1.1: définition du déracinement
Le boursier est un jeune issu des classes populaires qui, par la réussite scolaire, accède à un enseignement supérieur. Ce passage ne s’accompagne pas d’une intégration complète dans la nouvelle classe sociale, mais d’un déracinement profond. Hoggart explique que ces jeunes se sentent « bien trop supérieurs » à leur milieu d’origine pour accepter la résignation qui y règne, mais pas assez intégrés dans la bourgeoisie pour s’y sentir à l’aise. Ce déracinement est une rupture affective et sociale qui crée une fracture identitaire.
1.2 effet du déracinement
L’effet principal est une inadaptation fondamentale. Le boursier est « comme un arbuste transplanté » : il réagit plus vite aux changements culturels que ceux restés dans le même milieu, mais il est aussi plus fragile. Il perd le sentiment d’appartenance à un groupe social stable, ce qui engendre anxiété et insatisfaction.
1.3 expérience de la solitude
Le boursier doit se couper progressivement de la vie familiale et communautaire populaire, qui est caractérisée par une intense vie collective et des échanges familiaux fréquents. Il travaille souvent dans des conditions difficiles, sur un coin de table dans la salle de séjour, entouré du bruit et des activités domestiques, sans espace personnel ni calme propice à l’étude. Cette solitude précoce est une étape douloureuse, car il doit résister à l’ethos familial et aux valeurs communautaires pour réussir.
1.4 Double appartenance culturelle
Jusqu’à la fin du lycée, le boursier vit dans une double culture : celle de l’école et celle de la famille. Il adopte deux codes culturels, deux manières d’être, parfois même deux accents. Par exemple, il lit chez lui des magazines populaires ignorés à l’école, tandis que les livres étudiés à l’école semblent étrangers dans la maison familiale. Cette double appartenance est source de tensions et d’incompréhensions, et complique l’intégration sociale.