I. Sommes-nous réellement libres ?
A. La liberté : entre hasard et nécessité
- Une action est libre si elle est volontaire et non contrainte (ni par le hasard, ni par la nécessité).
- Conditions de la liberté :
- Être au principe de son action.
- Contingence : pouvoir agir autrement.
- Principe de causalité : chaque effet a une cause, mais la liberté suppose une rupture dans cet enchaînement nécessaire.
- Actions volontaires : motivées par le désir ou la raison.
- Désir : force motrice de l’action, mais peut conduire à l’acrasie (faiblesse de la volonté) lorsque nous agissons à l’encontre de ce que nous savons être rationnellement meilleur.
- Décisions rationnelles : choix éclairés par une réflexion logique et non dictés par des impulsions.
- Libre arbitre : capacité de choisir indépendamment des contraintes extérieures.
B. Décision éclairée : un degré supérieur de liberté
- Liberté d’indifférence :
Consiste à choisir sans raison claire (ex. : l’âne de Buridan, indécis entre deux meules de foin).
- Elle est le plus bas degré de liberté car elle repose sur l’indécision et le hasard.
- Une véritable liberté repose sur :
- L’entendement : faculté de comprendre et de discerner ce qui est le meilleur.
- Choisir en connaissance des alternatives possibles et du bien suprême.
- Exemple de la potence (Descartes) : choisir de dire la vérité sous la menace de mort. La volonté, éclairée par l’entendement, peut se détourner de l’instinct de survie pour suivre un choix moral.
C. Sartre : "L’homme est condamné à être libre"
- Liberté existentielle :
- Nos choix nous définissent, quelles que soient les circonstances (même contraignantes).
- Hétéronomie : agir sous l’influence d’un principe extérieur (contraire à l’autonomie).
- Exemple : mentir pour échapper à une punition est un choix moral.
- Paradoxe de la liberté :
- Nous sommes plongés dans des situations que nous n’avons pas choisies (naissance, société).
- Pourtant, nous devons toujours faire un choix.
- Responsabilité morale : s’engager, même dans des situations adverses, implique d’assumer nos actes.
II. La liberté : une illusion ?
A. Le déterminisme
- Déterminisme social (Durkheim) :
- Normes sociales contraignantes, intériorisées par la socialisation.
- Exemple : les rôles sociaux façonnent nos décisions (mariage, carrière, etc.).
- Déterminisme naturel (Spinoza) :
- Tout est soumis à des causes extérieures, y compris nos désirs.
- L’homme n’est pas un "empire dans un empire" : il est soumis aux lois de la nature.
- Esprit et corps : pour être libre, il faudrait que notre esprit puisse commander notre corps, mais l’esprit ne fait que refléter les états du corps.
- Destin : le hasard n’existe pas ; il s’agit d’un défaut de connaissance des causes.
- Exemple de la pierre (Spinoza) : une pierre projetée croit voler de son plein gré, mais son mouvement est déterminé par une cause extérieure comme un tremblement de terre.
- Illusion de liberté :
- Nous croyons être libres car nous ignorons les causes qui nous déterminent.
- Nos désirs sont façonnés par des affections extérieures.
B. Le déterminisme mène-t-il à l’inaction ?
- Le déterminisme conduit à l'inaction repose sur l'idée que :
- Tout est déterminé par des causes extérieures.
- Si nos actions sont dictées par un enchaînement causal inexorable, alors :
- Rien de ce que nous faisons n’aurait de sens.
- Nos actions n’auraient aucun véritable impact.
- Certains pourraient en conclure qu'il est inutile d’agir, car tout ce qui se produit est déjà prédéterminé.
- Réfutation de l’argument paresseux :
- Si tout est déterminé, il semble inutile d’agir.
- Pourtant, agir s’inscrit dans l’enchaînement causal.
- En comprenant les causes, nous pouvons influencer les événements (ex. : prédire la pluie pour se protéger).
- Conséquences morales :
- Juger les actions ne nécessite pas de croire en la liberté.
- Exemple : un mensonge est moralement répréhensible, qu’il soit libre ou déterminé.
III. Le libre arbitre : une exigence morale
A. Kant : Le libre arbitre est inconnaissable
- La liberté est un axiome moral :
- Nous devons agir comme si nous étions libres pour fonder la moralité.
- La liberté ne peut pas être prouvée expérimentalement car toute action semble ramenée à une cause.
B. Liberté et autonomie morale
- Autonomie :
- Être libre, c’est se donner ses propres lois.
- Exemple : suivre une règle morale (agir par devoir) plutôt qu’une contrainte extérieure.
- Contrainte et hétéronomie :
- Obéir à une loi extérieure ou à un désir ne constitue pas une véritable liberté.
Conclusion
- Paradoxe de la liberté : Nous croyons être libres, mais cette liberté peut être une illusion issue des déterminismes (naturels, sociaux).
- Cependant, la liberté demeure un axiome nécessaire pour fonder nos responsabilités morales et nos engagements sociaux.