite sacrificiel du vieux roi, remplacé. Il devient un moyen de prouver la vitalité du pouvoir.
IV. L’administration et la justice égyptiennes
A. L’organisation administrative
L’État égyptien est fortement centralisé et bureaucratisé dès l’Ancien Empire. Le pharaon est assisté d’un vizir, puis d’un ensemble de services administratifs regroupés en "Maisons" : Chancellerie, Impôts, Finances, Grands Travaux, etc.
La propriété privée n’existe pas. Tout appartient à Pharaon. Les jeunes prometteurs, quelle que soit leur origine sociale, peuvent devenir scribes grâce à des écoles spécifiques.
B. L’administration locale
L’Égypte est divisée en 42 nomes, gouvernés par des nomarques. Ils sont responsables de la justice, des finances, de l’irrigation et de l’administration des temples.
Les notables et les scribes jouent un rôle essentiel dans la gestion locale. Une tendance à la féodalisation peut apparaître quand les charges deviennent héréditaires.
C. L’organisation judiciaire
Le pharaon est juge suprême, mais il délègue. Le vizir supervise la justice, aidé par une cour de 12 juges. Les nome possèdent des juridictions locales, assistées de notables et de scribes.
La justice distingue instruction et jugement. Les modes de preuve sont l’écrit, le témoignage, le serment, l’ordalie. La peine de mort reste exceptionnelle ; les peines corporelles sont préférées.
Au Nouvel Empire, les prêtres obtiennent une justice indépendante, avec la cour sacerdotale de Thèbes.
📅 Dates importantes
- 3e dynastie (~2700 av. J.-C.) : Memphis devient capitale, début du culte solaire
- Moyen Empire (~2050-1780 av. J.-C.) : capitale à Thèbes, montée d’Amon
- Nouvel Empire (~1580-1080 av. J.-C.) : période impériale, apogée du pouvoir
- Akhénaton (~1353-1336 av. J.-C.) : révolution religieuse monothéiste
- Traité de Qadesh (~1274 av. J.-C.) : paix entre Ramsès II et les Hittites