La raison EST LE PROPRE DE L'HOMME
En grec, raison se dit logos (qui a donné le français « logique »), ce qui renvoie à la fois au discours et au raisonnement : c'est une capacité naturelle de l'homme, donc universelle.
Comment définir la raison ?
La raison est la faculté mobilisée dans la recherche de la vérité et la formation d'idées générales à l'œuvre dans le langage, la connaissance et la morale. La réflexion est son instrument : c'est par une démarche méthodique que l'on atteint le vrai.
La raison EST LE PROPRE DE L'HOMME
En grec, raison se dit logos (qui a donné le français « logique »), ce qui renvoie à la fois au discours et au raisonnement : c'est une capacité naturelle de l'homme, donc universelle.
« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée.»
René Descartes, Discours de la méthode, 1637.
Fonction DE LA RAISON
La raison permet de forger des concepts, c'est-à-dire des idées abstraites et générales qui isolent les caractéristiques principales d'une chose au sein de la réalité.
Exemple : Le concept de «table» désigne l'ensemble des objets composés d'un plateau et de pieds et qui répondent à une fonction précise.
LE PETIT +
On se demande si les concepts forgés par la raison sont a priori, c'est-à-dire qu'Ils n'ont pas besoin de l'expérience pour être établis, ou s'ils sont a posteriori, c'est-à-dire empiriques.
Exemple : Le concept de « centaure» ne correspond à aucune expérience, mais on l'élabore grâce aux concepts d'homme et de cheval établis par l'expérience.
Les 3 formes DE RAISON
Kant distingue rois trois formes de la raison, selon la façon dont on l'emploie autour de trois questions devenues célèbres. Elles recouvrent selon lui l'intégralité du champ d'investigation de la philosophie :
LA RAISON THÉORIQUE : « QUE PUIS-JE SAVOIR ? »
Elle renvoie à la recherche de règles universelles, indépendantes de l'expérience. La raison théorique cherche des principes a priori, qui ne doivent rien à l'expérience.
On la mobilise dans le domaine mathématique et en logique.
Elle permet de distinguer le vrai du faux.
LA RAISON PRATIQUE : « QUE DOIS-JE FAIRE ? »
Elle concerne l'action, c'est-à-dire la décision, et le comportement de l'individu. On la mobilise pour identifier notre devoir moral, sans nécessairement s'appuyer sur l'expérience. Elle permet de distinguer le bien du mal.
LA RAISON INSTRUMENTALE : « QUE M'EST-IL PERMIS D'ESPÉRER ? »
Elle renvoie à la recherche de l'efficacité en vue d'une fin. La raison instrumentale permet d'identifier la bonne méthode à mettre en œuvre pour parvenir à un but donné.
Conclusion
La raison est donc l'instrument privilégié de la recherche philosophique, dans la mesure où elle cherche à établir des propositions universelles.
La démonstration, FONCTION ET LIMITES
Exemple : La démonstration d'un théorème mathématique l'intègre indubitablement dans notre socle de connaissances.
Fonction DE LA DÉMONSTRATION
La démonstration établit « l'ordre nécessaire des choses » (Spinoza) ; c'est pourquoi la raison est toujours en quête de preuves démonstratives, dont la rigueur octroie une forte valeur de vérité aux propositions.
Exemple: Je peux simplement constater que « le panda est fainéant », ou bien démontrer son peu d'activité par ses causes : il ne mange que du bambou alors qu'il a un estomac de carnivore, et est donc souvent malade.
«Les yeux de l'âme, ces yeux qui lui font voir et observer les choses, ce sont les démonstrations.»
Spinoza, Éthique, 1677
Forme DE LA DÉMONSTRATION
Dans les Seconds analytiques, Aristote appelle « syllogisme» le raisonnement démonstratif valide.
Dans sa forme la plus célèbre, il s'appuie sur des prémisses - ou propositions initiales admises - afin d'établir une conclusion incontestable par l'opération rationnelle de la déduction.
Exemple
Prémisse 1 (majeure) :
Tous les vivants respirent.
Prémisse 2 (mineure) :
Le chêne est un vivant.
Conclusion : Le chêne respire.
Sophismes ET DÉMONSTRATIONS TROMPEUSES
Le prestige et l'invariance dans la forme de la démonstration invitent à la prudence : il faut se méfier de ce qui a l'apparence une démonstration mais n'en est pas.
Exemple : Les sophismes s'appuient sur la forme démonstrative pour faire accepter des raisonnements viciés :
• Tout ce qui est rare est cher.
• Un cheval bon marché est une chose rare.
• Donc un cheval bon marché est cher.
Limite DES PRINCIPES INDÉMONTRABLES
D'après Aristote, la démonstration s'appuie sur des principes qui, eux-mêmes, sont indémontrables et ne sollicitent donc pas la raison déductive.
Sans ces « propositions premières », les raisonnements sont invalides. Aristote distingue :
• Le principe d'identité, qui postule que ce qui est vrai est vrai
(« A = A »).
• Le principe de non-contradiction, qui postule qu'une proposition ne peut être à la fois vraie et fausse.
Exemple : « Socrate est barbu » et «Socrate est non-barbu» ne peuvent pas être simultanément vraies.
• Le principe du tiers-exclu, qui postule qu'une proposition et sa négation ne peuvent être toutes les deux fausses.
Exemple : Si « la porte est ouverte » est vrai, alors «a porte n'est pas ouverte»
est faux.
Conclusion
• La démonstration paraît souvent légitimer des savoirs déjà existants et non construire de nouveaux savoirs.
• Le champ de la démonstration est restreint à la logique et aux mathématiques.
Pour le reste, la raison doit prendre appui sur l'expérience, et notamment sur l'observation
Les limites DE LA RAISON
LES « ANTINOMIES DE LA RAISON »
Kant nomme « antinomies » (ou lois contradictoires) les propositions face auxquelles la raison échoue à arbitrer entre deux conclusions qui semblent aussi vraies l'une que l'autre.
Exemple : - Y a-t-il un commencement du temps et l'espace ou sont-ils sans limites ?
- Y a-t-il un libre-arbitre ou sommes-nous déterminés par notre nature ?
Conséquence
La raison n'est pas une faculté neutre. Au contraire, les vérités qu'elle livre peuvent être contradictoires ou intéressées.
Kant constate que face à une antinomie la raison tranche de façon intéressée. Le choix se porte sur l'option la plus conforme à nos désirs.
Exemple: Si j'ai atteint une position sociable enviable à la suite de mes efforts, j'aurai tendance à valoriser le mérite, et donc à exalter la liberté, plutôt que le déterminisme.
Conséquence
La raison n'est pas totalement hors de doute, au contraire elle est parfois nécessairement contradictoire. Il faut donc modérer la confiance que nous lui portons pour distinguer le vrai du faux.
LE PETIT +
Sur certains sujets, par exemple la croyance en Dieu, la raison ne permet pas d'apporter de preuve définitive. Ainsi la foi donnerait accès à des vérités supérieures inaccessibles à la raison.
RAISON ET SPECULATION
Bien que Hegel juge que "tout ce qui est réel est rationnel, et tout ce qui est rationnel est rationnel", il y a une forme d'aveuglement à identifier rationalité et réalité. Il y a par exemple des réalités indécidables et irrationnels, tel que la question de l'existence d'une vie extra-terrestre.
Hegel lui-même était conscient de cette limite et distinguait :
Les propositions PRÉDICATIVES
Elles sont rationnelles et logiques et attribuent quelque chose au sujet.
Exemple : « La pomme est verte » : ici, verte est le prédicat de pomme.
Les propositions SPÉCULATIVES
Elles fonctionnent par identification et reposent sur l'intuition mais peuvent dire quelque chose du réel.
Exemple : "l'art, c'est la vie"
Limites de LA RAISON INSTRUMENTALE
La raison instrumentale détermine l'action à effectuer pour atteindre un but le plus efficacement possible. Cette rationalité appliquée à l'économie conçoit les hommes comme des agents rationnels parfaits cherchant en toute situation à maximiser leurs intérêts.
« La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent. Elle est bien faible si elle ne va pas jusque-là. » Blaise Pascal, Pensées, posth. 1669.
Conséquence
Selon une telle logique, notre vie serait soumise au calcul rationnel de coûts et de bénéfices, ce qui nous ferait perdre en liberté. Elle comporte alors un risque d'aliénation
Comment définir la raison ?
La raison est la faculté mobilisée dans la recherche de la vérité et la formation d'idées générales à l'œuvre dans le langage, la connaissance et la morale. La réflexion est son instrument : c'est par une démarche méthodique que l'on atteint le vrai.
La raison EST LE PROPRE DE L'HOMME
En grec, raison se dit logos (qui a donné le français « logique »), ce qui renvoie à la fois au discours et au raisonnement : c'est une capacité naturelle de l'homme, donc universelle.
« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée.»
René Descartes, Discours de la méthode, 1637.
Fonction DE LA RAISON
La raison permet de forger des concepts, c'est-à-dire des idées abstraites et générales qui isolent les caractéristiques principales d'une chose au sein de la réalité.
Exemple : Le concept de «table» désigne l'ensemble des objets composés d'un plateau et de pieds et qui répondent à une fonction précise.
LE PETIT +
On se demande si les concepts forgés par la raison sont a priori, c'est-à-dire qu'Ils n'ont pas besoin de l'expérience pour être établis, ou s'ils sont a posteriori, c'est-à-dire empiriques.
Exemple : Le concept de « centaure» ne correspond à aucune expérience, mais on l'élabore grâce aux concepts d'homme et de cheval établis par l'expérience.
Les 3 formes DE RAISON
Kant distingue rois trois formes de la raison, selon la façon dont on l'emploie autour de trois questions devenues célèbres. Elles recouvrent selon lui l'intégralité du champ d'investigation de la philosophie :
LA RAISON THÉORIQUE : « QUE PUIS-JE SAVOIR ? »
Elle renvoie à la recherche de règles universelles, indépendantes de l'expérience. La raison théorique cherche des principes a priori, qui ne doivent rien à l'expérience.
On la mobilise dans le domaine mathématique et en logique.
Elle permet de distinguer le vrai du faux.
LA RAISON PRATIQUE : « QUE DOIS-JE FAIRE ? »
Elle concerne l'action, c'est-à-dire la décision, et le comportement de l'individu. On la mobilise pour identifier notre devoir moral, sans nécessairement s'appuyer sur l'expérience. Elle permet de distinguer le bien du mal.
LA RAISON INSTRUMENTALE : « QUE M'EST-IL PERMIS D'ESPÉRER ? »
Elle renvoie à la recherche de l'efficacité en vue d'une fin. La raison instrumentale permet d'identifier la bonne méthode à mettre en œuvre pour parvenir à un but donné.
Conclusion
La raison est donc l'instrument privilégié de la recherche philosophique, dans la mesure où elle cherche à établir des propositions universelles.
La démonstration, FONCTION ET LIMITES
Exemple : La démonstration d'un théorème mathématique l'intègre indubitablement dans notre socle de connaissances.
Fonction DE LA DÉMONSTRATION
La démonstration établit « l'ordre nécessaire des choses » (Spinoza) ; c'est pourquoi la raison est toujours en quête de preuves démonstratives, dont la rigueur octroie une forte valeur de vérité aux propositions.
Exemple: Je peux simplement constater que « le panda est fainéant », ou bien démontrer son peu d'activité par ses causes : il ne mange que du bambou alors qu'il a un estomac de carnivore, et est donc souvent malade.
«Les yeux de l'âme, ces yeux qui lui font voir et observer les choses, ce sont les démonstrations.»
Spinoza, Éthique, 1677
Forme DE LA DÉMONSTRATION
Dans les Seconds analytiques, Aristote appelle « syllogisme» le raisonnement démonstratif valide.
Dans sa forme la plus célèbre, il s'appuie sur des prémisses - ou propositions initiales admises - afin d'établir une conclusion incontestable par l'opération rationnelle de la déduction.
Exemple
Prémisse 1 (majeure) :
Tous les vivants respirent.
Prémisse 2 (mineure) :
Le chêne est un vivant.
Conclusion : Le chêne respire.
Sophismes ET DÉMONSTRATIONS TROMPEUSES
Le prestige et l'invariance dans la forme de la démonstration invitent à la prudence : il faut se méfier de ce qui a l'apparence une démonstration mais n'en est pas.
Exemple : Les sophismes s'appuient sur la forme démonstrative pour faire accepter des raisonnements viciés :
• Tout ce qui est rare est cher.
• Un cheval bon marché est une chose rare.
• Donc un cheval bon marché est cher.
Limite DES PRINCIPES INDÉMONTRABLES
D'après Aristote, la démonstration s'appuie sur des principes qui, eux-mêmes, sont indémontrables et ne sollicitent donc pas la raison déductive.
Sans ces « propositions premières », les raisonnements sont invalides. Aristote distingue :
• Le principe d'identité, qui postule que ce qui est vrai est vrai
(« A = A »).
• Le principe de non-contradiction, qui postule qu'une proposition ne peut être à la fois vraie et fausse.
Exemple : « Socrate est barbu » et «Socrate est non-barbu» ne peuvent pas être simultanément vraies.
• Le principe du tiers-exclu, qui postule qu'une proposition et sa négation ne peuvent être toutes les deux fausses.
Exemple : Si « la porte est ouverte » est vrai, alors «a porte n'est pas ouverte»
est faux.
Conclusion
• La démonstration paraît souvent légitimer des savoirs déjà existants et non construire de nouveaux savoirs.
• Le champ de la démonstration est restreint à la logique et aux mathématiques.
Pour le reste, la raison doit prendre appui sur l'expérience, et notamment sur l'observation
Les limites DE LA RAISON
LES « ANTINOMIES DE LA RAISON »
Kant nomme « antinomies » (ou lois contradictoires) les propositions face auxquelles la raison échoue à arbitrer entre deux conclusions qui semblent aussi vraies l'une que l'autre.
Exemple : - Y a-t-il un commencement du temps et l'espace ou sont-ils sans limites ?
- Y a-t-il un libre-arbitre ou sommes-nous déterminés par notre nature ?
Conséquence
La raison n'est pas une faculté neutre. Au contraire, les vérités qu'elle livre peuvent être contradictoires ou intéressées.
Kant constate que face à une antinomie la raison tranche de façon intéressée. Le choix se porte sur l'option la plus conforme à nos désirs.
Exemple: Si j'ai atteint une position sociable enviable à la suite de mes efforts, j'aurai tendance à valoriser le mérite, et donc à exalter la liberté, plutôt que le déterminisme.
Conséquence
La raison n'est pas totalement hors de doute, au contraire elle est parfois nécessairement contradictoire. Il faut donc modérer la confiance que nous lui portons pour distinguer le vrai du faux.
LE PETIT +
Sur certains sujets, par exemple la croyance en Dieu, la raison ne permet pas d'apporter de preuve définitive. Ainsi la foi donnerait accès à des vérités supérieures inaccessibles à la raison.
RAISON ET SPECULATION
Bien que Hegel juge que "tout ce qui est réel est rationnel, et tout ce qui est rationnel est rationnel", il y a une forme d'aveuglement à identifier rationalité et réalité. Il y a par exemple des réalités indécidables et irrationnels, tel que la question de l'existence d'une vie extra-terrestre.
Hegel lui-même était conscient de cette limite et distinguait :
Les propositions PRÉDICATIVES
Elles sont rationnelles et logiques et attribuent quelque chose au sujet.
Exemple : « La pomme est verte » : ici, verte est le prédicat de pomme.
Les propositions SPÉCULATIVES
Elles fonctionnent par identification et reposent sur l'intuition mais peuvent dire quelque chose du réel.
Exemple : "l'art, c'est la vie"
Limites de LA RAISON INSTRUMENTALE
La raison instrumentale détermine l'action à effectuer pour atteindre un but le plus efficacement possible. Cette rationalité appliquée à l'économie conçoit les hommes comme des agents rationnels parfaits cherchant en toute situation à maximiser leurs intérêts.
« La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent. Elle est bien faible si elle ne va pas jusque-là. » Blaise Pascal, Pensées, posth. 1669.
Conséquence
Selon une telle logique, notre vie serait soumise au calcul rationnel de coûts et de bénéfices, ce qui nous ferait perdre en liberté. Elle comporte alors un risque d'aliénation