Sigmund Freud est l'un des premiers à conceptualiser l'inconscient de manière systématique. Pour Freud, l'inconscient est une partie de l'esprit qui renferme des pensées, des souvenirs et des émotions refoulés qui ne sont pas accessibles à la conscience directe mais qui influencent néanmoins le comportement. Freud propose un modèle de l'appareil psychique structuré en trois instances : le Ça, le Moi et le Surmoi, où le Ça représente le réservoir des pulsions inconscientes. Une célèbre citation de Freud est : « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison », soulignant comment l'inconscient peut dominer le comportement conscient. De plus, Freud illustre le rôle de l'inconscient dans les processus névrotiques par le biais du refoulement. Les contenus inconscients, selon Freud, sont souvent à l'origine des troubles psychologiques et le but de la psychanalyse est de les rendre conscients pour les traiter.

Carl Gustav Jung, disciple de Freud, a élargi le concept de l'inconscient en introduisant la notion d'inconscient collectif. Selon Jung, l'inconscient ne se limite pas aux expériences et émotions individuelles mais contient aussi des archétypes, c’est-à-dire des images primitives universelles présentes dans l'esprit humain indépendamment des cultures ou des expériences personnelles. Jung a proposé que ces archétypes se manifestent dans les rêves, les mythes et les contes de fées, jouant un rôle clé dans le développement personnel et spirituel de chaque individu. Il écrit : « L'homme peut porter en lui l'étonnant univers archaïque de sa psyché originelle. » À travers ses études, Jung vise à montrer que l'harmonie psychologique s’obtient par l'intégration de l'inconscient personnel et collectif au sein de la conscience.

Dans le cadre philosophique, l'inconscient pose la question du contrôle et de la liberté humaine. Comment l'homme peut-il être libre s'il est influencé par des forces intérieures mystérieuses qui échappent à sa volonté consciente ? C'est ce qui intéresse des philosophes comme Nietzsche qui considèrent que l'inconscient joue un rôle déterminant dans les valeurs et les croyances que l'humain prétend choisir librement. La philosophie pose également la question de la connaissance de soi, pertinente à travers le prisme de l'inconscient. Pour des penseurs comme Descartes, pour qui la pensée consciente est la caractéristique première de l'existence (« Cogito, ergo sum »), l'idée d'un inconscient remet en question la compréhension de l'esprit et du soi. Des débats philosophiques récents questionnent encore le statut épistémologique de l'inconscient, sa nature non-empirique posant des défis à la philosophie empiriste classique.

Les cas cliniques de Freud, tels que celui d'Anna O., illustrent comment l'inconscient influence les symptômes physiques et psychiques des patients prenant conscience. Ses études de cas démontrent souvent la manière ingénieuse par laquelle des souvenirs refoulés peuvent resurgir et être travaillés à travers la psychanalyse. Nietzsche, à travers son œuvre, explore la profondeur de l'inconscient dans la création artistique et la dynamique du pouvoir. En littérature, Marcel Proust fait référence à l'inconscient en discutant de la mémoire involontaire, comme dans « À la recherche du temps perdu » où la sensation provoquée par la madeleine évoque des souvenirs enfouis. Simone de Beauvoir, dans « Le Deuxième Sexe », aborde l'influence inconsciente des structures patriarcales intériorisées par les femmes.