Définition
CED
La Communauté Européenne de Défense (CED) était un projet de création d'une armée européenne commune, envisagé après la Seconde Guerre mondiale pour renforcer la coopération militaire en Europe de l'Ouest.
Traité de Paris
Le Traité de Paris, signé en 1952, était l'accord fondateur de la CED, mais il nécessitait la ratification de tous les États signataires pour entrer en vigueur.
Assemblée nationale française
L'Assemblée nationale est la chambre basse du parlement français, responsable d'approuver ou de rejeter les projets de loi et les traités internationaux.
Mouvement fédéraliste européen
Un mouvement politique promouvant l'unification politique de l'Europe dans une structure supranationale.
Le contexte historique de l'après-guerre
Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe était en quête de paix et de stabilité. La peur d'une nouvelle confrontation militaire avec l'Union soviétique poussait les pays d'Europe occidentale à renforcer leur coopération militaire. Dans ce contexte, l'idée d'une armée européenne supranationale, la Communauté Européenne de Défense (CED), a été proposée. L'objectif principal était de mutualiser les forces militaires des pays membres pour mieux contrer une éventuelle menace extérieure.
La naissance et le contenu du projet CED
Le projet de la CED a été officialisé par le Traité de Paris en 1952. Ce traité prévoyait la création d'une armée intégrée sous un commandement unique et impliquait une délégation de souveraineté nationale en matière de défense. Cependant, le succès de ce projet dépendait de la ratification par les parlements des États membres signataires, notamment la France, l'Allemagne de l'Ouest, l'Italie et les pays du Benelux.
L'opposition française et le débat politique
En France, le projet CED a divisé l'opinion publique et les milieux politiques. Les débats étaient intenses au sein de l'Assemblée nationale. Les opposants, y compris de nombreux gaullistes et certains socialistes, percevaient la CED comme une menace à la souveraineté nationale et étaient préoccupés par le réarmement de l'Allemagne. Les partisans, principalement des fédéralistes européens, défendaient l'idée d'une Europe unie et forte, capable de se défendre face aux blocs de l'Est et de l'Ouest.
Le rejet du 30 août 1954
Le 30 août 1954, l'Assemblée nationale française a voté contre la ratification du traité de la CED par 319 voix contre 264. Ce rejet, qualifié par certains de « crime du 30 août », a conduit à l'abandon du projet de la CED. Ce vote reflétait le refus de la France de s'engager dans une défense supranationale qui aurait nécessité une perte de souveraineté, et mettait à nu les tensions politiques internes autour de l'intégration européenne et du réarmement allemand.
Conséquences de cet échec
L'échec de la CED a eu des conséquences significatives pour l'Europe. D'une part, il a mis un terme à la création d'une défense commune européenne sous une forme supranationale, mais, d'autre part, il a ouvert la voie à de nouvelles formes de coopération, notamment dans le cadre de l'OTAN. Cela a également renforcé la nécessité d'une intégration économique comme voie alternative pour consolider l'unité européenne, ce qui a conduit à la construction de la CECA et, plus tard, de la CEE.
A retenir :
Le rejet de la CED le 30 août 1954 par l'Assemblée nationale française a marqué un tournant dans l'histoire de l'Europe d'après-guerre, illustrant les tensions persistantes autour de la question de la souveraineté nationale versus l'intégration supranationale. Cet événement a entraîné une réorientation des efforts européens vers l'intégration économique plutôt que militaire, impactant durablement le processus de construction européenne.