đ€ Les grands auteurs de la notion dâart
đš Emmanuel Kant â Critique de la facultĂ© de juger (1790)
Kant distingue clairement lâart vĂ©ritable de la simple technique. Pour lui, lâart est une finalitĂ© sans fin : il ne sert Ă rien de pratique, mais il donne une satisfaction dĂ©sintĂ©ressĂ©e, câest-Ă -dire quâil plaĂźt sans avoir besoin dâĂȘtre utile ou agrĂ©able dans un but prĂ©cis.
Le beau, selon Kant, ne dĂ©pend pas de nos prĂ©fĂ©rences personnelles (comme le goĂ»t), mais dâun jugement esthĂ©tique que nous pensons pouvoir partager avec tous.
Lâartiste ne se contente pas dâexĂ©cuter une rĂšgle ; il crĂ©e librement et touche lâhumanitĂ© dans ce quâelle a de plus universel : la capacitĂ© de juger du beau.
Citation : « Est beau ce qui plaßt universellement sans concept. »
â Ă retenir : Lâart selon Kant est dĂ©sintĂ©ressĂ©, universel et libre. Il touche notre sensibilitĂ© sans utilitĂ© pratique.
đïž Platon â La RĂ©publique, Livre X
Platon, au contraire, critique lâart. Pour lui, les artistes nâatteignent pas la vĂ©ritĂ© : ils ne font quâimiter la rĂ©alitĂ© sensible, qui est elle-mĂȘme une copie imparfaite des IdĂ©es. Par exemple, un peintre qui reprĂ©sente un lit ne fait que la copie dâune copie : lâobjet rĂ©el (lit) est dĂ©jĂ une imitation de lâIdĂ©e du lit (parfaite et immuable).
Lâart est donc trompeur. Il nous dĂ©tourne de la vĂ©ritĂ©, du raisonnement, en jouant sur les apparences et les Ă©motions. Câest pourquoi Platon exclut les artistes de la citĂ© idĂ©ale.
Citation : « Lâart est Ă©loignĂ© de la vĂ©ritĂ©. »
â Ă retenir : Pour Platon, lâart nâest quâimitation et Ă©loigne de la connaissance vraie. Il est soupçonnĂ© de manipuler et dâĂ©mouvoir au lieu dâĂ©clairer.
đ§ Hegel â EsthĂ©tique
Hegel valorise fortement lâart, quâil voit comme une manifestation de lâEsprit absolu. Pour lui, Ă travers les Ćuvres dâart, lâhumanitĂ© exprime ses grandes idĂ©es, ses valeurs, son histoire.
Lâart met en forme sensible ce qui, autrement, serait abstrait : il rend visibles les idĂ©es.
Il distingue trois grands Ăąges de lâart :
- Lâart symbolique (Ăgypte, MĂ©sopotamie), encore confus.
- Lâart classique (GrĂšce antique), oĂč la forme et lâidĂ©e sâĂ©quilibrent.
- Lâart romantique (moderne), qui met lâaccent sur le sentiment et lâintĂ©rioritĂ©.
IdĂ©e clĂ© : Lâart accompagne le dĂ©veloppement de lâesprit humain.
â Ă retenir : Lâart a une fonction historique et spirituelle. Il exprime les valeurs dâune Ă©poque et accompagne la conscience humaine dans sa progression.
đ„ Nietzsche â La naissance de la tragĂ©die (1872)
Nietzsche voit lâart comme un acte vital, une rĂ©ponse au chaos de la vie. Face Ă la souffrance, au vide, au dĂ©sespoir, lâart donne un sens, une forme, une beautĂ© Ă ce qui serait autrement insupportable.
Il oppose :
- Lâart apollinien : lâart de la mesure, de lâordre, de la beautĂ© classique.
- Lâart dionysiaque : lâart du dĂ©bordement, de lâĂ©motion, de lâivresse.
Câest dans la tragĂ©die grecque que ces deux forces sâunissent : lâart devient alors une cĂ©lĂ©bration de la vie, mĂȘme dans sa douleur.
Citation : « Nous avons lâart pour ne pas mourir de la vĂ©ritĂ©. »
â Ă retenir : Lâart est, pour Nietzsche, nĂ©cessaire Ă la vie. Il sublime la souffrance, donne de la valeur Ă lâexistence, et permet de surmonter le tragique.
đ Aristote â PoĂ©tique
Aristote, dans sa rĂ©flexion sur la tragĂ©die, explique que lâart permet une catharsis, câest-Ă -dire une purification des Ă©motions. En voyant une tragĂ©die (comme Antigone ou Ćdipe roi), le spectateur ressent de la peur et de la pitiĂ© â et, en les vivant par procuration, il les Ă©vacue.
Pour Aristote, lâart ne dĂ©tourne pas de la vĂ©ritĂ©, mais participe Ă la comprĂ©hension du monde et de lâhumain. La fiction permet de mieux saisir des rĂ©alitĂ©s profondes.
IdĂ©e : Lâart a une valeur morale et Ă©ducative.
â Ă retenir : Lâart nous touche Ă©motionnellement, mais cette Ă©motion nâest pas vaine : elle nous transforme intĂ©rieurement.