Le travail a toujours été perçu comme une nécessité pour l'humanité : il est essentiel à la survie et à la satisfaction de nos besoins fondamentaux. Dans la société moderne, il est perçu non seulement comme un moyen de subsistance mais aussi comme un vecteur de réalisation personnelle. Toutefois, il est également le lieu de nombreuses tensions et luttes, notamment au regard des inégalités qui peuvent exister entre travailleurs, des conditions de travail parfois difficiles, et des questions d'aliénation. Un des débats récurrents est celui du sens et de la valeur du travail dans un monde en mutation constante, où les nouvelles technologies bouleversent constamment les manières de travailler.

Le concept d'aliénation au travail, largement développé par Marx, soulève la question du rapport que l'individu entretient avec son activité professionnelle. Dans un système capitaliste, le travailleur peut se sentir étranger à ce qu'il produit, car il ne perçoit pas les effets directs de son travail sur sa vie quotidienne. Ce sentiment est accentué par la division du travail, où les tâches sont hyper-spécialisées. Le travail devient alors une contrainte, une nécessité économique dénuée de sens pour l'individu, conduisant à une perte d'identité et de liberté. Cette aliénation est un thème majeur des luttes sociales, cherchant à réhabiliter l'humain dans le travail et à donner du sens à ses activités professionnelles.

La division du travail est apparue avec les premières formes d'organisation sociale et économique. Adam Smith a théorisé ce concept comme étant essentiel à l'efficacité économique, permettant à chaque travailleur de se spécialiser dans une tâche précise, améliorant la productivité globale. Cependant, cette spécialisation a aussi ses inconvénients : elle peut mener à une standardisation de la vie professionnelle et à une aliénation accrue. Émile Durkheim a émis l'hypothèse que dans une société hautement industrialisée, la division du travail pouvait aussi mener à une forme d'anomie, où le lien social se délite en raison de l'individualisation excessive des tâches. Ainsi, si la division du travail est une source de progrès économique, elle pose également des questions sociologiques et éthiques non négligeables.

Dans l'histoire, de nombreux mouvements ont cherché à réapproprier le travail pour l'émanciper de ses aspects aliénants. Les mouvements syndicaux, les réflexions autour de l'autogestion et plus récemment l'émergence de nouvelles formes de travail collaboratif en sont des exemples. Le télétravail, l'économie collaborative, le co-working sont des solutions explorées pour donner plus de sens et de liberté aux travailleurs. Ces mouvements visent également à revaloriser le travail en tant qu'activité intrinsèquement humaine, où chacun peut exprimer ses compétences et sa créativité au service de l'intérêt collectif. Ces réflexions amènent à repenser la place et le rôle du travail dans nos sociétés modernes.