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LA THÉORIE CONSTRUCTIVISTE DE PIAGET

2.2. LA THÉORIE CONSTRUCTIVISTE DE PIAGET


Dans les années 1960, Jean Piaget (1896-1980), psychologue et épistémologue suisse, a élaboré une théorie visant à décrire le développement cognitif de l’enfant. Piaget s’intéresse à la manière dont les structures intellectuelles se forment et se transforment à travers les interactions entre l'enfant et son environnement. Il propose que ce développement se réalise par un processus d’équilibration progressif, constitué de stades successifs, qui sont universels et constants. Ces stades sont en quelque sorte des étapes naturelles et prévisibles, définissant le parcours typique du développement cognitif de l’enfance jusqu’à l’âge adulte.


Le modèle de Piaget repose sur l’idée centrale que l’action de l’enfant est au cœur de la construction de ses connaissances. C'est par l’interaction avec son environnement que l’enfant va construire ses représentations du monde. Il est vu comme un petit scientifique qui explore, expérimente et redécouvre les lois du monde qui l'entoure.


2.2.1. LES CONCEPTS CLÉS DE LA THÉORIE CONSTRUCTIVISTE DE PIAGET**


La théorie constructiviste de Piaget se situe dans une voie médiane entre l'empirisme et l'innéisme. Contrairement aux théories qui soutiennent que les structures de l’intelligence sont soit innées, soit simplement acquises par la découverte du monde, Piaget propose que ces structures émergent de l’interaction dynamique entre l’individu et son environnement. L’enfant, à travers ses activités et ses expériences, construit activement son intelligence. 


L'intelligence est vue par Piaget comme une forme d’adaptation continue et progressive à l’environnement. Selon lui, « l’intelligence constitue une activité organisatrice dont le fonctionnement prolonge celui de l’organisation biologique » (Piaget, 1936). Pour Piaget, les processus cognitifs sont organisés autour de deux concepts clés : **l’assimilation** et **l’accommodation**, et se régulent par un processus d'**équilibration**.


- L’assimilation désigne l'intégration d’éléments nouveaux dans des structures de pensée déjà existantes. Par exemple, un enfant qui apprend à saisir un objet avec sa main utilise le même schème de préhension pour saisir tout type d'objet, qu'il soit petit ou grand.


- L’accommodation, en revanche, est le processus par lequel l’enfant modifie ses structures cognitives existantes pour s'adapter à de nouvelles informations. Par exemple, si un enfant essaie de saisir un objet trop gros pour sa petite main, il devra adapter sa technique de préhension en utilisant les deux mains.


- L’équilibration est le processus qui rétablit l’équilibre entre assimilation et accommodation, après un déséquilibre causé par de nouvelles informations ou situations qui ne correspondent pas aux schèmes existants. L’équilibration permet à l’enfant d’organiser et de réorganiser ses connaissances pour maintenir une vision cohérente du monde.


2.2.2. LES STADES DU DÉVELOPPEMENT COGNITIF


Pour Piaget, le développement cognitif de l'enfant se divise en plusieurs stades distincts, chaque stade représentant une forme différente de fonctionnement intellectuel. L'ordre des stades est universel, bien que chaque enfant puisse les atteindre à son propre rythme. Les stades sont les suivants :


1. Le stade sensori-moteur (de 0 à 2 ans) : 

  C’est la période durant laquelle l’enfant développe ses capacités intellectuelles à travers l’action, en interagissant avec son environnement de manière sensori-motrice. Il apprend par exemple à saisir des objets et à les manipuler. L’un des grands acquis de ce stade est le **concept de permanence de l'objet**, qui émerge vers la fin de la période. L’enfant prend conscience que les objets continuent d'exister même lorsqu'ils ne sont plus visibles.


2. Le stade préopératoire (de 2 à 7 ans) : 

  À ce stade, l’enfant commence à développer sa pensée symbolique et le langage. Il est capable d’utiliser des symboles (par exemple, les mots et les images) pour représenter des objets et des événements. Cependant, sa pensée est encore fortement influencée par ses perceptions immédiates et reste marquée par l'**égocentrisme** (l'incapacité à voir les choses du point de vue d’autrui).


3. Le stade des opérations concrètes (de 7 à 11 ans) :

  C'est durant ce stade que l'enfant devient capable de réaliser des opérations mentales sur des objets concrets. Sa pensée devient plus logique et structurée, mais elle reste encore liée au monde réel et aux objets tangibles. L’enfant comprend, par exemple, la **réversibilité** des opérations (si on reverse l’eau d’un verre dans un autre de forme différente, la quantité d'eau reste la même). 


4. Le stade des opérations formelles (à partir de 12 ans) :

  À ce stade, l’adolescent devient capable de raisonnement abstrait, hypothético-déductif. Il peut manipuler des idées et des hypothèses de manière théorique, sans avoir besoin d’appuyer son raisonnement sur des objets physiques. Ce stade est marqué par une capacité accrue à penser de manière logique et à raisonner sur des concepts abstraits.


2.2.3. DISCUSSION : CRITIQUES DU MODÈLE PIAGETIEN


Bien que la théorie de Piaget ait apporté une contribution majeure à la compréhension du développement cognitif, elle n’a pas échappé à plusieurs critiques. Parmi celles-ci, plusieurs points méritent d'être soulignés :


- La linéarité et la rigidité des stades : De nombreux chercheurs ont mis en évidence que le développement cognitif n’est pas aussi linéaire et prévisible que Piaget l’avait proposé. Par exemple, les décalages horizontaux (la variation du développement d’un enfant selon les domaines de compétence) montrent que les enfants peuvent, dans certains cas, manifester des capacités cognitives dans certains domaines avant d’autres, ce qui remet en question la rigidité des stades.

  

- L’impact de l’environnement et des émotions : Piaget a souvent été critiqué pour avoir accordé trop peu d’importance au rôle du contexte social et émotionnel dans le développement cognitif. Il considérait l’enfant comme un être essentiellement isolé dans sa quête de connaissances, sans prêter suffisamment attention aux facteurs externes comme les interactions sociales et émotionnelles.


- L’âge de développement de certaines compétences : Des recherches récentes ont montré que certaines compétences, comme la **permanence de l’objet**, se développent plus tôt que ce que Piaget avait observé. Par exemple, les bébés de 5 mois seraient capables de comprendre que les objets continuent d'exister même lorsqu’ils sont cachés, ce qui remet en question les dates précises proposées par Piaget.


- L'absence d’explications sur la transition entre les stades : Piaget n’a pas fourni de mécanismes clairs expliquant comment un enfant passe d'un stade à un autre, ce qui a conduit certains chercheurs à développer des théories alternatives pour expliquer ces transitions, comme les approches des néo-piagétiens, qui tentent de comprendre les processus sous-jacents au développement cognitif.


En conclusion, bien que la théorie de Piaget ait été fondamentale pour la psychologie du développement, elle a été améliorée et nuancée par des recherches ultérieures qui ont cherché à rendre compte de la complexité et de la variabilité du développement humain.


LA THÉORIE CONSTRUCTIVISTE DE PIAGET

2.2. LA THÉORIE CONSTRUCTIVISTE DE PIAGET


Dans les années 1960, Jean Piaget (1896-1980), psychologue et épistémologue suisse, a élaboré une théorie visant à décrire le développement cognitif de l’enfant. Piaget s’intéresse à la manière dont les structures intellectuelles se forment et se transforment à travers les interactions entre l'enfant et son environnement. Il propose que ce développement se réalise par un processus d’équilibration progressif, constitué de stades successifs, qui sont universels et constants. Ces stades sont en quelque sorte des étapes naturelles et prévisibles, définissant le parcours typique du développement cognitif de l’enfance jusqu’à l’âge adulte.


Le modèle de Piaget repose sur l’idée centrale que l’action de l’enfant est au cœur de la construction de ses connaissances. C'est par l’interaction avec son environnement que l’enfant va construire ses représentations du monde. Il est vu comme un petit scientifique qui explore, expérimente et redécouvre les lois du monde qui l'entoure.


2.2.1. LES CONCEPTS CLÉS DE LA THÉORIE CONSTRUCTIVISTE DE PIAGET**


La théorie constructiviste de Piaget se situe dans une voie médiane entre l'empirisme et l'innéisme. Contrairement aux théories qui soutiennent que les structures de l’intelligence sont soit innées, soit simplement acquises par la découverte du monde, Piaget propose que ces structures émergent de l’interaction dynamique entre l’individu et son environnement. L’enfant, à travers ses activités et ses expériences, construit activement son intelligence. 


L'intelligence est vue par Piaget comme une forme d’adaptation continue et progressive à l’environnement. Selon lui, « l’intelligence constitue une activité organisatrice dont le fonctionnement prolonge celui de l’organisation biologique » (Piaget, 1936). Pour Piaget, les processus cognitifs sont organisés autour de deux concepts clés : **l’assimilation** et **l’accommodation**, et se régulent par un processus d'**équilibration**.


- L’assimilation désigne l'intégration d’éléments nouveaux dans des structures de pensée déjà existantes. Par exemple, un enfant qui apprend à saisir un objet avec sa main utilise le même schème de préhension pour saisir tout type d'objet, qu'il soit petit ou grand.


- L’accommodation, en revanche, est le processus par lequel l’enfant modifie ses structures cognitives existantes pour s'adapter à de nouvelles informations. Par exemple, si un enfant essaie de saisir un objet trop gros pour sa petite main, il devra adapter sa technique de préhension en utilisant les deux mains.


- L’équilibration est le processus qui rétablit l’équilibre entre assimilation et accommodation, après un déséquilibre causé par de nouvelles informations ou situations qui ne correspondent pas aux schèmes existants. L’équilibration permet à l’enfant d’organiser et de réorganiser ses connaissances pour maintenir une vision cohérente du monde.


2.2.2. LES STADES DU DÉVELOPPEMENT COGNITIF


Pour Piaget, le développement cognitif de l'enfant se divise en plusieurs stades distincts, chaque stade représentant une forme différente de fonctionnement intellectuel. L'ordre des stades est universel, bien que chaque enfant puisse les atteindre à son propre rythme. Les stades sont les suivants :


1. Le stade sensori-moteur (de 0 à 2 ans) : 

  C’est la période durant laquelle l’enfant développe ses capacités intellectuelles à travers l’action, en interagissant avec son environnement de manière sensori-motrice. Il apprend par exemple à saisir des objets et à les manipuler. L’un des grands acquis de ce stade est le **concept de permanence de l'objet**, qui émerge vers la fin de la période. L’enfant prend conscience que les objets continuent d'exister même lorsqu'ils ne sont plus visibles.


2. Le stade préopératoire (de 2 à 7 ans) : 

  À ce stade, l’enfant commence à développer sa pensée symbolique et le langage. Il est capable d’utiliser des symboles (par exemple, les mots et les images) pour représenter des objets et des événements. Cependant, sa pensée est encore fortement influencée par ses perceptions immédiates et reste marquée par l'**égocentrisme** (l'incapacité à voir les choses du point de vue d’autrui).


3. Le stade des opérations concrètes (de 7 à 11 ans) :

  C'est durant ce stade que l'enfant devient capable de réaliser des opérations mentales sur des objets concrets. Sa pensée devient plus logique et structurée, mais elle reste encore liée au monde réel et aux objets tangibles. L’enfant comprend, par exemple, la **réversibilité** des opérations (si on reverse l’eau d’un verre dans un autre de forme différente, la quantité d'eau reste la même). 


4. Le stade des opérations formelles (à partir de 12 ans) :

  À ce stade, l’adolescent devient capable de raisonnement abstrait, hypothético-déductif. Il peut manipuler des idées et des hypothèses de manière théorique, sans avoir besoin d’appuyer son raisonnement sur des objets physiques. Ce stade est marqué par une capacité accrue à penser de manière logique et à raisonner sur des concepts abstraits.


2.2.3. DISCUSSION : CRITIQUES DU MODÈLE PIAGETIEN


Bien que la théorie de Piaget ait apporté une contribution majeure à la compréhension du développement cognitif, elle n’a pas échappé à plusieurs critiques. Parmi celles-ci, plusieurs points méritent d'être soulignés :


- La linéarité et la rigidité des stades : De nombreux chercheurs ont mis en évidence que le développement cognitif n’est pas aussi linéaire et prévisible que Piaget l’avait proposé. Par exemple, les décalages horizontaux (la variation du développement d’un enfant selon les domaines de compétence) montrent que les enfants peuvent, dans certains cas, manifester des capacités cognitives dans certains domaines avant d’autres, ce qui remet en question la rigidité des stades.

  

- L’impact de l’environnement et des émotions : Piaget a souvent été critiqué pour avoir accordé trop peu d’importance au rôle du contexte social et émotionnel dans le développement cognitif. Il considérait l’enfant comme un être essentiellement isolé dans sa quête de connaissances, sans prêter suffisamment attention aux facteurs externes comme les interactions sociales et émotionnelles.


- L’âge de développement de certaines compétences : Des recherches récentes ont montré que certaines compétences, comme la **permanence de l’objet**, se développent plus tôt que ce que Piaget avait observé. Par exemple, les bébés de 5 mois seraient capables de comprendre que les objets continuent d'exister même lorsqu’ils sont cachés, ce qui remet en question les dates précises proposées par Piaget.


- L'absence d’explications sur la transition entre les stades : Piaget n’a pas fourni de mécanismes clairs expliquant comment un enfant passe d'un stade à un autre, ce qui a conduit certains chercheurs à développer des théories alternatives pour expliquer ces transitions, comme les approches des néo-piagétiens, qui tentent de comprendre les processus sous-jacents au développement cognitif.


En conclusion, bien que la théorie de Piaget ait été fondamentale pour la psychologie du développement, elle a été améliorée et nuancée par des recherches ultérieures qui ont cherché à rendre compte de la complexité et de la variabilité du développement humain.

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