Francis Ponge écrit 'Le Parti Pris des Choses' dans un contexte marqué par l'entre-deux-guerres et la montée des mouvements littéraires d'avant-garde, tels que le surréalisme et le dadaïsme. Toutefois, Ponge se distingue par son approche singulière qui s'éloigne du surréalisme en se concentrant plutôt sur les objets du quotidien. En pleine occupation allemande, Ponge choisit de s'éloigner de la grande Histoire pour mieux se pencher sur le monde apparemment insignifiant des objets.

Ponge adopte une approche quasi-scientifique pour décrire les objets. Il se livre à une observation minutieuse qui relève davantage de l'exploration que de la simple représentation iconique. Sa langue, riche et précise, a pour objectif de redonner vie et dimension à des éléments généralement perçus comme banals. En réhabilitant l'ordinaire, il transforme l'objet en question en une entité poétique. Cette approche permet de révéler la singularité et la richesse de chacun d'eux. Ponge exprime un certain 'parti pris' : celui de préférer les choses aux concepts abstraits ou aux émotions flamboyantes qui dominent souvent la poésie.

Le poème 'Le Cageot' est un excellent exemple de la manière dont Ponge manipule le langage pour explorer la réalité des objets. Le cageot est d'abord présenté de manière simple et fonctionnelle, mais peu à peu, à travers les mots de Ponge, il devient une métaphore de la poésie elle-même. Ponge procède à une sorte de vivisection verbale où chaque aspect du cageot — ses lattes de bois, son utilité et sa place dans notre quotidien — est minutieusement examiné. En décrivant un objet si modeste avec autant de détail et de méticulosité, il élève le cageot au statut de chef-d'œuvre poétique.