- Objectif de la philosophie grecque : La philosophie antique cherche à définir la « vie bonne » qui permettrait à chacun de trouver le bonheur (eudaimonia). Le bonheur est perçu comme l’accomplissement de la nature humaine et la réalisation de la vertu.
La notion de vertu (aretè) :
- Définition : La vertu, ou aretè, représente l’excellence et l’accomplissement de la nature propre de chaque individu. Elle ne se limite pas à des actions moralement bonnes ; elle inclut la réalisation personnelle dans son ensemble (exemple : le courage pour le guerrier, la sagesse pour le philosophe).
- Distinction avec la morale religieuse : Contrairement à la vertu chrétienne, qui peut impliquer le sacrifice de soi, la vertu grecque consiste en une expression de soi et une élévation personnelle sans nécessairement impliquer de renoncement.
Trois formes de vie selon les philosophes grecs :
- Vie contemplative : Idéalisée par Platon et Aristote, elle met en avant la recherche de la vérité, de la sagesse, et de la compréhension des réalités métaphysiques. Elle est souvent vue comme la forme de vie la plus élevée.
- Vie de plaisir : Surtout valorisée par les hédonistes, cette vie place le plaisir au centre des motivations, mais elle est critiquée par d’autres philosophes pour ses excès potentiels (intempérance).
- Vie active : Cette forme de vie inclut l’engagement pratique dans la société et la participation politique. Les Grecs la valorisent pour sa contribution à la cité et son alignement avec l’idéal du citoyen vertueux.
- Principe du calcul des plaisirs :
- Hédonisme rationnel : Selon Épicure et d’autres, le plaisir doit être évalué en fonction de sa durée, de son intensité et de ses conséquences. Un plaisir qui mène à des douleurs futures (par exemple l’excès de nourriture qui conduit à la maladie) doit être évité, tandis qu’un plaisir modéré et stable est recherché.
- Maîtrise de soi (enkrateia) : Dans la pensée grecque, la maîtrise de soi est essentielle pour ne pas être dominé par ses désirs. Être esclave de ses plaisirs (intempérance) est perçu comme une forme de dépendance qui empêche l’individu de s’accomplir pleinement.
Critique de l’intempérance : Platon et d’autres considèrent que la poursuite excessive des plaisirs mène à l’instabilité et au dérèglement de l’âme. Le calcul des plaisirs, en revanche, permet de maintenir un équilibre et d’éviter la perte de contrôle.
- Plaisir et Bien : Une complémentarité sous conditions :
- Le plaisir comme bien subordonné : Les philosophes antiques, notamment Platon, considèrent que le plaisir doit être encadré par la raison et ne peut être une fin en soi. Seuls les plaisirs qui contribuent au développement de l’âme et de la vertu sont dignes d’être recherchés.
- Les plaisirs intellectuels comme supérieurs : Platon met en avant les plaisirs intellectuels, qui sont perçus comme plus durables et moins dangereux que les plaisirs corporels.
Maîtrise de soi et éthique de l’accomplissement :
- L’idéal de maîtrise de soi (enkrateia) : Pour être éthique, il est essentiel de contrôler ses désirs et d’éviter l’esclavage aux plaisirs immédiats. La maîtrise de soi est vue comme une condition de la liberté et de la réalisation personnelle.
- L’éthique comme voie vers l’accomplissement : Contrairement à la morale moderne qui impose souvent des règles rigides, l’éthique antique propose un cadre où l’individu est encouragé à développer ses qualités propres et à s’harmoniser avec la nature, notamment le cosmos, pour atteindre le bonheur et la vertu.