A) Aux frontières de l’Empire
Expansion et apogée territoriale : L’Empire Ottoman, initialement un simple émirat en Anatolie, devient une puissance majeure avec la prise de Constantinople en 1453. Le XVIe siècle marque son expansion vers la Syrie, l’Égypte et les lieux saints de l’Islam, renforçant son autorité religieuse et politique.
Stabilisation des frontières : Après l’échec du siège de Vienne, l’Empire cesse son expansion et reconnaît progressivement des frontières fixes. L’administration se renforce et une distinction claire apparaît entre les territoires ottomans et étrangers.
Un empire multiculturel : Avec 45 % de non-musulmans, l’Empire intègre des États vassaux chrétiens comme la Valachie et la Moldavie. Cette diversité influence sa diplomatie, qui s’adapte aux pratiques des puissances européennes.
B) Le tournant de Karlowitz (1699)
Une défaite face à l’Europe chrétienne : Après un nouvel échec à Vienne en 1683, l’Empire affronte une coalition menée par l’Autriche et la Russie. La guerre dure quinze ans et marque la montée en puissance de la Russie, qui revendique un rôle protecteur des chrétiens orthodoxes sous domination ottomane.
Une nouvelle approche diplomatique : Le traité de Karlowitz est négocié par des membres du Cabinet du Sultan et non par des militaires, avec l’intervention de médiateurs européens comme l’Angleterre et les Pays-Bas.
Adoption de normes européennes : Le principe de l’uti possidetis (les territoires conquis sont conservés) est appliqué, une première pour l’Empire. De plus, le Tsar est officiellement reconnu comme « Tsar », marquant une évolution dans la diplomatie ottomane.
C) L’Empire Ottoman dans les jeux d’alliances européens
Essor économique et influence française : Le XVIIIe siècle est un âge d’or économique pour l’Empire. La France domine le commerce en Méditerranée orientale, et les ports ottomans comme Izmir et Alexandrie accueillent des commerçants bénéficiant de privilèges douaniers.
Stratégie d’alliances pragmatiques : Pour maintenir la paix, les Ottomans s’allient avec des puissances n’ayant pas d’intérêts territoriaux directs, comme la France. En 1720, ils signent avec la Russie un accord de paix perpétuelle, un tournant dans leur politique étrangère.
Une nouvelle guerre contre la Russie (1768-1774) : L’Empire défend la souveraineté de la Pologne contre la Russie, mais subit une défaite majeure. En 1770, sa flotte est détruite et des révoltes éclatent en Grèce.
Le traité de Kütchük Kaynardji (1774), un choc : La Russie obtient la Crimée et le droit de protéger les orthodoxes ottomans, portant un coup à la souveraineté de l’Empire. Pour la première fois, l’Empire perd un territoire musulman, déclenchant une prise de conscience du déclin ottoman.