- Dans la seconde partie du XIXe siècle, l'Empereur Nap III a développé pleins de critiques notamment parmi les écrivains comme Victor Hugo.
- A.R qui a lu de près, l'auteur des "Châtiments" s'inscrit dans cet élan de contestation lorsqu'il compose en 1870, 22 poèmes des "Cahiers de Douai".
- Le sonnet "Rages de César" fait partie de ses poèmes politiques. A la suite de la Guerre de Sédon, (1er septembre 1870) L'Empereur napoléon III est capturé en Allemagne.
- Rimbaud en fait ici un poème très critique comme l'indique son titre. Le mot "César" renvoie à Jules César mais aussi aux empereurs ayant porté son nom.
INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
Dans quelles mesures ce sonnet présente t'il une tonalité satirique originale ?
I- La déambulation d'un homme amoindri (v.1-4)
II- La liberté victorieuse (v.5-8)
III- La défaite du tyran ( v.9-14)
La déambulation d'un homme amoindri (v.1-4)
- Le premier quatrain évoque le cheminement de l'Empereur sans qu'il soit nommé directement.
- L'adjectif pâle au vers 1 (répété au vers 3) s'explique par la maladie qui affaiblit l'Empereur et par sa défaite militaire.
- La périphrase explique le mépris de Rimbaud, on a l'idée d'une promenade dans un décor printanier et fleuri.
- Cela génère des perceptions olfactives agréables, cela contraste avec les fleurs (multitude de couleurs) et le vers 2 "L'habit noir".
- Il est présenté comme nostalgique "repense" d'une gloire maintenant révolue.
- En effet, la gloire n'est plus qu'un souvenir.
- Il est réduit à une forme de passivité, il n' a plus de pouvoir (privé de tt pouvoir désormais) , il fume ("cigare aux dents").
- Il s'efforce de discréditer en construisant ce portrait dévalorisé. Son œil est "terne ". Antithèse entre "œil terne" et "regards ardents" = hyperboles. C'est un personnage déchu dont le quotidien est ennuyeux. Son visage grimaçant exprimant son amertume.
- Les points de suspension semblent nous plonger dans ses pensées. La frustration de l'Empereur liée à la défaite et la perte de privilèges.
Ainsi, Rimbaud dresse un portrait très péjoratif de l’empereur, affaibli physiquement et moralement, totalement vidé de son pouvoir. Ce personnage autrefois tout-puissant devient ici une silhouette grise et grotesque, errant sans but dans un décor qui accentue son ridicule. Cette première partie pose donc les bases d’une satire personnelle et politique, où l’ancien tyran apparaît comme un fantôme de lui-même.
La liberté victorieuse (v.5-8)
- La faiblesse de l'Empereur est présentée comme la conséquence de ses excès comme le montre la conjonction de coordination "car" de manière hyperbolique et dévalorisante.
- Le règne de Nap est présenté comme 20 ans d'orgie (v.5) c'est à dire de débauche interrompue ou le plaisir égoïste d'un petiot nombre l'emporte sur l'intérêt collectif.
- "Car l'Empereur est soûl" (v.5) = c'est la métaphore d'une ivresse excessive.
- Nap III est rabaissé incapable d'agir.
- Cette fois le mot "Empereur" est mentionné explicitement, la phrase exclamative souligne la satisfaction de Rimbaud.
- Nous observons ensuite le passage au style direct v.6 v.7 >> mieux faire comprendre en les faisant écouter le peu de consistance de ces prétentions tyranniques.
- Le verbe pronominal donne l'idée d'un plan secret et malveillant destiné à nuire.
- La majuscule au mot "Liberté" accentue l'importance de cette valeur aux yeux du poète. Elle exprime les exploits républicains bouleversés par la mise en place du Second Empire.
- La comparaison avec la bougie associe la liberté à une lumière qui redonne de l'espoir. Mais c'est une simple bougie >> idée de fragilité, lumière précieuse devant être protégée.
- Cependant l'Empereur a échoué la liberté renait de ses cendres et le poète montre son enthousiasme. "La liberté revit !" "Il se sent éreinté !"
- Exclamations = enthousiasme >> tyrannie révolue
- Adjectif "éreinté" montre que Nap III a perdu face à la liberté.
Après avoir montré l’Empereur affaibli, Rimbaud renforce sa critique en célébrant la renaissance de la Liberté, opposée à la tyrannie passée. À travers l’image d’une lumière fragile mais vivante, le poète redonne espoir et affirme sa foi républicaine. Le ton devient plus lyrique, plus engagé, et annonce la chute définitive du pouvoir impérial, que la dernière partie vient incarner pleinement.
La défaite du tyran (v.9-14)
- Dans ce premier tercet, nous lisons le constat d'un échec irréversible >> cela relève de la négation lexicale. C'est une phrase d'une grande brièveté: "Il est pris". (3 syllabes uniquement).
- le verbe est à la voix passive >> prendre.
- Encore une fois le poète exprime sa joie et son soulagement. >> L'Empereur est associé à un malfaiteur, criminel, individu dangereux maintenant capturé.
- Plongée dans les pensées de l'Empereur qui on le sait arpente les allées es jardins du château d Prusse ou il est retenu prisonnier.
- Au v.9 "lèvres muettes" >> montre qu'il est réduit au silence il ne donne plus d'ordres, plus de pouvoir.
- Le verbe "tressaille" évoque des frissons de rage et de regrets, les phrases interrogatives donnent une idée de bataille intérieure. Elles évoquent la violence + souffrance.
- Métaphore de morsure v.10
- la souffrance de l'Empereur n'entraîne pas pour autant la pitié des lecteurs. Pas de pathétique ici >> satisfaction de la vengeance comme si le poète pouvait y voir un juste châtiment.
- "l'œil mort" = inexpressivité >> métaphore l'Empereur qui s'éteint.
- Dans le dernier tercet, l'Empereur évoque une nouvelle fois, les possible pensées de l'Empereur déchu, toujours sous la forme d'hypothèses.
- Au v.12, avec l'expression " Compère en lunettes" (allusion) au Président au Conseil dont la la responsabilité est lourde puisqu'il annonça la déclaration de Guerre (19 juillet 1870).
- Dimension satirique >> "Compère" = manière de le ridiculiser
- Aux yeux de Rimbaud ses fonctions politiques n'ont aucun prestige.
- Portrait d'un homme passif devenu incapable d'agir. Cela symbolise ses espoirs de pouvoir qui consument/ se volatilisent. AU dernier vers, laisse percevoir la nostalgie de ces fêtes.
Les dernières strophes closent le poème sur une image sans appel : celle d’un homme brisé, humilié, réduit au silence. Rimbaud ne cherche pas à susciter la pitié mais bien à insister sur une chute juste et nécessaire, comme une forme de réparation. À travers ce tableau final, le poète transforme le tyran en symbole de l’échec du pouvoir autoritaire, rendant sa vengeance littéraire encore plus percutante.
CONCLUSION
- Ce sonnet adopte une tonalité satirique claire, mais l’originalité de Rimbaud réside dans sa manière de mélanger la critique politique avec une forme poétique percutante et inattendue.
- Il ne se contente pas d’un discours moqueur : sa violence verbale est renforcée par des images grotesques et expressives, et une construction presque théâtrale, qui ridiculise l’Empereur jusque dans sa manière de marcher ou de penser.
- La satire devient alors plus qu’une moquerie : c’est une mise en scène poétique de la chute, où l’ancien tyran est vidé de toute grandeur, et ramené à un personnage comique et pathétique.
- En attaquant Napoléon III avec cette force stylistique, Rimbaud rejoint la tradition des écrivains engagés, mais son ironie acide, son goût de l’outrance et son jeune regard provoquant donnent à sa critique un ton radicalement neuf pour son époque.
- À travers ce portrait dégradant, c’est surtout la victoire de la Liberté que Rimbaud veut chanter : une liberté fragile, mais bien vivante, qui s’oppose à l’orgueil écrasé du pouvoir impérial.
- Cette satire originale se retrouve dans d'autres poèmes de Rimbaud, comme "Le Mal", où il attaque violemment les généraux et la guerre. Là encore, il détourne les codes de la poésie lyrique pour mêler engagement et provocation, ce qui confirme la modernité et la singularité de son regard critique.