Le stade du miroir
1. Perception initiale :
- Nouveau-né : perception morcelée via la proprioception (névraxe non développé).
- À partir de 6 mois : perception unifiée via le miroir ou les autres.
2. Construction du « Je » :
- Passage du « Je » spéculaire au « Je » social.
- Rôle crucial de la nomination par l’Autre.
=> Le travail de nomination va s’accomplir à travers la fonction du Père, en tant que référence pour le désir de la mère.
Rôle de la fonction paternelle
- Nom-du-Père :
- Introduit une loi qui sépare l’enfant de la mère.
- Fonction de séparation : protéger l’enfant de l’angoisse d’être objet de jouissance.
- Phallus :
- Symbole du manque.
- Différencié du pénis, représente le désir (l’avoir ou le représenter).
- Métaphore paternelle :
- Remplace le désir énigmatique de la mère par une loi structurante.
- = il interdit à l'enfant la mère comme objet mais qu'il interdit aussi la jouissance du bébé par la mèr e
=> Et si le phallus se trouve en place de dénominateur c'est parce que par la métaphore paternel le sens sera désormais sexuel.
Comme le dit Darian Leader, le complexe d'Oedipe fait trois choses
1) Il introduit du sens, en liant la question du désir de la mère à une réponse : le père et le phallus
2) il situe la libido, la force de nos investissements et intérêts sexuels, en dehors du corps propre qui ne fait plus partie du corps de la mère qui est interdite en tant qu'objet de jouissance
3) Permet de nous situer en relation à l'Autre c'est à dire il ouvre vers un espace délimité par des cordonnées symboliques, un espace tiers vivable en dehors de la relation duelle avec la mère
L'enfant naît, donc, sans désir propre, son désir se fonde sur le désir de l'Autre. Ces intérêts externes pourraient être la raison pour que l'enfant construise une interprétation pour ses absences qui sera une métaphore séparatrice. Au cas où il n'y a pas d'opération de séparation avec la mère l'enfant risque de se trouver en position centrale, c'est à dire rester en place d'objet pour l'Autre primordial, l'objet dont l'Autre peut jouir.
Forclusion et conséquences
- Absence de fonction paternelle
- L’enfant reste un objet de jouissance pour l’Autre car elle représente pour lui le phallus qui manque à la mère
- Troubles (des représentations propres au langage) :
- déréalisation (le familier étrangement inquiétant de Freud),
- narcissisme mortifère
- Exclusion des sensations du corps propre :
- Sensations non symbolisées (non intégrées au langage).
- Risque de désorganisation identitaire (exemple : paranoïa).
- Le psychotique a ses objets a en poche, disait Lacan, car il n'y a pas eu d'extraction de l'objet petit a.
Exemple clinique :

- Le cas Schreber :
- Forclusion du Nom-du-Père.
- Symptômes : hallucinations, fantasmes de persécution, désorganisation.
- Au moment du déclenchement, le réseau symbolique est rompu et la personne a l'impression qu'il a un trou dans le tissu des significations
Moments critiques
- Rencontre d’un « père » :changement de position symbolique (parentalité, promotion, événements sociaux).
- Confrontation au désir de l’Autre sans pouvoir l'interpréter: Angoisse face à un désir énigmatique.
- Perte d’un support : Disparition d’un proche ou d’une activité stabilisante (artiste, écrivain, chercheur).
- Autres facteurs : assignation à une place symbolique (rôles sociaux, étapes de vie).
Diverses formes de psychose déclenchées aigues et chroniques
- la majorité de personnes de structure psychotique ne connaîtrons jamais le déclenchement de leur psychose car la carence de la fonction paternelle va être compensée chez eux par une identification imaginaire avec un proche ou un rôle social particulier.
- Parmi ces cas plusieurs vont se rétablir et revenir à leur mode de fonctionnement d'avant ou presque :
- Bouffées délirantes aiguës.
- Délires paranoïaques (secteur ou réseau).
- Episodes maniaco-dépressifs.
- D'autres vont évoluer vers la chronicité :
- mode déficitaire avec repli, apragmatisme, dissociation etc
- mode délirant : peuvent être cohérents, c'est le cas pour les délires paranoïaques.
- Dans le cas d'un délire en réseau le délirant intègre au fur et à mesure des nouvelles idées en interprétant la réalité autour de lui = délire d'interprétation de Sérieux et Capgras ou à partir des hallucinations comme dans le cas des certaines psychoses hallucinatoires chroniques
- Dans le cas du délire en secteur tout le délire se construit à partir d'un postulat initial. C'est le cas des psychoses passionnelles : les idéalistes passionnels, les inventeurs méconnus et les revendicateurs processifs
Schizophrénie :
- Perplexité face au message de l’Autre.
- Réactions possibles qui sont très variés :
- supposer qu'un message est caché derrière le message qu'il reçoit mais sans être en mesure le trouver une cause unique
- devenir apathique, donner de moins en moins attention à ce qui se passe autour de lui et devenir apragmatique, sans motivation pour quoi que ce soit
- agir comme si tous les messages étaient égaux + ironie (fous rires hébéphréniques) : cette ironie est la manière du psychotique, spécialement du schizophrène de s'opposer à l'Autre.
- négativisme (mode catatonie) : : refuser toute sollicitation et rester immobile, cataleptique, ou encore obéir automatiquement aux ordres
Paranoïa :
- Le paranoïaque interprétatif devient le centre du monde par ses idées de références : manière de donner un sens unique au désir de l'Autre et se protéger de l'énigme de ce que l'autre peut lui vouloir
- Fixation sur un ennemi (état de persécution).
- Exemples : CIA, voisins, groupes religieux.
=> Là où les paranoïaques fixent un point dans l'Autre pour le compléter, dans la schizophrénie et dans d'autres types de psychoses comme le délire dogmatique ou spéculatif de Clérambault ou le délire d'interprétation hyposthénique ou de supposition de Capgras il y a un évitement de la fixité afin d'éviter le sentiment de persécution.
Hypochondrie psychotique :
- le sujet a des sensations bizarres dans le corps, il peut cristalliser ces sensations autour de l'idée d'une maladie
Mélancolie :
- Identification à l’objet déchet : conviction délirante d'avoir fait quelque chose de mal et/ou que le monde subit les conséquences de sa déchéance morale.
- Symptômes : culpabilité, conduites auto-destructrices (suicide, toxicomanie), suicide par défenestration.
Manie :
- Exaltation suivie d’irascibilité en cas de sur-sollicitation.
Mécanismes de stabilisation
1. Identifications compensatoires :
- À un proche, à un rôle social.
2. Activité créatrice :
- Exemple : écriture (James Joyce).
3. Structures alternatives :
- Modèles émergents (travail, communauté).
Signes prépsychotiques
- expériences cénesthésiques bizarres,
- sentiment de vide avec questionnement sur le sens de l'existence avec angoisses indiscernables
- troubles sexuels qui vont d'une absence de vie sexuelle à des particularités excentriques dans ses pratiques sexuelles,
- préoccupation obsédante autour des thématiques existentielles et des idées subdélirantes sans systématisation ou partage avec d'autres personnes sur le monde, la métaphysique, la nutrition, la santé.
- impression d'être un boulet ou sentiment de la faute et sensibilité importante au jugement d'autrui