I. 🧠 Éléments de définition
🔹 1.1 Les contours de la déviance
- Déviance : non-respect régulier d’une série de normes par un ou plusieurs acteurs sociaux.
- Elle peut être :
- Légale mais déviante (ex : homosexualité avant 2013, mode de vie des gens du voyage).
- Transitoire, involontaire, ou revendicative (ex : femmes militant pour le droit à l’avortement avant sa légalisation).
🔸 Points clés :
- Déviance ≠ crime systématiquement.
- Elle peut viser des normes informelles ou formelles.
- Certaines déviances sont invisibles et non punies, mais entraînent jugements sociaux (ex : maladie, handicap mental).
- Tout individu est potentiellement porteur d’une déviance (Goffman).
🎯 Déviance = construction sociale → ce n’est pas l’acte en soi mais la réaction de la société qui le définit comme tel.
II. 📚 Théories explicatives de la déviance
🔹 2.1 Théories rationalistes
👉 L’individu agit rationnellement, même dans la transgression.
📌 Robert Merton – Théorie de l’anomie
- Déviance = inadéquation entre objectifs sociaux valorisés et moyens légitimes pour y parvenir.
- Ex : mafia → recherche de réussite mais hors des normes légales.
- Plusieurs adaptations :
- Innovation (objectif +, moyens -)
- Ritualisme, Évasion, Rébellion, etc.
📌 David Matza – Théorie de la neutralisation
- Les jeunes neutralisent temporairement les normes :
- Déni de responsabilité
- Justification du préjudice ("voler un supermarché riche")
- Déni de victime
- Délégitimation des autorités
- Soutien du groupe de pairs
📌 Thomas Hirschi – Théorie du contrôle social
- La question n’est pas : pourquoi transgressent-ils ? Mais pourquoi respectent-ils (ou pas) les normes ?
- Raisons du non-respect :
- Absence de modèle parental
- Faible estime de soi
- Faible intégration sociale (école, travail, associations…)
🔹 2.2 Théories causalistes / interactionnistes
👉 On n’est pas forcément déviant par choix → c’est l’interaction sociale qui crée la déviance.
📌 Erving Goffman – Théorie du stigmate
- Le stigmate = trait perçu comme "anormal" (physique, mental, social…).
- Ce n’est pas le trait en soi qui est déviant, mais le jugement social répété.
- L’individu peut :
- Le nier
- Le revendiquer
- L’invisibiliser
➡ La déviance devient un mode de perception sociale, pas une vérité biologique ou morale.
📌 Howard Becker – Théorie de l’étiquetage
- On devient déviant parce qu’on est étiqueté comme tel.
- Ex : consommation de marijuana
- a. Expérimentation
- b. Apprentissage des codes du groupe
- c. Valorisation du comportement
- d. Intériorisation → cela devient une norme alternative
➡ La déviance est apprise, souvent en collectif, dans une sous-culture déviante.
🎯 Conclusion
- La déviance est relative, construite socialement, contextuellement et historiquement.
- Elle peut être volontaire ou involontaire, provisoire ou chronique, valorisée ou stigmatisée.
- Le sociologue doit suspendre ses jugements moraux et analyser les logiques sociales à l’œuvre.
🧠 À retenir (mots-clés)
- Norme / transgression / stigmatisation / neutralisation / étiquetage / anomie / sous-culture déviante / interaction sociale / jugement moral
- Les acteurs sociaux font évoluer ou résistent à la norme : ils ne la subissent pas passivement.