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Post-Bac
1

Histoire

Histoire

La Régence, une transition conservatrice réussie

-Sitôt la disparition du vieux roi se pose la question de la survie du régime et de l’équilibre des pouvoirs en présence.

I – Une mission délicate

1. Un lourd héritage

-En effet l’absolutisme louisquatorzien s’est mis en situation de tension par rapport à la fois :

? aux élites, par la domestication de la noblesse qui a écarté des affaires une caste sociale qui considérait ses activités politiques au service du roi comme des attributions « naturelles ».

? aux masses populaires par les prélèvements en hommes et en argent pour les besoins de la construction de l’absolutisme notamment guerrier.

? et aux pays voisins, à cause de la guerre extérieure, de l’imposition, d’un certain autoritarisme politique et religieux.

-Il faut y ajouter la crise économique, ? les masses populaires ont tendance à considérer lors des crises de subsistances démographiques majeures, comme lors du « grand hyver » de 1709, que le roi ne remplit pas son office qui devrait consister à protéger ses peuples.

2. Une moindre légitimité

Le nouveau roi, Louis XV, est arrière-petit fils de Louis XIV.? Mais c’est un petit garçon né le 15 février 1710, à peine âgé de 5 ans, qui n’est pas encore en capacité de régner puisque les lois fondamentales stipulent que la majorité royale se situe à 13 ans révolus, c’est-à-dire à 14 ans. De santé fragile, son futur règne ne paraît pas bien assuré.

-La difficulté consiste donc pour celui-ci, avec des pouvoirs moindres, à réussir la transmission du royaume à l’héritier légitime lorsque celui-ci sera en âge de gouverner en 1723.

3. Le concept de transition conservatrice

-Le concept de « transition conservatrice » a été théorisé par l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie. Cet exercice d’équilibrisme donc à détendre les ressorts trop bandés du système, pour le maintenir en le modifiant le moins possible.

-la politique de Philippe d’Orléans, consistant à rechercher une participation accrue des élites et une moindre hostilité des masses. Pour cela, il innove par des pratiques politiques nouvelles,

II- L’organisation de la Régence

1. La régence pleine et entière

-Le problème auquel Philippe d’Orléans se trouve confronté est celui de l’organisation de la Régence. Louis XIV lui avait bien promis « qu’il ne trouverait rien dans son testament dont il dût n’être content, lui recommandant la personne du Dauphin et l’intérêt de l’État »,? En effet, le testament du vieux roi rédigé le 2 août 1714 à Marly, organise un conseil de Régence, certes confié à la présidence d’Orléans, mais également composé des bâtards légitimés et successibles, Toulouse et Maine. Ce dernier est en outre surintendant en charge de l’éducation du jeune roi. Le conseil devait prendre ses décisions à la majorité : il apparaissait difficilement gouvernable.

-Philippe d’Orléans passe alors un probable marchandage avec le Parlement de Paris :

- Cette cour de justice casse le testament du feu roi dès le 2 septembre.

-Effectivement, l’édit du 15 septembre restitue aux Parlements le droit de remontrance avant l’enregistrement des édits royaux, qui a été supprimé par Louis XIV en 1673.

-la présence au conseil des bâtards, qui ont été légitimés et rendus successibles, est un véritable scandale du point de vue de la haute aristocratie représentée par des gens comme Saint-Simon,? Cet acte doit donc davantage être compris comme une défense de la tradition monarchique française,

2. La polysynodie

-L’autre problème de Philippe d’Orléans consiste à se concilier le soutien de la haute aristocratie qui a été écartée des affaires sous Louis XIV. La grande noblesse en a souffert et a développé une critique de l’absolutisme, en souhaitant revenir aux fameuses « anciennes maximes de l’État ? par exemple les ducs de Beauvilliers, Chevreuse,C’est pourquoi Philippe invente la polysynodie, c’est-à-dire le gouvernement par conseils aristocratiques, sur le modèle de la monarchie espagnole.? présidés par de grands noms et peuplés de nobles et de parlementaires :

(présidés respectifs)-Conseil :du dedans-Guerre -Affaires étrangères -Marine-Conscience -Finances -Commerce

-Présidé par : Duc d’Antin -Maréchal duc de Villars -Marquis d’Huxelles -Comte de Toulouse Cardinal de Noailles -Duc de Noailles -Duc de Villeroy

-Mais le Régent joue habilement des divisions de la noblesse entre :

? les parlementaires qui défendent les princes du sang

? les bâtards alliés à la noblesse non ducale

? et les ducs et pairs hostiles aux robins.

-Il parvient à retirer aux bâtards leur droit de succession par l’édit du 8 juillet 1717 enregistré sans problème par les parlementaires. Ce faisant, Orléans fait triompher une conception traditionnelle de la monarchie, où les lois fondamentales demeurent plus puissantes que les liens du sang.

-Il peut ensuite supprimer les conseils en 1718 et en revenir au gouvernement par ministres et secrétaires d’État choisis pour leurs compétences,

-D’une certaine façon, la polysynodie a représenté une nouvelle, mais non moins efficace, forme de domestication de la vieille Cour

3. Des cabales vite déjouées

-Il y a bien eu certes quelques cabales comme la conspiration de Cellamare, l’ambassadeur d’Espagne, qui vise à installer sur le trône de France Philippe V? Elle s’appuie sur le duc et de la duchesse du Maine, qui sont arrêtés en décembre 1718,

-Ce n’est pas le cas de Pontcallec qui tente de profiter de la brève guerre hispano- française pour revendiquer la restitution à la Bretagne de ses privilèges

III- Un nouveau cours politique ?

1. La révolution extérieure

-À l’automne 1716, le Régent opère une véritable révolution diplomatique en abandonnant l’alliance catholique avec l’Espagne de Philippe V et les Stuart jacobites de Grande-Bretagne. Philippe d’Orléans, renouant avec la vision de Louis XIII et Richelieu, se tourne vers des puissances maritimes, protestantes et capitalistes de l’Europe du Nord-Ouest.? La révolution diplomatique se fait en 3 temps :

? En novembre 1716 : signature de l’alliance avec la Grande-Bretagne

? En janvier 1717 : alliance avec les Provinces-Unies

? En août 1718 : la triple alliance se fait par l’extension du système au Saint-Empire.

-C’est le triomphe de la culture de la paix, conformément à la révolution culturelle du pacifisme théorisé par le parti aristocratique comme Fénélon ou l’abbé de St-Pierre et son Projet pour rendre la paix perpétuelle, 1713.

-La petite intervention militaire contre l’Espagne en 1720 n’est qu’une bourrade amicale donnée sur l’épaule de Philippe V pour qu’il cesse de conspirer contre le Régent.? est l’un des coups de maître du Régent qui établit la paix en Europe pour un quart de siècle.

2. Le système de Law

-L’écossais John Law tente l’application de la théorie néo-mercantiliste présentée dans son Money and Trade de 9105 : l’État peut contrôler les quantités de monnaie en circulation dans ses frontières en démonétisant les métaux précieux, remplacés par un équivalent-papier, émis en fonction des besoins.? l’expansion économique et permettrait aussi d’éponger les dettes royales remboursées en papier- monnaie. Cela dégagerait enfin l’État de sa dépendance à l’égard des financiers

-En mai 1716, Law fonde de la Banque générale, une banque classique de dépôt et d’escompte,? 8 % la première année puis à 17 % l’année suivante ! La Banque générale est couplée à la Compagnie d’Occident qui est dotée du privilège exclusif d’exploitation des colonies américaines et sert à gager les billets de la Banque. La banque devient Banque royale en décembre 1718. La Compagnie reçoit en 1719 la ferme du tabac et absorbe toutes les autres compagnies de commerce, ce qui lui assure le monopole du commerce extérieur du royaume.

-La bulle spéculative crève quand la Banque subit des demandes massives de réalisation du papier-monnaie? le duc de Bourbon ou le prince de Conti repartent de la rue Quincampoix à Paris avec des carrosses chargés d’or et d’argent ce qui ruine le crédit du système.? Law démonétise partiellement les métaux précieux, les billets devenant la seule monnaie légale pour tout paiement supérieur à 100 livres, et fait fusionner la Banque et la Compagnie. Promu Contrôleur général des Finances en 1720, il bloque le cours des actions.

-Elle a certes nourri une durable méfiance française à l’égard de la monnaie fiduciaire et des institutions de crédit, mais elle s’est révélée, à court terme, très profitable pour l’État : elle a permis le désendettement partiel de la monarchie, même si c’est au prix de la ruine des créanciers de l’État,

3. Un nouveau climat religieux et culturel ?

a) Le jansénisme

-les sentiments richéristes du bas-clergé et les théories conciliaires occupent les esprits :

? Le richérisme

Edmond Richer défend une sorte de démocratie cléricale appuyé sur un étonnant égalitarisme. Ce théologien français du début du XVIIe siècle considère que les curés et évêques partagent un même sacerdoce : les évêques ne devraient pas diriger leurs diocèses seuls, mais consulter les curés dans des assemblées représentatives.

? La revendication conciliaire

-La contestation janséniste remet donc en cause l’autorité ecclésiastique mais également monarchique. Le jansénistes sont puissants : ce sont des docteurs de théologie en Sorbonne, de grandes robes, mais aussi des éléments plus modestes comme les curés des grandes villes (Paris, Rouen, Orléans...). Ils réclament un concile pour trancher le conflit à propos des écrits jansénistes de Quesnel.

-Le Régent adopte à l’égard du jansénisme la même politique que face à la noblesse,? d’abord conciliant et souple afin de produire du consensus et d’asseoir son autorité, il revient ensuite à la fermeté.

-La politique d’accommodement consiste d’abord dans le rappel du cardinal de Noailles, archevêque de Paris, aux sympathies jansénistes notoires, qui obtient la direction du conseil de conscience. Le père Le Tellier (confesseur jésuite de Louis XIV) est en revanche exilé à La Flèche (dans l’actuel département de la Sarthe). De même est promu le procureur général du Parlement de Paris, Henri d’Aguessau, également fort jansénisant, à la chancellerie en 1717,

-Le mouvement conciliaire amène le Régent à changer son fusil d’épaule.? le 1er mars 1717 en Sorbonne une procédure judiciaire contre la Bulle Unigenitus et un appel au concile général qu’ils considèrent supérieur au pape :

-Au total, 3 000 « appelants » signent cet appel sur les 100 000 clercs du royaume.

-Le Régent fait exiler les 4 principaux appelants dans leurs diocèses et supprime le conseil de conscience. Le Parlement prend alors le relais en refusant d’enregistrer les lettres pontificales Pastoralis officii qui excommunient les appelants.? Philippe d’Orléans en est revenu à la politique louis-quatorzienne de répression à l’égard du jansénisme sans avoir pour autant réglé le problème.

-D’autant que sous la Régence, le jansénisme connaît une évolution théorique importante. Le théologien Nicolas Le Gros fait dans Le renversement des libertés de l’Église gallicane (1717) la synthèse du jansénisme et du richérisme. Dieu est selon lui à l’origine du monde, y compris de l’organisation politique et sociale, mais il n’entretiendrait aucun rapport privilégié avec les rois. ? Ce raisonnement a des conséquences politiques très importantes. Cela signifie d’une part que le droit divin serait une supercherie et le roi ne serait nullement le lieutenant de Dieu sur terre, mais simplement son ministre ou son exécutant. ? Le Gros ruine de plus la théorie des deux corps du roi, en affirmant que les hommes, même rois, meurent bien et que seule la société dans son ensemble continue. Ce qui revient à distendre les liens entre religion et État. La conclusion est que la monarchie serait une construction humaine, et que le choix en reviendrait non pas à Dieu mais qu’il aurait été fait par le corps social. Ce qui signifie que la société pourrait en faire d’autres... La souveraineté ne résiderait plus dans le roi, mais dans la république au sens étymologique, c’est-à-dire dans la communauté.

b) la mode de la critique

-Le changement politique, visible dans des actes spectaculaires – le retrait de la « vieille ripopée », c’est-à-dire la Maintenon, comme l’appelait la Palatine ; l’installation de la Cour à Paris – favorise un nouveau climat intellectuel. Le ton de la critique envahit des genres littéraires et philosophiques très variés, mais s’exprime particulièrement dans une satire telle que les Lettres persanes, publiées anonymement à Amsterdam en 1721.? Le pape et le roi y sont totalement désacralisés : le pape est un « grand magicien » qui « fait penser ses sujets comme il veut », et le roi, « une vieille idole qu’on encense par habitude ». Derrière la critique sociale et politique, Montesquieu défend les intérêts de sa caste, l’aristocratie parlementaire, victime de la domestication de la noblesse et de la liquidation du système de Law. Il exprime l’idéal d’une justice universelle indépendante des conventions humaines.

c) un nouveau mode de vie ?

-La fin du règne du vieux roi et de sa morganatique épouse, la pieuse et ténébreuse Madame de Maintenon, a laissé aux élites un certain dégoût du religieux, de l’austère, du classique, et du vertueux.

-La raison critique et l’hédonisme se développent. Il ne s’agit plus guère de faire pénitence, mais bien davantage de jouir de la vie, la seule obligation étant celle du goût et de l’élégance. D’où l’essor très caractéristique de la Régence et du XVIIIe siècle du libertinage amoureux et philosophique. C’est une époque nouvelle,? les perruques s’allègent et s’éclaircissent, ? Les tissus sont légers : mousselines pastel ou vives indiennes. L’on apprécie de nouvelles consommations : champagne, thé, café et tabac

-Cependant, ces modifications dans le mode de vie et de pensée n’affectent guère que les élites,

A retenir :

 Conclusion :

-La régence est bien une transition conservatrice réussie dans la mesure où les innovations ne sont que superficielles et l’affaire d’un moment.

-le Régent parvient à remettre dans les mains du jeune roi en 1723 un royaume intact et en ordre, n’ayant subi aucune

Post-Bac
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Histoire

Histoire

La Régence, une transition conservatrice réussie

-Sitôt la disparition du vieux roi se pose la question de la survie du régime et de l’équilibre des pouvoirs en présence.

I – Une mission délicate

1. Un lourd héritage

-En effet l’absolutisme louisquatorzien s’est mis en situation de tension par rapport à la fois :

? aux élites, par la domestication de la noblesse qui a écarté des affaires une caste sociale qui considérait ses activités politiques au service du roi comme des attributions « naturelles ».

? aux masses populaires par les prélèvements en hommes et en argent pour les besoins de la construction de l’absolutisme notamment guerrier.

? et aux pays voisins, à cause de la guerre extérieure, de l’imposition, d’un certain autoritarisme politique et religieux.

-Il faut y ajouter la crise économique, ? les masses populaires ont tendance à considérer lors des crises de subsistances démographiques majeures, comme lors du « grand hyver » de 1709, que le roi ne remplit pas son office qui devrait consister à protéger ses peuples.

2. Une moindre légitimité

Le nouveau roi, Louis XV, est arrière-petit fils de Louis XIV.? Mais c’est un petit garçon né le 15 février 1710, à peine âgé de 5 ans, qui n’est pas encore en capacité de régner puisque les lois fondamentales stipulent que la majorité royale se situe à 13 ans révolus, c’est-à-dire à 14 ans. De santé fragile, son futur règne ne paraît pas bien assuré.

-La difficulté consiste donc pour celui-ci, avec des pouvoirs moindres, à réussir la transmission du royaume à l’héritier légitime lorsque celui-ci sera en âge de gouverner en 1723.

3. Le concept de transition conservatrice

-Le concept de « transition conservatrice » a été théorisé par l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie. Cet exercice d’équilibrisme donc à détendre les ressorts trop bandés du système, pour le maintenir en le modifiant le moins possible.

-la politique de Philippe d’Orléans, consistant à rechercher une participation accrue des élites et une moindre hostilité des masses. Pour cela, il innove par des pratiques politiques nouvelles,

II- L’organisation de la Régence

1. La régence pleine et entière

-Le problème auquel Philippe d’Orléans se trouve confronté est celui de l’organisation de la Régence. Louis XIV lui avait bien promis « qu’il ne trouverait rien dans son testament dont il dût n’être content, lui recommandant la personne du Dauphin et l’intérêt de l’État »,? En effet, le testament du vieux roi rédigé le 2 août 1714 à Marly, organise un conseil de Régence, certes confié à la présidence d’Orléans, mais également composé des bâtards légitimés et successibles, Toulouse et Maine. Ce dernier est en outre surintendant en charge de l’éducation du jeune roi. Le conseil devait prendre ses décisions à la majorité : il apparaissait difficilement gouvernable.

-Philippe d’Orléans passe alors un probable marchandage avec le Parlement de Paris :

- Cette cour de justice casse le testament du feu roi dès le 2 septembre.

-Effectivement, l’édit du 15 septembre restitue aux Parlements le droit de remontrance avant l’enregistrement des édits royaux, qui a été supprimé par Louis XIV en 1673.

-la présence au conseil des bâtards, qui ont été légitimés et rendus successibles, est un véritable scandale du point de vue de la haute aristocratie représentée par des gens comme Saint-Simon,? Cet acte doit donc davantage être compris comme une défense de la tradition monarchique française,

2. La polysynodie

-L’autre problème de Philippe d’Orléans consiste à se concilier le soutien de la haute aristocratie qui a été écartée des affaires sous Louis XIV. La grande noblesse en a souffert et a développé une critique de l’absolutisme, en souhaitant revenir aux fameuses « anciennes maximes de l’État ? par exemple les ducs de Beauvilliers, Chevreuse,C’est pourquoi Philippe invente la polysynodie, c’est-à-dire le gouvernement par conseils aristocratiques, sur le modèle de la monarchie espagnole.? présidés par de grands noms et peuplés de nobles et de parlementaires :

(présidés respectifs)-Conseil :du dedans-Guerre -Affaires étrangères -Marine-Conscience -Finances -Commerce

-Présidé par : Duc d’Antin -Maréchal duc de Villars -Marquis d’Huxelles -Comte de Toulouse Cardinal de Noailles -Duc de Noailles -Duc de Villeroy

-Mais le Régent joue habilement des divisions de la noblesse entre :

? les parlementaires qui défendent les princes du sang

? les bâtards alliés à la noblesse non ducale

? et les ducs et pairs hostiles aux robins.

-Il parvient à retirer aux bâtards leur droit de succession par l’édit du 8 juillet 1717 enregistré sans problème par les parlementaires. Ce faisant, Orléans fait triompher une conception traditionnelle de la monarchie, où les lois fondamentales demeurent plus puissantes que les liens du sang.

-Il peut ensuite supprimer les conseils en 1718 et en revenir au gouvernement par ministres et secrétaires d’État choisis pour leurs compétences,

-D’une certaine façon, la polysynodie a représenté une nouvelle, mais non moins efficace, forme de domestication de la vieille Cour

3. Des cabales vite déjouées

-Il y a bien eu certes quelques cabales comme la conspiration de Cellamare, l’ambassadeur d’Espagne, qui vise à installer sur le trône de France Philippe V? Elle s’appuie sur le duc et de la duchesse du Maine, qui sont arrêtés en décembre 1718,

-Ce n’est pas le cas de Pontcallec qui tente de profiter de la brève guerre hispano- française pour revendiquer la restitution à la Bretagne de ses privilèges

III- Un nouveau cours politique ?

1. La révolution extérieure

-À l’automne 1716, le Régent opère une véritable révolution diplomatique en abandonnant l’alliance catholique avec l’Espagne de Philippe V et les Stuart jacobites de Grande-Bretagne. Philippe d’Orléans, renouant avec la vision de Louis XIII et Richelieu, se tourne vers des puissances maritimes, protestantes et capitalistes de l’Europe du Nord-Ouest.? La révolution diplomatique se fait en 3 temps :

? En novembre 1716 : signature de l’alliance avec la Grande-Bretagne

? En janvier 1717 : alliance avec les Provinces-Unies

? En août 1718 : la triple alliance se fait par l’extension du système au Saint-Empire.

-C’est le triomphe de la culture de la paix, conformément à la révolution culturelle du pacifisme théorisé par le parti aristocratique comme Fénélon ou l’abbé de St-Pierre et son Projet pour rendre la paix perpétuelle, 1713.

-La petite intervention militaire contre l’Espagne en 1720 n’est qu’une bourrade amicale donnée sur l’épaule de Philippe V pour qu’il cesse de conspirer contre le Régent.? est l’un des coups de maître du Régent qui établit la paix en Europe pour un quart de siècle.

2. Le système de Law

-L’écossais John Law tente l’application de la théorie néo-mercantiliste présentée dans son Money and Trade de 9105 : l’État peut contrôler les quantités de monnaie en circulation dans ses frontières en démonétisant les métaux précieux, remplacés par un équivalent-papier, émis en fonction des besoins.? l’expansion économique et permettrait aussi d’éponger les dettes royales remboursées en papier- monnaie. Cela dégagerait enfin l’État de sa dépendance à l’égard des financiers

-En mai 1716, Law fonde de la Banque générale, une banque classique de dépôt et d’escompte,? 8 % la première année puis à 17 % l’année suivante ! La Banque générale est couplée à la Compagnie d’Occident qui est dotée du privilège exclusif d’exploitation des colonies américaines et sert à gager les billets de la Banque. La banque devient Banque royale en décembre 1718. La Compagnie reçoit en 1719 la ferme du tabac et absorbe toutes les autres compagnies de commerce, ce qui lui assure le monopole du commerce extérieur du royaume.

-La bulle spéculative crève quand la Banque subit des demandes massives de réalisation du papier-monnaie? le duc de Bourbon ou le prince de Conti repartent de la rue Quincampoix à Paris avec des carrosses chargés d’or et d’argent ce qui ruine le crédit du système.? Law démonétise partiellement les métaux précieux, les billets devenant la seule monnaie légale pour tout paiement supérieur à 100 livres, et fait fusionner la Banque et la Compagnie. Promu Contrôleur général des Finances en 1720, il bloque le cours des actions.

-Elle a certes nourri une durable méfiance française à l’égard de la monnaie fiduciaire et des institutions de crédit, mais elle s’est révélée, à court terme, très profitable pour l’État : elle a permis le désendettement partiel de la monarchie, même si c’est au prix de la ruine des créanciers de l’État,

3. Un nouveau climat religieux et culturel ?

a) Le jansénisme

-les sentiments richéristes du bas-clergé et les théories conciliaires occupent les esprits :

? Le richérisme

Edmond Richer défend une sorte de démocratie cléricale appuyé sur un étonnant égalitarisme. Ce théologien français du début du XVIIe siècle considère que les curés et évêques partagent un même sacerdoce : les évêques ne devraient pas diriger leurs diocèses seuls, mais consulter les curés dans des assemblées représentatives.

? La revendication conciliaire

-La contestation janséniste remet donc en cause l’autorité ecclésiastique mais également monarchique. Le jansénistes sont puissants : ce sont des docteurs de théologie en Sorbonne, de grandes robes, mais aussi des éléments plus modestes comme les curés des grandes villes (Paris, Rouen, Orléans...). Ils réclament un concile pour trancher le conflit à propos des écrits jansénistes de Quesnel.

-Le Régent adopte à l’égard du jansénisme la même politique que face à la noblesse,? d’abord conciliant et souple afin de produire du consensus et d’asseoir son autorité, il revient ensuite à la fermeté.

-La politique d’accommodement consiste d’abord dans le rappel du cardinal de Noailles, archevêque de Paris, aux sympathies jansénistes notoires, qui obtient la direction du conseil de conscience. Le père Le Tellier (confesseur jésuite de Louis XIV) est en revanche exilé à La Flèche (dans l’actuel département de la Sarthe). De même est promu le procureur général du Parlement de Paris, Henri d’Aguessau, également fort jansénisant, à la chancellerie en 1717,

-Le mouvement conciliaire amène le Régent à changer son fusil d’épaule.? le 1er mars 1717 en Sorbonne une procédure judiciaire contre la Bulle Unigenitus et un appel au concile général qu’ils considèrent supérieur au pape :

-Au total, 3 000 « appelants » signent cet appel sur les 100 000 clercs du royaume.

-Le Régent fait exiler les 4 principaux appelants dans leurs diocèses et supprime le conseil de conscience. Le Parlement prend alors le relais en refusant d’enregistrer les lettres pontificales Pastoralis officii qui excommunient les appelants.? Philippe d’Orléans en est revenu à la politique louis-quatorzienne de répression à l’égard du jansénisme sans avoir pour autant réglé le problème.

-D’autant que sous la Régence, le jansénisme connaît une évolution théorique importante. Le théologien Nicolas Le Gros fait dans Le renversement des libertés de l’Église gallicane (1717) la synthèse du jansénisme et du richérisme. Dieu est selon lui à l’origine du monde, y compris de l’organisation politique et sociale, mais il n’entretiendrait aucun rapport privilégié avec les rois. ? Ce raisonnement a des conséquences politiques très importantes. Cela signifie d’une part que le droit divin serait une supercherie et le roi ne serait nullement le lieutenant de Dieu sur terre, mais simplement son ministre ou son exécutant. ? Le Gros ruine de plus la théorie des deux corps du roi, en affirmant que les hommes, même rois, meurent bien et que seule la société dans son ensemble continue. Ce qui revient à distendre les liens entre religion et État. La conclusion est que la monarchie serait une construction humaine, et que le choix en reviendrait non pas à Dieu mais qu’il aurait été fait par le corps social. Ce qui signifie que la société pourrait en faire d’autres... La souveraineté ne résiderait plus dans le roi, mais dans la république au sens étymologique, c’est-à-dire dans la communauté.

b) la mode de la critique

-Le changement politique, visible dans des actes spectaculaires – le retrait de la « vieille ripopée », c’est-à-dire la Maintenon, comme l’appelait la Palatine ; l’installation de la Cour à Paris – favorise un nouveau climat intellectuel. Le ton de la critique envahit des genres littéraires et philosophiques très variés, mais s’exprime particulièrement dans une satire telle que les Lettres persanes, publiées anonymement à Amsterdam en 1721.? Le pape et le roi y sont totalement désacralisés : le pape est un « grand magicien » qui « fait penser ses sujets comme il veut », et le roi, « une vieille idole qu’on encense par habitude ». Derrière la critique sociale et politique, Montesquieu défend les intérêts de sa caste, l’aristocratie parlementaire, victime de la domestication de la noblesse et de la liquidation du système de Law. Il exprime l’idéal d’une justice universelle indépendante des conventions humaines.

c) un nouveau mode de vie ?

-La fin du règne du vieux roi et de sa morganatique épouse, la pieuse et ténébreuse Madame de Maintenon, a laissé aux élites un certain dégoût du religieux, de l’austère, du classique, et du vertueux.

-La raison critique et l’hédonisme se développent. Il ne s’agit plus guère de faire pénitence, mais bien davantage de jouir de la vie, la seule obligation étant celle du goût et de l’élégance. D’où l’essor très caractéristique de la Régence et du XVIIIe siècle du libertinage amoureux et philosophique. C’est une époque nouvelle,? les perruques s’allègent et s’éclaircissent, ? Les tissus sont légers : mousselines pastel ou vives indiennes. L’on apprécie de nouvelles consommations : champagne, thé, café et tabac

-Cependant, ces modifications dans le mode de vie et de pensée n’affectent guère que les élites,

A retenir :

 Conclusion :

-La régence est bien une transition conservatrice réussie dans la mesure où les innovations ne sont que superficielles et l’affaire d’un moment.

-le Régent parvient à remettre dans les mains du jeune roi en 1723 un royaume intact et en ordre, n’ayant subi aucune

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