1) Les Plaideurs est une comédie en trois actes qui tourne autour de l'obsession pour les procès et la justice. Le juge Dandin, obsédé par les litiges, confond son rôle familial et professionnel, au point de vouloir juger son propre chien, accusé d’avoir mangé des poules. Chicanneau, un plaideur acharné, inonde le tribunal de ses procès absurdes, tandis que Madame de Chicanneau se bat pour ses droits face à son mari. Pendant ce temps, Léandre, le fils de Dandin, aime Isabelle, la fille de Chicanneau. Leur union est empêchée par les querelles de leurs familles. Petit Jean, le valet de Dandin, incarne la satire et la ruse populaire. L’intrigue culmine lorsque Léandre, aidé par Petit Jean, organise un faux procès pour réconcilier les familles et permettre son mariage avec Isabelle. Finalement, les absurdités des personnages sont tournées en ridicule, et l’amour triomphe, apportant une conclusion joyeuse.
2) En quoi le personnage Petit Jean est un pur personnage de comédie ?
Petit Jean est un valet rusé et astucieux, un archétype de la comédie classique. Son langage familier, ses réparties pleines d’humour et ses actions absurdes (comme son rôle dans le procès du chien) provoquent le rire. Sa ruse est essentielle à l’intrigue : il joue un rôle clé dans le faux procès qui réconcilie les familles. Il incarne le bon sens populaire face à l’absurdité des autres personnages, notamment les plaideurs.
3) Qui est Dandin dans la pièce ? Comment est-il présenté ?
Dandin est un juge vieillissant et excentrique, obsédé par les procès. Il est présenté comme ridicule à travers son comportement absurde, notamment son idée de juger son chien. Sa dévotion excessive à son rôle de juge le pousse à mélanger vie professionnelle et privée. Il représente une critique de la justice et de ceux qui en abusent.
4) Qui est Petit Jean ? Quel rôle joue-t-il dans la pièce ?
Petit Jean est le valet de Dandin. Il joue un rôle comique et critique : son langage simple et ses actes ridicules accentuent l’absurdité de la pièce. Il est aussi un moteur de l’intrigue, aidant Léandre à organiser le faux procès. Son personnage illustre la vivacité et la débrouillardise des classes populaires dans le théâtre classique.
5) Qui est le personnage Chicanneau ? Quel rôle joue-t-il dans cette pièce ?
Chicanneau est un plaideur acharné, obsédé par les procès. Il symbolise la manie des litiges inutiles et les excès des justiciables. Sa querelle constante avec Madame de Chicanneau reflète son incapacité à établir un équilibre dans sa vie personnelle. Son rôle est d’incarner la satire des plaideurs et de mettre en lumière l’absurdité des procès interminables.
6) De quelle source littéraire revendiquée s'inspire Racine pour écrire Les Plaideurs ? L'intrigue est-elle exactement la même ?
Racine s’inspire de Les Guêpes d’Aristophane, une comédie antique grecque qui tourne autour de l’obsession pour les procès. Cependant, l’intrigue n’est pas exactement la même. Racine transpose le thème dans un contexte français et moderne pour son époque, en accentuant le ridicule des personnages et en ajoutant une intrigue amoureuse avec Léandre et Isabelle, qui n’existe pas chez Aristophane.
7) En quoi cette pièce peut-elle être qualifiée de « comédie politique » ?
Notion de comédie :
Une comédie vise à divertir en provoquant le rire à travers des situations absurdes, des personnages exagérés ou des dialogues pleins d’humour. Dans Les Plaideurs, Racine use de nombreux ressorts comiques pour tourner en dérision les excès de certains comportements, notamment l’obsession pour les procès.
Notion de politique :
La pièce critique indirectement les institutions judiciaires, en mettant en lumière leurs absurdités et leurs dysfonctionnements. En ridiculisant les plaideurs et les juges, Racine soulève des questions sur l’administration de la justice, un domaine essentiel de la gouvernance sous Louis XIV. Cette dimension donne à la pièce une portée politique, en servant d’éloge implicite aux réformes du roi pour rationaliser la justice.
8) En quoi la pièce Les Plaideurs constitue un éloge déguisé de la politique de Louis XIV ?
Sous Louis XIV, la monarchie cherchait à réformer les institutions judiciaires pour les rendre plus efficaces et limiter les abus. Les Plaideurs peut être vue comme un éloge déguisé de cette politique :
- Racine critique l’obsession des plaideurs et les absurdités des juges, reflétant les problèmes réels de l’époque.
- Par cette critique, il met en valeur la nécessité de réformes administrées par un pouvoir central fort, incarné par Louis XIV.
- Le caractère raisonnable et conciliateur de Léandre, qui rétablit l’ordre, pourrait être interprété comme une allégorie des actions du roi pour pacifier la société.
9) Montrez que Racine mélange plusieurs types de comique dans cette pièce.
Racine utilise plusieurs formes de comique dans Les Plaideurs :
Comique de mœurs :
- Les personnages (Dandin, Chicanneau) incarnent des travers sociaux de l’époque, comme l’obsession pour les procès ou la soif de justice excessive.
Comique de gestes :
- Le procès du chien et les exagérations physiques (gestes absurdes, situations burlesques) provoquent le rire.
Comique de mots :
- Les dialogues sont pleins de jeux de mots, de quiproquos et de formules exagérées qui accentuent l’absurdité des personnages.
Comique de situation :
- Le faux procès organisé par Léandre pour unir les familles est une situation rocambolesque qui joue sur les malentendus.
Farce :
- Certains passages, comme les maladresses de Petit Jean ou les disputes caricaturales, rappellent la tradition de la farce, un genre comique populaire.
10) Certains critiques ont vu dans la pièce Les Plaideurs plus une « satire » qu'une véritable comédie. Partagez-vous cet avis ?
Cet avis se justifie car Les Plaideurs critique avec insistance les travers de la société, notamment l’obsession pour les procès et les abus de la justice. La pièce ridiculise les plaideurs et les juges, allant au-delà du simple divertissement. Cependant, elle reste une comédie par sa légèreté et son happy end, même si elle contient des éléments de satire sociale. Ce mélange des genres est typique de l’œuvre.
11) « Il ne s'agit assurément ni d'une comédie d'intrigue ni d'une comédie de caractère où la révélation et le développement d'une passion dans un personnage feraient progresser l'action : c'est ici une comédie de mœurs ». Commentez cet avis d'un critique du XXe siècle.
Cet avis est pertinent :
- Pas une comédie d’intrigue : L’intrigue est simple et secondaire par rapport à la critique sociale.
- Pas une comédie de caractère : Les personnages sont caricaturaux et définis par un seul trait dominant (l’obsession de Dandin pour les procès, par exemple), sans évolution psychologique.
- Comédie de mœurs : La pièce se concentre sur les travers sociaux de l’époque, notamment l’obsession pour les procès et les absurdités judiciaires. Ces critiques font écho à des comportements typiques de la société du XVIIe siècle, ce qui justifie pleinement cette interprétation.