I. EXPLORATION ANATOMIQUE
A. Radiographie classique et angiographie
1. Radiographie classique
- Utilise des rayons X, une forme de rayonnement électromagnétique, invisibles à l'œil nu.
- Découverte par Wilhelm Röntgen en 1895 (Prix Nobel en 1901).
- Les rayons X traversent le corps et sont plus ou moins absorbés selon la densité des tissus.
- Le cliché obtenu montre un contraste en fonction de :
- l’épaisseur des tissus,
- leur coefficient d’atténuation.
Limite majeure : le tissu cérébral a une densité homogène, donc faible contraste → peu d’info sur les structures internes du cerveau.
Utile pour détecter des fractures ou corps étrangers.
2. Angiographie
Visualisation des vaisseaux sanguins cérébraux grâce à un produit de contraste iodé injecté dans le sang.
- Le produit est opaque aux rayons X, ce qui améliore le contraste entre les tissus et les vaisseaux.
Permet de détecter :
- Anomalies vasculaires,
- AVC,
- Anévrismes,
- Certaines tumeurs.
B. Tomographie aux rayons X (Scanner)
Aussi appelé CT-scan, combine rayons X et ordinateur pour obtenir des images en coupes transversales (tomos = coupe).
- Le faisceau de rayons X tourne autour du patient, les données sont analysées et reconstruites en 3D.
Fonctionnement :
Patient allongé → rayon X en rotation autour du crâne.
- Images par tranches fines (2 à 10 mm).
- Reconstruction informatique → vue 3D.
Injection d’un produit de contraste parfois nécessaire pour observer certaines structures cérébrales.
Inconvénients :
- Rayons ionisants → risques potentiels (brûlures, mutations, cancers).
- Résolution spatiale < IRM.
C. Imagerie par Résonance Magnétique (IRM)
1. Principes de base
- Pas de rayonnement ionisant → inoffensif pour le patient.
- Utilise un champ magnétique puissant (B0) + ondes radio.
- Principe basé sur les noyaux d’hydrogène (H) présents partout (notamment dans l’eau : 80% du cerveau).
Fonctionnement résumé :
L’image est reconstruite à partir du signal de chaque voxel (pixel 3D) et traduite en échelle de gris.
2. Paramètres IRM
T1 : Temps de relaxation longitudinal (utile pour voir l’anatomie).
- T2 : Temps de relaxation transversal (utile pour visualiser certaines pathologies).
Paramètres d’acquisition :
- TR (Temps de Répétition) : entre deux impulsions RF,
- TE (Temps d’Écho) : entre impulsion et acquisition du signal.
3. Avantages et limites
Avantages :
- Résolution spatiale très élevée,
- Multiplan (axial, coronal, sagittal),
- Inoffensif (pas de rayonnement).
Limites :
- Coût élevé,
- Très bruyant,
- Nécessite immobilité totale,
- Incompatible avec objets métalliques,
- Environnement confiné.
L’IRM nécessite un aimant supraconducteur refroidi à l’hélium liquide (souvent 1,5T ou 3T, jusqu’à 11,7T pour le projet ISEULT à NeuroSpin Paris-Saclay).
D. IRM de diffusion (DTI – Diffusion Tensor Imaging)
Étudie les mouvements des molécules d’eau dans le cerveau.
- Permet d’explorer la matière blanche (connexions entre régions).
- Exploite la diffusion anisotrope dans les fibres nerveuses (contraintes directionnelles).
Applications cliniques :
- Visualisation des faisceaux lésés par AVC, tumeurs, maladies neurodégénératives.
- Études en connectivité cérébrale.
II. EXPLORATION FONCTIONNELLE
Objectif : Comprendre où et quand le cerveau s’active pendant une tâche mentale.
A. ÉLECTROPHYSIOLOGIE : activité électrique cérébrale
Méthodes directes : Mesure l’activité électrique neuronale.
- Outils : EEG (électroencéphalographie), MEG (magnétoencéphalographie)
- Résolution temporelle : Excellente (millisecondes)
- Résolution spatiale : Médiocre (signal déformé, enregistrement à distance)
B. MÉTHODES MÉTABOLIQUES : activité hémodynamique
Méthodes indirectes : Mesurent les variations de débit sanguin liées à l’activité neuronale.
- Outils : IRMf, TEP, NIRS
- Résolution spatiale : Excellente (<1 mm)
- Résolution temporelle : Faible (1–2 s)
Comparatif des méthodes (résumé)
C. ÉLECTROENCÉPHALOGRAPHIE (EEG)
➤ Définition
Inventé par Hans Berger (1929), enregistre l’activité électrique globale du cerveau à l’aide d’électrodes sur le scalp.
- Activité issue principalement des cellules pyramidales.
- Les signaux mesurés proviennent surtout de sources radiales (gyrus, perpendiculaires au scalp).
- On mesure des différences de potentiels (ddp) : signal très faible → nécessité d’amplification.
➤ Fonctionnement
- Synchronisé : grande amplitude, basse fréquence → cerveau au repos.
- Désynchronisé : faible amplitude, haute fréquence → cerveau actif.
Analyse spectrale
Décompose le signal EEG en composantes fréquentielles (spectre de puissance).
- Spectrogramme : représentation temps–fréquence + intensité (code couleur).
- Permet d’identifier des zones de synchronisation neuronale (ex. : pic à 40 Hz en perception visuelle).
D. POTENTIELS ÉVOQUÉS (PE)
Réponse électrique du cerveau liée à un évènement sensoriel, moteur ou cognitif (externe ou interne).
➤ Problème : bruit de fond
Le signal utile est noyé dans le bruit biologique et environnemental.
- Solution = amélioration du signal/bruit :
- Amplification du signal EEG
- Filtrage des artefacts (ex : clignements des yeux)
- Moyennage : moyenne de plusieurs essais → bruit tend vers 0, signal reste.
➤ Analyse des PE
Très bonne résolution temporelle (ms)
- Mauvaise résolution spatiale (signal diffusé sur le scalp)
Analyse des composantes des PE
Exemple : composante N170
Stimulus : visage humain
- Temps d’apparition : ≈ 170 ms
- Topographie : négativité bilatérale pariéto-occipitale
- Effet d’inversion (visage à l’envers) : latence augmentée
- Chez les TSA : N170 présente mais sans effet d’inversion → sensibilité réduite aux propriétés configurales des visages
E. MAGNÉTOENCÉPHALOGRAPHIE (MEG)
➤ Définition
- Méthode d’enregistrement directe de l’activité cérébrale.
- Mesure les champs magnétiques produits par les courants électriques neuronaux.
➤ Différences EEG vs MEG
➤ Principe physique
Basé sur la loi d’induction électromagnétique :
Un champ magnétique variable génère un courant électrique induit dans une bobine.
- Utilise des capteurs supraconducteurs : SQUIDs (Superconducting Quantum Interference Devices).
- Refroidissement à l’hélium liquide → ❄️ ➜ coûteux et contraignant.
- Nécessite une chambre blindée pour bloquer les interférences électromagnétiques.
➤ Avantages
Excellente résolution temporelle (ms).
- Bonne résolution spatiale en surface (car champ non altéré par les tissus).
- Méthode non invasive et complémentaire à l’EEG.
F. IRM FONCTIONNELLE (IRMf)
➤ Définition
Technique d’imagerie cérébrale indirecte qui mesure les variations locales de débit sanguin cérébral (hémodynamique) liées à l’activité neuronale.
- Utilise le signal BOLD (Blood Oxygen Level Dependent).
1. Le contraste BOLD
➤ Fonctionnement
- Lors d’une activation neuronale :
- ↑ Consommation d’oxygène
- ↑ Afflux de sang oxygéné (par vasodilatation)
- Oxygène transporté par hémoglobine :
- Hémoglobine oxygénée (HbO) : peu magnétique
- Hémoglobine désoxygénée (HbR) : paramagnétique
- L’IRMf mesure T2* : sensible aux variations d’oxygénation
2. Fonction de réponse hémodynamique (HRF)
Courbe type représentant la variation du signal BOLD suite à une activation neuronale.
- Utilisée pour modéliser et prédire la réponse attendue à une tâche.
3. La convolution
Processus mathématique consistant à prédire le signal mesuré à partir de la sommation temporelle des HRF.
➤ Étapes :
Présentation de stimuli → modélisation des activations attendues (HRF)
- Convolution entre modèle théorique et design de la tâche
- Enregistrement de la série temporelle (time-series) de chaque voxel
- Corrélation entre prédiction et signal réel
- Création de cartes d’activation statistique superposées à une image anatomique
➤ Résultat : Carte fonctionnelle
Chaque voxel est coloré selon le degré de corrélation avec la tâche.
- On peut ainsi localiser les régions cérébrales impliquées dans une tâche donnée.
➤ Limitations IRMf
Résolution temporelle limitée (~1–2 s)
- Sensible aux mouvements du sujet
- Ne donne qu’une mesure indirecte de l’activité neuronale
- Bruit physiologique (respiration, pouls) à contrôler