L'étude du narcissisme puise ses racines dans la psychanalyse freudienne, où Sigmund Freud a identifié pour la première fois ce concept. Freud voyait dans le narcissisme une phase normale du développement, où l'enfant se prend lui-même comme objet d'amour. Ce stade initial de narcissisme primaire est crucial, car il établit les bases de l'estime de soi et de l'identité personnelle. En revanche, un narcissisme pathologique peut émerger lorsque l'individu ne parvient pas à dépasser cette phase et continue à se considérer comme la priorité de toute relation interpersonnelle.

Pierre Dessuant, dans son ouvrage "Névrose, Œdipe et blessure narcissique", développe l'idée de blessure narcissique comme un élément central de la formation des névroses. Il distingue plusieurs degrés de blessures narcissiques, allant de simples offenses à des traumatismes profonds. Ces blessures se forment généralement lorsque des attentes parlent de l'individu ne sont pas satisfaites ou lorsque des événements extérieurs ébranlent l'image idéale qu'il se fait de lui-même. Les répercussions peuvent être variées, se manifestant tantôt par une vulnérabilité accrue aux critiques, tantôt par un mécanisme de défense de grandiosité ou d'arrogance.

La relation entre le complexe d'Œdipe et le narcissisme est essentielle dans l'analyse par Pierre Dessuant. Le complexe d'Œdipe joue un rôle crucial dans le développement psychosexuel de l'enfant et dans la structure de son narcissisme. Lorsque le complexe d'Œdipe n'est pas résolu correctement, il peut entraîner des blessures narcissiques, car l'enfant peut se sentir rejeté ou insuffisant face à sa rivalité perçue. Dessuant insiste sur l'importance de la résolution de ce complexe pour le développement d'une personnalité saine et sereine.